vendredi 20 janvier 2012 - par Gilles Bonafi

Fin de l’économie : l’usure de l’inconscient

Les analystes économiques ont tous écrit sur la dégradation de la note de la France (perte du triple A) par Standard & Poor's, le vendredi 13 janvier 2012, ce que j'avais annoncé il y a quelques mois (crise systémique : le mythe des banques).

Pourtant, personne ne donne d'indications sur le coût pour la France. Un petit calcul s'impose donc.

Les analystes estiment les besoins de financement de la France pour 2012 à 180 milliards d'euros, qu'il faudra bien sûr aller chercher sur les marchés.

Pour avoir de réelles informations sur la dette de la France, il faut se rendre sur le site Agence France Trésor (AFT) dont voici le lien :

http://www.aft.gouv.fr/

Il est intéressant de noter que l'Agence France Trésor déclare :

"La perte du tripe A de la France pour une des 3 agences de notation, Standard & Poor's, le vendredi 13 janvier 2012, n'a pas eu d'effet immédiat sur le taux à 10 ans Français."

Vous découvrirez ainsi que les Obligations Assimilables du Trésor, dites OAT TEC10, les titres de dette de l'Etat émises sur 10 ans ont un taux qui est passé de 3,03%, le 13 janvier 2012, à 3,14%, le 19 janvier, soit un coût pour le financement de la dette de la France sur 10 ans (pour 2012) augmenté de seulement 2,6 milliards d'euros en 6 jours.

Donc, pas d'effets immédiats !!!

(source : http://www.aft.gouv.fr/articles/tec-10-du-jour_7124.html).

Bien sûr, l'ensemble de la dette française ne sera pas financée à 10 ans, mais ces chiffres permettent de mieux comprendre l'ampleur du problème.

Imaginons maintenant que le taux de ces titres de dettes augmentent de seulement 1%, quel serait le coût pour la France ?

Coût au 13 janvier 2012

180 milliards d'euros x [(1,0314) puissance 10] = 245,213 milliards d'euros, soit 65,213 milliards d'euros offerts à la finance internationale.

Scénario avec 1% d'augmentation :

180 milliards d'euros x [(1,0414) puissance 10] = 270 milliards, c'est à dire 90 milliards d'intérêts versés à la finance internationale sur 10 ans.

Donc, avec 1 seul petit pour cent d'augmentation du taux d'émission des OAT 10 ans, nous verserons 24,787 milliards d'euros d'intérêts.

La fameuse règle d'or de l'austérité permettant d'économiser 10 milliards d'euros n'a donc aucun sens et va finir par plomber définitivement l'économie.

De plus, imaginez dans quelle situation est la Grèce dont les taux à 10 ans sont à 18% !!! (Source : http://france-inflation.com/taux_10ans.php) et que penser si le taux de la France s'envolait de 5, voire 10% ?

Le problème de l'intérêt est la clé et impose une petite piqûre de rappel sur l'interdiction, par toutes les religions, de l'usure :

-la Torah (Deutéronome 23-19) : "Tu ne prêteras pas à intérêt à ton frère, intérêt d'argent ou de nourriture".

-les Evangiles (Luc 6-35) : "Mais aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans rien espérer. Et votre récompense sera grande.

D'ailleurs, au Concile de Vienne, le Pape Clément V déclara :

"Si quelqu'un tombe dans cette erreur d'oser audacieusement affirmer que ce n'est pas un péché que de faire l'usure, nous décrétons qu'il sera puni comme hérétique et nous ordonnons à tous les ordinaires et inquisiteurs de procéder vigoureusement contre tous ceux qui seront soupçonnés de cette hérésie."

-le Coran (Sourate AL-Baqara verset 275) : "Dieu a rendu licite le commerce et illicite l'intérêt."

Jean Baudrillard a eu le mérite de résumer par une seule phrase les conséquences de l'intérêt :

"On revient avec le crédit à une situation proprement féodale, celle d'une fraction de travail due d'avance au seigneur, au travail asservi."

Il est intéressant de noter que l'esclavage, aboli en 1794 par la révolution française, a été remplacé par la levée de l'interdiction de l'intérêt, permettant aux banques de s'enrichir.

Le serf qui appartenait au seigneur est donc devenu la propriété des détenteurs de capitaux.

On commence à se rendre compte aujourd'hui que la fameuse liberté prônée par la révolution française a surtout été celle des banquiers et, c'est Jean-François Revel qui nous donne l'explication, l'usure de notre inconscient :

"Tous les courants révolutionnaires(..) présentent cette caractéristique qu'une fraction des bénéficiaires de l'ordre régnant se détache de l'ensemble de sa classe et la trahit de l'intérieur."



7 réactions


  • Politeia 20 janvier 2012 14:15

    Les marchés n’ont pas attendu les agences de notation pour dégrader la France et si on paye nos emprunts 1 à 2 % plus cher que les allemands depuis 6 mois c’est pas pour rien.

    3.14% c’est rien car quelques jours avant la dégradation le taux était à 3.4%. Si le taux avait effectivement bondi de 1% on aurait pu dire qu’il y aurait eu un effet immédiat.


  • gordon71 gordon71 21 janvier 2012 06:33

    pas mal vu l’auteur


    et sur la révolution Française en particulier 

    combien de générations encore avant de faire l’inventaire de ce progrès magnifique vers ....

    le changement de despotes

  • gordon71 gordon71 21 janvier 2012 06:58

    en passant je vous signale que le 21 janvier 1793 on coupait la tête de quelq’un 


    joyeux anniversaire 

    • Montagnais .. FRIDA Montagnais 22 janvier 2012 13:51

      - Avez-vous des nouvelles de Monsieur de La Pérouse ?


      « Je suis une force du passé
      Mon amour ne va qu’à la tradition
      Je viens des ruines, des églises, des retables » 
       

      - Vous êtes donc dans l’hypermodernité, déjà sorti du troupeau

  • et LA CONSCIENCE DES USURIERS COMME COFINOGA REVOLVINGS 21 % D INTERET .ET MIEUX SUR LES

     RACHATS DE CREDITS 7%+ 6 A 15% DE COMMISSION...

    OU EST DONC LA CONSCIENCE DE L’ ELU AMI ET DE L USURIER....de L AVOCAT D AFFAIRES OU GERANTS DE SCI PARISIENNES QUI LOUENT 40% TROP CHERS LEURS T1 ET T2 ARNAQUANT JEUNES ET MERES SEULES.................

    LA SCI BRON-BUCHMANN PROCHE DU POUVOIR EN PROFITE


  • Betov 22 janvier 2012 13:34

    Gilles, le véritable inconscient, en matière d’économie, est le crime de grande richesse. Se référer aux crimes religieux divers pour invalider l’usure est particulièrement absurde. Crimes religieux et crime de grande richesse sont une seule et même chose qu’on peut observer en regardant n’importe quel groupe d’animaux sociaux : la dominance naturelle.

    En remontant la chaîne des causes, comme dit Chouard, on arrive sur un problème quasi insoluble : dans « crime de grande richesse », les gens entendent « crime de richesse ». Le réflexe « touche pas à mon portefeuille » joue alors à plein, dans une idéologie du mérite et de la propriété privée que les millénaires passés ne nous ont pas préparé à museler.

    Il n’y a pas de crise économique. Il n’est pas possible d’être collectivement trop riches. La seule crise est celle de la productivité. Rien, dans les structures mentales humaines, ne nous a préparé à criminaliser la richesse qui découle de cette productivité au bénéfice exclusif d’une minorité de plus en plus infime.

    Comme les exponentielles en cours ne laisseront pas aux mentalités le temps de s’adapter, la seule issue « raisonnable » est l’auto-destruction. Il existe plusieurs voies pour aller l’auto-destruction mais j’ai peur que nous choisissions la pire de toutes : l’instauration du revenu de base avant l’exclusion des criminels sociaux. Ce revenu permettra de ne pas remettre en cause la dominance sociale (extension mécanique de la dominance naturelle) qui nous a structurés depuis le néolithique... et les morlocks descendront.


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