jeudi 19 avril 2012 - par cliquet

Chronique d’un déclin annoncé

Complot, conspiration ou stratégie éclairée ?

Imaginons que quelqu'un se dise "le but de ma vie est de gagner un max de thunes !"
Ce quidam (ou ce groupe de quidams) va développer une stratégie qui peut lui permettre d'atteindre cet objectif. Il va alors analyser les différents processus qui peuvent le conduire à s'enrichir, d'une manière logique et dépassionnée. Bien vite, il arrivera à la conclusion que le moyen le plus performant consiste à créer des dettes souveraines avec la complicité plus ou moins consentie des gouvernants et de faire garantir in fine ces dettes par les citoyens des pays sur leurs bien propres, ce qui représente une garantie "nickel-chrome"

Remarquons qu’il n’ y a aucun risque, pour autant que les régimes politiques en place dans les pays ciblés possèdent une certaine stabilité, non pas au niveau des individus qui les dirigent, mais sur leurs fondamentaux constitutionnels. De ce strict point de vue, les démocraties sont des objectifs intéressants. Elles ont su, pour la plupart, engendrer des « classes moyennes » qui, sans être opulentes, disposent cependant d’une masse « ponctionnable » très importante, produit d’une épargne unitaire relativement modeste en moyenne par un grand nombre de « cotisants ».

Comment faire pour récupérer cette manne si convoitée ? C’est simple, il faut générer de l’endettement au niveau de l’état. On va donc engager un processus qui conduira les emprunteurs vers les « marchés financiers » (vocable générique destiné à occulter les véritables prêteurs), Dans un premier temps, il est nécessaire de couper la route « normale » des financements publics, c'est-à-dire de faire en sorte que les banques nationales ne puissent plus prêter directement à leurs trésors publics respectifs. Cela s’est fait sous différentes formes, depuis la création de la Buba (Bundesbank) en 1946 (donc avant la création de l’état fédéral Allemand) sous l’influence américaine jusqu’en 2008 (Traité de Lisbonne Art 123) en passant, pour la France, par la loi du 03 janvier 1973.

Ensuite, ce premier objectif étant atteint, il faut maintenant générer dans les pays « visés » des déficits financiers « chroniques » de façon à imposer aux appareils d’état des emprunts souscrits auprés des seuls prêteurs restants, les banques privées. Une des réussites incontestables de la démocratie va alors apparaître comme un véritable « talon d’Achille ». En effet, ce qui est communément appelé « les acquis sociaux » et dont le bien-fondé est incontestable, ont la particularité, une fois créés, de ne pas pouvoir disparaître sans provoquer des troubles sociaux propres à dissuader n’importe quel gouvernement élu de s’engager dans une telle démarche.

Il faut donc, coûte que coûte, les financer au fil du temps. Cela peut se faire de plusieurs façons séquencées dans le temps.. Notons que les séquences sont souvent similaires d’un état à l’autre. Dans les pays réputés « riches » ou pour le moins en voie d’enrichissement, l’augmentation des recettes liées à cette expansion permet de financer ce qui est, somme toute, une redistribution sociale. Mais cela implique une croissance importante et continue. Or, il est bien connu que « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel… »

Il arrive donc un moment où cet équilibre entre dépenses et recettes va se rompre. En général, on augmente dans un premier temps les recettes pour compenser le déficit, ce qui a pour effet secondaire d’accroitre encore davantage le déséquilibre car cela renchérit l’ensemble des coûts de production. Les états qui le peuvent compensent cette réaction en augmentant la masse monétaire en circulation dans le pays. Cela créé naturellement de l’inflation, mot honni par tout prêteur qui se respecte. Il faut donc bloquer la masse monétaire circulant dans le pays à un niveau aussi faible que possible. Il faut retirer aux états en question le droit de "battre monnaie" et cela possède un double avantage pour les préteurs :

- Obliger les états à emprunter d’une manière chronique pour boucler leurs budgets de fonctionnement tout en diminuant les investissements qui pourraient restaurer une certaine compétitivité

- Eviter que leurs dettes souveraines soient « mangées » par l’inflation.

Pour arriver à ce résultat, il a fallu s’appuyer sur deux théories dont il ne parait pas illégitime de se demander si elles n’ont pas été énoncées dans ce seul but. La première est la théorie du libéralisme économique et la seconde celle dite « de la monnaie forte ». Sans me livrer à une étude exhaustive de celles-ci, il convient néanmoins de rappeler qu’on les associe souvent aux travaux de Milton Friedman (1911 – 2006)

On peut constater que les premiers effets de leur application en France remontent aux débuts des années 1970 (cf loi de 1973 dont l’adoption a correspondu au premier déséquilibre budgétaire constaté depuis la période gaulliste) C’est également à cette époque que le projet de monnaie unique (présent dans certains esprits européens atlantistes depuis la libération de l’Europe de l’ouest par l’armée américaine -cf AMGOT-) a pris corps sous forme d’une monnaie commune (l’ECU) destinée à terme, par convergence vers zéro de la marge d’écart, à devenir une monnaie unique. Ce piège était remarquable, mais relativement difficile à mettre en œuvre car il fallait simultanément réaliser une union économique et commerciale sans union politique. En effet, une union politique aurait pu présenter à terme un danger car un changement politique étant toujours possible, un retour vers un systéme « conventionnel » c'est-à-dire une banque centrale prétant directement à ce futur état aurait fait courir un risque permanent. Avec une trentaine d’états impliqués à terme, on peut être sûrs que ce risque est -sinon définitivement, du moins durablement- écarté. Il faut donc faire maintenant disparaître toutes ces nations tout en faisant en sorte qu’elles continuent à emprunter en leur faisant miroiter un inaccessible fédéralisme européen sensé assurer à leurs peuples un avenir radieux

On comprend que l’objectif essentiel est de conserver à tout prix la monnaie unique et d’empêcher toute velléité d’indépendance qui pousseraient certaines de ces nations à reprendre leur souveraineté en matière économique et monétaire. Une telle liberté retrouvée ne pourrait que condamner ce projet bien avancé de mise en coupe réglée de ces états qui, pour payer les échéances de dettes à croissance exponentielle, n’ont d’autres solutions que d’engager les patrimoines publics dans un premier temps (entreprises, autoroutes, etc) avant d’engager les patrimoines privés par une augmentation continue des prélèvements. Celle-ci accompagnée, pour faire bonne mesure, d’une plus ou moins hypothétique réduction des dépenses à laquelle personne ne croit vraiment, et dont l’effet serait , par ailleurs, d’augmenter encore les déficits publics par diminution de l’activité et contraction du produit (Cf Grèce, Espagne, Portugal ou Italie)

Alors, bien sûr, on peut rétorquer que tout ceci n’existe que dans certaines imaginations propres à voir partout et en tout temps complots, conspirations et autres manipulations. C’est peut-être le cas. Mais lorsque tout converge d’une manière aussi constante vers le même objectif, on peut aussi se demander si ceci n’est pas une posture destinée à décourager toute investigation et toute réflexion ultérieure.

Plusieurs journalistes, et non des moindres, n’hésitent d’ailleurs pas à interrompre ceux de leurs interlocuteurs qui osent se risquer sur ce terrain par un vigoureux ; « Ah, encore le complot ! » destiné à ôter toute crédibilité au propos. Peu d’intervenants acceptent donc de poursuivre sur ce terrain glissant et préfèrent accepter un changement de sujet.



4 réactions


  • entrecote entrecote 19 avril 2012 15:26

     

    le Crédit Agricole vous l’explique encore mieux

    http://vimeo.com/40577072


  • chuppa 19 avril 2012 16:51

    @ l’auteur : vos 3 premières phrase donnent déjà envie de s’enfuir . Le reste est d’une complexité sans nom pour un lecteur non motivé . Long trop long , ou voulez vous en venir.


  • BA 19 avril 2012 23:59

    Jeudi 19 avril 2012 :

     

    Quelles possibilités de couverture contre un scénario d’éclatement partiel de la zone euro ?

     

    Avec la remontée récente des taux d’intérêt sur les dettes périphériques, la question de la pérennité de la zone euro dans sa structure actuelle se pose pour de nombreux agents économiques exposés à la monnaie unique.

     

    Parmi un ensemble des possibles très vaste, allant de la sortie d’un seul pays comme la Grèce à l’explosion totale de la zone euro, nous retenons un cas intermédiaire, à savoir la sortie de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne. Ce choix est motivé par le risque de crises politiques et sociales que les niveaux de chômage atteints, notamment parmi les jeunes, font peser sur ces pays.

     

    Nous estimons les impacts potentiels sur les changes et les taux d’intérêt des pays sortants et des pays core puis proposons des stratégies de couverture sur les marchés obligataires souverains et corporates, actions et matières premières.

     

    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=63603


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