vendredi 19 juillet 2013 - par tousurlamemeplanete

Le neuromarketing

Vous connaissez sûrement la tendance naturelle de l’humain à chercher les calories. Dans notre passé, nos ancêtres devaient survivre, ce qui fait que nous sommes naturellement attirés par le gras et le sucre. Ceux qui ne l’étaient pas ont eu moins de chances de survie. Pourtant, aujourd’hui, dans les pays « développés », la nourriture est partout, disponible jour et nuit. La tendance est donc au surpoids et à l’obésité, partout dans le monde, puisque les industries vont maintenant s’installer dans les pays en plein boom économique, avec de plus en plus de consommateurs qui accèdent au temple de la consommation et à la vie en ville.

Mais les industries agroalimentaires ne se contentent pas de cette attirance pour le sucre et le gras en particulier. Une nouvelle tendance est en train d’émerger dans les plus grandes entreprises de l’agroalimentaire (et d’autres, mais notre blog se focalise sur l’alimentation) : le neuromarketing.

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Qu’est-ce que le neuromarketing ? C’est une nouvelle science, qui vise à étudier le cerveau pour comprendre et trouver ce qui attire le consommateur. C’est un peu plus pervers que les images subliminales, puisque nous même, nous ne comprenons pas, et nous ne sommes pas maîtres, de ce qui se passe là dedans.

En pièce jointe, une proposition de thèse, transmise par notre école d’ingénieur en agroalimentaire, en partenariat avec Danone, l’Institut Paul Bocuse, un centre en neurosciences et des spécialistes du marketing. Le neuromarketing va apporter des informations là où la science de l’aliment butte.

Le neuromarketing, c’est l’apogée de la science couplée au marketing. Les experts en marketing traquent tous nos faits et gestes pour trouver ce qui nous fera consommer. Avec la neurologie en plus, le consommateur n’aura plus de secret à cacher.

Pour écrire son livre « Sel, sucre et gras », l’auteur, Michael Moss, a rencontré Francis McGlone, un scientifique qui travaille avec de nouveaux outils de neurologie chez Unilever. Il explique que le géant de l’agroalimentaire a dépensé plus de 3 millions de dollars en machines qui permettent de scanner le cerveau. Unilever fabrique, entre autre, les glaces Ben&Jerry. Ils ont fait des recherches pour prouver que manger de la glace rend les gens heureux. Ca a évidemment marché, puisque certaines zones de plaisir du cerveau s’activent quand on mange de la glace. Evident, puisqu’on donne du gras et du sucre à notre corps. De cette façon, Unilever a pu faire une pub qui dit « Les glaces vous rendent heureux – C’est officiel ! », et poussent ainsi un peu plus les clients à consommer.

Cet article est également très intéressant à lire pour connaître un peu plus de détails sur le sujet. Citons un exemple : « Mac Donald’s a testé sous IRM des odeurs afin de déterminer laquelle positionnait la marque comme « saine ». L’odeur plébiscitée a été introduite dans des produits d’entretien et utilisée à l’insu de la clientèle dans des restaurants européens du groupe. Résultat : une amélioration de 7% de la perception de la marque  ».

« Les industriels peuvent dépenser jusqu’à 120 000 € pour une étude de neuromarketing et un test IRM coûterait quelque 1000€ par personne. A ce prix-là, seuls les plus riches y ont accès. Kraft Food, Danone, L’Oréal, Colgate, Coca-Cola, Pepsi Co, Unilever, Mac Donald’s et beaucoup d’autres grandes marques ».

Nous vous invitons à lire leurs conclusions et solutions, à la fin de leur article.

Pour un exemple concret, voici une publicité pour Coca Cola, faite par une entreprise spécialisée en neuromarketing. Très sympa, au fur et à mesure que la publicité se déroule, on découvre comment le cerveau réagit. Cette publicité est passée pendant le Superbowl 2009 aux Etats Unis, la finale de football américain. Ce n’est pas n’importe quel événement sportif, puisque le Superbowl établie plusieurs records d’audience aux Etats Unis. Autant dire que si une pub fonctionne bien pendant cette finale, c’est le jackpot. L’entreprise de neuromarketing se vente que « cette pub présente une histoire, dans laquelle on se plonge, avec l'intégration du produit petit à petit, ce qui est confirmé par nos tests. Cette annonce a également l'un des scores les plus élevés en ce qui concerne l’engagement (la personne qui regarde la pub se met à la place du personnage très facilement), et est venu en deuxième place dans les recherches sur le Super Bowl 2009 ». Les gens, grâce aux émotions véhiculées, se sont souvenus de la pub une fois le match terminé.

Ici, une autre pub, pour les biscuits Oréo.

L’idée ici est de faire connaître cette nouvelle pratique, qui évidemment va être de plus en plus utilisée, surtout par les industries qui ont déjà le plus de moyens. Accordons-nous aux industriels le droit de nous prendre au piège ? Le cerveau est très complexe et les scientifiques sont encore loin d’avoir tout compris sur la façon dont il fonctionne. Pourtant, le neuromarketing pousse bien plus loin que les simples tests de préférence entre plusieurs produits. En effet, grâce au neuromarketing, les industriels peuvent déterminer toutes les conditions qui vont faire que le consommateur va acheter plus, même si il n’en avait pas vraiment envie. Par exemple, si on va faire ses courses à l’heure du repas on a tendance à acheter plus que ce dont on a besoin. Ceci est connu et on reste maître de choisir à quelle heure on va faire ses courses. Le neuromarketing lui, agit sur notre inconscient, sur ce que notre cerveau perçoit sans qu’on le sache. On n’est donc plus libre de choisir, puisque on n’est pas conscient.

Est-ce faire avancer la science, ou bien accorder un peu plus de libertés aux entreprises qui veulent nous faire consommer ?

A vous, consommateur, de décider, en soutenant ou pas ces grandes marques, via ce que vous mettez dans votre panier alimentaire…

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12 réactions


  • foufouille foufouille 19 juillet 2013 15:17

    ça ne fonctionne pas sur tout le monde. surtout quand on le sait


  • Razzara Razzara 19 juillet 2013 15:22

    Oserais-je dire que tout ceci est parfaitement révélateur de l’état de démence et de décadence de notre belle civilisation moderne ? Parce que je trouve effrayant que l’on déploie autant de moyens - « l’apogée de la science », comme il est écrit - pour réduire l’être humain à un tronc cérébral dont la finalité et le bonheur se résumeraient à la consommation. Si apogée il y a, c’est sans nul doute celle de la dégénérescence de l’individu, celle de l’annihilation des fonctions cognitives supérieures en vue de les subordonner à l’animalité de la biologie de la digestion. L’exemple de Mac Donald’s est très révélateur de ce point de vue : faire passer pour sain une vomissure immonde que même mon chien refuse de bouffer. Bravo la science, fait moi jouir encore !

    Tout ce délire me fait immédiatement penser à matrix. En particulier la scène ou ’switch’ déguste un steack en compagnie de l’agent smith et lui explique que, bien que sachant que les sensations qu’il éprouve en cet instant ne sont pas réelles, son désir le plus cher est d’être réinséré dans la matrice et de voir ses souvenirs de l’abominable réalité effacés.

    Bref, le neuromarketing c’est un avatar de plus dans la besace des sociopathes en vue de l’asservissement des masses. Une abjection hideuse qui ne peut que me convaincre plus avant que notre espèce est mal barrée.

    Razzara

     


  • picpic 19 juillet 2013 16:28

    Très important à savoir !
    Les industries n’hésitent pas à supprimer des nutriments essentiels dans les aliments.
    Ce qui met celui qui ne consomme que ce genre d’aliment, en état de carence constante.
    Le cerveau est constamment affamé sans comprendre pourquoi.
    Pas besoin de neuromarketing pour rendre un cerveau accroc avec cette méthode...

    C’est tout simplement comme ça que l’obésité se développe...
    En réalité, l’obèse souffre de grave carences alimentaires.


  • S2ndreal 19 juillet 2013 16:54

    Le Human Brain Project vu sous l’angle du neuromarketing devient sinistre et dangereux. Toute l’industrie de la publicité va suivre ses résultats avec attention.

    S’il aboutit, les premières conséquences de ce projet seront des publicités ne nous laissant plus le choix d’acheter ou non.


    • Nicolas_M bibou1324 19 juillet 2013 17:49

      Vous avez pour l’instant encore le choix de visionner, ou non, des publicités à longueur de journée ...


    • S2ndreal 20 juillet 2013 11:48

      Un exemple : les affiches dans la rue. Est-ce que vous les voyez ? La réponse générale est non. De fait, vous les voyez. Elles vous influencent. C’est d’autant plus efficace que vous n’en êtes pas conscient. Vous n’avez donc pas le choix de ne pas les regarder.

      Un autre exemple : les produits utilisés dans un blockbuster sont des publicités. Si vous allez en voir un, vous serez soumis à une publicité. Bien faite, elle ne vous laissera pas le choix.

      Nous sommes soumis à la publicité et nous ne savons pas à quel niveau. C’est plus grand que ce que vous pensez.


  • eau-du-robinet eau-du-robinet 20 juillet 2013 07:48

    Pas mal l’exemple avec Coca Cola.

    Je me demande qui intentera le premier procès pour abus publicitaire due à la technique du Neuromarketing.

    Dans la fiction je verrais apparaitre une addiction au publicités du au Neuromarketing addiction qui se tradurait par le fait que les personnes enregistrement les publicités et le font tourner en boucles pour les garder du matin au soir ... perdent au passage tout sens avec la réalité... oubliant d’aller travailler, ou vivre simplement....conduisent vers des dommages...

    Pour moi le Neuromarketing s’apparente à une forme de dopage du cerveau, un dopage à l’insu du spectateur (Téléspectateur).

    Le terme « Neuromarketing » est apparu aux débuts des années 2000. Cette approche est née des recherches du docteur Read Montague (en), chercheur à l’université de Baylor (Texas).

    À ce jour plusieurs études mettent en évidence le rôle important de la mémorisation dans l’acte d’achat, mais le lien entre préférences spontanées et mémoire n’a pas encore été découvert.


  • Denzo75018 20 juillet 2013 08:24

    Le plus ajoûtés des neurosadditifs ou plutôt neuroaddictif en dehors des sucres rapides et du gras est le glutamate, additif très utilisé dans l’industrie des plats cuisiniers qui rehaussé le goût des plats sans ajout de saveur et rend le consommateur accro. Cette substance est depuis lontemps utilisée dans les pays asiatiques. Entrent dans la même catégorie les additifs E etc. dont les éffets cumulés sur la santé y compris le glutamate sont néfastes et peuvent avoir des dérèglements sur notre équilibre neurobiologique...

    Nos apprentis chimco-cuisiniers jouent maintenant et agissent directement sur notre cerveau !
    La seule façon de les boycotter, est de renverser la tendance et de revenir à une alimentation préparée à la maison avec des produits frais ...

    Ne nous étonnons pas de la proliférations des maladies neurologiques IRRÉVERSIBLES (Alzheimer, Parkinson etc) ....

    Ne laissons pas nos cuisiniers industriels prendre le contrôle de notre vie et de notre cerveau !


  • ricoxy ricoxy 20 juillet 2013 19:11

    Apparemment, le « neuro-marketing », c’est du pavlovisme sophistiqué


  • travelworld travelworld 20 juillet 2013 19:35

    Un pays est l’exemple même c’est la Polynésie Française, un désastre sanitaire, vous êtes concernés, ce sont vos impôts !


  • Alain Astouric Alain Astouric 13 mai 2014 23:26

    La tyrannie du marketing  : un livre qui dénonce les conséquences du marketing et de la pub sur l’environnement, sur notre alimentation, sur la liberté des médias, sur le surendettement ... et même leur capacité à décrédibiliser la politique. En vente dans toutes les librairies de France, Belgique et Suisse La tyrannie du marketing


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