mardi 8 décembre 2009 - par Michel Santi

L’Etat Zombie

Les dernières statistiques du chômage semblent indiquer une amélioration de la situation économique aux Etats-Unis mais les questions cruciales restent toujours bien-sûr sans réponse...

 
Les Etats-Unis parviendront-ils à remettre leur économie sur les rails - autrement dit à initier une relance interne durable - sans devoir encore et toujours faire appel à leurs dons d’illusionnistes leur ayant permis jusque là de subsister en imprimant des billets et en vivant à crédit ? Autre question subsidiaire quoique intimement liée à la précédente : La Chine acceptera-t-elle de bonne grâce de participer à un effort de relance globale qui consistera à créer les conditions d’une croissance domestique solide via un encouragement à la consommation intérieure d’une classe moyenne - qui ne demande qu’à être distinguée - et ce afin d’amoindrir les déséquilibres commerciaux internationaux ? En réalité, tout le reste est vain si ces questions ne trouvent enfin des réponses appropriées qui nécessiteront impérativement des réformes en profondeur.

Les Etats-Unis peuvent en effet gagner du temps mais ils ne feront que se condamner à une perdition assurée si de sérieux efforts fiscaux et budgétaires n’accompagnent les indispensables réductions de dépenses des ménages. La déflation ou l’inflation seront ainsi des maux enviables par rapport à la calamité insidieuse qui risque de s’abattre sur leur économie, à savoir la stagflation ! Le spectre de la stagflation hante aujourd’hui une Réserve Fédérale US parfaitement consciente qu’elle rendrait totalement caduque l’ensemble de sa politique monétaire mise en place depuis de nombreux mois. Nul n’est préparé à la stagflation et nul ne sait vraiment comment la gérer car la Banque Centrale Américaine, qui sait parfaitement créer à profusion des billets de banque au risque de voir la valeur de monnaie fondre comme neige au soleil, n’est en revanche pas en mesure d’insuffler de la productivité - et donc de la vitalité - à une économie qui serait progressivement métastasée par la stagflation...

La création de monnaie, les stimuli fiscaux et autres monétisations de leurs dettes agissent en fait sur l’économie Américaine à la manière d’anesthésiants permettant ainsi - en théorie et dans un monde idéal - dans un second temps au Gouvernement et au législateur d’appliquer les bons remèdes - ou de trancher dans le vif - en toute sérénité. Pour autant, les mesures - ou le défaut de mesure ! - adoptées actuellement aux Etats-Unis s’apparentent bien plus à la prolongation d’un état d’abrutissement provoqué par des injections anesthésiques à outrance que par la pratique d’une chirurgie indispensable à assurer la remise à pieds du patient ou tout au moins à lui sauver la vie !

C’est comme si les Etats-Unis d’Amérique étaient aujourd’hui maintenus en vie artificiellement par une équipe de secouristes refusant de faire appel à des médecins et dont le seul but serait de prolonger encore un peu la vie du patient.

Le pouls hautement irrégulier de ce patient serait ainsi le Dollar - qui subit flux et reflux - mais qui serait à terme condamné si la Réserve Fédérale persistait à injecter au malade agonisant du plasma en lieu et place de globules rouges ! Les Etats-Unis se transforment donc petit à petit en vampires en mal de sang frais n’ayant d’autre choix pour leur survie que de pomper les énergies vitales extérieures en faisant usage de leurs canines acérées que sont planche à billets et autres crédits excessifs... Pourquoi en effet se fatiguer à ramener la vie si une apparence de vie suffit ?

Et quel intérêt y a-t-il à détenir un Dollar susceptible d’être déclassé par une Réserve Fédérale et par une Trésorerie Américaines qui peuvent à tout moment confisquer toute richesse exprimée en cette monnaie ? Le monde d’après Bretton Woods édifié par Nixon en 1971, cet ordre nouveau d’un Empire qui abuserait de ses privilèges financiers tremble sur ses fondations, la Banque Centrale US ayant accompli à ce jour tant de manipulations que ce pauvre Dollar paie aujourd’hui un taux d’intérêt négatif ! Hayek n’affirmait-il pas que " tous les Etats ont usé de leur pouvoir exclusif de créer de l’argent afin de frauder et de tromper le peuple" ? 

Attention : la prochaine bulle pourrait bien également être la dernière !
 


14 réactions


  • BA 8 décembre 2009 17:37

    Quel est le mot de l’année 2009 ?

    Le mot de l’année 2009 est : « surendettement ».

     

    1- Le surendettement des ménages.

    http://www.leparisien.fr/economie/les-francais-de-plus-en-plus-surendettes-07-12-2009-736126.php

     

    2- Le surendettement des Etats.

    D’après le Fonds Monétaire International, en 2014, quelle sera la dette publique par rapport au PIB  ?

    La dette publique de l’Allemagne sera de 91,4 % du PIB.

    La dette publique de la France sera de 95,5 % du PIB.

    La dette publique du Royaume-Uni sera de 99,7 % du PIB.

    La dette publique de la Belgique sera de 111,1 % du PIB.

    La dette publique des Etats-Unis sera de 112 % du PIB.

    La dette publique de l’Italie sera de 132,2 % du PIB.

    La dette publique de la Grèce sera de 133,7 % du PIB.

    La dette publique de l’Islande sera de 134,1 % du PIB.

    La dette publique du Japon sera de 239,2 % du PIB.

    C’est à la page 30  :

    http://www.imf.org/external/pubs/ft/spn/2009/spn0921.pdf


  • Proudhon Proudhon 8 décembre 2009 18:08

    Article que je partage d’une manière générale, sauf que le monstre US avant de succomber est sûrement prêt à entrainer le monde dans un désastre total. Il n’est pas plus dangereux qu’un animal blessé à mort.


  • lechoux 8 décembre 2009 18:59

    « Les Etats-Unis se transforment donc petit à petit en vampires en mal de sang frais n’ayant d’autre choix pour leur survie que de pomper les énergies vitales extérieures en faisant usage de leurs canines acérées que sont planche à billets et autres crédits excessifs... Et quel intérêt y a-t-il à détenir un Dollar susceptible d’être déclassé par une Réserve Fédérale et par une Trésorerie Américaines qui peuvent à tout moment confisquer toute richesse exprimée en cette monnaie ? »

    Comme pomper la richesse du Japon qui mettra encore peut-être 10 ans à se relever.

    Wikipedia : La stagflation est la situation d’une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d’une forte inflation (c’est-à-dire une croissance rapide des prix). Cette situation est souvent accompagnée d’un niveau élevé du taux de chômage.

    Une croissance économique faible dans une zone dont la monnaie se dévalue vis à vis de sa capacité d’achat est équivalente à une croissance forte dans une zone dont la monnaie est stable.
    —> le volume de la capacité d’achat créée est constant.
    —> la capacité d’achat créée est dévaluée également.
    —> le volume monétaire est constant.

    L’inflation est créée par la baisse de capacité d’achat des agents de biens et services importés, qui se répercute sur toute la chaîne de marge sur les coûts d’achat en aval. La chaîne de marge génère la capacité d’achat des agents.
    —> la capacité d’achat des agents diminue.
    —> les échanges sont interrompus.
    —> il y a cessation d’activité des agents de la zone économique.

    Solution :
    —> remplacer les biens et services importés par des biens et services de la zone économique : protectionnisme, innovation.
    —> réévaluer la capacité d’achat des agents : augmenter les salaires.
    —> différencier l’agent producteur de l’agent acheteur : délocaliser, exporter.

    Constat :
    Ni dans la définition de la stagflation, ni dans les solutions ci-dessus, n’est précisé l’origine de cette situation.
    L’erreur d’analyse vient de l’appréciation de la croissance économique.
    La croissance économique n’est pas faible.


  • plancherDesVaches 8 décembre 2009 20:15

    Excellent article qui est votre habitude, Monsieur Santi.

    Rendez-vous le 2 janvier lorsque les achats et les emplois de cette période particulière auront cessé.

    A propos. Il devrait être intéressant que certains sachent que le père noël a été créé il y a très peu de temps par coca-cola et habillé de rouge comme ses bouteilles....

    Ca casse un mythe parmi tant d’autres comme l’american dream, mais cela permet aussi de se dire qu’il serait peut-être utile de remettre les pieds sur terre....


    • ObjectifObjectif 8 décembre 2009 20:42

      Donc c’est aussi artificiel et marketing que le mythe des 19 furieux avec le couteau entre les dents, qui conduisent des boeing comme des rênes ? En tout cas cela a le même succès, l’illusion est plus forte que la réalité.


  • W.Best fonzibrain 8 décembre 2009 20:32

    Attention : la prochaine bulle pourrait bien également être la dernière !


    hihihihhhiihi trop bon mister santi !!!!!!!


    et oui , l’intégralité du systéme va s’effondrer !!! on va rigoler, le jour ou ca arrivera j’appelerai tout les mongols qui ont rigolé quand je leur disais et c’est moi qui rigolerai !!!!

    les gens stupides m’énervent de plus en plus !!! 


  • jltisserand 8 décembre 2009 20:48

    à plancher des vaches :

    "A propos. Il devrait être intéressant que certains sachent que le père noël a été créé il y a très peu de temps par coca-cola et habillé de rouge comme ses bouteilles...."

    Selon Wikipédia, votre assertion est Qualifiée de legende urbaine. La couleur rouge de son habit était déjà utilisée enn 1866.

    Ne cassez pas TOUS nos jouets. La période est assez dure comme ça


  • Augustule pipo 8 décembre 2009 21:27

    Comme chacun de vos articles, je me régale de les lire même si mes connaissances en économie présentes quelques lacunes.

    Pouvez vous svp développer les conséquences qu’auraient l’effondrement des USA sur notre économie nationale et par ricochet sur notre quotidien ?

    Merci.


  • Jean-paul 9 décembre 2009 03:18

    @ pipo
    Tout a fait d’accord avec vous
    Et en parlant de quotidien ,l’euro valait plus de 6 francs et maintenant dans la memoire des Francais 1 euro = 1 franc .


  • BA 9 décembre 2009 10:33

    La dette publique de la Grèce sera de 133,7 % du PIB.

    La dette publique de l’Islande sera de 134,1 % du PIB.

    La dette publique du Japon sera de 239,2 % du PIB.

    C’est à la page 30 :

    http://www.imf.org/external/pubs/ft/spn/2009/spn0921.pdf

     

    En juillet 2009, dans son rapport ci-dessus, le FMI a prévu que la dette publique de la Grèce atteindrait 133,7 % du PIB en 2014.

    Vous avez bien lu : 133,7 % du PIB en 2014.

     

    Or, que vient-on d’apprendre cette semaine ?

    La Deutsche Bank vient de faire ses propres calculs. La Deutsche Bank a calculé que la dette publique de la Grèce venait d’atteindre AUJOURD’HUI 135 % de son PIB.

     

    http://www.lefigaro.fr/editos/2009/12/04/01031-20091204ARTFIG00381-apres-dubai-attention-a-la-grece-.php

     

    La Grèce sera-t-elle le prochain pays en défaut de paiement ?

    Le suspens est insoutenable.


  • fwed fwed 9 décembre 2009 17:39

    Comme d’habitude (encore du 100%) : Merci beaucoup M. Santi.

    Attention : la prochaine bulle pourrait bien également être la dernière !
    Meuh non , M. santi. Vous allez voir cette solution aux petits oignons qu’on nous a préparé : une monnaie mondiale (basée sur l’or pour nous faire croire qu’elle a une vraie valeur ?) et distribuée avec interêts et ce sera reparti pour créer de jolies bulles notamment dans la nouvelle économie financière verte qui va sauver notre planète tout en faisant du pognon...lol !
    Qu’est ce qu’ils sont forts ces rentiers actionnaires quand même... ou alors c’est les travailleurs qui sont un peu cons !

    Question bonus : les Tbonds à interêt négatif ne remettent ils pas au gout du jour le concept de monnaie franche de silvio gesell ?


    • lechoux 9 décembre 2009 18:58

      (basée sur l’or pour nous faire croire qu’elle a une vraie valeur ?) comme l’emprunt Pinay.


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