lundi 14 février 2011 - par Rcoutouly

Comment sortir du tout-jetable ?

Mercredi 16 février 2011, on verra sur M6, dans l'émission "Capital Terre" un documentaire qui va faire du bruit. "J'achète, je jette : comment consommer sans piller la planète ?". Sur Arte, le jour précédent, "prêt à jeter" aborde le même sujet. Le concept industriel de l'obsolescence programmée est au coeur de ce processus, celui qui a inventé les bas Nylon "qui file" car, auparavant ils duraient une année ! Vive l'auto-destruction qui permet de continuer à vendre et à gaspiller les ressources de la planète !

Comment en sortir ? Chacun comprend qu'on n'y arrivera pas sans un minimum de volontarisme politique. Mais dès qu'on parle de cela, tout expert "sensé" sort son joker : la concurrence mondiale ne le permettra pas ! Allez vous rhabiller ! Y a rien à voir !

Et si on pouvait agir ? Et si on pouvait le faire en valorisant l'économie de nos propres pays ? En développant l'emploi ? Démonstration.
 
Première étape : dans une catégorie de produit donnée (prenons l'électro-ménager par exemple), il est crée une taxe supplémentaire sur l'obsolescence des machines. Rassurons-nous, il ne s'agit pas d'une lourde taxe dissuasive mais d'une petite contribution de l'ordre de l'éco-participation (1% du prix du produit par exemple).
 
Deuxième étape : le produit de cette contribution est récolté et attribué à un fond "obsolescence" géré par la caisse des dépôts. Ce fond servira à valoriser l'élaboration, la construction et la vente de machines ayant une durée de vie minimum de 10 ans (ou davantage).
 
Troisième étape : la moitié des ressources du fond peut être utilisée pour investir dans des usines et des entreprises qui fabriqueraient des appareils électro-ménagers pourvus d'une garantie de 10 ans (pièces et main d'oeuvre). L'entreprise s'engage à intervenir gratuitement auprès de l'acheteur pendant cette période. Ces entreprises développeraient des emplois soit dans l'industrie électro-ménager soit dans la réparation et la maintenance. Les constructeurs seraient dans l'obligation de sortir de l'obsolescence programmée pour tenir ce cahier des charges.
 
Quatrième étape : l'autre moitié du fond sera utilisé pour subventionner par une prime à l'achat, ces appareils disposant d'une garantie longue. Cette prime sera variable selon les années de manière à ne pas mettre le fond en déficit. Cette méthode permet aussi de réguler les tensions entre offre et demande.
 
Cinquième étape : la petite contribution d'1% évolue. Elle augmente progressivement d'années en années d'une manière prévisible et connue. Avec cette méthode, les entreprises et les consommateurs peuvent anticiper et adopter des "comportements rationnels". Au fur et à mesure, il devient de moins en moins intéressant d'acheter puis de jeter, pour le fabricant comme pour l'acheteur.
 
Conclusion : le processus décrit ici, celui des contributions incitatives, n'a que des avantages. Il n'impose pas de réglementations pointilleuses qui seront toujours contournées de toute façon. Il ne coûte rien au budget de la Nation. Il entraîne la création d'emplois. Il peut se reproduire à l'infini dans tous les secteurs de la vie économique, limitant à chaque fois les gaspillages, faisant faire des économies à tous.
 
Ce processus que je décris a pour objectif de rallonger la durée de vie des produits. On aura intérêt à coupler l'exigence des garanties longues à celle du Cradle to Cradle, du recyclage à l'infini des précieux composants d'un produit.La contribution incitative devra répondre à ces deux exigences.
 
Si nous voulons sortir de la désespérance actuelle de nos modes de vie, nous n'avons pas d'autres solutions, au-delà de nos choix individuels, de mettre en place un volontarisme de l'action publique qui valorise les comportements vertueux en matière d'écologie. On espère avoir montré ici que ce volontarisme n'est pas synonyme de coût supplémentaire et de perte de productivité, bien au contraire.


17 réactions


  • pierrarnard 14 février 2011 09:42

    C’est intéressant mais quid du progrès technique ???
    Actuellement on me fustige car je m’obstine a rouler avec des voitures de quinze ans qui polluent plus que des neuves, mon lave vaisselle antédiluvien consomme une quantité d’eau aujourd’hui politiquement incorrecte, comme ma machine a laver d’une marque qui annonce dix ans de durée de vie minimum, et mon frigo de quinze ans est un gouffre d’énergie par rapport aux modèles actuels.
    Donc si je garde tout cela je suis un pollueur et si je le remplace je suis un pollueur...
    Pas facile, non ????


    • picpic 14 février 2011 10:37

      Les garder, c’est de loin le moins polluant.
      Votre lave vaisselle si vous en changiez vous rendrais infiniment plus pollueur.
      De plus, vos économies par rapport à l’ancien ne seront jamais de l’ordre du prix d’un neuf.
      Vos, vos au pluriels, car vous entrerez dans l’engrenage.
      Vos nouveaux lave-vaisselles fonctionnerons au maximum 5 ans.

      C’est bien pire pour les véhicules neufs, d’ailleurs la prime à la casse est en réalité un système conçut pour nettoyer le marché de ces vieux véhicules « increvables ».
      Des véhicules très gênant, puisque non seulement toujours réparables, pire, réparable par vous même.
      Vous pouvez toujours y faire vous même de petite réparation,changer une batterie, une bougie, etc...
      Par contre, les véhicules neufs, la moindre petite action doit se passer dans un garage agréé. tout est scellé électroniquement, la moindre action « non officiel » saborde le véhicule.
      C’est très pratique, ça assure à la marque que vous passerez dans LEUR garage régulièrement...Évidemment, soyez certain qu’ils ont électroniquement prévu toute une série de panne, qui s’enchaineront de manière régulières, leur assurant que vous passerez régulièrement.

      Je suis comme vous, j’ai un vieux tacot, mais je sais qu’un jour, ce genre de véhicule aura beaucoup de valeur.


    • MarcDS MarcDS 14 février 2011 10:53

      Pas facile du tout, en effet. Je dirais même que c’est la quadrature du cercle puisqu’il s’agit de combattre les effets dûs au principe de fonctionnement du système ; c’est ce qu’on appelle une crise systémique.
      Et on vous taxera d’autant plus facilement de pollueur que les coûts environnementaux dûs à la fabrication et au transport des marchandises sont allègrement oubliés, et qu’avec vos agissements vous ne soutenez pas l’économie de votre pays.

      Le fond du problème est que poussé par l’impératif de croissance, notre système économique crée sans cesse de nouveaux besoins, lesquels induisent de nouveaux comportements qui imposent ces nouveaux besoins à l’ensemble de la société. Un exemple : je n’ai jusqu’à ce jour pas de portable, mais la société s’est tellement organisée autour de ce nouvel objet qu’il devient de plus en plus difficile de s’en passer. Et pourtant, les chiffres de pollutions et de consommation d’énergie dus à la seule fabrication de ces petits appareils ont de quoi faire frémir.
      Un autre exemple est celui de la voiture, qui a provoqué un éloignement des fonctions : habitat, commerces, lieu de travail, fonctions publiques, écoles et aires de détente et de culture ne sont plus accessibles sans une voiture. Or il devient de plus en plus évident que la prétention à posséder chacun sa propre voiture est insoutenable, à la fois écologiquement et fonctionnellement (à moins de macadamiser l’ensemble du territoire).

      Tout cela montre que sans une remise en cause fondamentale du dogme de la croissance sur lequel est basé notre système économique, toute « solution » ne permettra au mieux que de retarder l’instant où ce système s’écroulera.


  • MarcDS MarcDS 14 février 2011 10:09

    Contrairement à vos dires, ce processus n’a pas que des avantages. En effet, il fait fi de la pierre angulaire de notre système économique qui est l’obligation de croissance, et qui est précisément à l’origine de l’obsolescence programmée. Pour respecter cet impératif, il faudra donc que le ralentissement de consommation causé par votre système soit compensé par une augmentation de la consommation dans d’autres secteurs (à supposer que cela soit possible), et le résultat final sera le même qu’avec toutes les technologies et tous les mécanismes soi-disant verts que l’on tente de mettre en place actuellement : tout gain sur les fronts du gaspillage et du coût énergétique est annulé par une augmentation de la consommation globale.

    Votre processus ne pourra donc s’appliquer de façon réellement efficace que dans un système économique qui ne sera plus coincé par l’impératif de croissance. Il faut changer de paradigme ; ensuite seulement, les outils (souvent déjà connus et disponibles) pourront servir à préserver l’environnement tout en assurant des conditions de vie décentes à l’humanité.


  • Mmarvinbear Mmarvinbear 14 février 2011 10:44

    La meilleure façon de consommer n’est pas de taxer à outrance, mais d’apprendre à ne vouloir avoir que ce dont on a réellement besoin.

    Cela inclut aussi de penser sur le long terme en fonction de ses besoins propres. Quand on se pose la question de l’achat d’un nouveau robot ménager par exemple, si on se rend compte que le précédent n’était utilisé en réalité que pour râper des carottes ou du gruyère, alors l’achat d’une râpe manuelle est certainement le meilleur choix.

    Il faut aussi apprendre à rejeter les sur-emballages : en finir avec ces saloperies que sont les « dosettes individuelles » qui vous font croire que vous faites des économies en ne prenant que ce dont vous avez besoin alors que vous payez plus cher une quantité de produit moindre.

    Et puis, êtes vous donc aussi infirmes que vous ne sachiez pas utiliser une cuillère pour doser votre café ou votre sucre le matin ???

    La meilleure façon de limiter sa consommation est encore de privilégier le haut de gamme : on est moins enclin à jeter et on surveille plus son produit quand on sait que son remplacement peut être plus difficile.

    Combien de briquets jetables vous utilisez et achetez par an, non pas parce que le réservoir est vide mais parce que vous l’avez oublié au bureau et que votre collègue vous l’a piqué, ou bien que vous l’avez laissé sur la table de la terrasse d’une brasserie dans laquelle vous n’allez qu’ une fois tous les deux ans ?

    Achetez-vous un vrai briquet. Rechargeable. Il va vous couter trois fois le prix d’un Bic mais vous êtes assuré de toujours penser à le remettre dans votre poche et comme ces objets sont garantis des années parfois, au final vous verrez que vous dépenserez moins sur le long terme.


    • MarcDS MarcDS 14 février 2011 11:02

      Très vrai, le seul problème étant que tout vous pousse à adopter des comportements de consommateur compulsif, de façon à faire tourner la machine.
      Si la publicité est l’un des trois premiers budgets mondiaux, c’est qu’elle a un réel effet sur le comportement de la plupart des gens, et que ce comportement induit une élévation générale des besoins de la société.


    • Mmarvinbear Mmarvinbear 14 février 2011 13:46

      C’est comme pour tout ce qui touche à la politique ou à l’éducation.

      C’est à vous de développer votre esprit critique et votre intelligence pour décrypter ces codes et les contrer.

      Car au final, c’est VOUS qui prenez la décision d’acheter ou pas ce qui est vanté.


  • foufouille foufouille 14 février 2011 10:57

    en fait les produits couteront cher comme avant
    les riches suivront la derniere mode
    les moins riches acheteront d’occasion


  • Robert GIL ROBERT GIL 14 février 2011 11:06

    le tout c’est de se poser les bonnes questions, et de réaliser qu’une croissance infini sur une planete fini c’est une illusion economique...

    http://2ccr.unblog.fr/2011/01/03/de-quoi-avons-nous-besoin/


  • Incrédule 14 février 2011 12:45

    Et pourquoi ne pas s’attaquer au scandale des pièces de rechange ?
    Les fabricants leur appliquent souvent une marge bénéficiaire indécente.
    Par exemple, voici une de mes expériences dans le domaine :mon lave-vaisselle tombe en panne. Après diagnostic, il s’avère que la pompe principale est en panne. Le prix de la pièce est d’environ 80% du prix d’une machine neuve !!!
    J’ai fait ce que la plupart des consommateurs font : j’ai acheté une nouvelle machine smiley
    Dans le secteur de l’électro-ménager, ce gâchis doit être énorme...


  • Patapom Patapom 14 février 2011 13:38

    Mouais, intéressant mais comment faire, puisque tout est fabriqué en Chine ? smiley


  • epapel epapel 14 février 2011 14:50

    Pourquoi cette obsession de toujours vouloir régler un problème avec une taxe ? 


  • zelectron zelectron 14 février 2011 16:32

    Et que dire des puces électroniques fabriquées pour provoquer des pannes aléatoires sur tout type de matériel au bout de 4, 5, 6 ou 10 ans et dont le logiciel « encapsulé parmi une montagne d’autres est quasiment indétectable : ça c’est du chin... et cela oblige au remplacement rapide de la totalité de l’objet (ou du sous ensemble complet à un prix astronomiques : exemple circuits électroniques de voitures) faute de composants de remplacement.
    Là on comprend mieux la véritable notion de GUERRE économique*.
    *l’exemple de la mise en panne des centrifugeuses iraniennes est édifiant ...
    Le prétexte de »geler" le progrès est un leurre bien commode, il suffit de fabriquer des composants d’amélioration compatibles jusqu’à la limite d’acceptation du concept initial et changer de génération lorsque le saut technologique est vraiment sensible.


  • Radix Radix 14 février 2011 18:46

    Bonjour

    Je viens de regarder sur Agoravoxtv le film sur l’obsolescence programmée.

    Elle m’a rappelée mon expérience avec un scanner tombé en panne : néon grillé !

    Mais le néon était soudé sur le chariot et l’ensemble valait le prix du scanner !

    J’ai dessoudé le néon et acheté un néon pour armoire de salle de bain qui avait des caractéristiques approchante, mon scanner fonctionne toujours.

    Le prix du néon 5 francs !

    Radix


  • joletaxi 14 février 2011 19:03

    Comme toujours,nos « penseurs » cadre de la fonction publique,spécialisé en fiscalité environnementale,élaborent pour un non problème,une usine à gaz de taxes,dont le produit généralement couvre à peine les frais de perception,et qui n’a finalement aucun effet sur le monde réel.

    Vous parlez d’obsolescence programmée comme d’une évidence.Je vous signale que nos amis allemands ont depuis longtemps fondé leur prospérité économique sur la qualité et la durabilité de leurs produits .Les japonais ne sont pas en reste,et les Suisses l’appliquent depuis toujoursEt dans le domaine de l’électroménager, les fabricants ont compris que la qualité était le meilleur garant de leur succès.
    Perso, j’ai un Mac dont je me sers pour des calculs qui date de 1983.J’ai un GSM qui a 15 ans.Et mon lave vaisselle Miele(je toucherai peut- être une petite com pour les avoir cités)a 20 ans.
    Ma TV,pas encore écran plat ne veut pas mourir.Et mes voitures,dont une française ont plus de 180.000 kms sans avoir vu le réparateur.
    Il n’y a donc pas de fatalité à acheter des mauvais produits,je dirais au contraire que leur qualité ne fait que se renforcer.Bien sur, on citera le cas des imprimantes,mais au prix où on nous les vend,il faut vraiment être mauvais esprit pour critiquer,et j’ai une canon, qui a 10 ans, et qui utilise depuis toujours des encres pirates.
    Quant au problème de réparation, il s’agit certes du prix des pièces, mais aussi et principalement du coût de la main d’oeuvre.Actuellement, les voitures accidentées partent dans les pays de l’est pour y être réparées.Pour les produits plus courants, les progrès en productivité ont été tels, que le prix de remplacement est généralement moins élevé que le devis de réparation.
    Pour ce qui est des matières premières,imaginez que demain, tout le matériel militaire US soit recyclé.On a de quoi faire pour au moins 20 ans.Il s’agit donc d’un faux problème.
    Bref, comme pour l’éthanol,les éoliennes,le photovoltaïque,le tri sélectif(qui permet de créer de merveilleux emplois verts,de gens sous payés à voir défiler nos crasses sur un tapis 8 heures par jour),et tant d’autres idées lumineuses,faites nous plaisir, pensez moins, allez à la pêche, ou à la montagne, on s’en sortira tout aussi bien.

  • Yoann Yoann 15 février 2011 07:47

    Merci pour cet excellent article,
    Le problème de notre économie, c’est qu’elle se porte bien uniquement quand la croissance est là, c’est ce paramètre qui a changé le développement technologique, faire du jetable est rentable alors que le costaud, non !!
    Le meilleur exemple est l’anniversaire des 100ans de l’ampoule de cette fameuse caserne de pompier ... Imaginez si toutes nos ampoules avaient 100ans, ce serait merveilleux pour l’environnement et pour notre porte monnaie mais je doute fortement de la santé financière de l’usine qui aura produit ces ampoules.
    Ne cherchez pas sur la toile pour cette ampoule, il n’y a rien, regardez plutot le documentaire : l’obsolescence programmée
    On voit donc bien que c’est le modèle économique tout entier qu’il faut revoir, car imposer d’autres normes, c’est forcement couler une bonne partie des entreprises mondiales ...

    Bref j’aimerais beaucoup mais ce n’est pas si facile ...


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