La bataille des airs transatlantique commence...
Vous venez d’apprendre que British Airways lançait une filiale à part entière, baptisée OpenSkies, Cieux Ouverts, pour gérer la desserte des Etats-Unis au départ des principales capitales européennes. Vous aviez peut-être remarqué également, il y a quelque temps, l’annonce par Air France/KLM et un de ses partenaires américains dans Sky Team, Delta Airlines, de la mise en commun de l’exploitation des lignes transatlantiques entre Europe et Etats-Unis. Que se passe-t-il donc, allez-vous me dire ?
C’est simple, c’est la conséquence des accords dit de Ciel Ouvert qui après des années d’accords bilatéraux, pays par pays, ont été signés en 2007 entre les Etats-Unis et l’Union européenne après quatre années de négociation. Un accord qui permet que les compagnies de chaque pays européen soient désormais considérées comme étant de nationalité européenne. Avec pour conséquence principale qu’elles peuvent désormais desservir les Etats-Unis à partir de n’importe quel pays européen, comme pouvaient le faire leurs homologues américaines, United Airlines, American Airlines ou leurs confrères.
Air France pourra donc desservir New York à partir de Paris, mais aussi de Berlin, Londres ou Rome de même que British Airways pourra désormais faire la liaison Paris/ New York. Vous avez compris, il s’agit d’une nouvelle phase de concurrence exacerbée entre compagnies américaines et européennes. Ce qui explique que chacun se prépare à mettre en commun ses moyens pour s’emparer le plus possible de parts de marchés sur les liaisons Europe/Etats-Unis.
Un effet collatéral inattendu, c’est l’ouverture à la concurrence de l’aéroport le plus important, mais aussi le plus protégé d’Europe, Londres Heathrow. Car Heathrow bénéficiait d’un accord bilatéral de 146 réactualisé en 1977 entre les Etats-Unis et l’Angleterre qui ne prévoyait qu’un nombre limité d’opérateurs à Heathrow, United Airlines, American Airlines, Bristish Airways et Virgin Atlantic. Toutes les autres compagnies européennes vont donc pouvoir aller chasser sur les terres de British Airways comme British Airways le fera sur tous les autres aéroports européens.
Mais même si les cieux sont soudain ouvert à tous, les créneaux pour atterrir ou décoller, les fameux "slots" ne vont pas pour autant se multiplier et en particulier à Heathrow. Vous avez peut-être remarqué qu’Alitalia en difficulté financière vient de vendre ses slots londoniens pour pas loin de 100 millions d’euros à, pense-t-on, Northwest Airlines qui est dans la même alliance qu’Air France et KLM. Lufthansa vient de s’allier avec la compagnie américaine Jet Blue et lorgne sur British Midlands (BMI) et ses créneaux. British Airways via Openskies compte ouvrir des liaisons entre les Etats-Unis et cinq villes européennes, Paris, Bruxelles, Madrid, Milan et Francfort.
La grande bagarre sur l’Atlantique Nord est déclenchée. Rendez-vous dans trois ou quatre ans pour en découvrir les vainqueurs.