lundi 25 janvier 2010 - par eugène wermelinger

Davos : tout le monde il est beau et gentil ? Pas si sûr !

Fondé en 1971 par Klaus Schwab économiste suisse la fondation à but non lucratif a son siège à Genève est surtout renommée par sa réunion annuelle à Davos, en Suisse, qui réunit des dirigeants d’entreprise, des responsables politiques du monde entier ainsi que des intellectuels et des journalistes, afin de débattre des problèmes les plus urgents de la planète, y compris dans les domaines de la santé et de l’environnement. 
Fin 2009, Klaus Schwab déplore, moins libéral qu’on le dit souvent, : "J’ai créé le forum il y quarante ans pour que les PDG rencontrent la société civile mais au fil des ans, leurs politiques de rémunérations ont rapproché les PDG des actionnaires et, parallèlement, les actionnaires sont devenus court-termistes. Il faut reconstituer un ethos professionnel". 
ATTAC Suisse avec les Public Eye Awards la Déclaration de Berne (DB) et Pro Natura organisent depuis 2000 le contre-sommet critique du rendez-vous annuel du World Economic Forum (WEF) 
Le prix de la honte aux entreprises 
À la mi-novembre, leur jury a désigné les lauréats présentés lors d’une cérémonie de remise des prix très attendue. Cet événement aura lieu à Davos le 27 janvier 2010, jour de l’ouverture du Forum économique mondial (WEF). 
 
La responsabilité des entreprises ici et maintenant 
 
Nous montrons aux acteurs de l’économie mondiale que les conséquences sociales et environnementales de leurs pratiques commerciales ne touchent pas que les victimes de ces préjudices, mais qu’elles affectent aussi la réputation de leurs entreprises. Nous décernons des prix de la honte aux pires entreprises. 
 
Règles juridiquement contraignantes
 
Avec la libéralisation du commerce, le pouvoir des multinationales s’est accru de manière vertigineuse. Les lois ne suivent plus et les déclarations d’engagement volontaire des entreprises ne soignent en fait que leur image. Qu’il s’agisse de breveter des médicaments essentiels ou d’exploiter sans scrupules des matières premières, ou des travailleuses et des travailleurs, la rapacité des Global Players réunis à Davos n’a pas de limites. Dans ces conditions et plus que jamais en cette deuxième année de crise, nous exigeons des multinationales qu’elles assument leurs responsabilités sociales et environnementales et qu’elles soient légalement amenées à le faire par les politiques. 
 
 
Voilà les nominés :
 
ARCELOR MITTAL
 
Siège : Luxembourg, actif dans plus de 60 pays
Secteur : Sidérurgie
Chiffre d‘affaires / bénéfice : 105,2 mia de dollars / 19,4 mia de dollars (2007)
Propriété de actionnaires
Collaborateurs : 310 000
CEO : Lakshmi Mittal
 
Arcelor Mittal est de loin le plus important producteur d’acier au monde et son principal actionnaire, Lakshmi Mittal, se situe au huitième rang des plus grandes fortunes du monde. Le géant de la sidérurgie, qui a racheté il y a quelques années le producteur d’acier Iscor en Afrique du Sud, n’assume pas les responsabilités sociales et environnementales qui sont les siennes. La multinationale fait même du lobby contre une réglementation restrictive des émissions polluantes et refuse d’assainir les environs gravement contaminés de son principal site de production.
Or, c’est justement la raison qui avait permis à Arcelor Mittal d’acquérir l’entreprise sud-africaine à un prix dérisoire. Les témoignages des personnes vivant à proximité du site de production font état de naissances d’animaux malformés ainsi que de boîtes de conserve et de cadres de fenêtre métalliques qui rouillent de manière prématurée. D’autre part, le taux de cancer de la population vivant aux environs de l’usine est nettement supérieur à la moyenne. Arcelor Mittal a également licencié une grande partie des employés de l’usine et vendu leurs logements à une entreprise privée. Sans emploi, ils ne sont alors plus en mesure de payer leur loyer. Arcelor Mittal utilise également des décharges illégales. Elle pratique une politique de prix cartellaire et abuse de sa position dominante sur le marché.
 
FARNER PR
Nominé par le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA)
Siège : Zurich, Suisse
Secteur : Relations publiques, publicité et communication politique
Chiffre d’affaires : CHF 14 mio
Propriété de entreprise : cotée en bourse
Collaborateurs : 60 en Suisse, nombreuses agences partenaires au niveau international
 
Lors de la campagne autour de l’initiative suisse « Pour une interdiction de l’exportation de matériel de guerre », l’agence de relations publiques zurichoise Farner a employé des méthodes dignes de la Guerre froide. En juin 2009, elle a chargé une politologue de participer sous un faux prétexte à un week-end stratégique organisé par le Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA). Alors que l’employée de Farner prétendait vouloir écrire un travail de séminaire, elle posait des questions tellement pointues que cela a éveillé les soupçons. En août, son compagnon plaidait sa cause devant la presse, affirmant qu’elle avait reçu de « mauvaises instructions » de la part de Farner. L’employée n’aurait accepté cette mission que parce que les postes de politologue sont plutôt rares. Dans un premier temps, Farner a rejeté en bloc le soupçon d’infiltration. Peu après, un document interne de l’agence datant de 2005 parvenait aux médias. Il faisait mention de « l’observation de groupes de militants » et de « désaveu publique des opposants » parvenait aux médias. En octobre 2009, le Blick publiait le rapport de la politologue – rédigé sur du papier officiel de Farner. L’espionnage des opposants politiques ne va pas seulement à l’encontre des principes éthiques et des règles de respect mutuel les plus élémentaires, mais ces pratiques sont contraires à la liberté de rassemblement et d’opinion.
 
 
Nominé par Les Amis de la Terre – Amazônia Brasileira
Siège : Paris, France
Secteur : Fournisseur d‘énergie
Chiffre d‘affaires / bénéfice : 83,1 mia d’euro (2008) / 13,9 mia d’euro
Propriété de : 36% Etat français, 44% investisseurs institutionnels, 20% actionnaires individuels
Collaborateurs : 200 000 dans le monde
CEO : Gérard Mestrallet 
 
 Malgré l’opposition de la population locale et les critiques virulentes de la société civile brésilienne, péruvienne et bolivienne ainsi que celles de l’office pour la protection de l’environnement compétent, le groupe énergétique français GDF Suez, qui appartient en partie à l’Etat français, participe de manière déterminante à la construction du barrage Jirau sur le Rio Madeira. Ce projet gigantesque cause de nombreux problèmes. Plusieurs milliers d’indigènes seront déplacés de force et des surfaces forestières importantes seront défrichées. De plus, le fleuve et les régions qu’il traverse seront empoisonnés au mercure. La disparition de différentes espèces de poissons et une recrudescence de la malaria seront inévitables. GDF Suez viole non seulement le droit du travail brésilien, mais également les standards internationaux. Par une politique de lobbying sans scrupule, le géant de l’énergie peut enfreindre les lois en vigueur en toute impunité et n’accorder que des garanties sociales et environnementales minimales. Dans ce contexte, les tensions politiques entre la population locale, d’un côté, et le gouvernement central brésilien et les différents pays impliqués dans la construction du barrage, de l’autre, se sont accentuées dans la plus grande indifférence de GDF Suez.
 
 
CIO
Nominé par le réseau Olympic Resistance
Siège : Lausanne
Secteur : Association sportive
Chiffre d’affaires / bénéfice : Jeux Olympiques d’été 2008 à Pékin : 2,15 mia de dollars affaires, 126 mio bénéfice
Président : Jacques Rogge 
Le Comité International Olympique (CIO), dont le siège est à Lausanne, est une association de grande envergure. Organisé en holding, comme les grandes entreprises, il dispose de moyens et d’une influence considérables. Pour 2010, le CIO a attribué les jeux olympiques d’hiver au Canada et n’hésite pas à déplacer une partie importante de la population indigène de Vancouver, où aura lieu la compétition. Les jeux se dérouleront en effet sur des terres indiennes jusqu’ici préservées, ce qui a des conséquences dramatiques pour les êtres humains et l’environnement. L’extension et la construction d’autoroutes, de complexes sportifs et d’autres infrastructures détruisent le paysage naturel et mettent en danger les animaux sauvages qui vivent dans la région. Depuis l’attribution des jeux, la pénurie de logements dans la région de Vancouver a triplé et les « Premières Nations » sont principalement touchées. Il est inacceptable que les jeux permettent à des entreprises multinationales de gagner des millions alors que les promesses sociales faites à la population locale ne sont pas tenues, laissant de nombreuses communautés livrées à elles-mêmes dans les ghettos et les réserves.
 
 
ROCHE
Nominé par Déclaration de Berne
Siège : Bâle, Suisse
Secteur : Industrie pharmaceutique
Chiffre d’affaires / bénéfice : 45.6 mia / 10.8 mia CHF (2008)
Propriété de : Familles Hoffmann et Oeri (50.01%), Novartis (33.3%), autres actionnaires
 
Collaborateurs : 80 080 (2008)
CEO : Severin Schwan 
La Chine annonce avec fierté que quelque 10 000 opérations de transplantation d’organes ont lieu chaque année dans ses cliniques. Néanmoins, pour des raisons culturelles, ce pays ne compte quasiment pas de donneurs volontaires parmi la population. Dans ce cas, d’où proviennent les organes ? A la fin de 2008, le vice-ministre de la Santé chinois a admis, dans une revue médicale, que plus de 90% des organes transplantés proviennent de prisonniers condamnés à mort. La World Medical Association et d’autres organisations internationales ont pris position, qualifiant unanimement les transplantations d’organes provenant de prisonniers comme une pratique violant l’éthique médicale. Même si les condamnés donnaient véritablement leur consentement, celui-ci ne pourrait être considéré comme libre et volontaire compte tenu de leurs conditions de détention. Malgré ces pratiques de transplantation éthiquement condamnables, l’entreprise pharmaceutique Roche commercialise en Chine son médicament Cellcept, qui agit contre le rejet d’organes transplantés. Depuis plusieurs années, elle le produit également dans ce pays. L’entreprise bâloise teste actuellement l’efficacité de son médicament sur quelque 300 organes transplantés, dans de nombreuses cliniques chinoises. Selon ses propres déclarations, Roche ne possède aucune information sur la provenance de ces organes. Comme il n’est pas possible de savoir s’ils proviennent de prisonniers, Roche doit cesser immédiatement ces essais cliniques.
 
 
ROYAL BANK OF CANADA
Nominé par Rainforest Action Network (USA)
Siège : Toronto, au Canada et au Québec, Canada
Secteur : Services financiers
Chiffre d’affaires / bénéfice : 22 mia de dollars (2008) / 4,6 mia de dollars
Propriété de : Cotée en bourse à Toronto et à New York
Collaborateurs : 80 000
CEO : Gordon M. Nixon 
Royal Bank of Canada (RBC) finance l’exploitation du pétrole des sables bitumeux dans l’état d’Alberta. Le pétrole le plus sale de la planète est extrait sur une zone aussi grande que la Suisse et l’Autriche réunies. La production d’un baril de pétrole issu des sables bitumineux émet trois fois plus de gaz à effet de serre qu’un baril de pétrole conventionnel. La quantité d’eau nécessaire à l’extraction et l’exploitation des sables bitumeux, pompée dans le fleuve Athabasca, équivaut à la consommation en eau d’une ville d’un million d’habitants. En raison de sa toxicité, l’eau doit être conservée dans les plus grands barrages du monde. Toutefois, les substances toxiques se répandent dans l’environnement et la faune locale est directement affectée. On dénombre par ailleurs une augmentation de formes de cancer encore peu connues au sein de la population indigène. Les compagnies pétrolières importent de la main d’œuvre bon marché en provenance des pays en développement. Elles exploitent les ouvriers, qui sont ensuite renvoyés chez eux. RBC finance ces crimes contre l’humanité et l’environnement. Au cours des deux dernières années, 20 milliards de dollars ont été investis dans l’exploitation minière de la région d’Alberta, et cela ne semble être qu’un début.
 
A titre de conclusion : « On reconnaît l’arbre à ses fruits » et « il faut séparer le bon grain de l’ivraie. » Paroles bibliques.
 


12 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 25 janvier 2010 13:17

    Total ferait bien partie des nomminés , avec ses marées noires ,ses pots de vins , ses gigaprofits et l’annonce de la fermeture de la raffinerie des Flandres ( 800 personnes à la rue ! )


    • eugène wermelinger eugène wermelinger 25 janvier 2010 19:48

      Salut Le chat (botté) puisque de Fos tu n’hésites pas à monter jusqu’à Dunkerque pour débusquer le gros .... rat .

      Sûr que dans notre hexagone il doit y avoir encore bien du monde qui aurait pour le moins pu être nominé, alors n’hésitez pas à nous les balancer. Tout (dés)honneur à ces saigneurs. 


    • LE CHAT LE CHAT 26 janvier 2010 09:28

      salut Eugène ,
      je connais bien la raffinerie des Flandres , je suis passé devant pendant dix ans en allant au boulot quand j’habitais encore à Calais .


  • eugène wermelinger eugène wermelinger 25 janvier 2010 13:29

    Ce lundi à 13 h20 le palmarès s’établit ainsi :

    ROCHE : 3448 votes
    GDF SUEZ : 2958 votes
    ROYAL BANK CANADA : 1811 votes
    FARNER : 1573 votes
    ARCELOR : 1416
    CIO : 1285


    COCORICO, notre coq français, (bien qu’ayant les pieds dans son fumier) est vice-champion - ou champion français du vice ? 

  • ELCHETORIX 25 janvier 2010 14:45

    Bonjour l’auteur , votre article démontre bien la malfaisance de ces sociétés privées transnationales et multinationales qui font fi de l’environnement et exploite leurs employés .
    Ce sont bien ces sociétés qui profitent du système économique ultra-libérale !
    Raison de plus de changer de système économique ou bien les obliger à respecter la nature et les personnes et réparer les dégâts occasionnés en toute impunité .
    Cordialement.
    RA .


  • BA 25 janvier 2010 15:52

    « Amorcée le 15 septembre 2008 avec la faillite de Lehman Brothers, qui restera dans l’Histoire comme le krach du jeudi 24 octobre 1929, la crise aurait détruit à ce jour 50 000 milliards de dollars - l’équivalent d’une année de PIB mondial - et nécessité plus de 2 500 milliards de dollars - l’équivalent du PIB de la France - pour sauver le système financier mondial. »

    Jacques Marseille, Le Point, jeudi 21 janvier 2010.

    Vous avez bien lu : la crise actuelle aurait détruit à ce jour 50 000 milliards de dollars.


    • Francis, agnotologue JL 25 janvier 2010 17:37

      « la crise actuelle aurait détruit à ce jour 50 000 milliards de dollars » (BA citant J. Marseille)

      Qu’est-ce que ça veut dire ?

      De quel argent parlons-nous ? Et qui a perdu de l’argent ? Combien ? Parce que l’argent n’est pas un prduit de consommation : si l’on considère l’argent comme une créance sur la société, la société est débitrice, le possesseur est le créancier. Si l’un des deux perd dans un jeu à somme nulle, l’autre ne gagne-t-il pas ? Ces « économistes » sont des tartuffes pour qui les principes élémentaires de la comptabilité sont des choses obscènes !


  • Gilbert Spagnolo dit P@py Gilbert Spagnolo dit P@py 25 janvier 2010 16:35

    Salut Eugéne


    Depuis belle lurette se sont le multinationales qui sont maîtres du monde... et les simples péquins que nous sommes peuvent juste bêler..... la révolution c’est pour quand !!!


    @+P@py


  • Basepam 25 janvier 2010 16:39

    Ce qui m’a fait sourire (de dérision) c’est l’emplacement des sièges sociaux des nominés :
    3 en suisse, 1 au Luxembourg, 1 en France et 1 au Canada.

    4/6 dans des paradis fiscaux... 

    Merci pour l’article.
    Basepam


  • Yohan Yohan 25 janvier 2010 18:25

    Salut Eugène
    Bon article.
    C’est vrai qu’à partir d’une certaine taille, l’argent n’a plus de patrie d’origine, et les grands sièges d’entreprise lorgnent sur les territoires qui ressemblent plutôt à des paradis...fiscaux


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 25 janvier 2010 23:38

    Slu Eugène,

    le pétrole, c’est ni + ni - que de la merde, le gaz, du pet, et l’or, le papier d"emballage...
    et nous les marmottes de cette comédie, les petits rats de cet opéra funeste...

    Toute notre civilisation est entièrement embourbée dans ce constat vaseux, et depuis un siècle que l’on a libéré l’animal de son service appoint, celui-ci est devenu notre esclave quotidien, victime d’une Shoa par jour...

    Ce soir j’entendais ce fameux patineur, Philippe Candeloro qui expliquait qu’il valait mieux cultiver des artistes que fabriquer des compétiteurs. En effet, un seul champion pour des centaines de vies brisées par le dopage et le trichage, plutôt qu’une multitude de vraies personnalités comme lui, sa joie de vivre et sa santé légendaires... Et pourtant, combien d’artistes dans mon genre ont été découragés dans le seul but d’en faire des machines à gagner du vent ! Les artistes sont les derniers à défendre la beauté, il aurait bien mieux valu leur confier les clés de la vie...

    Ces monstres gigantesques que tu mets en scène dans ton article, dans ce concours des plus grosses salopes, ne s’engraissent que parce que nous avons tous été des péripathé-petits-chiens. Merci de t’appliquer régulièrement à rappeler ce triste constat. L.S. 


  • sylvie 3 janvier 2018 11:21

    Bonjour, que devenez vous ?


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