L’érosion du pouvoir d’achat vue autrement
L’inflation ne semble pas se calmer en dépit de la baisse spectaculaire des prix pétroliers ces dernières semaines. Certes, les prix des matières premières se sont-ils tassés mais les prix alimentaires ne semblent pas emprunter cette voie. Conséquence : les consommateurs puisent dans leur épargne.
Ainsi, l’épargne des ménages dans un pays comme les Etats-Unis a-t-elle enregistré récemment son niveau le plus bas historiquement ! Certes, l’excellent Produit Intérieur Brut américain à 3.3% au second trimestre 2008 fait rougir d’envie nos pays Européens à "croissance molle". Néanmoins, la quasi totalité de cette progression du P.I.B. US est redevable au secteur des services, l’industrie du pays connaissant une lente mais sûre descente aux enfers depuis la fin de la guerre du Vietnam...
Toujours est-il que le problème - car il y en a un - réside dans la méthode de calcul par l’administration US de ce P.I.B. car elle y intègre des transactions aussi hétéroclites que la création de biens et de services mais également les transactions financières relatives aux prêts contractés par les particuliers et les entreprises...Cette méthode de calcul peut être dévastatrice à long terme dans un pays comme les Etats-Unis où la totalité de l’endettement du gouvernement, des ménages et des entreprises atteint 70 mille milliards de dollars comparés à un P.I.B. de 13.8 en 2007 !
Il me semble qu’un meilleur indicateur pour évaluer la santé économique et financière serait l’indicateur M1 dont le rôle est de mesurer la quantité de monnaie libellée sous forme de liquidités et de comptes bancaires disponibles de suite et prêts à être injectés dans l’économie réelle. Cette M1 ne prenant effectivement pas en compte les prêts que doit contracter un consommateur ou une entreprise pour ses besoins, elle se situe depuis fin 2003 dans une fourchette étroite oscillant autour de 1.3 mille milliards de dollars. Cette stabilité de l’indicateur M1 indique évidemment qu’une inflation - même modérée - est susceptible de réduire la marge du pouvoir d’achat et donc, vue sous cet angle inhabituel, l’économie US subit une récession légère depuis bientôt cinq ans ! De plus, selon les bureau des statistiques US, M1 devrait décroître de 2 pour 1’000 cet été aux Etats-Unis ce qui, combiné avec les niveaux d’inflation substantiels que l’on connaît, devrait installer l’économie du pays dans une période de stagflation comparable à celle ayant prévalu dans les années 1970...
La stagflation n’épargnera personne : retraités, étudiants mais également personnes disposant d’un revenu fixe et d’un emploi stable, tous seront touchés par cette arme de destruction massive.