mercredi 20 juillet 2011 - par Morad EL HATTAB

Grâce aux Présidentielles, la crise disparaît…un plan de communication intitulé « 3% de déficit » !

Alors que les errements du secteur financier sont de retour sur le devant de la scène européenne, la Finance réclame sans vergogne à nos dirigeants politiques l’application immédiate de plans d’austérité à l’endroit des contribuables pour juguler des dettes souveraines qu’ils jugent excessives alors que ces mêmes dettes n’ont gonflé qu’en raison de l’insouciante prodigalité du secteur privé et non du public.

Pourquoi nos "responsables" politiques sont-ils prêts à tout mettre en œuvre pour exécuter cette requête en privilégiant moins d’Etat et une rigueur budgétaire accrue ? Pourquoi ont-ils étrangement oublié les causes premières de la crise, soit la déréglementation financière, l’excès de dettes du privé et la perte de substance des économies induite par la dérégulation du capital ?

Pour 2011, ils décident de ne plus faire de discours sur les politiques de relance budgétaires (créer de la demande par des investissements de l’Etat dans les infrastructures) car elles nécessitent de pouvoir accroître le déficit. Mais, au contraire, la promesse pour après les élections présidentielles (rappelons que « les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent. » Charles Pasqua) de réduire drastiquement le déficit…alors que dans le même temps les banques continueront à contourner les règles prudentielles en titrisant à tout va et en fermant les yeux sur le risque.

Pour faire face à la crise, le gouvernement français prévoit de soutenir la Grèce pour sauver l’Euro et de ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2014.

Le Parti Socialiste a lui aussi décidé de soutenir la Grèce pour sauver l’Euro, il reproche même au Président Nicolas Sarkozy de ne pas faire de déclaration solennelle.

Par ailleurs, le Parti Socialiste a choisi de ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2013. Aussitôt, le Ministre des Finances, M. François Baroin, a accusé le Parti Socialiste de démagogie en assurant qu’il n’est pas possible de ramener le déficit budgétaire à 3% avant 2014.

En résumé, une année de différence et la nécessité d’une grande déclaration présidentielle sépareraient donc les programmes budgétaires et monétaires du Président de la République et du Parti Socialiste !

Pour réduire le déficit budgétaire, le Parti Socialiste a prévu d’annuler les "cadeaux" du Président Nicolas Sarkozy aux riches et aux restaurateurs…mais déjà le Président a enfin abandonné le bouclier fiscal. En réalité, les "cadeaux" restent inférieurs à 8 Milliards € par an, soit 0,3% du PIB, or il faut réduire le déficit de 7 à 3% du PIB !

Sans le dire, nos Partis "traditionnels" se dirigent vers des propositions qui tendront à l’accroissement des impôts et la réduction des dépenses budgétaires, soit « Clysterium donare, postea seignare, ensuita purgare », « Le clystère, puis la saignée, ensuite la purge. » (Bachelierus, Le Malade imaginaire de Molière)

Deux impôts seulement apportent de véritables rentrées fiscales : la C.S.G. et la T.V.A. (mais il n’est guère possible d’accroître la T.V.A. au-delà de 25%, soit de 5,4 points). La réduction des dépenses budgétaires risque d’être difficile puisque le Président Nicolas Sarkozy s’y est attelé depuis cinq ans. Il va donc falloir tondre des œufs…

Les réductions les plus faciles portent toujours sur les investissements. L’ennui, c’est que les investissements publics sont déjà l’objet d’économie depuis plusieurs années : le réseau EDF est déficient et frôle la panne, le grand programme nucléaire se réduit à une Centrale en chantier. Quant au réseau SNCF, il est au bout de l’usure y compris le réseau transilien de la banlieue. Il n’y aura évidemment pas d’argent pour financer les transports du Grand Paris mais tout cela sera bien sûr oublié après l’été 2012…n’en parlons plus…promesses de politique !

En fait, le souhait de nos leaders politiques de passer de 7 à 3% du PIB nécessite une austérité aux conséquences économiques graves. Il s’agit en réalité de rétablir les équilibres économiques vers la baisse, c’est-à-dire en dessous de l’optimum économique.

La baisse du déficit budgétaire provoquera la baisse de la demande qui procure les économies et entraînera la baisse des importations (donc du déficit commercial) et de la production.

Or, il faut tout de même accroître la productivité donc il faudra réduire le nombre de salariés. (Ce n’est pas grave puisque les 300 000 emplois jeunes promis résoudront le problème du chômage…mais où va-t-on trouver les fonds ?)

La réalité est bien plus grave : à partir du moment où le consensus politique s’oriente vers la baisse des dépenses en dessous de l’optimum économique, il faudra réduire les revenus et accroître le chômage, cela s’appelle les réformes de structures…mais tout ceci bien entendu sera dit qu’après les élections !

Morad EL HATTAB & Irving SILVERSCHMIDT

Auteurs de La Vérité sur la crise (Ed. Léo Scheer)

P.S. : Extraits d’un article de Georges Ugeux (Executive Vice President International du New York Stock Exchange de 1996 a 2003) publié le 27 novembre 2010 et intitulé La crise financière mondiale de 2011 a-t-elle commencé ? : « Tandis que les étudiants britanniques manifestent pour leur minerval, les Français manifestent pour leur retraite, et les Irlandais et les Portugais sont dans la rue contre l’austérité, ce n’est pas moins qu’une course contre la montre qui est engagée. Il n’y aura pas moyen d’éviter une crise : il faut à tout prix cependant mettre sous contrôle le risque d’emballement et tenter de la maîtriser. Le drame est que des deux côtés de l’Atlantique, la crise fait apparaître une réalité difficile à maîtriser : le dysfonctionnement politique. » « Quant à l’"austérité jusqu’en 2012" annoncée au Parlement français par le Premier Ministre, elle tient compte de la politique locale, mais croyez-moi, le monde entier se fout pas mal des élections de 2012. Tant en France qu’aux Etats-Unis, elles se dérouleront dans un climat de crise avancée. Ce sera tout sauf "business as usual". La démocratie est en danger, et notre système social avec elle. Une remise en ordre comprendra une restructuration d’au moins cinq ans. A nous de décider si nous allons la mener ou si elle nous sera imposée. »



10 réactions


  • Capone13000 Capone13000 20 juillet 2011 07:54

    Il suffit de déclarer notre dette odieuse et de demander un audit de la dette, comme l’a fait l’équateur, comme l’ont fait les USA avec la dette de l’irak et de Cuba.

    C’est leur crise ce n’est pas la notre !
    Il est temps d’inverser le rapport de force, et il va falloir ressortir la guillotine


  • Alpo47 Alpo47 20 juillet 2011 08:11

    Une bonne analyse du piège dans lequel nous sommes englués. Et le PS est bien prêt à trahir à nouveau le pays. Rien de nouveau.

    Il me semble toutefois, et les socialistes l’abordent très timidement, donc ..., qu’il y a beaucoup plus à récupérer en matière d’impots, notamment avec les niches fiscales et autres exonérations auprès des plus haut revenus et des grosses entreprises.
    Contrairement à ce que veut nous faire croire le Pouvoir actuel, le déficit budgétaire n’est pas du à un surplus de dépenses,mais A UN DEFICIT DE RENTREES. Et tout ceci, à cause de décisions, totalement politiques qui se sont accumulées depuis des années.

    Je continue d’être stupéfait de voir une majorité de Français voter pour des gens, Sarkozy en ce moment de manière sidérante, qui ne prennent que des décisions en faveur des 10% de haut revenus de notre pays.

     Comment peut on leur donner le pouvoir alors que l’on sait qu’ils vont nous « tondre » ?


  • Francis, agnotologue JL 20 juillet 2011 08:39

    Bernard Accoyer ce matin sur France Inter : « Il faut continuer la politique de réduction de nos dépense publique pour aider la Grèce, ... il ne faut pas que la Grèce soit en difficulté »

     !!!

    Le PS prêt à trahir à nouveau, dit Alpo ! A nouveau ? A-t-il jamais cessé de trahir ? En 2007, l’élection « imperdable », ils ont fait exprès de laisser Sako être élu. Souivenez vous : « il vaut mieux passer un tour et être fin prêt en 2012 » qu’ils disaient. La vérité c’est qu’aucun de ces coquins ne voulait être celui qui ferait le sale boulot qu’a fait Sarko.

    La politique du PS n’a plus qu’un objectif : occuper le terrain de l’opposition, afin de laisser les coudées franches à la droite.


  • TSS 20 juillet 2011 09:56


    il existe des accords entre la France et les autres nations qui lui permettent de recuperer la

    difference entre ce que paie,en impots, un français à l’etranger et ce qu’il paierait en France

    ces accords ne sont jamais appliqués... !!


  • DonKiChut 20 juillet 2011 13:20

    «  à partir du moment où le consensus politique s’oriente vers la baisse des dépenses en dessous de l’optimum économique, il faudra réduire les revenus et accroître le chômage, cela s’appelle les réformes de structures… »

     Réduire les revenus et accroître le chômage n’est pas forcément un mal en soi.
     Là où ça pose problème, c’est que tant qu’on ne changera pas le regard politique actuel ( tous partis politiques confondus) cela s’accompagne d’iniquité et d’injustices dans la répartition des efforts et des privations subies.
     Pour qui est conscient de l’impossibilité physique de maintenir et de généraliser sur notre planète Terre le « pouvoir d’achat » que nous connaissons aujourd’hui, réduire les revenus, n’est jamais que prendre en main un processus inéluctable de réduction du pouvoir d’achat ...
     Quant à l’accroissement du chômage, beaucoup de gens l’accepteraient (voire le souhaiteraient) s’il s’accompagnait de l’adoption d’un Revenu d’existence décent ! ... ( Des gens très sérieux ont eu cette idée - à commencer paraît-il par un certain Victor Hugo ... et beaucoup ont afirmé qu’il serait possible de le financer )
     La source du problème est le refus politique (tous bords confondus) de remettre en cause la répartition relative des revenus et des richesses au sein de notre pays. Or, l’être humain sait parfaitement accepter les lois de la nature ; ce qui provoque son indignation ce sont les injustices !



  • cousin 20 juillet 2011 18:58








    Vidéo

    d’une heure

    et demi à voir absolument : la fin de la civilisation industrielle est en route maintenant, devant nos yeux.


    http://auxinfosdunain.blogspot.com/2011/07/na-vraiment-plus-de-petrole.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+AuxInfosDuNain+%28Aux+infos+du+nain%29

    Vidéo visible aussi ici :
    http://blog.crottaz-finance.ch/?p=7739

    Essayons d’y voir clair.

    - La productivité ne cesse d’augmenter. Avez-vous visité une usine automobile ? Silence, presque personne ne travaille, des robots et des automates partout. Et c’est pareil pour la majorité des usines fabriquant (assemblant) la majeure partie de nos produits manufacturés.

    - la production mondiale est aujourd’hui totalement éclatée et fragmentée, il n’y a plus de produits « made in France, in USA ou in China », chaque produit est composé d’une multitude de composants différents conçus, fabriqués et assemblés dans un nombre très élevé de pays ; il est, par exemple, impossible de savoir, à propos de Boeing et d’Airbus, lequel des deux génère plus d’emplois en France  ;

    - chaque composant est fabriqué de plus en plus dans des pays à bas coût de main-d’œuvre (Asie, Océanie, Magreb, etc.), et avec un nombre restreint de salariés en raison des robots et automates. Dès qu’un entrepreneur envisage d’ouvrir une nouvelle unité de production forcément plus moderne (moins de personnel et plus de robots et automates) il évalue la future zone d’implantation en fonction notamment des faibles coûts salariaux, c’est ainsi qu’on commence à délocaliser la production de Chine jugée trop chère maintenant.

    - Les produits finis sont vendus aux classes moyennes de tous les pays du monde et à toute la population des pays occidentaux, dits riches. Mais l’occident n’a plus d’industrie et ne produit donc aucune richesse réelle et emprunte pour acheter des produits fabriqués par peu de personnes dans des pays pauvres par des salaries très peu payés (Hic).

    - Les matières premières nécessaires à notre civilisation occidentale sont non renouvelables dans l’état de la technique actuelle (pétrole, terres rares, etc.) et bientôt il va y avoir une pénurie grave de toutes les sources d’énergie.

    - La population mondiale ne cesse d’augmenter. La civilisation industrielle du charbon-acier-pétrole a permis l’apparition de 6 milliards d’humains à compter du 19° siècle, alors qu’avant cette population plafonnait à un milliard. Et bientôt il n’y aura plus de pétrole ... La bulle humaine va t-elle disparaitre ?

    - Soit trois quantités X, Y, Z :
    X = le nombre d’individu, point, unité vivante sur terre, du virus, plante, poisson, jusqu’à l’homme,
    Y = la diversité, le nombre d’espèces différentes de ces points de vie, soit la biodiversité,
    Z = le nombre de culture humaines différentes qui existaient avant la conquête du nouveau monde.
     X, Y et Z = 100 en l’an 1000 après J.C. (nota les humains déjà à cette époque avait détruit beaucoup d’animaux dans certains endroits mais le phénomène restait localisé).
    En 2011 avec des variation suivant les endroits :
    X = 0,3 (soit 70 % de la vie détruite),
    Y = 0,2 (soit la disparition de 80 % de la biodiversité)
    et pour finir Z = 0,10 (soit 90 % des antiques cultures humaines détruites)

    - Le crédit, la monnaie-dette s’emballe : Inflation exponentielle du crédit (jusqu’à l’hyperinflation) pour faire tourner une économie où des rentiers/chômeurs achètent à crédit des produits fabriqués par des robots entretenus par quelques salariés vivant au seuil de la pauvreté dans les pays en voie de développement

    - Le casino des bourses et des produits dérivés (C.D.O, back office, etc.) a créé une dimension supra-économique où le montant des échanges dépasse de beaucoup le montant du P.I.B. mondial, c’est l’or des fous

    - La morale et l’éthique sont mortes car leur base a été détruite (le sacré et l’enchantement), seule reste la prédation des lâches, donc la barbarie et le darwinisme social (à l’anglo-saxonne et oui Darwin était anglais ...)

    - La techno-science occidentale patine sur place, incapable de produire de la nouveauté alors que les anciennes grandes théories élaborées au début du 20° siècle ont montré leur inexactitude, incomplétude, voire leur fausseté. En fait toute les anciennes idéologies tournent à vide, creuses, sans cœur vivant qui les anime

    Tout va péter
    Le matérialisme nihiliste détruira t-il tout, les hommes, les animaux, la nature ?
    être ou ne pas être ...
    Mais avant il a déjà réussi une chose : il a vendu notre âme au Dieu Argent, son support (son chiffre 666)


  • PtitLudo PtitLudo 20 juillet 2011 23:26

    Le mur est là, devant nos yeux, et ils font encore les autistes. Le problème c’est que seuls les extrèmes font ce constat.

    Ils attirent donc automatiquement toutes les personnes qui se retrouvent dans ce constat, même si les solutions sont parfois pires que le mal

    Les candidats des grands partis se gardent de faire ce constat sous couvert de « réalisme ». Il ne vient pas à l’idée une seconde que ce sont eux qui sont complètement déconnectés de la réalité et parlent d’un monde qui n’existe plus.

    Certes la réalité fait peut-être peut à voir, et il faudra des mesures très courageuses allant à l’encontre du système de pensée actuel. Sinon l’histoire se répétera (manque de courage des gouvernements à la fin des années 30) et le pire est à craindre.


    • racomir 21 juillet 2011 11:15

      Le pire est à craindre, vous parlez d’une guerre mondiale ? Actuellement, ce sont ce que vous appellez « les extrêmes » qui sont surtout pacifistes. Alors que l’UMP ou le PS soutiennent les différentes guerres menées par la France, l’extrême-droite les condamne toutes. Il ne faut pas croire qu’on peut calquer les partis politiues actuels sur ceux du passé. Sinon nous aurions la même société que par le passé, or quelques petites choses ont changé.

      Il est temps pour vous de vous intéresser à la sociologie, pour comprendre ce qui vous fait croire que votre raisonnement est un raisonnement réel. Un des événements les plus importants du XXème siècle est l’avénement de la société spectaculaire, ce que nous apprennent différents sociologues parmis les plus réputés de la planète (comme Debord). Ceci biaise notre perception de la réalité, et nous avalons une pensée préformatée dont nous sommes convaincus qu’elle est la notre et qu’elle se tient sur le plan de la logique, alors que la logique n’a rien à voir là-dedans. C’est enseigné dans les fac de socio depuis des décennies, dans le monde entier. Et ça concerne tout le monde, vous inclus. Alors arrêtez de répétez comme un robot ce qu’on entend partout, permettant par là à ce putain de système à la con de perdurer.

      « Attention, ne votez surtout pas pour ceux qui peuvent résoudre la crise, sinon c’est la guerre mondiale et la mort ! mieux vaut une crise que la mort de vos enfants ! »


    • PtitLudo PtitLudo 21 juillet 2011 17:14

      Actuellement, ce sont ce que vous appellez « les extrêmes » qui sont surtout pacifistes. Alors que l’UMP ou le PS soutiennent les différentes guerres menées par la France, l’extrême-droite les condamne toutes

      Hmmm au vu des réactions des pros-fn sur agoravox concernant la proposition de Eva Joly de suppreission du défilé du 14 juillet et à propos de la mort des soldats en afghanistan, on peut en douter quand même ... Si le FN était si pacisfiste il ne verrai aucun inconvénient à la suppression du défilé militaire et aurai condamné fermement le battage médiatique des obsèques nationales pour les soldats mort en afghanistan.


  • Francis, agnotologue JL 24 juillet 2011 14:51

    Vous avez aimé cet article ? Vous aimerez cette vidéo :

    Le Casino Financier, ou comment transformer une dette privée en dette publique
    Publié le 23 juillet 2011 par Attac TV


    3 minutes ; que du bonheur ! A ne pas rater.


Réagir