lundi 4 août 2008 - par GrIc

Le capitalisme créatif, une manière d’aider les pays plus pauvres ?

Le forum économique mondial - ou sommet de Davos (Suisse) - réunit chaque année depuis 1970 les hommes d’affaires les plus en vue pour discuter des directions à prendre quant à l’avenir de notre planète. Bill Gates y a présenté cette année un discours sur les bienfaits du "capitalisme créatif" (creative capitalism). Qu’est-ce que c’est ? Quelle tournure veut-on faire prendre au système économique actuel ? Et pourquoi ?

Une situation difficile...

Depuis la chute du socialisme en 89-91, le capitalisme a pris le dessus dans le monde entier. On peut certes citer des Etats tels que Cuba ou la Chine, le communisme n’est plus et le système économique mondial est dorénavant capitaliste.

Ce système permet aujourd’hui à des milliards de personnes de "vivre mieux", au sens du développement et des progrès de l’humanité dans les sciences et technologies comme dans la vie quotidienne. Mais on a tendance à oublier les milliards d’hommes et de femmes qui, eux, en subissent aujourd’hui les conséquences : pauvreté, famine...

Des organismes tels que les gouvernements et les groupes à buts non lucratifs (Médecins du monde, Action contre la faim...) viennent en aide à ces personnes, à ces Etats. Mais est-ce assez ? Ces aides sont évidemment indispensables, nécessaires, mais on s’accordera tous à dire insuffisantes. Car c’est bien là le problème : une part énorme de l’humanité s’appauvrit et souffre de maladies incurables pendant qu’une autre s’enrichit et bénéficie de soins et d’une sécurité sociale. Mais est-ce aux gouvernements et aux ONG de donner plus ? Le capitalisme créatif tente d’apporter une aide différente : plus efficace et provenant d’autres sources.

Vous avez dit capitalisme ? Créatif ? Expliquez-moi ça, siouplaît !

Notre bon vieux Bill Gates n’en a pas fini avec son système économique préféré. Après avoir cédé la tête de l’entreprise leader microsoft, il a décidé de prôner le capitalisme créatif. Décryptage d’un article de Bill Gates paru dans Time.
En paraphrasant ce cher Bill,
"le capitalisme créatif n’est pas une nouvelle sorte de théorie économique. Et ce n’est pas non plus un bouleversement du capitalisme lui-même. C’est simplement un moyen de répondre à la question : ’Comment pouvons-nous distribuer efficacement les bénéfices du capitalisme et la gigantesque amélioration de qualité de vie à des personnes mises de côté par ce système ?’ "
Alors, en quoi ça consiste ?

Tout simplement en une redistribution d’une partie des recettes d’une entreprise. Evidemment, il faut un retour à cet engagement. Et ce retour est en réalité au coeur de l’idée même du capitalisme créatif ; qui peut se former par deux moyens non mutuellement exclusifs - d’où l’intérêt - :
  • une aide des gouvernements et des ONG en relation avec cette "clientèle" à tisser des relations et créer des opportunités commerciales ;
  • par le fait même de cibler ce nouveau marché.
Ainsi, le capitalisme créatif, c’est tout simplement cibler un nouveau marché. Quand on le regarde comme ça, on se dit bof. Mais en réalité pourquoi pas ? Quel meilleur terrain pour construire qu’un terrain vierge ?

La réticence qu’ont les entreprises à s’ouvrir sur cette nouvelle clientèle se lie principalement au fait que, justement, pas ou peu d’autres entreprises ont déjà tenté l’expérience. Mais, à propos d’expérience, citons un exemple !

Safaricom, opérateur de téléphonie mobile, s’est implanté au Kenya en 2000 visant au maximum 400 000 utilisateurs. Aujourd’hui, il y en a plus de 10 millions (source : Time). Et je ne parle pas du marché des médicaments, si peu coûteux en fabrique !
Tout marché peut être porteur, il suffit de tenter le coup... Alors pourquoi tant de réticences ?

Les pays émergents, un marché difficile ?

Tout d’abord, citons le problème des régimes politiques. Assurément, cibler un marché soumis à des interférences politiques peut s’avérer difficile. Mais les changements de politiques commencent à se mettre en place, lentement, mais ils s’effectuent. Cibler un marché soumis à des Etats que l’on pourrait qualifier d’oligarchies ne peut que pousser son gouvernement à s’ouvrir et à s’adapter, à faciliter les échanges commerciaux... et politiques ! La Chine n’en est que le meilleur exemple.

Les clés de ces changements sont entre les mains des entreprises capitalistes et, comme toujours, il appartient à l’un des acteurs de faire le premier pas.

Des enjeux nécessaires

Parce qu’aujourd’hui ces pays en développement ne peuvent plus attendre, il appartient aux grands acteurs de ce monde de les aider par tous les moyens possibles. Certes, les ONG et les gouvernements font un travail énorme et indispensable, mais pour s’en sortir, un pays doit évoluer de l’intérieur.

Cette évolution, qui doit être économique, mais aussi politique pour la plupart, peut être grandement favorisée par une ouverture des marchés dans les deux sens (Etat client et entreprises fournisseuses). Mais si aucun des acteurs ne fait un pas vers l’autre, cette ouverture ne peut pas s’effectuer.

Le capitalisme créatif, c’est un moyen d’orienter les plus grands acteurs des échanges commerciaux vers des marchés qui ont besoin de s’ouvrir et qui le feront de plus en plus rapidement selon qu’on leur permettra de s’intégrer.

Et puis, quoi de plus glorifiant pour une entreprise que de pouvoir se revendiquer comme éthique ? Non seulement la publicité auprès des consommateurs la favorise - voir, par exemple, la campagne de communication (Red) -, mais à l’heure où les regards de tous les Occidentaux se tournent vers les pays émergents, il est aussi bon pour un salarié de savoir que son entreprise aide et favorise le développement économique des Etats en difficultés.

Il ne tient qu’aux entreprises d’oser choisir ces nouveaux marchés, et ainsi contribuer un peu à l’aide et aux différentes redevances historiques que nos nations d’aujourd’hui ont envers ces Etats en besoin d’aide au développement.


6 réactions


  • Valou 4 août 2008 14:52

    Comment est-ce que tu vends des médicaments dans un pays où les gens n’ont même pas de quoi se payer à bouffer ?

    Au contraire le meilleur moyen que ces pays auraient de s’en sortir est de passer en autarcie complète, reprendre la production des choses indispensables et de les utiliser chez eux plutôt que de les échanger contre des rolex pour leurs présidents et des armes pour ses soldats.

    Mais on se doute bien que les pays capitalistes ne vont pas les laisser faire...


    • La mouche du coche La mouche du coche 5 août 2008 10:20

      Philippe "... des entreprises pour qu’elles vendent leurs produits dans des pays pauvres en faisant autant de profit que dans les pays riches. De plus, ces pauvres pays devront ouvrir leurs marchés totalement, ce qui ruinera comme à l’habitude les entreprises locales ;"

      C’est ce que l’on vient de voir notamment avec la Chine qui a ouvert son marché et est maintenant exsangue. Quelle horreur ! smiley

      Ah la la, nos indécrotables marxistes n’ont jamais réussit à en dépasser son horizon. Heureusement, leurs enfants ne les suivent pas. Il fait beau. smiley


  • ZEN ZEN 4 août 2008 17:16

    Article touchant et gentillet ...
    Je n ’avais pas encore vu le capitalisme sous cet aspect idyllique
    On ne saurait trop conseiller à l’auteur d’ouvrir quelques livres d’économie et de se pencher sur les récentes déclarations alarmistes de certains responsables financiers internationaux...


  • manuelarm 4 août 2008 22:46

    Ce que je trouve horrible, c’est de voir Bono, le donneur de leçon des grands, hors pour ne pas payer trop impôt c’est capitaux sont dans les paradis fiscaux.


  • Adrian Adrian 4 août 2008 22:58

    Supprimer les droits de douane sur les produits agricole d’origine africainne permettra aux agriculteurs de cette région de vendre leurs produits sur le marché européen et donc d’en tirer des bénéfices. C’est beaucoup mieux que leur donner directement des sous.


  • VESTY00 VESTY00 11 août 2008 15:06

    Pourquoi pas !Mais il ne faut plkus appeler cela le « capitalisme creatif »mais « capitalisme insouciant »


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