lundi 4 juin 2007 - par Anne-Caroline Paucot

Des cyberbusiness idées

Onze millions et demi de Français qui affirment vouloir créer leurs entreprises, dont 2,5 millions dans l’année à venir, et 240 000 créations en 2006 ! Ce différentiel pose question. Même s’il n’est pas simple de se lancer dans cette voie, cette frilosité est peut-être à mettre sur le manque d’idées. Au pays de Descartes, on analyse et on synthétise plus qu’on imagine. Pourtant, trouver des idées business est un jeu d’enfant. Il suffit de surfer sur le Net et d’extrapoler. Création de vêtements tagués, conseils à la deuxième vie... Une illustration de la démarche.

1. Création de vêtements tagués

Une jeune société française vient de lancer le « mobiltag », (www.mobiletag.com) un code en forme de carré qui peut être lu par les téléphones portables dotés d’un appareil photo. Lorsqu’il est décrypté, le "mobiltag" lance une application, généralement un renvoi vers une page Internet. Il peut également permettre au téléphone mobile de stocker des informations.

Cette innovation pourrait être complétée par une autre : la création de vêtements « mobiltagués ». Coup de foudre dans le métro, vous sortez votre mobile, un coup de zoom sur le tee-shirt mobiltagué et vous découvrez la vie de celle ou celui qui vous a fait battre le cœur. Un « mobiltag » amusant distrait le col d’une veste. Un clic et les coordonnées de votre interlocuteur sont stockées.

2. Conseils à la deuxième vie

Comme tous les jours, les médias s’appuient sur des études pour affirmer que le business virtuel a un avenir florissant. Aujourd’hui l’Institut de recherche Nomura (NRI) explique qu’un nombre grandissant d’entreprises va utiliser les mondes en ligne comme vitrines publicitaires et développer des réelles activités économiques. Les chercheurs nippons estiment que le décollage du commerce dans les univers virtuels devrait intervenir à partir de 2009-2010, lorsque les ordinateurs dotés de fortes capacités graphiques se seront généralisés.

Cette espace virtuel ouvre de nombreuses opportunités professionnelles :

- Assistance juridique virtuelle. La NRI estimant qu’il existe de fortes probabilités pour que se créent des casinos, des hauts lieux de pornographie, de la contrebande et autres activités du même acabit. Quand ce sera le cas, des spécialistes devront régler les crimes virtuels.

- Psycho-design d’avatar 3D. Devenez psycho-créatifs et conseillez les nouveaux adeptes de la virtualité sur les choix psychologiques et morphologiques des avatars.

- Formation à la culture et au déplacement dans le monde virtuel. Quant on ne fait pas partie de la génération technologiquement modifiée, les premiers pas dans ces univers sont des vrais calvaires !


3. Développeur d’usages et contes RFID

Méfiez-vous, les RFID sont partout. Depuis 2002, ces envahisseurs sont plus nombreux que les humains sur cette terre.

Les RFID sont des puces ayant une mémoire pour stocker les informations et une antenne réagissant aux signaux radio. Ils peuvent donc transmettre à distance les données qu’elles contiennent et être modifiées de la même façon. Lorsqu’elles sont installées sur des produits, elles peuvent diffuser des informations aussi diverses que le temps de stockage, la date de péremption, le prix et même la température du produit ! Avec elles, bientôt vos yaourts vous avertiront en affichant : « Ne me mangez pas, je suis périmé  ! » Et votre boîte de haricots vous conseillera en indiquant : « Faites-moi cuire à la vapeur. Je me marie très bien avec le homard ou le rouget ».

Si les RFID peuvent être bonnes conseillères, elles inquiètent aussi les organisations de protection des consommateurs qui y voient un moyen de récupérer, sans son consentement, des informations sur le consommateur. Par exemple, l’ajout d’étiquettes RFID aux rouges à lèvres de la marque LipFinity du groupe Procter&Gamble permettait, à l’aide de webcam dissimulées dans le magasin, d’observer en direct et à son insu le comportement du client lorsque celui-ci manipulait l’objet. Une expérience similaire menée sur les lames de rasoir Gillette avait été révélée peu de temps avant par l’association Caspian. Depuis fleurissent sur Internet les sites invitant au boycott de cette technologie.

Dans ce contexte, on peut imaginer que l’on pourrait avoir besoin :

- De développeurs d’usages RFID éthiques, c’est-à-dire qui respecteraient la vie privée des individus. Si la RFID gazette a recensé quelques nouveaux usages : automatisation du chronométrage des marathoniens, localisation des balles de golf, antivol pour ruches, détecteurs de fuite d’eau, identifications de malades et de cadavres... Vous pouvez compléter la liste.

- Des conteurs pour contenus RFID. Quand on en aurait assez que nos yaourts nous ventent leurs qualités nutritionnelles et nous débitent les détails de leur composition, on mettrait l’option "conte" et ils nous raconteraient une « Yaourt Story » qui nous redonne envie de pédaler joyeusement dans la vie.

4. Fabriquer des « tablinateurs »

Microsoft vient d’annoncer la création d’un ordinateur « sensitif », fonctionnant sans souris ni clavier. D’ici la fin de l’année, cet ordinateur nouvelle génération baptisé « Surface » devrait équiper des chaînes de restaurants, d’hôtels, des casinos et autres entreprises.

On pourrait imaginer que cet ordinateur serve de plateau de table dans les restaurants. Après avoir fait leur commande, les clients surferaient sur le Net. Idéal pour les déjeuners d’affaires, car nos costumes gris n’auraient même plus besoin de dégainer leur portable.

5. Effaceur de traces

Je viens de blêmir. En mettant mon nom dans Google, je lis « Résultats 1 - 10 sur un total d’environ 91 800 pages en français ». Même si je pense que le moteur de recherche s’est pris les pieds dans ses calculs entre les doublons, ce nombre m’inquiète. Dans ce fatras, il doit avoir un nombre impressionant de perles d’incohérences et délires qui, au lieu d’être mises au compte pertes, se sont incrustées dans le réseau.

Il ne m’en faut pas plus pour inciter quelques chercheurs d’idées à se mettre au plus vite sur ce créneau. Outre que je serai leur première cliente, avec l’exploration du réseau effectuée par les employeurs, ils seront vite débordés. Et si le job vous semble ennuyeux, vous pouvez ajouter à votre offre la création de traces valorisantes.

6. SOS imprimante 3D

Vous voulez de nouvelles chaussures de sport. Vous feuilletez en ligne le catalogue, adaptez un modèle à vos goûts, tapez sur "impression" et partez faire votre footing avec votre dernière acquisition. Ce scénario pourrait devenir réalité dans un avenir proche.
Alors que les imprimantes 3D coûtent entre 20 000 et 1,5 millions de dollars deux chercheurs de l’université de Cornell en proposent une pour 2 400 dollars. Cette machine à monter soi-même fait partie du Fab@Home project et fonctionne avec du silicone, de la pâte à modeler, du chocolat ou de la glace. Cette avancée laisse espérer que dans quelques années les imprimantes 3D seront abordables et que l’on pourra imprimer une série de matériaux.
Quand tout le monde aura son usine à domicile, une assistance sera nécessaire. Il faudra intervenir au plus vite si une imprimante se déchaîne et se met à cracher des milliers de chaussures de sport. Imaginez aussi le cauchemar que cela pourrait être si l’échelle n’est pas respectée lorsque des jeunes mariés impriment leur liste de mariage !

7. Concierge de grande entreprise

Les salariés de L’Oréal ne désespèrent devant une fuite en rêvant qu’un plombier polonais vienne les aider. En arrivant au travail, ils passent à la conciergerie et demandent que des professionnels effectuent divers bricolages pendant leur absence. Dans l’élan, ils peuvent aussi confier leur liste de courses ou se faire coiffer.

Si vous avez quelques talents côté tournevis et débrouilles en tout genre, n’hésitez pas à frapper à la porte des grandes entreprises. En ce moment, c’est dans l’air du temps de choyer ses salariés pour, ne rêvons pas, leur mettre un peu plus la pression.

8. Géno-assureur

Dans la casserole des potins du Net, j’apprends que Sergey Brin, fondateur de Google, vient d’épouser Anne Wojcicki, sœur de la propriétaire du garage qui avait fait office de premier siège de Google. C’est à cause de la réglementation boursière que ce mariage a été confirmé. Google a en effet investi 3,9 millions de dollars dans 23AndMe, une start-up co-fondée par Anne qui a pour objectif d’aider les internautes à déchiffrer et à comprendre leurs informations génétiques.

Cette information me rappelle qu’en novembre dernier la fondation X-Prize a offert dix millions de dollars aux chercheurs qui seront capables de procéder au séquençage du génome d’une personne en dix jours, pour un coût modeste.


Quand demain (et un demain vraiment proche) chacun disposera de son séquençage génétique, imaginez les business qui vont se développer. Les assureurs vont pointer leur nez et proposer une assurance prix léger pour les individus disposant d’un génome Iso Parfait (a priori personne). En revanche, ils taxeront fortement ceux qui portent, par exemple, le gène ZNF217 dans le chromosome 20. Ce gène apparaît en nombre croissant de copies dans beaucoup de tumeurs. Apparemment, il joue un rôle dans le cancer du sein en permettant la croissance progressive des cellules.

Comme les assurances ne vont pas hésiter à s’emparer de cette aubaine pour remplir leurs tiroirs-caisses, n’hésitez pas à être des pionniers. Cela vous permettra de prendre le temps de réfléchir à une manière non discriminante d’intégrer ces données et de proposer un label assurance citoyenne.


.9 Cyber-dogés

Aboiements circonspects, les quatrupèdes à poil font preuve d’attentions qui mettent mes interrogations à la niche.

La société israélienne Bio-sense Technologies a mis au point un système de sécurité basé sur la reconnaissance vocale des chiens. Des capteurs déterminent si les chiens aboient après un homme, un animal ou un véhicule. Il pourrait être complété ultérieurement par l’implantation de puces électroniques dans le corps des chiens de garde, pour analyser plus finement leurs odeurs et leurs changements de température, qui sont autant de signaux d’alerte.


Les Japonais lancent le tapis roulant pour chien. Votre bichon peut faire sa balade pendant que vous regardez votre émission préférée. Ils proposent aussi iSeePet, une gamelle de nourriture qui intègre une webcam, une prise réseau, un microphone ainsi qu’un réservoir d’eau... Avec cette gamelle, il est possible de surveiller son animal à distance, via une ligne ADSL par exemple, sur un PC ou sur un téléphone portable I-mode. On peut aussi lui parler.

Si vous aimez les animaux, vous pouvez monter tant une salle de sport pour chiens qu’une entreprises de télésurveillance canine. Quand vous sentirez que les toutous s’ennuient, vous les distrairez en leur parlant et ou en diffusant leur émission préférée sur l’ordinateur.

Si la technologie ne vous branche pas, vous pouvez créer, à l’instar des canadiens, une Bouse Patrouille et proposer un service de nettoyage d’excréments d’animaux. Ou mettre sur pied un service de location de chiens. L’affaire est florissante au pays du soleil levant. Si en 2001 on recensait officiellement 17 magasins de location animalière à Tokyo, ils sont désormais 115 à proposer à leurs clients en mal de compagnie les "services" rémunérés de leur chihuahua ou teckel nain préféré.

10. Supermarché de business idées

Et si le principe vous amuse, vous pouvez créer un supermarché des idées de business pour aujourd’hui ou demain. Dans cet espace créatif, on trouvait des kyrielles d’idées pour créer une activité ou enrichir de l’existant. Tout le monde s’apercevrait que la bonne idée n’est jamais celle que l’on garde secrète pour éviter de se la faire voler mais celles qui se partagent et profitent des critiques et remarques des autres pour s’améliorer.

Pour le business modèle de cette activité, j’attends vos idées.



5 réactions


  • tvargentine.com lerma 4 juin 2007 14:08

    La mode actuelle ,dans les médias est au Second Life mais je comprend pas la finalité du bizness des entreprises.

    Pouvez vous détaillé vos idées car c’est interressant

    Merci


  • Stephane Klein Stephane Klein 4 juin 2007 15:12

    Je suis en accord avec vous pour regretter que trop peu d’entreprises se creent en France mais en total desaccord avec l’analyse.

    Les Francais ne sont pas trop frileux, c’est l’environnement legal et fiscal qui n’est pas favorable et... par consequent le reste des Francais qui ont vote dans le passe pour des gouvernement anti-entreprise, disons les choses clairement.

    Deux choses bloquent la creation d’entreprise :
    - les contraintes administratives.
    - les impots et taxes.

    Pour en etre convaincu, il suffit de se retourner sur les annees precedentes et voire les 180 000 creations d’entreprises/an des annees 2001-2002. Si leur nombre a augmente, c’est n’est pas un hasard. Rappelons qu’a ce moment, les entreprises etaient gratifiees du taux d’Impot sur les Societe deja parmi les plus hauts de 33.3% du resultat brut, plus un surtaxe Juppe (Juppe un liberal, la bonne blague !) de 10% (+3.3%) et Jospin de 3% (+1.1%) portant le tout a quelques 38% d’Impot sur le benefices.

    Depuis, il y a eu Raffarin et les quelques mesures pro-entreprises (SaRL a 1€, IS a 15% sous condition, suppression de surtaxe Juppe et Jospin) qui ont eu leur effet meme si elles peuvent facilement etre traitees de mesurettes.

    Si on veut reellement reduire largement le chomage par autre chose que des pirouettes comptables, voila un certain nombre de mesure a prendre :

    1/ Impots et taxes :

    - reduire l’IS a 20% voire 10% si les benefices sont reinvestis et ce sans limitation de chiffre d’affaire : il faut que la prise de risque paie sans etre oblige de creer des filiales en Suisse ou aux Bahamas pour evader le fruit de son labeur.
    - reduire les divers droits et taxes qui pesent surtout sur les petites entreprises et grevent leur croissance (600 € de droit d’enregistrement aux impots lors d’une augmentation de capital, sans aucune justification).
    - arreter de torpiller la transmission de SaRL par l’imposition de la transaction d’un taux de 4.80% qui n’a aucune justification et ne s’applique pas aux SA : reprenez une boulangerie etvous serez gartifie de cette taxe, reprenez une SA et vous paierez nettement moins en .

    2/ Facilitation de la vie de l’entreprise :
    - continuer a faciliter la creation d’entreprise par un guichet unique
    - faciliter les demarches administratives durant la vie de l’entreprise : un guichet unique pour deposer son bilan : il est incroyable de devoir le deposer deux fois au tribunal de commerce et aux impots avec des frais a chaque fois !
    - faciliter la relation avec le salarie : un patron surtout petit a autre chose a faire que de remplir des formulaire URSSAF, ASSEDIC, AGIRC, ARCCO, IREC, CAPIMEC et autres termes barbares : liberaliser et privatiser la couverture chomage, sante et vieillesse, il s’agit la de reforme profondes mais parfaitement realisable sachant que de nombreux voisins europeens ont deja un systeme identique (les Suisse ont rejete par votation la creation d’une secu a la francaise il y a quelques semaines). Accessoirement, faciliter le recours des entreprises au travailleurs independants (rappel : les independants ne cotisent pas obligatoirement au chomage).

    Bref, une vraie petite revolution intellectuelle de l’assistanat generalise vers la responsabilisation individuelle.


  • L'enfoiré L’enfoiré 4 juin 2007 19:22

    @L’auteur,

    Je ne parlerai pas en tant que Français, et pour cause. Ma réponse est plus européenne.

    - Pourquoi n’y a-t-il pas plus de sociétés qui se créent et d’indépendants ?

    2 réponses ont été données plus haut. J’en donne une autre plus importante encore.

    J’ai peut être mal compris la finalité de l’article.

    - Le capital à risque, on n’est en Europe pas trop fana de permettre d’oser avec un projet qu’on a dans le « tiroir ». En tant qu’actionnaire, de ce côté, on aime avoir du rendement sûr. Les placements qui marchent sont des placements à capital garanti. Je n’aime pas l’esprit américain dans sa finalité, mais là, il faut avouer qu’il y a de la marge.

    Tu parles de RFID. Peux-tu me sortir du chapeau l’explication de chacune des lettres ? La définition, c’est bien. La conversion du sigle en mots c’est mieux.

    Je dois avouer que je n’ai pas senti tout de suite où tu voulais en venir avec les « possibilités » d’investissement.

    Le virtuel, rien que du virtuel ? Est-ce le mode de vie de l’humain de demain ?

    Je suis un fana d’internet, je viens du milieu, mais je vois encore des développement ailleurs que dans le virtuel.

    Quand on se rappelle toutes les sociétés de jeunes qui se sont plantées dans les années 2000 après le crac, on peut se demander si la voie est bien choisie de construire son avenir avec uniquement du ...« vent » et sans appui tout à fait tangible.


  • L'enfoiré L’enfoiré 5 juin 2007 20:04

    @Anne-Caroline,

    Une réponse SVP. smiley smiley


    • L'enfoiré L’enfoiré 5 juin 2007 21:30

      "Agitée du clavier et du cortex, je joue dans deux bacs à sable :
      - La communication... Je réalise des romans et polars pour les entreprises. J’utilise l’humour et la fiction pour traiter des problématiques complexes de l’entreprise et faire passer des messages. (www.hyaka.com)"

      >>>> hyaka répondre et prouver son agitation au clavier. Communiquer c’est aussi avec les commentateurs. Avec humour et sans fiction et ... sortir du bac à sable smiley


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