mercredi 18 mai 2011 - par J-J-R

Hausse soutenue de la dette publique et politique d’austérité à venir

L’ascension irrésistible de la dette publique.

Il est un phénomène intriguant, c’est la hausse rapide de la dette publique au delà de l’incidence du phénomène inflationniste. Le rapport N° 413 de la commission des finances publié en 1999 relevait déjà que « La dette brute est passée de 589 milliards de francs en 1980 à 4727 milliards de francs en 1997, soit une multiplication par plus de 8 et un accroissement annuel moyen de plus de 13 %. Sur la même période, le PIB ne s’est, lui, élevé que de 6,4 % l’an en moyenne. » La dette représentait 13% du PIB en 1973 et dépassera les 80% du PIB à la fin de cette année. 1973-1975 est la dernière période d’équilibre des comptes publics. L’économie se portait bien et ce malgré les frais de reconstruction d’après-guerre.

Pourquoi donc le dérapage s’est produit à cette période ?

Si les deux chocs pétroliers ont eu un impact certain sur l’accroissement annuel du PIB, qui plus est, avant que le pays réalise sa transition énergétique, cet état de fait ne peut expliquer pourquoi la charge des intérêts de la dette sera officiellment le premier poste budgétaire de la France en 2013. [Déclaration du ministre du budget François Baroin devant les députés le 6 juillet dernier].

Plusieurs solutions sont envisageables : une mauvaise politique budgétaire récurrente, une ou des crises conjoncturelles, ou des choix de politique économique qui ont mis les pouvoirs publics en quasi-rupture de paiement. La première possibilité sera écartée car elle reviendrait à dire que tous les gouvernements qui se sont succédés depuis plus de trente ans ont été incompétents. La deuxième le sera également puisqu’une crise ponctuelle ne peut justifier la hausse continue du service de la dette.

En revanche des éléments concordants laissent à penser qu’il pourrait s’agir de la dernière option.

La dette publique serait-elle le corollaire de choix économiques ?

Les acteurs de la création monétaire se résument à trois catégories : les Etats, les banques centrales et les banques commerciales. Dans le cas présent nous ne considèrerons les Etats et le système bancaire. Il est admis que le pouvoir peut être partagé en deux, d’une part la légitimité démocratique et d’autre part les sociétés privées.

La réforme des statuts de la Banque de France (loi du 3 janvier 1973) stipule en son article 25 : « Le trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France ». Cette modification fondamentale abroge le pouvoir régalien de l’Etat de battre monnaie. De nombreux économistes y voient le recul des instances démocratiques au bénéfice du système bancaire.

Cette décision est renforcée par l’article 104.1 du Traité de Maastricht qui interdit à la BCE et aux banques centrales nationales de faire crédit aux collectivités publiques. Si la BCE ne peut fournir des fonds propres à la France ou tout autre Etat de l’union monétaire, rien ne lui interdit de prêter aux banques pour qu’ils achètent les bons du trésor émis par les Etats surendettés à des taux exorbitants en conformité avec le souhait des agences de notation.

La documentation française relève que « Paradoxalement, c’est dans les années qui ont suivi immédiatement la négociation de Maastricht, en 1991, qu’elle a le plus rapidement augmenté : entre 1991 et 1997, la part de la dette dans la production nationale est passée de 36,2 à 58,5 %, soit une augmentation de près de 60 %. »

On pourrait penser que les économistes ignoraient les risques, pourtant les positions du Nobel d’économie et académicien Maurice Allais contredisent cette hypothèse : « En abandonnant au secteur bancaire le droit de créer de la monnaie, l’Etat s’est privé en moyenne d’un pouvoir d’achat annuel représentant environ 5,2 % du revenu national » [La réforme monétaire 1976]. Pour avoir un ordre de grandeur, c’est le double du montant que la France consacrait au paiement des intérêts de sa dette publique en 2005 estimé à 2,9% par le rapport N°476 de la commission des finances du 12 juillet 2005. Maurice Allais indiquait dans Le Figaro en octobre 1998 : « La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création de monnaie bancaire … » ; et concluait : « Il est bien certain que les intérêts très puissants des groupes de pression monétaires et financiers et les doctrines régnantes ne sont guère favorables à ces réformes, tant est forte la tyrannie du statu quo. »



21 réactions


  • AntoineR 18 mai 2011 15:42

    On a beau le rabacher sur Internet, c’est l’omerta dans les medias traditionnels.

    Il ne veulent absolument pas parler de cette loi de 1973.

    Ben pourquoi ?????


    • Alpo47 Alpo47 18 mai 2011 17:18

      Tout de même MLP et Mélenchon ... les deux « amuseurs » du cirque médiatico-politique.


    • picpic 19 mai 2011 11:00

      ha ouaiiiiss...cheminade 2021 ? Président ?!
      Là, je serais sur le cul, c’est lui qu’on devrait mettre à la tête du FMI, histoire de se tenir le ventre en gloussant.

      Je me demandais, qui il y avait de valable parmi vos candidats pour 2012 ?...
      J’en étais arrivé à la conclusion qui s’impose : Aucun.
      Mais, y a lui...
      Ce mec président, c’est la seul possibilité pour sauver votre peau...la loi de 1973 passerait à la trappe sur le champ.
      Mais bon, votre président 2012, ce sera celui que les médias choisiront et par un autre, que vous le vouliez, ou non.


  • PhilVite PhilVite 18 mai 2011 15:53

    Vous êtes quand-même chiants de parler de ce genre de truc sans intérêt alors que, si ça se trouve, Carla est enceinte !
    Vraiment aucun sens de la hiérarchie de l’information !


  • Berserk 18 mai 2011 15:56

    Effectivement la plupart des médias n’en parlent absolument jamais et les arguments de ceux qui soutiennent cette traitrise ne tiennent pas la route une seule seconde...


    • kataroff kataroff 18 mai 2011 17:11

      D’ailleurs ce roi est un grand magicien : il exerce son empire sur l’esprit même de ses sujets ; il les fait penser comme il veut. S’il n’a qu’un million d’écus dans son trésor, et qu’il en ait besoin de deux, il n’a qu’à leur persuader qu’un écu en vaut deux, et ils le croient.
      Si il a une guerre difficile à soutenir, et qu’il n’ait point d’argent, il n’a qu’à leur mettre dans la tête qu’un morceau de papier est de l’argent, et ils en sont aussitôt convaincus.
      Il va même jusqu’à leur faire croire qu’il les guérit de toutes sortes de maux en les touchant, tant est grande la force et la puissance qu’il a sur les esprits.

       Montesquieu, 1721


    • Roosevelt_vs_Keynes 18 mai 2011 19:24

      "Confrontés à l’effondrement du crédit, ils n’ont proposé que le prêt de plus d’argent. Dépouillés de l’appât du profit par lequel ils induisaient notre peuple à suivre leur fausse direction, ils en vinrent aux exhortations, plaidant la larme à l’oeil pour le retour de la confiance. Ils ne connaissent que les règles d’une génération d’égoïstes. Ils n’ont aucune vision, et sans vision le peuple meurt.

       Oui, les usuriers ont fui leurs hautes chaires du temple de notre civilisation. Nous pouvons maintenant rendre ce temple aux anciennes vérités. La mesure de cette restauration est l’ampleur avec laquelle nous appliquons des valeurs sociales plus nobles que le simple profit monétaire.

       Le bonheur ne se trouve pas dans la simple possession d’argent ; il se trouve dans la joie de l’accomplissement, dans l’excitation de l’effort créateur. La joie, stimulation morale du travail, ne doit plus être oubliée dans la folle course aux profits évanescents. Ces jours sombres, mes amis, vaudront tout ce qu’ils nous coûtent s’ils nous enseignent que notre véritable destinée n’est pas d’être secourus mais de nous secourir nous-mêmes, de secourir nos semblables."

      Franklin Roosevelt, Discours d’investiture, 4 mars 1933. Le 16 juin 1933, il mettait Wall Street en banqueroute organisée par la loi Glass-Steagall. Loi abrogée en 1999.

      Le 12 avril 2011, Marcy Kaptur, députée démocrate, réintroduisait la loi Glass-Steagall au congrès américain. La réinstauration de cette loi aura un effet planétaire.


  • kataroff kataroff 18 mai 2011 16:49

    "Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ; quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie.

    Au-dessus de ceux-la s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ?

    C’est ainsi que tous les jours il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre ; qu’il renferme l’action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu a peu chaque citoyen jusqu’à l’usage de lui-même. L’égalité a préparé les hommes à toutes ces choses : elle les a disposés à les souffrir et souvent même à les regarder comme un bienfait.

    Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.

    J’ai toujours cru que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu’on ne l’imagine avec quelques unes des formes extérieures de la liberté, et qu’il ne lui serait pas impossible de s’établir a l’ombre même de la souveraineté du peuple."

    Alexis de Tocqueville, 1840


    • Alpo47 Alpo47 18 mai 2011 17:17

      « Faisons mine de changer ... pour que rien ne change vraiment ».

      Et ce sont quasiment les mêmes qui constituent nos élites prédatrices.


    • Roosevelt_vs_Keynes 18 mai 2011 19:24

      Qui les laisse faire ?


    • AntoineR 19 mai 2011 11:10

      Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 mai 2011 12:12

      Merci pour cette belle citation tellement à propos dans le cadre de cet article qui résume bien la situation.

      Car la monnaie est bien le meilleur instrument du despotisme de la finance mondiale qui nous discipline ou nous domestique pour le nouveau « parc humain » Boulot, Bouffe et Baise dans lequel est élevé l’homme du 3e millénaire.

      L’important est la docilité, la servitude.
      La Grèce, le Portugal ouvrent la voie.
      J’aimerais bien que l’Espagne fasse la révolution avant que nous suivions...


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 19 mai 2011 12:13

      Je parlais de la citation de Tocqueville même si celle au-dessus de mon commentaire est très pertinente aussi...


  • kataroff kataroff 18 mai 2011 16:52

    Oh ! pardonnez-moi, écrivains sublimes, que rien n’arrête, pas même les contradictions. J’ai tort, sans doute, et je me rétracte de grand coeur. Je ne demande pas mieux, soyez-en sûrs, que vous ayez vraiment découvert, en dehors de nous, un être bienfaisant et inépuisable, s’appelant l’État, qui ait du pain pour toutes les bouches, du travail pour tous les bras, des capitaux pour toutes les entreprises, du crédit pour tous les projets, de l’huile pour toutes les plaies, du baume pour toutes les souffrances, des conseils pour toutes les perplexités, des solutions pour tous les doutes, des vérités pour toutes les intelligences, des distractions pour tous les ennuis, du lait pour l’enfance, du vin pour la vieillesse, qui pourvoie à tous nos besoins, prévienne tous nos désirs, satisfasse toutes nos curiosités, redresse toutes nos erreurs, toutes nos fautes, et nous dispense tous désormais, de prévoyance, de prudence, de jugement, de sagacité, d’expérience, d’ordre, d’économie, de tempérance et d’activité.

    Frédéric Bastiat, 1848


  • Robert GIL ROBERT GIL 19 mai 2011 10:19

    voir cet article tres simple qui nous eclairent sur la dette de la France :
    http://2ccr.unblog.fr/2010/10/16/la-dette-de-la-france/

    ou celui ci plus complet de Marx qui explique le mecanisme de la dette au service du systeme capitaliste :
    http://2ccr.unblog.fr/2011/01/07/la-dette-publique-et-la-bancocratie/


  • Daniel Roux Daniel Roux 19 mai 2011 13:27

    N’oublions pas la doxa libérale qui veut qu’un état endetté ne mène pas de politique socialement généreuse.

    C’est Reagan qui pérorait ainsi : « on va leur supprimer leurs jouets. » (aux démocrates)

    Vous remarquerez que ce sont Balladur et Sarkozy, son ministre, qui ont fait exploser le déficit. Ce n’est pas un hasard, ni de l’incompétence au sens strict, c’est une volonté politique conforme à la doctrine libérale.

    C’est pour cette raison que les politiciens libéraux baissent les impôts des riches et augmentent les subventions pour les grosses entreprises, et les dépenses d’armement. En plus, cela enrichi l’oligarchie qui les finance.


    • kataroff kataroff 19 mai 2011 20:50

      Vous appelez ça des libéraux ? Faudrait voir à se mettre d’accord sur les termes, sinon on aura du mal à se comprendre.

      Le système actuel est très loin de la doctrine libérale classique, que je vous invite à découvrir.


  • avocatdudiable avocatdudiable 21 mai 2011 23:28

    La cause de la montée de la dette ? Mais y a pas à chercher de midi à 14h c’est comme les pays sous développés on atteint un seuil où on emprunte pour rembourser les intérêts : on fait du revolving quoi, les sociétés de crédit essayent de faire ça avec les consommateurs, et vous croyez que les capitalistes vont se gêner avec un pays entier ? Surtout grâce à l’Oligarchie financière où les Banques s’est allié à l’Etat pour assurer ses intérêts par la force du pouvoir légal elles sont assurées de pouvoir se payer ces intérêts sur les impôts.


    Quand Allais dit « En abandonnant au secteur bancaire le droit de créer de la monnaie, l’Etat s’est privé en moyenne d’un pouvoir d’achat annuel représentant environ 5,2 % du revenu national » c’était de ce que je lis en 75, c’est bien bien pire aujourd’hui mathématiquement sauf qu’on n’a même pas les chiffres !

    Et comme les grands esprits se rencontrent ;) c’est ce que je dis aussi

    « La vraie révolution concerne l’éducation sur la création monétaire : qui crée la monnaie contrôle le monde. Tant que le peuple ne s’attaque pas à ça, rien ne changera. »

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