Du leadership conjoncturel au leadership structurel
La dernière Executive News, Club of Leaders de Egon Zehnder rapporte un article du Financial Times consacré à la gestion de l’incertitude par les dirigeants d’entreprises.
Selon l’auteur, le rythme effréné de changement de l’économie requiert du leader de devenir un "maître de l’incertitude",
capable de rester calme dans les moments de fortes turbulences,
d’apprendre de ses échecs, d’être ouvert et flexible. Il recommande aux
entreprises "d’investir" rapidement dans cette nouvelle génération de
leaders pour assurer leur compétitivité future.
Mais, dites-moi, peut-on tolérer et gérer l’incertitude de son
environnement, si l’on ne sait l’accepter et l’affronter pour soi-même ?
Faire face à de nouvelles conditions, de manière efficace et rapide, est une des composantes de la créativité.
Cette aptitude à créer de nouveaux schémas, à visualiser de nouvelles
directions évolutives, sans la crainte de sortir des sentiers battus,
se développe spontanément et naturellement en progressant sur la voie
du développement personnel.
Il en va de même de l’intégrité, citée dans l’Executive Leadership Panel 2006 de Egon Zehnder comme la première qualité de tout leader, selon les dirigeants interrogés en France, UK, Allemagne et USA. "Hard qualities such as success are considered much less significant than integrity".
Ces deux exemples
illustrent une tendance plus globale, celle du déplacement des
exigences du plan fonctionnel au plan structurel, du faire à
l’être. Le premier assoit son leadership sur une excellente maîtrise
de son métier (finance, marketing...), de son secteur (aéronautique,
distribution...), ou de la situation (cost cutting, reengineering,
développement...), voire sur les trois.
Aujourd’hui, ce n’est plus suffisant. Les évolutions économiques
et technologiques accélérées bouleversent les paramètres conjoncturels
en permanence, anéantissant simplement l’excellence d’un leader trop
enchaîné à son environnement.
Le leadership conjoncturel doit être assorti d’un leadership structurel, à savoir un haut niveau de développement de la personne, signifiant maîtrise de soi, aisance dans les relations interpersonnelles, ouverture à de nouvelles expériences.
Il serait simpliste de résumer cette évolution en une prééminence
des valeurs comportementales. Certes, in fine, tout se résume à un
comportement... mais ce serait alors passer à côté de l’essentiel, à
savoir un travail sur la profondeur de l’individu. Il ne peut y avoir
d’intégrité externe, vis-à-vis des autres, sans intégrité interne,
vis-à-vis de ses propres expériences, de ses émotions, de son vécu.
Le leader doit donc accomplir un travail sur lui-même afin d’apprendre à mieux se connaître, à reconnaître ses défauts et ses échecs, pour ne plus en projeter la responsabilité sur son entourage, et sentir le poids de la responsabilité entière de ses propres actes, de ceux de ses collaborateurs, de ceux de son entreprise.