mardi 6 février 2018 - par Laurent Herblay

Croissance : excellente conjoncture, mêmes mauvaises fondations

1,9%, après le 1,1% de 2016. L’an dernier, la croissance a accéléré. Mais derrière le discours superficiel sur le retour de la France que permettrait Emmanuel Macron, que penser de cette accélération de la croissance en 2017 : véritable amélioration structurelle ou simple passade ?

 

Derrière les statistiques
 
1,9% de croissance est un vrai progrès. Mieux, tous les moteurs semblent allumés :l’investissement accélère, avec une croissance de 3,7%, après 2,7% en 2016, plus que les dépenses de consommation des ménages, qui progressent de 1,3%. Mieux, même l’industrie manufacturière progresse de 2%. Bref, au premier abord, on pourrait presque penser que tout va bien dans le meilleur des mondes macroniens… Naturellement, cette interprétation est superficielle. D’abord, la croissance est très inégale, comme le montre l’envolée des profits du CAC40. Ensuite, elle repose aussi sur une bulle financière, certes moins excessive qu’outre-Atlantique, mais aussi réelle qu’inquiétante à terme.
 
 
Quelle meilleure preuve de cette bulle que la croissance de 2,4% des dépenses de construction, nourries par les taux très faibles et l’évolution consécutive des prix de l’immobilier. Mais ce genre de reprise disparaît en cas de tension sur les taux… En outre, beaucoup d’éléments tempèrent ces bons chiffres. D’abord, il ne faut pas oublier que, sur l’année, la hausse des stocks a boosté le PIB de 0,4 point. En clair, hors effets de stocks, nous ne sommes passés que de 1,2% à 1,5% de croissance en un an. Bref, nous sommes plus dans la continuité d’une situation guère satisfaisante dopée à des taux au plancher. D’ailleurs, le commerce extérieur a encore plombé notre croissance de 0,4 point
 
En clair, hors effets de stocks, et à même progression des importations que des exportations (ce qui devrait être un objectif en soi), la croissance tournerait plutôt autour de 2% depuis 2 ans, ce qui montre l’effet délétère du laisser-faire commercial suicidaire de nos dirigeants. Année après année depuis des décennies, ils laissent cette idéologie mortifère amputer toujours un peu plus notre richesse. Bien sûr, cela peut sembler dérisoire, mais l’effet cumulé depuis des décennies est colossal sur le marché du travail, accentuant toujours le déséquilibre en faveur des entreprises et abîmant notre tissu industriel, ce que les relatifs bons chiffres de 2017 ne doivent pas faire oublier, après le nouvel épisode Alstom.
 
 
Bien sûr, ce léger regain de croissance est préférable car quelques miettes pourraient parvenir à la majorité. Mais quelle ironie de voir à quel point la croissance de notre pays semble liée aux dépenses publiques, en hausse de 1,5%, les élections et la baisse des taux ayant desserré un peu la camisole européenne. Mais qui notera le rôle déterminant de l’Etat dans cette reprise ?


3 réactions


  • Diogène diogène 6 février 2018 11:04

    La présentation de l’économie par les médias dominants a un point commun avec les relevés bancaires : ils sont établis du point de vue du vrai bénéficiaire : la banque pour les dépôts des particuliers, et... la banque pour les spéculations et les échanges commerciaux.


    Le capitalisme, c’est comme le casino, c’est toujours la banque qui gagne.

    La « croissance » n’est qu’un indicateur de rendement des capitaux, pas un indicateur de développement.

  • jymb 6 février 2018 13:06

    Les obligations de lenteur absurdes sur les routes vont « aider » à perdre les bribes de croissance qui traversent l’Europe 

    S’endormir dans des trajets sans fin et perdre le revenu de la journée pour payer des pseudo infractions fabriquées en masse...beaucoup vont continuer à préférer pôle emploi...et j’en viens à leur donner raison. On ne peut pas se battre contre un pouvoir qui détruit ce qui reste de motivation 

  • zygzornifle zygzornifle 6 février 2018 15:00

    La croissance ? J’ai regardé dans mon slip mais pas 1mm de plus , de qui se moque t’on .....


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