mardi 9 août 2011 - par Laurent Herblay

La crise boursière, symptôme d’un système fou

Hier, le CAC 40 a baissé pour la 11ème séance consécutive, du jamais vu. L’indice parisien a donc perdu plus de 18% en quinze jours, à la limite technique de la définition d’un krach. Un nouvel exemple de la folie d’un système où les gouvernements sont à la remorque de la corbeille.

La corbeille reine

Par-delà leur exubérance irrationnelle (qui accentue les hauts et les bas), les marchés expriment néanmoins une crainte légitime sur le modèle de croissance des pays dits développés. Ils constatent simplement qu’austérité et croissance ne vont pas de pair et s’inquiètent donc à la fois du climat économique à venir et du remboursement des dettes souveraines. A ceci s’ajoute le fait que les dirigeants ne semblent pas savoir que faire, réagissant uniquement aux problèmes du moment a minima.

Bref, l’économie mondiale vogue, comme un radeau sans voile, sur les flots agités de l’économie néolibérale, à deux doigts de se disloquer en plein mois d’août. Tel Ulysse, les dirigeants de la planète écoutent les sirènes du marché. Il y a deux ans, elles leur demandaient de sauver les banques et relancer l’économie. Aujourd’hui, elles demandent la reprise les dettes souveraines dont les banques ne veulent plus et des politiques d’austérité sauvage pour rembourser les dettes….

La folie de l’austérité

Mais cette austérité est proprement suicidaire. Le poids d’une dette s’apprécie en fonction de la richesse nationale. Si la richesse nationale baisse, le poids de la dette augmente. Or l’austérité casse la croissance, comme on le voit bien en Grèce, donc l’austérité n’améliore que très marginalement la situation financière des Etats puisque la réduction des dépenses est en bonne partie compensée par la baisse des recettes fiscales induites et l’augmentation du poids relatif de la dette…

Pourtant, ils n’ont que cela à la bouche. Elie Cohen hier soir parlait de l’instauration d’une camisole budgétaire dans tous les pays européens. Plus royaliste que le roi, Jean-Louis Borloo n’a pas hésité à réclamer une réduction du déficit à 3% dès 2012 au lieu de 2013. L’austérité britannique passerait pour une aimable plaisanterie à côté de ce que cela imposerait chez nous…

L’hystérie actuelle sur la dépense publique et les déficits est assez incroyable car ce sont les mêmes experts qui demandaient hier de coûteux plans de relance aux gouvernements pour sauver l’économie de la crise provoquée par les excès de la dérèglementation néolibérale. Et aujourd’hui, on voudrait accélérer ce même recul de l’Etat qui a provoqué la crise de 2008 à travers cette austérité !

Ce qu’il faudrait faire

Naturellement, les gouvernants cherchent à faire croire qu’il n’y a pas d’autres solutions possibles, que l’austérité serait la seule voie raisonnable. Par la même, ils demandent aux plus pauvres de se serrer une ceinture sans cesse rétrécie au bouillon de la mondialisation pour payer pour les créanciers des Etats, les principaux bénéficiaires de la croissance des dernières années. Car naturellement, il ne serait pas possible de faire autrement, du fait de cette globalisation.

C’est bien pourquoi un retour aux frontières, pour les mouvements de biens, de capitaux et de personnes, est le moyen de retrouver leur capacité d’action et ainsi de reconstruire un système économique plus juste. Ainsi, nous pourrons mettre aux arrêts le dragon de la finance (taxe Tobin, réforme bancaire séparant a minima banques d’affaires et de dépôt, renationalisation de la création monétaire, et interdiction des pratiques spéculatives dangereuses et des parasites fiscaux).

Les Etats européens doivent relancer leur croissance et mettre prioritairement fin au chômage de masse, qui créé drames humains et gâchis monstrueux. Par la mise en place d’un véritable protectionnisme conjugué à une politique industrielle ambitieuse et une fiscalité plus favorable à l’emploi, nous pouvons vaincre le cancer de nos sociétés dites modernes. Enfin, le retour à des monnaies nationales permettra à chacun d’avoir une politique monétaire adaptée à sa réalité nationale.

Malheureusement, toutes ces solutions sont contraires à la doxa des marchés et des dirigeants en place. Mais l’absurdité de ce que nous vivons depuis trois ans pourrait bien permettre une prise de conscience de l’opinion qui permettra l’émergence de nouveaux Roosevelt ou un nouveau 1958.

Lire ici la contribution de Julien Landfried, porte-parole de Jean-Pierre Chevènement



23 réactions


  • chapoutier 9 août 2011 11:52

    ce qu’il faudrait faire demandez vous ?
    mais comme vous le dites vous même, on a déjà tout essayé et ce, en pure perte, pas en pure en fait parce que à chaque crise les même s’engraissent et les peuples s’appauvrissent toujours d’avantage.
    il faudrait peut-être etre un peu utopique, puisque le réalisme nous entraine à la catastrophe.
    pourquoi pas élire une assemblée constituante et un programme de salut public.
    c’est eux ou c’est nous.
    jusqu’à présent, les commentateurs aux ordres ont galvaudé sur l’impuissance des modèles marxistes mais maintenant c’est la vérité des prix.
    est-ce la crise finale, nous n’en savons rien, mais ce qui est sure c’est que le prix à payer sera au delà du supportable pour les peuples.
    c’est nous ou c’est eux.
    il n’y a pas à hésiter.
    pour commencer : nationalisation des banques sans rachat ni indemnités, sous le contrôle des salariés des banques, fermeture financière des frontières pour empêcher les évasions fiscales. annuler les dettes etc etc.


  • Gargantua 9 août 2011 11:58

    Le symptôme des fainéants qui nous gouvernent.


  • PhilVite PhilVite 9 août 2011 12:01

    Quand un système fou s’emballe, l’issue est connue de tous : ça fait des étincelles, ça fait du bruit et ça fait mal.
    Il me semble qu’on commence à apercevoir des étincelles...


  • jako jako 9 août 2011 12:03

    CAC40 -30% en même pas un mois, tout baigne sauf que cette fois-ci il n’y aura plus d’argent pour renflouer.
    Heureusement qu’il n’y a pas internet à cap nègre


  • James James 9 août 2011 12:09

    Excellente nouvelle, nous assistons actuellement aux prémices de l’implosion du système financier international érigé en modèle par des mafieux en col blanc. Il entrainera dans sa chute le dernier empire et tous ses larbins soumis et fascinés par la mecque du libéralisme.


  • Harfang Harfang 9 août 2011 12:10

    Les Bourses ont paniqué... décidément, on ne s’en sortira pas de ces histoires après l’affaire DSK.
    Et dire qu’on a le CAC acculé...


  • Yvance77 9 août 2011 12:23

    Salut,

    Baroin disait hier qu’il n’y a pas lieu de se faire du mouron.

    En bon mange-couilles il nous sussurait de sa voix la plus suave, que Pipole 1er est aux commandes du G VAIN et du G8 et de l’Europe (enfin de tout quoi y compris Orion et Andomède), et que par conséquent rien ne pouvait nous arriver.

    En espérant, que ses séances de bronzage se passent bien au Cap Nègre, car il serait grotesque de le déranger pendant que le monde commence à s’écrouler !


  • LE CHAT LE CHAT 9 août 2011 12:28

    le Titanic de la finance est en train de sombrer , puissent couler avec les connards qui étaient à la barre ! tant qu’ils polluent pas l’eau des petits poissons que nous sommes ...............


  • Le Yeti Le Yeti 9 août 2011 12:30

    Je suis gêné d’entendre parler de système. Cela suppose que l’ensemble des parties prenantes du monde (ou ne serait-ce que de la finance : FMI, banques centrales ou fédérales, financiers, hommes politiques, etc ...) forment une entité à part entière or il s’agit d’un microcosme.
    Partant de là, il n’y a pas de « raisonnement » ou de « logique » commune et unique comme dans le cerveau d’un individu mais juste une conséquence d’actes croisés de chacun de ces acteurs.

    De même il n’y a pas de folie ou pas mais juste des conséquences que chacun jugera plus ou moins « heureuses » selon sa position.

    Mon approche très pragmatique, clinique, de la situation est beaucoup plus simple : le moment d’honorer des chèques en bois étant venus, les financiers préfèrent avoir recours à un pillage pur et simple des masses plutôt que d’assumer leurs dérives. Là, pour le coup, on peut parler de folie ; quoi que ...
    La politique du « Après tout, si on me laisse faire, pourquoi est-ce que je me priverai ? » n’est absolument pas folle. Discutable, contestable, d’une sagesse et d’une morale douteuse, certes, mais pas folle. Idem pour son extension « Tant que je gagne je joue ».

    ...

    Avez-vous jamais regardé la CGS de près ?
    Il s’agit ni plus ni moins d’un impôt sur ... L’impôt !
    Brillant ! Sans être économiste je trouve cela géniale. Immonde mais génial.

    Il en est de même sur ce que les financiers nomment des « produits » : des services financiers non plus indexés sur une marchandise réelle (tel une hypothèque) mais sur un autre service ou une notion purement virtuelle (Ex : les « produits » de garanties). A noter que ces produits, en plus d’être des motifs de ponctions financières sont en plus commercialisables !
    A défaut de réinventer la roue, les grands finaniers ont ainsi réinventé le chèque en bois : [ Avec la voix de Philibert ] « Alors y’a rien mais en fait on dirait que ça vaut quelque chose ... ». L’idée de ces « services » est en fait très bonne mais à double tranchant. C’est un peu comme le sel en cuisine : un peu cela réhausse un plat mais trop, ça le gâche complètement.

    Ayant profondément enfoncées les lignes de ce que cette mutualisation des avoirs et des risques (les « Services ») permettaient
    pour carrément s’adonner à une spéculation débridé telle une foule en délire le premier jour des soldes,
    la finance se trouva fort dépourvue lorsque la bise fut venue
    et coururent racketter la population sa voisine.

    A moins que ce ne soit qu’une fable ...


  • Talion Talion 9 août 2011 12:42

    Apparemment ça se re-casse la gueule partout... Hong-Kong a terminé à -5,66% par exemple et les bourses européennes boivent actuellement la tasse.

    Le CAC40 a frôlé les 3000 points ce matin (à neuf points près) et se maintien actuellement péniblement à -1% suite à une légère remontée.

    Le problème c’est qu’on est à peine à la mi-journée et que si le contexte est aussi pourri que je le pense, on peut très bien voir un vent de panique s’amplifier dès cet après-midi sur l’ensemble des places du vieux continent... Paris y compris.

    Accrochez vos ceintures !... Cette après-midi séance de montagnes russes ! Youhou !!!

    Reste à savoir si elles vont se terminer par un grand plongeon final...

    Si j’étais à votre place j’irai retirer du cash cet après-midi puis j’irai faire des provisions pour quelques semaines parce qu’à mon avis il va y avoir dans les prochains jours du sang et de la viande hachée projetés sur les murs.


    • Talion Talion 9 août 2011 13:22

      Le CAC est remonté à +1%...

      On a peut-être évité le pire pour aujourd’hui...


    • Talion Talion 9 août 2011 14:05

      Bon... Peut-être pas finalement...

      La bourse fait le yoyo autour du niveau atteint hier à la clôture...


    • Perpia 9 août 2011 16:31

      AMHA c’est la main invisible du marché sous l’apparence de la BCE, qui est pour quelque chose.

      D’ailleurs comme hier, sinon le CAC aurait dévissé plus violemment.

      Je dis ça, j’ai rien dit..


    • Talion Talion 10 août 2011 16:59

      Il semblerait que tu avais raison... Ca se re-casse la gueule à mort aujourd’hui...

      Il y a bien eu un rebond fébrile tout à l’heure alors que la barre des 3000 était à seulement 1 point et des poussières (ça mon ami c’est du rattrapage in-extremis !), mais là soudainement ça replonge après une poussive remontée.

      A votre avis on est sous les 3000 à la fin de la journée ? ^^

      P.S : Oh putain !... J’avais pas vu, mais les banques sont carrément dans le trou ! O_°


  • BA 9 août 2011 14:37
    Dépêche Reuters :

    Les rendements des emprunts italiens et espagnols sont en repli mardi en matinée, les investisseurs s’attendant à de nouveaux rachats de la part de la Banque centrale européenne (BCE), tandis que la France et la Belgique pourraient à leur tour être sous pression.

    « Nous n’avons pas encore vu de rachats de la BCE, mais on s’attend à ce qu’elle s’implique à nouveau, et dans des volumes importants », explique un trader.

    La BCE a élargi lundi son programme de rachat à l’Italie et l’Espagne, troisième et quatrième économies de la zone euro, intervenant de façon importante sur les marchés obligataires.

    Mardi, le rendement du papier italien à 10 ans reculait de 19,7 points de base (pdb) en matinée, à 5,134%, tandis que son homologue espagnol se détendait de 16,3 pdb à 5,05%.

    Le marché obligataire pourrait tester la détermination de la zone euro à affronter la crise de la dette en mettant sous pression d’autres pays en délicatesse avec leurs finances.

    « En fin de compte, l’Italie et l’Espagne sont sorties du jeu, donc nous allons regarder ensuite du côté de la Belgique et de la France - des pays qui sont sans protection », prévient un autre trader.

    Le rendement des obligations françaises à 10 ans grimpait de 7,5 pdb sur la séance à 3,22 %, soit la plus mauvaise performance parmi les pays de la zone euro.

    (Dépêche Reuters)

    Alerte !

    La France et la Belgique sont attaquées !

    Alerte !


  • lesdiguières lesdiguières 9 août 2011 15:13

    Et pour ne pas perdre complètement le moral :

    Haro sur les bourses ;

    http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre36868.html

    Merci


  • kiouty 9 août 2011 15:30

    car ce sont les mêmes experts qui demandaient hier de coûteux plans de relance aux gouvernements pour sauver l’économie de la crise provoquée par les excès de la dérèglementation néolibérale. Et aujourd’hui, on voudrait accélérer ce même recul de l’Etat qui a provoqué la crise de 2008 à travers cette austérité !

    Précisément, ça fait plaisir de lire ça, parce qu’on a l’impression d’habitude, que les deux choses sont indépendantes, quand on écoute les journalistes-crétins des médias normaux.

    Mais l’absurdité de ce que nous vivons depuis trois ans pourrait bien permettre une prise de conscience de l’opinion qui permettra l’émergence de nouveaux Roosevelt ou un nouveau 1958.

    Houlala, faut pas trop en demander. Le lavage de cerveau est tellement bien en marche (« on est endettés c’est super grave règle d’or règle d’or ») que je doute que la masse saisisse un dixième de l’absurdité de la situation, même si tout le monde sent confusément qu’il y a anguille sous roche et que les politiciens sont des gros nuls. Le problème, c’est que tout le monde se sent isolé, en insécurité, et ne sait pas quoi faire pour agir parce que de toute façon, on peut pas faire grand chose à son petit niveau, avec les gamins à s’occuper, le chef à la con au boulot et les factures à payer.


  • Winston Smith 9 août 2011 18:54

    « Mais cette austérité est proprement suicidaire. Le poids d’une dette s’apprécie en fonction de la richesse nationale. Si la richesse nationale baisse, le poids de la dette augmente.  »



    Vous êtes un génie : vous venez de comprendre enfin que la croissance, donc la hausse du PIB, des ces 20 dernières années est FAUSSE, qu’elle ne vient que de la dette, et que donc, nécessairement, la véritable production beaucoup plus faible du pays va finir par apparaître, comme un bloc de pierre coincé dans un Iceberg.

    Evidement, ce n’est pas joisse, mais que voulez vous : les ouvriers chinois, les pêcheur norvégiens, les plombier américains, les serveur japonais, les artisans Mexicain, bref, tout le reste de la planète ou presque NE VEUT PLUS RIEN NOUS PRETER.

    On ne peut pas le leur reprocher : les français n’est pas une super race, ou des gens si intéressant qu’ils faillent qu’on se sacrifie pour nous, hein ?
    Faut redescendre sur terre. Le seul avantage qu’avaient les français, c’etait le capitalisme. Ils l’ont combattu pendant des décennie, et ils ont gagné !
    Curieux transfert de puissance.. Bientôt la Chine fera la loi en France.


    « le scandale n’est pas que suis pauvre, c’est de savoir , il y a des malfaisants qui s’enrichisse de cette crise. »

    Un pauvre qui post sur internet, on y croit !

    Un pauvre, c’est celui qui ne peut pas se nourri, qui ne peut pas se laver. Les reste, c’est pas des pauvres, mais des gens qui sont arrivé la ou ils devaient arriver, et reste 10 fois plus riche qu’un ouvrier chinois ou que leur parent de 1900...
    Faut revenir sur terre, les petits gars !



  • stephanemot stephanemot 10 août 2011 03:41

    vos recommandations d’un autre siecle nous renvoient a une periode revolue et ne remettent pas en cause le deni ambiant.

    la solution c’est une regulation et une exposition des imposteurs, qu’ils soient ultraliberaux ou cryptoprotectionnistes. 


  • Nanard39 Nanard39 10 août 2011 08:11

    Vous avez oublié les piles de votre sonotone ? ... je vous répète que le petit nicolas et ses sinistres ont dit que l’on était sorti de la crise et que tous les voyants étaient au .... verre ! .... je vous rappelle que l’on est français .... et que rien ne peut nous arriver (cocorico !) .... pour ceux qui n’y croient pas .... essayez la méthode Coué .... très utilisée par les politicards .... et l’autosatisfaction ..... les gogos y croient ....


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