mardi 10 mai 2011 - par Michel Santi

Le fiasco de la Réserve Fédérale US

C’est incontestable, l’économie des pays dits “développés” ralentit et le coupable est l’inflation ! En réalité, la quasi-totalité de la responsabilité en incombe aux 600 milliards de dollars en passe d’être injectés par la Réserve Fédérale dans le cadre des « QE2 », soit le second round des baisses de taux quantitatives initié en Novembre dernier et qui devrait se conclure dans un peu plus d’un mois.

Responsable et coupable, la Fed l’est manifestement pour avoir travaillé à réduire nos pouvoirs d’achat et les indices de confiance des consommateurs par la promotion active de l’inflation, effet collatéral évident des QE2. Pour autant, la Fed n’a pas fait que des malheureux : N’a-t-elle en effet pas contribué incidemment à l’appréciation de quelque 30% de ses bourses – et des indices mondiaux – depuis Août dernier ? Du reste, cette ascension boursière n’a-t-elle pas été précisément provoquée pour procurer un sentiment de richesse censé stimuler la consommation ? Et tant pis si seule une minorité profite de cette flambée des bourses tant il est vrai que seuls 12% des ménages américains possèdent un portefeuille titres de 100’000 dollars ou plus… Autrement dit, les appréciations boursières et autres progressions euphoriques des matières premières et des métaux précieux n’ont bénéficié qu’à une très faible proportion de la population de nos pays développés.

Les stimuli de la Fed, aux effets plus que limités sur la consommation, n’ont fait qu’enrichir les plus riches tout en laissant sur le carreau une immense majorité sinistrée parce que incapable de dépenser plus dans ce contexte inflationniste.

Les statistiques du P.I.B. américain du premier trimestre de cette année, publiées la semaine dernière en baisse nette à 1.8% par rapport à 3.1% pour le dernier trimestre 2010, le prouvent du reste. Les faits sont incontestables : la consommation diminue dangereusement au moment fatidique où la Réserve Fédérale s’apprête à interrompre ses stimuli. Pire encore : elle ralentit à 2.7% en ce premier trimestre 2011 (contre 4% au dernier trimestre 2010) au moment où ces mêmes stimuli sont à leur climax, c’est-à-dire au moment où ils sont censés produire leurs effets les plus tangibles ! Bref, ce second programme des « quantitative easings » aura été un fiasco en bonne et due forme, en tout cas vu sous l’angle du citoyen moyen qui n’aura même pas bénéficié de taux d’intérêts plus avantageux sur ses crédits. Car c’est le Président de la Fed en personne Ben Bernanke qui, en lançant les QE2 en Août dernier, devait insister sur leur effet premier (favorable envers les ménages et les PME) car supposé comprimer de manière décisive leurs coûts de financement.

Pourtant, que constate-t-on aujourd’hui après 400 milliards de dollars injectés dans le système ? Que ces sommes n’ont fait qu’attiser les craintes inflationnistes avec, comme conséquence mécanique, une lente mais certaine remontée des taux sur cartes de crédits et prêts hypothécaires aux effets néfastes sur le pouvoir d’achat et sur un marché immobilier qui n’en avait vraiment pas besoin. Ainsi, en lieu et place de motiver les établissements financiers à consentir davantage de crédits, les banques américaines sont actuellement assises sur une masse de liquidités de l’ordre de 1’400 milliards de dollars qu’elles ne prodiguent que parcimonieusement et que bien-sûr en faveur des plus aisés (donc des débiteurs les plus solvables).

De plus, ces taux plus élevés ne reflètent en rien une anticipation de meilleure croissance car les pressions inflationnistes neutralisent quasiment tout optimisme en la matière… Le marché obligataire se comporte effectivement comme s’il prévoyait une croissance molle accompagnée d’une recrudescence de l’inflation. Le choc à venir risque donc d’être extrêmement brutal car la fin des QE2 sera vraisemblablement couronnée d’un remake du cauchemar hyper inflationniste ayant marqué les années 80 et caractérisé par une inflation à 15% et des taux à 22% ! Le malaise – voire la nausée – économique n’est pas prêt de passer…



18 réactions


  • Aldous Aldous 10 mai 2011 11:12

    Article très intéressant et d’une brulante actualité (bien plus que la vidéo d’OBL).

    Le choix de la politique de la planche a billet remonte au moins à 2006, le 23 mars pour être précis, quand la Réserve Fédérale US a cessé de publier l’indice M3, qui indiquait la masse de $ en circulation à travers le monde.

    La Réserve fédérale américaine a également supprimé dans le même temps la parution de toute une série d’indicateurs secondaires (comme le montant des EuroDollars, les cessions en pension, les dépôts à terme de grands montants) qui permettraient de reconstruire M3 à partir d’autres agrégats.

    Attention : s’il n’est pas publié, le M3 continu d’être calculé.

    Il ne faut pas être un fin stratège pour deviner la stratégie des USA.

    voici quelques indices :

    Les 3 principaux fonds souverains constitués massivement en $ (en bons du trésor US)sont (en milliards de $) :

    Chine : 868.4
    Emirats Arabes Unis : 627
    Arabie Saoudite : 415

    Les USA pour leur part « possèdent » une dette de 14 000 milliards de $

    Avec de telles conditions une dégringolade du $ n serait pas une mauvaise nouvelle pour tout le monde, et singulièrement pour ceux qui possèdent la planche à billets*.

    *Il s’agit d’une expression toute faite pour parler d’augmentation massive de la masse monétaire, l’émission de bons du trésor n’ayant pas de lien direct avec l’impression de monnaie papier, qui d’ailleurs ne représente plus qu’une infime part des $.

    Je ne serais pas surpris que nous renommions les USA dans quelques mois en United States of Weimar.

     
     


  • Amaury Legrand 10 mai 2011 11:16

    «  l’économie des pays dits “développés” ralentit et le coupable est l’inflation »

    c’est plutôt la dette qui est coupable non ? l’inflation n’en est qu’une conséquence.


  • Algorab 10 mai 2011 11:51

    Et c’est pourtant la zone Euro qui se fait descendre en flamme par la presse économique, qui est essentiellement anglo-saxonne.

    Les risques que font peser les USA sont incomparablement supérieur à ceux posés par la Grèce ou l’Irlande.


  • goc goc 10 mai 2011 13:03

    @ l’auteur

    comme d’habitude, très bonne analyse eco
    toutefois permettez-moi de ne pas partager votre conclusion sur l’hyper-inflation, non pas sur les chiffres, mais plutôt sur les conséquences
    en effet je crois que la seule solution pour sortir de la crise économique actuelle, c’est le retour d’une l’inflation forte, seule méthode permettant d’abord aux états de se débarrasser de leurs emprunts, ensuite de relever le pouvoir d’achat, et surtout de ré-équilibrer le rapport salaire/loyer (ou salaire/remboursement de prêt immobilier) qui est le facteur premier du désastre des classes pauvres et moyennes

    quand aux raisons pour lesquelles les banques gardent l’argent sans le remettre dans le circuit, j’en vois 2
    1 - la crainte d’une action « Cantona » a grande échelle
    2 - le sentiment (a court terme) que cet argent rapporte plus en boursicotant qu’en prêtant aux particuliers et aux PME, d’où ces spéculations à tout va


  • Mohad Dib Mohad Dib 10 mai 2011 17:10

    discussion encore et toujours avec la constante du profit pour seule et bonne facon de BIEN vivre ensemble ( ce qui est un gros gag mensonge majeur ) pour les sourds et malentendants je recapitule les avantages de la competition ..competition = 1 vainqueur = pleins de perdants = business =profit=pertes=guerres....=chomage organise = torture mentale sur les plus fragiles = fukushima = hiroshima = ww1+2 = etc etc.....des le depart on le sait que ca va mal finir.....

    le systeme parle de lui meme...pour eviter toute contradiction....
    c’est le syndrome l’oreal qui crea garnier pour prendre le controle quasi total du marche mondial des cosmetics....


  • Montagnais .. FRIDA Montagnais 10 mai 2011 17:39

    Comme d’hab.. Bonne analyse.

    7 millions de chômeurs de plus qu’en 2008..

    700 milliards de prêts-étudiants

    Dette aux Chinois au taquet

    autour de 1000 milliards de budget militaire..

    Enfin, comme dit Paul, la guerre n’est pas un poste de dépenses, mais un centre de profit.

    Les chinois feraient bien de ne pas trop énerver leur ami américain.

    The show goes on.


    • Mohad Dib Mohad Dib 10 mai 2011 18:05

      hello Montagnais

      yes quite right, the show still goes on ..as it is a show as well.
       We know it will go wrong at some stage , as we know that anything caught in matter has and end as such, but it could take 10 000 more years..or only a few month..

      .well this is life anyway , it is impermanence , even in a good society there will be the very same impermanence , why ?
      Mainly if not only because all problems solved ,mankind still will get nuts ,when he would be facing death ,so this is quite a good subject i say...but we don’t know either , that we are the centre of all problems...
      Somehow , all this society is really a common work, not only a world made by this so called elites , as some may wrongly think.( according to my views of course ! )

      a good friend of mine in france was used to say this : do we know ,when we don’t know... ?
      It is a bit like J.P raffarin i guess , this will be my testimony for this post.
      regards..


  • Firenza 10 mai 2011 18:58

    A lire absolument : « Les secrets de la Réserve Fédérale » d’Eustace Mullins

    Passionnant ! On comprend mieux qui sont les acteurs des crises passées et actuelles...

     

    http://www.kontrekulture.com/achats-livres-subversifs/22-les-secrets-de-la-reserve-federale-eustace-mullins.html


  • Pyrathome Pyrathome 10 mai 2011 20:03

    Ben Bernanke, le vrai terroriste et sa clique d’intégristes, AL QE.....
    leur repaire à Wallstreet et à la citie’s ......
    Comploteurs, spéculateurs, affameurs, criminels, crapules, escrocs, menteurs, manipulateurs, cyniques, crétins, malfaiteurs et malfaisant.....
    Je n’envie pas leur sort prochain.....


  • lloreen 10 mai 2011 20:18

  • lloreen 10 mai 2011 20:25

    Il y a aussi ça :
    http://www.politiquedevie.net/Justice/BasanaoAssignationAjtDsk292.htm
    Tous ces serviteurs zélés des escrocs de la FED, de la BCE devraient être traduits devant les tribunaux.
    D’ailleurs j’espère que DSK sera inéligible.Affaire à suivre...


  • lloreen 10 mai 2011 20:32

    pyrathome« comploteurs.....sort prochain ».
    Si les français continuent à dormir ils n’ont pas trop de souci à se faire.Si les élections ont lieu avec le système électoral actuel ils pourront continuer à se congratuler au Fouquet’s ou ailleurs.En attendant, ils auront le loisir de se rencontrer à Sankt Moritz (Suisse) au congrès du Bilderberg...pour les dernières mises au point à l’abri du regard des « électeurs »...
    Si le coeur vous en dit, allez à leur rencontre là-bas.Si vous arrivez à franchir les 15km à la ronde de « noman’s land » qu’ils font établir de leur lieu de séjour.
    C’est le moment de leur demander ce qu’ils pensent de G. Edward Griffin ou d’Eustace Mullins, que je ne connaissais pas.
    Merci du tuyau.Je vais lire le livre.


  • lloreen 10 mai 2011 20:35

    Je vous conseille de sauvegarder le texte de G.Edward Griffin.Et, surtout, d’informer autour de vous, car ce n’est pas le genre d’information qu’on donne à la télé... !


  • kemilein 10 mai 2011 22:35

    le pouvoir d’achat
    le pouvoir d’achat
    le pouvoir d’achat
    le pouvoir d’achat

    ou le pouvoir des chats !

    pouvoir d’achat ou comment ne voir que des « consommateurs » le système a bien fait son travail, le consommateurs n’est plus que ça, un simple agent économique de consommation.

    disparu l’être humain
    disparu le citoyen
    ne reste plus que ZE POWER DASHA


  • Mark Hitti 12 mai 2011 00:34

    Evidemment que le quantitative easing est très néfaste pour l’économie américaine et mondiale, mais c’est le niveau d’endettement de l’économie américaine qui a mené à cette situation. Cette politique de facilitation des liquidités a toujours été pratiquée en France (jusqu’a la creation de la BCE) et applaudi, alors pourquoi critiquer les USA ? Après tout ils tentent de sauver ce qui peut encore l’être chez eux sans penser aux conséquences mondiales (une habitude américaine sans doute).

    Sans soutien de la FED, les américains auraient déjà tout perdu avec l’explosion du secteur bancaire et financier et la fin de leur monnaie chérie. Les USA ne font que gagner du temps en attendant une probable implosion de l’UE ou de la dette chinoise.


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