mardi 12 juillet 2005 - par Michel Monette

L’avenir est dans le secteur des services

Les pays les plus pauvres pourront-ils en profiter ?

Les deux-tiers de l’activité mondiale, le cinquième du commerce mondial, la moitié de la main d’oeuvre mondiale, décidément le secteurs des services

a le vent dans les voiles ! Si la tendance se maintient, plus de la moitié du commerce mondial sera un service quelconque en 2020. Bon pour les pays pauvres Technorati Tag World cette tendance ?

L’élévation du niveau de vie des pays en développement Technorati Tag World, y compris les plus pauvres parmi ceux-ci, passe par leur intégration au commerce mondial beaucoup plus que sur la fourniture d’assistance, écrivait en 2000 le Centre du commerce international (CCI).

Peu connu du grand public, le CCI n’est joue pas moins un rôle clé dans le développement. Il est l’Agence de coopération technique de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (CNUCED) et de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) dans les domaines opérationnels et orientés vers les entreprises pour le développement du commerce.

Le CCI peut certes fournir une aide précieuse aux entreprises des pays pauvres, il n’en demeure pas moins que les décisions qui orientent le commerce international sont essentiellement prises par une minorité de pays à qui elles profitent d’abord.

La zone de l’Organisation pour le commerce et le développement économique (OCDE) en particulier qui regroupe 30 pays, a un poids nettement disproportionnée à son poids démographique.

Une répartition planétaire très inégale

Il faut savoir que le secteur des services contribue à près de 70 % du produit intérieur brut (PIB) et 65 % de l’emploi dans la zone de l’OCDE.

En Chine, par comparaison, le secteur des services compte pour le tiers du PIB. Dans les pays les plus pauvres, le commerce des services est au mieux une possibilité lointaine.

En 2004, les 50 pays les moins avancés, les PMA dans le jargon onusien, représentaient à peine 0,68 % du commerce mondial selon un récent communiqué de la CNUCED

(131 milliards de dollars sur un total de 9 460 milliards de dollars dont le cinquième, je vous le rappelle est formé par le commerce des services).

Le communiqué de la CNUCED propose rien de moins qu’un nouveau plan Marshall pour aider les 50 pays les plus pauvres du monde à sortir de la pauvreté : élargissement de l’accès aux marchés, libéralisation du secteur des services et fonds d’aide au commerce.

Une libéralisation non sans risque

Il faut savoir que l’Accord général sur le commerce et les services (GATS), un accord commercial multilatéral dans le domaine services, prévoit déjà une libéralisation progressive de tous les domaines d’activité classés en douze secteurs et environ 160 sous-secteurs, dont les plus importants sont communications, travaux publics, éducation, environnement, finances, santé et services sociaux, tourisme, transports, etc.

Or les pays pauvres ne sont pas concurrentiels sur le plan international. Certes d’un côté l’ouverture de leurs
marchés peut signifier des investissements étrangers et des transferts de technologie qui peuvent accroître la part du secteur des services dans leurs économies, mais de l’autre une libéralisation trop rapide et sans condition peut creuser davantage le fossé entre riches et pauvres dans ces même pays.

Cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les services publics.

Un exemple parmi d’autres est celui du commerce international de services d’éducation, un marché en pleine expansion de plus de 30 milliards de dollars qui profite largement aux pays de l’OCDE.

L’augmentation du nombre de campus d’universités étrangères peut s’avérer bénéfique pour les pays pauvres qui les accueillent, mais cela pose aussi la double question de l’accès aux études supérieures et de la qualité de l’enseignement.

Du reste, les entreprises privées ne sont pas les mieux placées pour livrer les services publics. Ce n’est pas un reproche, c’est une simple question de bon sens. L’éthique publique est différente de l’éthique privée.

À l’occasion de la réception controversée d’un doctorat honoris causa

de l’Université catholique de Louvain en 2003, le commissaire européen au Commerce Pascal Lamy a affirmé « qu’il n’a aucunement l’intention de mener (...) à la privatisation de services publics en Europe ».

En effet. Les entreprises privées européennes ont déjà un marché fabuleux devant elles ailleurs dans le monde.




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