lundi 7 février 2011 - par Robert GIL

Concurrence et mondialisation

La concurrence internationale est telle que pour survivre, il faut soit s'adapter, soit disparaître. Bien ! Présenté comme cela, il n'y a aucune place au doute. Il n'y a rien à faire, la mondialisation ne peut être remise en cause : c'est une loi physique du même ordre que lorsque l'on lâche un caillou il tombe au sol. Il y a des forces que l'on ne peut remettre en cause. Sauf que la mondialisation n'est pas une loi physique, ni la volonté d'un vieil homme avec une barbe blanche : la mondialisation est du ressort de la décision des hommes !

Les donneurs d'ordres sont peu nombreux dans le monde, ce sont eux qui distribuent le travail et influent sur les logiques salariales. Les pays du sud produisent à bas prix, mais la majorité des usines qui fabriquent dans ces pays sont des usines occidentales, et 80% de leur production sont vendus sur les marchés des pays riches. La mondialisation est une chimère qui permet à certains de produire aux coûts les plus bas puis de vendre dans les pays où les gens ont les moyens d'acheter !

La mise en concurrence est organisée par les industriels eux même qui délocalisent une partie de leur production et qui ensuite la mettent en concurrence avec celle restée dans leur pays d'origine. Tout cela pour le plus grand malheur des salariés du Sud comme du Nord et le plus grand bonheur des actionnaires. Pour le capital le développement des pays du Sud ne doit pas supprimer l'exploitation d'une main d'œuvre bon marché, et doit continuer à faire pression sur les salaires des pays du nord. L'arnaque est parfaite, surtout que le monde ouvrier est loin d'être aussi uni que le monde des affaires !

L'ouverture des pays de l'Est et leur adhésion à l'union européenne ont été réalisées pour deux raisons La première pour qu'ils ne retombent pas dans le giron de la Russie et pouvoir installer des bases militaires principalement américaines, pour contrôler la sphère d'influence russe. La seconde est que ces pays possédaient une main d'œuvre bien formée et qui n'avait aucune notion de droit social, les syndicats comme nous les concevons n'existaient pas, tout était régi par l'État et lorsque l'État a été démantelé les salariés ont été livrés aux multinationales.

Si dans un pays sous traitant, des salariés se regroupent pour former un syndicat et réclamer de meilleures conditions de travail et de salaires, les donneurs d'ordres n'hésitent pas à fermer et à redélocaliser dans un pays voisin, il ne faut pas donner de mauvaises idées à d'autre, cela pourrait être contagieux. Dans certains cas on se débarrasse des meneurs, parfois de manière définitive. L'on soutient des régimes suffisamment corrompus pour qu'ils ferment les yeux sur certaines pratiques.

La concurrence effrénée est souvent factice, ce sont les mêmes représentants qui siègent aux divers conseils d'administration de ces grands groupes. Il s'agit pour eux d'un jeu, d'un gigantesque « monopoly », d'un casino, ou parfois l'on peut perdre, mais comme en plus ce sont eux qui contrôlent la banque ! Non les véritables perdants, se sont ceux qui dans l'espoir de garder leur emploi, acceptent de travailler plus, de baisser leur salaire, de voir disparaître leurs acquis sociaux au nom de la mondialisation imposée par une bande d’escrocs.

Article publié sur http://2ccr.unblog.fr/

Conscience Citoyenne Responsable



7 réactions


  • Cocasse cocasse 7 février 2011 14:49

    Si l’organisation humaine était basée sur la coopération au lieu de la compétition, l’homme aurait déjà planté son drapeau sur Mars.


    • Francis, agnotologue JL 7 février 2011 16:54

      « Si l’organisation humaine était basée sur la coopération au lieu de la compétition, l’homme aurait déjà planté son drapeau sur Mars » (cocasse)

      Ben voyons ! tout le monde sait bien que Mars est un objectif susceptible d’apporter demain le bonheur aux terriens ! Et que pour ce bel objectif, ils sont tous prêts à sacrifier leur quotidien !


    • Cocasse cocasse 7 février 2011 17:21

      JL, ce n’est pas à prendre au pied de la lettre.
      J’aurais pu dire « trouvé un remède contre le cancer » aussi.
      La compétition bousille une énergie fabuleuse dans toutes les sphères humaines.
      Plutôt que partager les connaissances, de faire une découverte puis avancer dessus, chacun refait les mêmes recherches dans son coin et en secret (course aux brevets).
      C’est le mode d’organisation le plus débile qu’il soit.


    • Francis, agnotologue JL 7 février 2011 17:36

      cocasse, j’avais bien compris, mais tout de même quoi que vous en disiez, l’exemple n’est pas innocent.

      Ceci dit je ne crois pas que vous ayez raison : je pense que la compétition est une bonne chose. Mais jusqu’à un certain point ! j’aime comparer la société que les hommes se construisent à une voiture ; le moteur c’est la machine économique, le reste ce sont les infrastructures collectives.

      Avec un moteur poussif qui cale dans les côtes, autant aller à pied. En contrepartie, la compétition nous oblige à rouler dans des dragsters aussi gourmants que bruyants et inconfortables. Et cette image donne une idée encore trop flatteuse de cette société qu’est en train de devenir la notre.


    • Cocasse cocasse 8 février 2011 11:03

      Bonjour, je ne suis pas d’accord avec cette théorie selon laquelle la compétition serait bonne pour décupler les énergies.
      Cela est vrai dans le domaine sportif ou n’importe quel jeu, car il s’agit d’activités périphériques et accessoires.
      Mais concernant les activités motrices de la société, consacrées à la survie, l’évolution ou le bien-être, toute concurrence est hautement nocive. Elle est en outre déresponsabilisante.
      C’est comme de dire « je ne peux travailler que si je suis fouetté, et en lutte contre les autres pour survivre ». Non, la concurrence entrave les énergies, bien au contraire.


  • Francis, agnotologue JL 7 février 2011 15:56

    Excellent article !

    Il faut mentionner que beaucoup d’entreprises américaines ont trouvé en Europe un endroit « comme chez eux » avec l’avantage qu’en UE, contrairement aux US où elles sont autorisées, les « class actions » y sont illégales !


  • Marianne Marianne 7 février 2011 16:46

    L’article résume très bien la mondialisation, qui en profite et qui la subit !

    Je nuancerais le propos sur les points suivants :
    - ne pas oublier que les délocalisations et la mondialisation ont permis aux pays émergents de quand-même améliorer leur niveau de vie en moyenne, l’émergence d’une classe moyenne notamment en Chine, même si les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres se sont accrues,
    - Ce ne sont pas, contrairement à ce que vous dites, les actionnaires des grands groupes (d’entreprises industrielles et de service) qui contrôlent les banques, même si on retrouve dans leurs conseils d’administration des personnalités communes. Ce sont les marchés (autrement dit les investisseurs institutionnels, fonds de pension, assurance-vie, qui placent l’épargne et les cotisations retraites des classes moyennes, notamment des américains) qui exigent les rendements élevés des banques. 40% du capital des entreprises du CAC40 est détenu par des investisseurs étrangers. Ces particuliers qui placent leur épargne dans les fonds choisissent les fonds à meilleurs rendements. Ce sont parfois les mêmes personnes qui subissent les effets dévastateurs de la mondialisation sur leurs emplois ! Ce système vicieux est d’autant plus amplifié avec le système de retraite par capitalisation, aux USA et en GB, alors que dans le reste de l’Europe, notamment en France, avec le système de retraite par répartition, il n’y a pas ce stock énorme de capital à replacer sur les marchés.

    C’est assez révoltant mais au delà de la dénonciation de cet état de fait et de la stigmatisation d’une minorité profiteuses actionnaire des multinationales, il faut penser à des propositions concrètes qui ne peuvent être initiées qu’au niveau mondial, avec règles de protection minimum (sociale et environnementale), régionalisation (règles communes à une région homogène comme Amérique du Nord, Europe, Amérique latine, Afrique, Asie du Sud-Est) avec objectifs de commerce intérieur à la région pour 80% par exemple, comme le recommandait Maurice Allais, fiscalité redistributive des profits du capital ?, ...


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