jeudi 30 juin 2011 - par vogelsong

L’heureuse fortune de l’oligarchie française (dans les institutions internationales)

“Je poursuivrai cette voie, attentive aux plus faibles, attentive aux plus démunis, quelles que soient les circonstances et quels que soient les territoires géographiques, comme mon prédécesseur l’avait engagé dans le cadre des réformes qu’il avait faites” C. Lagarde 29.06.2011 

Pour discréditer efficacement un syndicaliste dans l’entreprise, la technique managériale conseille de l’augmenter, le promouvoir, le faire pénétrer dans le giron des dominants, de façon à ce que symboliquement il ne puisse plus incarner ses revendications. À un niveau plus global, le management du discrédit avec promotion de l’idéologie par les symboles bat son plein. La France, ou plutôt les Français renâclent à se convertir totalement à la modernité du libre marché. Rétifs à la mise en l’encan d’un modèle social par le passé survendu, et auquel ils s’accrochent pensant échapper au naufrage. Bien qu’il y ait une certaine frénésie entrepreneuriale, chez N. Sarkozy élu par exemple, les idées essentiellement libérales, celles de l’abstraction du tout marché, n’ont jamais franchi le seuil de quelques pour cent lors les élections. Mais c’est par les élites et l’incarnation symbolique qu’elles se sont imposées. La nomination à la direction du FMI de C. Lagarde, comme un point d’orgue, en montre un parfait exemple.

Par cette nomination à la tête du FMI, ce n’est pas C. Lagarde, les élites ou les partis politiques qui sont discrédités, mais les Français qui s’entêtent à ne pas entendre la voie de la raison. La ministre des finances du gouvernement Sarkozy correspond parfaitement aux critères de sélection pour diriger ce type d’institution internationale. Sa parfaite incompréhension de la plèbe en fait une candidate idoine pour mettre en place des solutions d’ajustements structurels. Elle fut avocate d’affaires, puis “économiste” moyenne, deux qualités rares quand il faut appliquer les remèdes éculés de la dérégulation issue du consensus de Washington.

Par cette nomination, sont ciblés les manifestants de 1995, les anti-CPE de 2006, et les millions de marcheurs contre la réforme des retraites de 2010. Et tous ceux qui résistent aux injonctions de l’économique comme entité supérieure. On pourra rétorquer que c’est faire beaucoup trop des cas de l’hexagone, petit bout de terrain planétaire pas encore totalement subjugué par les sirènes de la mondialisation heureuse. Pas encore.

La nomination de C. Lagarde pourtant se lit dans une continuité, celle d’une oligarchie française et libérale (économiquement) régulièrement promue. Le FMI aura connu deux directeurs de rang français entre 2007 et 2011. Qui fait suite entre 1978 et 2000 à une autre période de présidence française (J. de Larosière et M. Camdessus). Quant à l’organisation mondiale du commerce, depuis 2005 un Français “socialiste” la préside, P. Lamy… La parenthèse régulatrice attribuée à D. Strauss-Kahn ne change pas fondamentalement les objectifs de ses organisations, ni ne remet en cause “l’ordre cannibale du monde” pour paraphraser J. Ziegler.

Si tout ceci n’est qu’un heureux hasard, il est alors très heureux. Non pas une approche complotiste, mais on peut subodorer que ce type de promotion ne dérange pas les zélateurs de la dérégulation. Qui infligent par l’exemple et par le haut une leçon se savoir penser aux renacleurs. Que penser des déclarations du gouvernement français qui voit dans la nomination d’une de ses ressortissantes à la tête d’une organisation internationale, dont l’un des principaux objectifs consiste à rectifier les économies pour les fondre dans la globalisation, comme “une victoire de la France”. Un étrange paradoxe. Que penser aussi du satisfecit quasi unanime tous bords politiques sur cette victoire tricolore ? La course à la nomination de C. Lagarde a pris de façon régressive une dimension nationale, et unanime…

Quantifier les résultats d’une campagne de propagande relève de l’oracle. Mais tout bon publiciste sait qu’il vaut mieux s’activer si on espère avoir prise sur les évènements. Car on pourra pointer le fait que les idées libérales (apparemment) ne percent pas en France, que ce type de nomination/incarnation est inefficace en terme de communication. Mais on ne devine pas ce qu’il en serait sans ses symboles puissamment martelés.

Si le libéralisme n’a jamais gagné les élections sous sa bannière, il l’a massivement emporté dans la structure des principaux partis et organisations. Prenant un poids croissant à mesure que l’on monte dans la hiérarchie. Avec l’incomparable avantage de retrouver des libéraux (économiques) à chaque accession de gouvernement (que cela soit de droite ou de gauche). Reste à convaincre ou soumettre la base. Pour rendre l’inconvenant inéluctable et s’en contenter dans la parfaite pratique du TINA.

Dans cette perspective la nomination successive de dignitaires français dans l’oligarchie des organisations internationales peut se décrypter comme une volonté de discréditer ce tropisme français à la régulation économique. Une approche archaïque (mais tenace) qui spécule sur le penchant des peuples à s’identifier aux élites. Une inclinaison qui semble être de moins en moins pertinente.

Vogelsong – 30 juin 2011 – Paris



16 réactions


  • Imhotep Imhotep 30 juin 2011 11:25

    A noter que Martine Aubry a soutenu Lagarde et que Bayrou a été bien seul - dans doute d’autres l’ont fait, Hamon par exemple - à émettre de sérieuses réserves avant et après sa nomination.


  • dawei dawei 30 juin 2011 11:37

    il faut que tout ceux qui ont fait de l’argent avec de l’argent remboursent à la société au plus vite ce qu’ils ont capté « illégitimement » meme si c’etait légalement, et qu’ils le reconnaissent, c’est une question de salut public, de réconciliation nationale, et rapatrient évidemment tout ce qui dort dans un compte offshore. Car s’ils s’y refusent, ils devront dans le meilleur des cas (pour eux) s’évader physiquement, suite logique de l’evasion fiscale, et accepter d’etre blacklisté tant que réparation n’est pas faite . Et s’ils s’y refusent, la promesse de traitement pacifique risque de ne pas tenir ...
    Vite, l’heure tourne !!


  • Robert GIL ROBERT GIL 30 juin 2011 11:44

    c’est toute la meme caste, et tout leur est du..........

    http://2ccr.unblog.fr/2011/02/11/tout-est-a-eux/


  • James James 30 juin 2011 12:15

    On peut penser que les dirigeants Français, savent se montrer d’une servilité exemplaire, pour faire appliquer les directives criminelles du FMI et autres institutions affiliées.Si c’est une victoire de la France, c’est une victoire de la France des privilèges,d’une petite caste politique ,d’une bande de bourgeois prétentieux et narcissiques, toujours disposés à administrer des cures d’austérité au petit peuple. Comment peut on encore se revendiquer du socialisme ,lorsque l’on trône au FMI ,une des plus grandes fabriques de la misère mondiale ? La sociale démocratie et la parti de la majorité, ne sont que les deux revers d’une même pièce et en matière économique, ils ne font qu’appliquer les thèses de nos penseurs néo libéraux en vogue depuis le triomphe de Reagan et de son cheval de troie en Europe la grande Bretagne (Thatcher ).


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 30 juin 2011 13:04

    Bonjour vogelsong,

    Çà commence très fort " Pour discréditer efficacement un syndicaliste dans l’entreprise, la technique managériale conseille de l’augmenter, le promouvoir, le faire pénétrer dans le giron des dominants, de façon à ce que symboliquement il ne puisse plus incarner ses revendications. " c’est exactement ça : pour garantir le trouble dans l’entreprise afin de mieux vivre sur son dos, promotion pour les foireux jusqu’au président directeur général, une marionnette autodidacte et mythomane entièrement assis sur la ruine du système...Dans ce cas, c’est le sommet de la pyramide qui s’affaisse mais entrainant de tout son poids la base. 


  • tchoo 30 juin 2011 13:52

    De deux chose l’une :
    -soit le directeur (tice) du FMI ne sert à rien
    -soit les deux derniers (sans parler des autres) sont du même bord politique

    quoique à la réflexion, les deux sont possibles en même temps !


    • Roosevelt_vs_Keynes 30 juin 2011 14:10

      Dans tous les cas, si on en croit les superstitieux, ça ne va pas durer :

      Largarde a été nommée le 28/06. C’est le numéro de chambre de DSK...


  • Philodeme Philodeme 30 juin 2011 18:15

    à l’auteur

    Si on va jusqu’au bout du raisonnement dans les quilles de cette oligarchie/élite l’option « efficacité désorganisatrice » serait pour le « populo » d’envoyer la boule MLP dès 2012 au minimum sous la forme de nombreux députés FN au Parlement ?????????????

    Il faut quand même noter que c’est MLP qui fait l’unanimité de ces élites contre elle.

    L’option Mélenchon serait moins efficace dans la mesure où je me souviens qu’il a dit dans une émission TV pouvoir travailler avec Aubry mais pas avec DSK, mais Aubry était l’alliée de DSK ........... il y a comme qui dirait une ambiguïté chez le FdeG !!!!!!!!!!!!!!!


  • hacheii 1er juillet 2011 07:34

    Ca sent le baratin de gauche, le libéralisme c’est le mal, le diable, ou les méchants. C’est la même litanie débile et qui nous fait stagner depuis 30 ans « c’est pas nous la gauche c’est la droite les méchants ! » 

    Vous ne noircisez la droite que pour créer un contraste avec la gauche, plus la droite est noire et plus la gauche qui est gris foncé à l’air blanche, lorsque vous dites  :
    « les Français s’entêtent à ne pas entendre la voie de la raison. » 
    La voie de quelle raison ? Celle de gauche ? Du PS ? Du Front de gauche ?
    .
    On pourrait faire exactement le même discours en remplaçant le libéralisme par la gauche et les syndicalistes, ce sont les mêmes.
    .
    Le libre marché, bla bla bla, ce n’est ni le libéralisme le problème, ni le libre marché, le problème ce sont tous ces gens qui nous imposent l’immigration, droite et gauche confondue, l’immigration ruine le français et enrichit le patronat, ce sont les français qui la paie cette immigration par leur cotisations et leur impôts, elle diminue leur niveau de vie.
    Les Japonais qui n’ont aucune immigration s’en sortent mille fois mieux, sans aucune ressource naturelle, ils ont simplement développé les machines outils et les ordinateurs, ils ont remplacé les hommes par les robots et se passent d’immigration.
     La faute ne revient pas au billet de banque, comme vous cherchez à le faire croire, ce n’est qu’un instrument utile dont il est impossible de se passer. Le billet de banque est innocent.
    .
    La libre concurrence entre les marchands est indispensable également, sans concurrence il s’installe des monopoles qui n’enrichissent que les quelques personnes qui peuvent couler tous les petits, et qui à la fin monopolisent toutes les richesses.
    Pour casser ces trusts qui se créaient spontanément, il faut autoriser tout un chacun à intervenir là où sont intérêt lui permet de vivre, d’avoir un living, un moyen de vivre en proposant ses services ou sa marchandise moins chère que le voisin, il est impossible qu’une société fonctionne autrement, sauf dans les délires de l’extrême gauche et le communisme qu’elle cherche inlassablement à nous refourguer comme une marchandise pourrie dont personne ne veut.


  • hacheii 1er juillet 2011 08:14

    C’est la faute au libéralisme, vous le connaissez vous le libéralisme, c’est qui Mr libéralisme ? Et ben c’est de sa faute !

    « La raison et les arguments ne sauraient lutter contre certains mots et certaines formules. On les prononce avec recueillement devant les foules ; et aussitôt, les visages deviennent respectueux et les fronts s’inclinent. » Lebon

    .
    Avant , autrefois, on parlait de capitalisme, mais le mot est passé de mode, il est devenu ringard, alors on en a changé. Avant on disait à bobonne, comme on confie un secret  : « Georgette c’est le capitalisme »
    Et Georgette répondait d’un air inspiré :
    Le capitalisme ? ? Ah oui, le capitalisme ... ...
    .
    Maintenant on dit le libéralisme, ha oui d’accord le libéralisme, .... ...


  • Le péripate Le péripate 1er juillet 2011 09:47

    Ca c’est extraordinaire. Tout le monde sait que le libéralisme n’amène que des malheurs. Personne ne se dit libéral, et surtout pas les hommes et femmes politiques qui seraient bien incapable de se faire élire sur ce thème. En plus on ne manque pas de bonnes théories à opposer au libéralisme, le neo-marxisme, le neo-keynésianisme, le solidarisme, le nationalisme, l’écologisme, le conspirationisme et j’en oublie. Toutes aussi valables les unes que les autres. Non ?

    Je n’arrive pas à comprendre l’insolente supériorité du libéralisme tel qu’il est décrit ici. C’est incohérent.

    À moins que ce ne soit que le principe de réalité. C’est une hypothèse que vous devriez examiner.


  • suumcuique suumcuique 1er juillet 2011 10:57

    « Donner la priorité aux intérêts nationaux serait la mort du G20 » !

     Cette déclaration de Nicolas Sarkozy lors de la réunion du G20 à Paris le 18 février dernier, révèle les intérêts que défend l’occupant de l’Élysée.

     Cela ne peut surprendre que ceux qui jusqu’ici, n’avaient pas compris qui était ce parfait représentant des intérêts apatrides, qui n’a pas une goutte de sang français, celui qui avait déclaré naguère « ne pas se sentir chez lui en France. »

     De ce fait on peut se demander si la politique désastreuse qu’il mène avec son ministre des Finance, Mme Christine Lagarde, dont toute la carrière s’est faite aux États-Unis, pour des intérêts américains, ne vise pas à l’effondrement financier de la France pour la forcer à accepter la « gouvernance mondiale » qu’il veut imposer.

     Que l’on se souvienne du bilan dressé par l’économiste Nicolas Miguet dans son étude Sarkokrach :
     « Sarkozy fait emprunts sur emprunts chaque mois pour plus de quinze à vingt milliards d’euros ».

     Cette politique suicidaire vise à mettre la France sous dépendance de la haute finance cosmopolite dont le FMI est le bras armé.

     C’est ce qui ressortait de son discours du 16 janvier 2009 :

     « On ira ensemble vers ce Nouvel Ordre mondial »
     « Et personne, je dit bien personne ne pourra s’y opposer » !


     C’est là, le vieux rêve messianique des conjurés de la Révolution dite française, mais c’est oublier que le propre des constructions idéologiques abstraites, artificielles, est de s’effondrer, car elles sont contraires à la nature des choses.

     Par les conséquences catastrophiques qu’elles entraînent, elles portent en elles le germe de leur propre destruction.

     Nous devons y aider en démasquant ce complot contre les nations et les peuples.

    http://www.nationalisme-francais.com/Nationalisme_Francais_G20.htm


  • Christoff_M Christoff_M 1er juillet 2011 11:16

    Lagarde correspond parfaitement au poste !!

    C’est une femme qui est passée par les grandes écoles, quelques grandes boites, qui va appliquer béatement les procédures mondialistes bien béta et bien scolaires !!

    Elle ne risque pas de se retrouver face aux millions de pauvres qu’elle va engendrer, elle n’habite pas au même étage !! elle vit dans une tour d’ivoire de certitudes économiques, malheureusement, elle n’est pas seule, mais elle fait partie des gens déconnectés de la réalité, bien choisis par les mondialistes, plus ou moins responsable de la catastrophe de l’Europe et de l’euro actuels, qui ne sont que des malades insipides sous perfusion...

    Des gens haut placé avec des certitudes et des procédures, c’est tout le contraire de ce qu’il faut pour redresser l’ Europe, et éviter la main mise des financiers et grands groupe sur le monde actuel...

    La Turquie fait 11% de croissance étonnant non !!

    Madame Lagarde si on parlait de la « croissance » et du chômage massif de la France après votre passage !!??

    C’est marrant comme en haut lieu les gens évitent les bilans et les analyses sur leur travail, leurs défauts et leurs échecs !!


    • Christoff_M Christoff_M 1er juillet 2011 11:20

      quand à la promotion et aux primes aux syndicalistes, vu et constaté dans trois grandes entreprises françaises, et vu par un proche dans une grande entreprise de transport, augmentation de deux cent euros et maintien en fin de carrière d’un délégué syndical vieillissant pour qu’il soit bien sage dans les réunions...


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