vendredi 4 septembre 2009 - par Volontaires

Fonds dédiés du nucléaire : Areva les joue en bourse et perd 791 millions en 2008

Areva a placé une bonne partie des sommes réservées pour les charges futures du nucléaire en actions. La chute de la Bourse a fait perdre 800 millions d’euros en 2008. La faute « à pas de chance » ? Non, car cette perte est avant tout la conséquence d’une décision spéculative délibérée : placer en bourse pour obtenir « un supplément de rendement à long terme ».

Tout comme EDF (voir tag EDF sur mon blog), Areva est tenue de provisionner les charges futures liées au nucléaire. Plus que cela, elle est tenue de « sanctuariser » les sommes correspondantes dans des fonds spécifiques (de manière à éviter qu’elle ne puise dans le coffre, comme en son temps Robert Maxwell, avec les fonds de pension de ses sociétés).

Or, le document de référence 2008 publié par Areva, montre que ces fonds (que l’on appelle « portefeuille dédié ») ont perdu 791 millions d’euros en 2008 : de 2 755 M€ fin 2007, ils ont fondu à 1 964 M€ fin 2008 (voir extrait de la page 290 du document). Evidemment, cela est du à la crise boursière, les deux tiers du portefeuille dédié ayant été placés en actions ou en FCP. Mais, comme pour EDF, le fait qu’Areva ait placé une bonne partie de ces sommes en actions pose question.

En effet, sur le long terme (mais qu’est-ce que le long terme ?), les actions offrent en théorie un meilleur rendement que des placements moins risqués en capital (comme des obligations, par exemple) ; il est donc tentant de placer les fonds en actions plus qu’en obligations.

Mais par ailleurs, le montant à provisionner (et donc à mettre sur ces fonds) est calculé en considérant qu’Areva les placerait … en obligations (voir page 265 du même document de référence). Sans entrer dans les détails techniques, tout se passe comme si Areva empruntait à un taux bas de type obligataire et décidait de placer en actions pour rembourser sa dette. Cela ne serait pas prudent. Même habillé sous de jolis termes techniques comme « gestion d’actifs », ce serait de la pure spéculation.

Areva ne se cache d’ailleurs pas de ses intentions, qui indique, en page 37 de son document de référence que « le risque sur actions du portefeuille dédié aux opérations fin de cycle fait partie intégrante de la gestion d’actifs qui, dans le cadre du choix d’allocation actions / obligations, utilise les actions pour apporter un supplément de rendement à long terme » (gras ajouté).

Le problème est qu’il s’agit d’un supplément largement négatif pour 2008. Areva étant une entreprise publique, on est cependant assuré que cette perte sera compensée par ailleurs. Nous voilà rassurés.

On a même une idée de qui paiera la note, in fine. Nous.



25 réactions


  • Atlantis Atlantis 4 septembre 2009 08:44

    il aurait été très intéressant de comparer ces chiffres avec les financements/aides en ENR (et autres économies d’énergies), qui eux sont des investissements fiables et pérennes.


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 4 septembre 2009 10:15

    Bonjour Voltaire, vous vous êtes tapé les trois cent pages et +...chapeau.

     «  Le problème est qu’il s’agit d’un supplément largement négatif pour 2008 » Logique, nous sommes en croissance négative selon l’autre f.miste ! Areva devrait miser en investissant sur les énergies propres, elles ont le vent en poupe et ce sont même elles qui pourraient payer la dislocation du parc nucléaire. Celles ci sont parées à exploser, ( comme le nucléaire ) mais positivement, et les encourager mettrait un point final à ce gachis écologique mondial.  http://www.cawa.fr/rente-nucleaire-le-grand-gachis-energetique-europeen-article001950.html


  • zelectron zelectron 4 septembre 2009 15:06

    La môme Lauvergeon a été nommée par Mitterrand, c’est le meilleur brevet de compétence.


    • monbula 4 septembre 2009 16:44

      Pour zelectron
      La môme Lauvergeon a été nommée par Mitterrand, c’est le meilleur brevet de compétence.

      C’est la rengaine qui revient sans cesse de la part de Zelectron, UMP, je suppose.

      Et bien, Zelectron... Lauvergeon avec Sarkosy, c’est aussi dans la continuité du brevet de compétence.

      Sarkosy qui se mêle de tout ( bientôt les chiens écrasés ) a laissé filer Siemens chez Rosatom le russe. Pourquoi ?

       Sarkosy ne laissait qu’ un strapontin à Siemens, ce dernier a préféré à jeu égal les russes.

      Zélectron la propagande UMP, ça se voit aussi bien que le nez du fameux Lefebvre.


    • zelectron zelectron 4 septembre 2009 19:20

      @monbula, en particulier UMP : connaît pas.
      Je n’aime pas beaucoup les gens comme vous qui tirent des conclusions hâtives et m’attribuent des pensées qui non seulement ne sont pas les miennes, mais qui plus est appartiennent à la majorité actuelle dont je ne partage pas non plus la plupart des « idées » si on peut les baptiser ainsi. Quand à votre système de dénigrement purement et « simplettement » antisarkosyste il appartient aux mouvements passéistes de gôôôche qui induisent ce qui va arriver dans moins de temps que vous voulez bien l’espérer.
      Enfin pour revenir à Areva et son divorce d’avec Siemens je vous rejoint : Merckel parle Russe avec Poutine et dans notre classe politique à part le baragouin « de mauvais angliche » si peu d’entre eux parlent allemand, espagnol ou autres. Sarkosy n’est qu’un ex-baveux ignare dans les domaines de l’industrie et des technologies.
      Autre chose que tout le monde sait : la mise à la retraite anticipée (encore Mitterrand/Maurois) n’a pas favorisé la transmission des savoirs si spécifiques de ce domaine (certains retraités d’Areva ont même été rappelés...)


    • monbula 4 septembre 2009 21:05

      Pour zelectron

      Je m’en excuse mais cela prêtait à confusion car vous m’aviez donné le même argument ( mitterrand ) sur un autre post.

      Exact pour Merkel... d’ailleurs cette dernière a compris depuis longtemps qu’il fallait se tourner vers la Russie

      Bien à vous. Excuses pour la méprise.


  • nortydal 4 septembre 2009 15:37

    Pile je gagne, face tu perds.


  • snoopy86 4 septembre 2009 15:46

    « Areva est une entreprise publique » n’est pas tout à fait exact :

    Areva est une société de droit privé contrôlée majoritairement par le CEA


    • Volontaires 4 septembre 2009 16:48

      Entreprise publique, selon l’Insee :

      Il s’agit d’une entreprise sur laquelle l’Etat peut exercer directement ou indirectement une influence dominante du fait de la propriété ou de la participation financière, en disposant soit de la majorité du capital, soit de la majorité des voix attachées aux parts émises.

      http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/entreprise-publique.htm


      Sachant que le CEA (donc l’Etat) possède 78,96% du capital et l’Etat possède en direct 5,19%, la Caisse des Dépots (donc l’Etat) possède 3,59% ; que personne ne met en doute qu’Areva est contrôlé par l’Etat, je crois que le terme « enterprise publique » est 100% approprié.


  • snoopy86 4 septembre 2009 15:55

    De la même façon il est un peu abusif d’écrire que ce sont les fonds dédiés qui ont été placés en bourse. C’est une partie des disponibilités qui a été placée, placement commencé bien avant 2008.

    Il serait intéréssant de faire l’étude de ce placement sur le long terme.

    Il m’étonnerait notamment que la participation détenue par Areva dans Total, environ 300 millions € fin 2008 soit négative à ce jour.


    • Volontaires 4 septembre 2009 16:52

      L’encadré extrait porte bien sur le « portefeuille dédié ».

      Le placement dans Total ne fait pas il me semble (mais peut-être pourrez vous me montrer le contraire) partie du portefeuille dédié.


  • snoopy86 4 septembre 2009 16:05

    Dernier point ( voir le rapport annuel p 383 et suivantes ) : nombre de ces participations n’ont aucun caractère spéculatifs mais correspondent à des apports historiques d’Areva ou Erap : exemple Eramet


    • Volontaires 4 septembre 2009 16:54

      La participation dans Eramet ne fait pas non plus partie du portefeuille dédié, il me semble (mais vous m’avez l’air assez au courant : peut-être pouvez vous me prouver le contraire) ?


  • monbula 4 septembre 2009 16:45

    Pour zelectron
    La môme Lauvergeon a été nommée par Mitterrand, c’est le meilleur brevet de compétence.

    C’est la rengaine qui revient sans cesse de la part de Zelectron, UMP, je suppose.

    Et bien, Zelectron... Lauvergeon avec Sarkosy, c’est aussi dans la continuité du brevet de compétence.

    Sarkosy qui se mêle de tout ( bientôt les chiens écrasés ) a laissé filer Siemens chez Rosatom le russe. Pourquoi ?

     Sarkosy ne laissait qu’ un strapontin à Siemens, ce dernier a préféré à jeu égal les russes.

    Zélectron la propagande UMP, ça se voit aussi bien que le nez du fameux Lefebvre.


  • snoopy86 4 septembre 2009 17:44

    @ l’auteur

    Merci de bien vouloir nous indiquer sur quels éléments ( juste le N° de page ) de ce rapport anuel d’Areva vous pouvez opérer un distingo entre les titres de participation relevant de ce portefeuille « dédié » et les autres...


    • Volontaires 4 septembre 2009 17:55

      Le bilan est en page 242.
      Eramet fait partie des « Titres des entreprises associées (mises en équivalence) », ligne distincte du portefeuile dédié. La participation dans Erap n’est pas évoquée.


    • snoopy86 4 septembre 2009 18:28

      La participation dans Erap n’est pas évoquée pour la bonne et simple raison qu’il n’y en a pas....

      Le lien que vous donnez est strictement celui du bilan qui ne fournit aucune indication particulière.

      Merci d’être plus précis, car pour ma part je ne trouve nulle trace de ce « portefeuille dédié »

       


    • Volontaires 4 septembre 2009 18:29

      Page 290 (c’est l’image incluse !).


    • snoopy86 5 septembre 2009 12:20

      Relisez donc attentivement les pages 290 à 293....

      Vous y découvrirez p 293 que la performance globale des actifs de couverture est de - 11% soit rien de catastrophique en une année de crise financière majeure.

      Que leur gestion est assurée par des tiers

      Que le portefeuille actions ( minoritaire ) avait été trés performant en 2006 et 2007


      Qu’il est constitué à 63 % de trois lignes dont voici les performances depuis le 1/1/2009 :

      Michelin + 36.28%
      Saint-Gobain -8.08%
      Schneider +20.62%

      Il y a bien eu une perte, mais seulement latente ( pas vendu, pas perdu) et faisant suite à deux années d’excellents profits eux aussi latents.


    • Volontaires 5 septembre 2009 13:24

      Cher M. snoopy86,

      vous mettez une ferveur attendrissante à défendre Areva. Je résume vos quelques interventions :

      1- vous écrivez, dans votre premier commentaire, qu’il ne serait « pas tout à fait exact » de dire qu’Areva est une « entreprise publique » ; je vous ai depuis répondu qu’au sens de l’Insee c’est 100% exact ;

      2- vous m’affirmez ensuite qu’il faut prendre en compte les participations dans Total et Eramet, qui auraient été profitables ; je vous réponds et vous montre que ces participations ne font pas partie des actifs dédiés ; ils sont décrits en notes 14 et 15 du Document de référence et font donc partie des lignes « Titres des entreprises associées (mises en équivalence) » pour ce qui est d’Eramet et « Autres actifs financiers non courants » pour ce qui est de Total ; ils ne sont donc pas compris dans les actifs financiers de couverture ;

      3- après ces échecs successifs dans vos argumentaires, vous dégainez une citation extraite de la page 293 du document de référence ; je me permets de vous dire qu’encore une fois vous êtes hors sujet ;

      4- je note en premier lieu que ce chiffre de 11% n’est étayé par aucun tableau précis et qu’il comprend une convention non explicitée (en assimilant les intérêts calculés sur les créances à des performances d’actifs financiers de taux) ; mais ce n’est pas le plus important ;

      5- le fait est que les actifs financiers de couverture comportent deux parties :

      • le « portefeuille dédié » qui porte sur les engagements propres d’Areva, c’est ce portefeuille dédié que je commente ;

      • la contrepartie des engagements pris par des tiers (EDF, CEA) pour le démantèlement d’installations nucléaires qui ont, pour contrepartie comptable, une créance sur ces mêmes sociétés ; par définition ces créances évoluent de manière complètement parallèle au passif ; ces créances n’ont pas à être placées sur des fonds dédiés (il revient au CEA et à EDF de le faire, qui doivent inscrire ces créances comme une dette) ;

      6- il est évident qu’Areva a intérêt à noyer le poisson et à commenter l’évolution globale de ses actifs, mais la partie sur laquelle Areva peut faire un choix de gestion et sur laquelle elle a obligation de constitution d’un portefeuille dédié est bien la première.

      7- je vous invite donc à lire le premier tableau de la page 289, la ligne « portefeuille dédié » est mise en gras (et c’est Areva qui l’écrit, c’est donc hors de tout soupçon), elle perd bien la somme qui est indiquée dans mon titre. Que ça vous plaise ou non.




    • snoopy86 6 septembre 2009 18:49

      p 289 rien sur le portefeuille dédié

      « que cela vous plaise ou non »


    • Volontaires 6 septembre 2009 19:20

      Si, si, faites un effort et vous verrez.

      En haut de la page 289, tout en haut, il y a un tableau intitulé « Actifs financiers de couverture des opérations de fin de cycle ». Sur ce tableau, à la troisième ligne (en tête compris), il est écrit « portefeuille dédié ». C’est même en gras. Et ça perd 791 millions en 2008.

      Que ça vous plaise ou non.

      Ah, j’oubliais. La page numérotée 289 du rapport est la page 290 du document pdf.


  • playeur 4 septembre 2009 17:48

    pas grave sarko va leur faire un chèque .

    maintenant on a l’habitude de payer les erreur des grosses muti-sodomie !


  • Charlouss Charlouss 6 septembre 2009 12:30

    Ouais bah c’est la même théorie, jamais vraiment démontrée d’ailleurs et complétement fausse depuis 10 ans, qui a plombé le FRR et les fonds de pension du monde entier.

    Après si vous pensez que le financement des entreprises via les actions n’est pas nécessaire alors les institutionnels doivent sortir immédiatement de ce marché.
    Malheureusement, il semble que les actions ça peut servir.

    Le soucis chez AREVA c’est qu’investir en actions est un moyen de mettre moins d’argent pour financer le démentelement des centrales. On mise sur un hypothétique rendement supérieur des actions pour justifier un sousfinancement manifeste. Les actionnaires, l’état et les contribuables peuvent s’inquiéter de cette malhonnêteté déguisée en habileté. Pour l’instant on ne se dote pas des moyens nécessaires pour se débarrasser des centrales.

    Car en fait le nucléaire c’est hors de prix et pas du tout économique.
    Et puis c’est super rassurant..


  • zelectron zelectron 6 septembre 2009 17:07

    me hasarderais-je à une fausse hypothèse, tout à fait improbable :
    Areva au moment de démanteler les centrales se mettra en faillite avec quelques dizaines de milliers de salariés comme moyen de pression (chantage ?) pour obtenir du gouvernement de gauche ou de droite, peu importe, un financement égal au double ou au triple de ce qui était prévu afin « d’arroser » les « ceusses » qui seront au pouvoir à ce moment là.


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