lundi 13 juin 2011 - par P.W.

La réforme de l’ISF ou le nouveau cadeau de la majorité aux plus riches

« Un pas en avant, trois pas en arriè-re. C'est la politi-que du gouvernement ». À l'heure du débat parlementaire sur le collectif budgétaire supprimant le bouclier fiscal et allégeant l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF), il semble malheureusement indéniable que ce slogan, scandé notamment lors des manifestations de 2006 contre le CPE (Contrat première embauche), demeure d'actualité.

A première vue, il convient de se réjouir de la décision du gouvernement de supprimer son bouclier fiscal, mesure qui constituait pourtant un axe phare de la campagne électorale du Président des riches N. Sarkozy. Certes, le « paquet fiscal » institué par la loi TEPA dont ledit bouclier est issu a fait perdre sur la période du quinquennat près de 50 milliards d'euros à l'Etat (constat d'autant plus alarmant en période de crise) mais comme on dit « mieux vaut tard que jamais ».

Tout d'abord il semblait que ce "pas en avant" trouvait notamment son fondement dans la volonté du Président de la République et de la majorité d'effacer la connivence devenue trop évidente entre l'UMP et les plus fortunés. Or, force est de constater que cette suppression, chargée de symbole à quelques mois du début de la campagne présidentielle, ne représente qu'une manœuvre politicienne. En effet, il s'agit bien là d'un leurre.

D'une part le gouvernement décide de supprimer un des multiples cadeaux qu'il a concédés aux plus aisés (cadeau qui s'est d'ailleurs révélé être un échec pour lutter contre l'évasion fiscale) et d'autre part, il réforme l'ISF en avantageant encore et toujours les plus fortunés.

Cette réforme de l'ISF représente une des mesures principales de la loi de finances rectificative pour 2011 actuellement débattue à l'Assemblée nationale. Si la majorité argue du fait que cette dernière répond aux principes de justice et d'équité, force est tout de même de constater qu'encore une fois ce sont les plus riches qui se retrouvent favorisés. En effet, l'UMP prévoit de rehausser le seuil d'entrée dans l'ISF de 790 000 à 1,3 millions d'euros (en valeur du patrimoine). Ce relèvement de la première tranche exonérera ainsi 300 000 contribuables. Cela est d'autant plus affligeant lorsqu'on sait que les ménages imposés par l'ISF ne représentaient que 2% des ménages français avant la réforme.

Suite à cet allègement de l'ISF, les 200 000 redevables détenant 1,7 millions d'euros de patrimoine verront ainsi leur ISF diminuer de 79%. Par ailleurs, les très grandes fortunes, qui possèdent environ 37 millions d'euros de patrimoine, verront leur ISF abaissé de plus de 50% par rapport à 2009.

Cette réforme au coût total de 2 milliards d'euros est en totale cohérence avec la politique ultra libérale du gouvernement Fillon mais apparaît cependant en totale contradiction avec sa priorité affichée de réduire urgemment la dette publique. Il semble ainsi que le gouvernement n'éprouve aucun scrupule à brandir l'excuse de la dette publique lorsqu'il s'agit de réduire les dépenses liées au service public mais semble omettre cet impératif dès lors que les intérêts de ses mandants fortunés sont en cause. 



15 réactions


  • Fergus Fergus 13 juin 2011 10:28

    Bonjour, P.W.

    Cette réforme est évidemment un trompe-l’œil destiné à leurrer les naïfs. Certes Sarkozy supprime, sous la pression quasiment générale, le scandaleux bouclier fiscal, mais il modifie dans le même temps l’assiette de l’ISF et le rend encore plus avantageux pour les classes fortunées. Avec, à la clé, un nouveau cadeau fiscal en terme de balance entre ces deux mesures. Du côté d’Auteuil, Neuilly, Passy, on se frotte les mains et on applaudit bien fort ce président des riches qui, jusqu’au bout de son mandat, continue de faire fructifier les patrimoines de la grande bourgeoisie. Grâce à Sarkozy, un Français va désormais pouvoir posséder une résidence de 2 millions d’euros (vous avez bien lu !) sans payer le moindre centime d’ISF. Elle n’est pas belle, la vie ? Voir à ce sujet mon article du 20 avril : « Nouvel ISF : le cadeau de Sarkozy aux gros patrimoines  ».

    Cordialement.


  • Alpo47 Alpo47 13 juin 2011 11:03

    Ce qu’il faut constamment garder à l’esprit, c’est que NOS DEFICITS SONT CAUSES PAR TOUS CES CADEAUX AUX RENTIERS ; Un total de 170 milliards par an. Or, on demande aux plus démunis et aux classes moyennes qui font vivre ce pays, de payer à leur place.
    Cherchez l’erreur !

    Sarkozy a encore accentué le système d’imposition Français qui permet aux plus haut revenus et rentiers de payer proportionnellement, de moins en moins d’impots.

    Juste une application de : Privatiser les profits et mutualiser les pertes.


    • Kalki Kalki 13 juin 2011 13:12

      bla bla bla bla bla

      EN faites allez vous comprendre l’absurdité totale de tout


    • piotr 14 juin 2011 23:33

      Ce qu’il faut constamment garder à l’esprit, est que nous, les rentiers, avons travaillé souvent 46,5 années, avons cotisé autant, avons travaillé au début 48 heures par semaine, mais aussi que nous, les rentiers, avons nourri des fainéants, incapables de se prendre en charge, et, qui n’ont comme seul crédo, « profitons des aides » tant que cela durera, car cela ne durera pas.
      Nous, les rentiers, à notre époque sortions de l’école à 14 ans pour aller travailler quasiment le lendemain, et, comme il fallait travailler à tout prix, n’importe quel travail était bon à prendre.
      Voilà la différence entre « LES RICHES RENTIERS » et les éternels exploités du système.
      pauvre France !!!


  • Bulgroz 13 juin 2011 11:52

    L’idée de départ est qu’il faut évidemment augmenter les impôts des riches.

    i) Dans son rapport de Mars 2011, la cour des comptes a effectué un comparatif France Allemagne et précise

    • que la France prélève 3,50 points de PIB en plus par rapport à l’Allemagne en prélèvements sociaux et fiscaux (France :42,8%, Allemagne 39,3%)
    • qu’ en matière de prélèvements sur le patrimoine, ramenés au PIB, la France prélève 2,7 points de plus en PIB que l’Allemagne (France 3,41%, l’Allemagne 0,85%)

    ii) en Juin 2011, l’Institut Thomas More a publié une analyse comparative approfondie de la dépense publique en France et en Allemagne : Rapporté à son PIB, la France « consomme » 163 milliards d’euros de plus de dépenses publiques par an que l’Allemagne.

    Peut on raisonnablement affirmer que l’État allemand rend à ses concitoyens un service significativement moins bon que l’État français et qui justifierait que la France prélève 3,50 points de plus de PIB et dépense 163 milliards de plus ?


  • Jimmy 13 juin 2011 12:24

    ce que je vois surtout, c’est qu’on supprime le bouclier fiscal en 2004, longtemps après les élections, c’est à dire aux calendes grecques

    tandis que l’allègement de l’ISF c’est pour tout de suite

    n’importe, cela fait longtemps que ce gouvernement n’a plus rien à prouver en matière de duplicité


  • pastori 13 juin 2011 13:28

    il y a peu d’indignés dans ce pays. ils n’ont pas le temps ! 


  • P.W. 13 juin 2011 14:38

    Super la publicité au bas de l’article. 


  • Wàng 13 juin 2011 16:44

    La progressivité fiscale détruit l’activité économique dans notre pays. Tirez en les conséquences.


  • le journal de personne le journal de personne 13 juin 2011 17:32

    Le prix de la dignité
    … le RSA ? Ne m’en parlez surtout pas…
    c’est un peu comme la cigarette du pendu qu’on offrait jadis gracieusement à celui qui montait sur l’échafaud et à qui on demande aujourd’hui de faire des courbettes pour la mériter…
    sous prétexte que toute peine mérite salaire !

    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/06/le-prix-de-la-dignite/


  • Antoine 13 juin 2011 22:35

    Et c’est reparti pour les protestations des incultes en économie, des envieux, des ratés en tous genres, etc....


  • loco 13 juin 2011 22:35


     Bonsoir,

     Normal, dans un pays qui adule les riches, du rocker épuisé au footballeur ahuri, de la vieille épave « qui le vaut bien », au mercanti à la Rolex, bref, il suffit d’une Rolls qui passe pour que les badauds émerveillés courent dans son sillage.

     Une nation de larbins, dont la vénalité excite l’esprit ancillaire, et qui continue d’ignorer cinq siècles après ce bon La Boétie, quatre, l’excellent La Fontaine ou récemment la « Stratégie pour deux jambons » de Caymond Cousse (2 € en librairie).


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