mardi 13 avril 2010 - par lauteur sam

Et si France Télécom récoltait un million d’euro à chaque suicide ?

« Mise en danger d’autrui du fait de la mise en œuvre d’organisations du travail de nature à porter des atteintes graves à la santé des travailleurs », « Méthodes de gestion caractérisant le harcèlement moral » a noté l’inspectrice du travail Sylvie Catala dans son rapport accablant de 82 pages, adressé le 4 février au parquet de Paris. Ce dernier, vient d’ouvrir une instruction judiciaire.
 
Le rapport vise directement les principaux dirigeants du groupe : Didier Lombard, l’ex-PDG, désormais simple président sans pouvoir exécutif ; Louis-Pierre Wenes, ancien directeur délégué et bras droit de Didier Lombard, débarqué en mars ; Olivier Barberot, toujours DRH du groupe. L’inspectrice ajoute « Les atteintes à la santé mentale, l’absence de prise en compte des risques psychosociaux liés aux réorganisations sont le résultat d’une politique mise en œuvre sur tout le territoire national au cours de la période 2006-2009.

La responsabilité de cette politique et de ses effets n’incombe pas à chaque directeur d’unité France Télécom qui n’ont fait qu’appliquer des décisions et des méthodes prises au plus haut niveau du groupe. Elle incombe aux personnes physiques précitées. »


Des conséquences connues...
Sylvie Catala accuse : dès le début, la direction de France Télécom était consciente des risques. Le sujet avait été abordé lors de la formation des 4 000 cadres chargés d’appliquer la nouvelle stratégie. Le rapport explique :

« Les résistances et les moyens de les faire céder sont développés, ses effets sur la santé mentale des travailleurs y sont également abordés. Ainsi un schéma illustre le positionnement du salarié lors du processus de mise en mouvement et les phases appelées “phases du deuil”.

Parmi ces phases, une est identifiée comme étant la phase de décompression qui se caractérise par la tristesse, l’absence de ressort, le désespoir, la dépression (…). Les atteintes à la santé mentale due à la politique mise en œuvre par l’entreprise sont donc déjà identifiées. »

France Télécom serait resté sourd aux alertes des délégués syndicaux, des CHSCT (Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), des médecins et des inspecteurs du travail. Le rapport pointe l’absence de prévention, et la faiblesse des mesures prises a posteriori, comme la création de cellules d’écoute..


.. et pourquoi pas voulues ?
En souscrivant des assurances vie a ses employés, une entreprise peut profiter de ses salariés jusqu’à la mort, et surtout de leur mort. AmegyBank l’a bien fait. Elle a souscrit un contrat d’assurance vie sur ses salariés et s’est désignée l’unique bénéficiaire de ce contrat en cas d’éventuel décès, à l’insu des concernés. L’un d’eux, Dan Johnson, mort par un cancer, il y a peu de temps. Grâce à ça, la société à touchée un chèque de plus de 1,5 millions de dollars de la part de la compagnie d’assurance.

Et ce n’est pas un cas unique, d’autres firmes le pratiquent : Nestle, At&t, Citibank, Bank Of America, American Express le font. Wal Mart a pris 350 000 assurances vie pour ses salariés de base.

Dans l’usage normal d’une assurance vie, on se protège ou on veut garantir un revenu aux proches qu’on laisse derrière nous. La mort de la personne sur qui porte le contrat n’est pas souhaitée. Or, dans le cas d’une entreprise, celle-ci veut que ses employés décèdent pour profiter des clauses de l’assurance, on est plus intéressant mort que vivant.


35 suicides entre 2008 et 2009

Ainsi, avec ces 35 morts par suicide (sans parler des morts naturelles), et si France Télécom leur avait souscrit des assurances vie, l’opérateur historique aurait perçu, entre un et plusieurs millions d’euros. Il n’y a rien qui lui interdit de le faire. C’est une sorte de CDS (« credit default swap »), les mêmes qui ont mené la Grèce à la faillite.

Et ceci, s’appelle le capitalisme...
 


12 réactions


  • foufouille foufouille 13 avril 2010 11:34

    non du libertaryanisme
    donc me blagues libertasplusrien sont proche de la realite


  • Bulgroz 13 avril 2010 12:20

    Vous dites : 35 suicides entre 2008 et 2009

    mais sur quelle période de temps ?

    La DREES a publié dans son cahier n° 702 de Septembre 2009 une étude sur le taux de suicide en France. Les dernières données étudiées remontent à 2006.

    http://www.sante.gouv.fr/drees/etude-resultat/er-pdf/er702.pdf

    Ramené aux effectifs de population et standardisé selon l’âge, le taux de décès en France est de 16,0 pour 100 000 habitants en 2006 (en diminution de 20 % depuis 1980.

    Par ailleurs, en 2008, à France Telecom, (12 suicides pour 102 254 employés) le taux est 11,7 pour 100 000 employés, donc inférieur au taux national

    Ces 2 Taux (16,0 taux national et 11,7 taux FT) ne sont pas tout à fait comparables car le taux national porte sur la totalité de la population (actifs, inactifs et tout ages).

    Une autre étude de l’Inserm portant sur la seule tranche d’age 25-64 ans en 2006.

    http://www.cepidc.vesinet.inserm.fr/inserm/html/index2.htm

    donne  :6 936 suicides chez les 25-64 ans, soit 21,6 pour 100 000 habitants de cette tranche d’âge

    donc beaucoup plus que la moyenne France Télecom, encore que le chiffre de l’Inserm s’applique à l’ensemble actifs inactifs.


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 13 avril 2010 13:09

    Foutage de gueule .

    Il y a des métiers beaucoup plus durs que FT .

    Arrêtez de prendre les gens pour des neus-neus .


    • lauteur sam 13 avril 2010 13:46

      Bonjour,
      Je me souviens avoir dit du mal du travaille chez FT, ni prendre les gens pour des neus-neus comme vous le dites. Argumentez votre poste svp.


  • rocla (haddock) rocla (haddock) 13 avril 2010 13:49

    Votre article est au conditionnel , et si je ne vous le disais pas me croiriez-vous point ?


    • lauteur sam 13 avril 2010 14:08

      Oui, mais je n’affirme rien dans mon article et surtout, je ne vois pas en quoi je prends « les gens pour des neus-neus » ? Enfin, j’ai pas compris le rapport.


  • Jérôme M. 13 avril 2010 15:10

    Laissez-moi vous livrer la logique mercantile de nos dirigeants :
    Tant que le stakhanovisme imposé par FT rapporte plus que ce que vont couter les suicides, il n’y a AUCUNE raison pour que cela s’arrête !!!
    Tout le blabla autour, n’est bon que pour occuper nous journalistes oisifs.


  • Yakaa Yakaa 13 avril 2010 15:12

    Tant qu’a donner de mauvaises idées au dirigeants de France Télécom
    (idées qu’ils seraient capables de suivre),
    autant suggérer au futurs candidats au suicide de mourir utilement et en héros :
    1 En se débarrassant par la même occasion de ceux qui les ont conduits à de telles
    extrémités.
    2 Mais aussi en débarrassant l’humanité de ces saloperies de prédateurs financiers qui mènent le monde à sa perte, mais aussi des milliardaires ventripotents de l’industrie bons qu’a se gaver et des ordures politiques qui sont à leur service.


  • kiouty 13 avril 2010 16:24


    Moui, le capitalisme financier est amoral... Bon... On le sait quoi.
    Qu’est-ce qu’on fait du coup ?


    • Yakaa Yakaa 13 avril 2010 16:58

      Puisqu’on le sait et « qu’y faut faire avec ».....
      ....... on ne fait rien bien sûr !


  • dupont dupont 13 avril 2010 20:34

    Faut supprimer le travail et interdire la chanson qui dit que c’est la santé.
    Maintenant , prendre pour référence un rapport de l’inspecteur du travail probablement étiqueté CGT et les avis du CHSCT composé de syndicalistes (professionnels, la place est bonne) probablement de la même obédience, c’est autant de miam miam pour les médias qui font pleurer dans les chaumières.
    S’il y a des chéfaillons, des managers de crotte, qui peuvent se révéler dangereux et être écartés (là c’est effectivement le rôle des syndicats, de la médecine du travail et de la hiérarchie), il y a aussi des employés fragiles incapables de surmonter leurs difficultés personnelles et/ou professionnelles.
    Personnellement ça fait des années que j’entends les « partenaires sociaux » mettre en avant la souffrance au travail et la charge mentale (pour ceux qui réfléchissent), ce à toutes les sauces. Là, ils ont réussi leur coup, la preuve : les commentaires qui précèdent dénonçant les affreux capitalistes, les cadences infernales...
    Reste juste à déterminer le poste idéal.


  • lauteur sam 13 avril 2010 23:04

    Le suicide n’est pas couvert par les assurances-vie dans le cas où le contrat porte sur le stipulant (celui qui paye l’assurance) et qui suicide, mais c’est autre chose lorsque le contrat porte sur un tiers et qui n’a aucun intérêt pécunier (pour lui ou pour ses proches) à se donner la mort.


Réagir