jeudi 1er décembre 2022 - par Fergus

Les classes populaires victimes du paradoxe de la consommation alimentaire

Durablement installée dans nos vies, l’inflation pèse désormais d’un poids significatif sur les budgets des ménages. Et cela tout particulièrement au sein des classes populaires, plus durement impactées. Au plan alimentaire, cette inflation contraint un nombre croissant de personnes à revenus modestes à revoir leurs habitudes. Une réalité qui pénalise principalement les précaires et les pauvres…

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Avant toute chose, il convient de se pencher sur les dernières données communiquées par l’INSEE. Sur un an (par rapport à octobre 2021), la baisse de la consommation des ménages s’établit à – 5,9 % alors que la hausse des prix à la consommation s’élève à + 6,2 %. Sur cette même période, les dépenses d’énergie et de carburants s’établissent à – 11,5 % tandis que les dépenses alimentaires reculent de – 7,5 %.

C’est un fait avéré : l’inflation pénalise plus durement les classes populaires que les classes moyennes aisées et a fortiori les classes supérieures de la société. Pour une raison évidente : la majeure partie – et trop souvent la totalité – des dépenses des précaires et des pauvres ne relève pas du choix mais de la contrainte, qu’il s’agisse de logement, d’énergie, d’alimentation, de santé, de transport et d’habillement.

Une inflation qui, faute de moyens, entraîne une baisse de la consommation particulièrement marquée dans les ménages les plus touchés par la hausse des produits de nécessité, notamment au plan énergétique. Cela se traduit par une limitation des déplacements non essentiels et, à domicile, par des économies d’énergie qui impactent principalement le chauffage. Le souci est que cette baisse de la consommation affecte désormais également, et de manière significative, les produits alimentaires.

Les classes populaires ne doivent pas moins se nourrir. Raison pour laquelle elles délaissent de plus en plus les « produits de marque » pour leur préférer les « produits distributeurs », moins coûteux à l’achat. Or, c’est là que survient un étonnant paradoxe : ce sont lesdits « produits distributeurs », ou « marques premier prix », qui, à offre égale en termes de volume, subissent les plus fortes hausses dans les rayons de la grande distribution.

Certes, les personnes qui, au plan alimentaire, font ces choix dictés par la baisse de leur pouvoir d’achat réalisent une économie réelle qui leur permet de diminuer l’impact de cette spirale inflationniste qui les pénalise durement. Mais une économie rognée de facto par les hausses plus rapides de ces « produits distributeurs » et « marques premier prix » dont beaucoup sont en outre caractérisés, si l’on en croit les spécialistes en nutrition, par une qualité moindre.

La cause de ces augmentations plus rapides est à chercher dans les campagnes marketing et leurs déclinaisons en termes de communication. Elles constituent pour les « produits de marque » – auxquelles les industriels consacrent d’importants budgets – une part importante du prix de ces produits. A contrario, il n’existe rien de tel, ou quasiment pas, pour les « produits distributeurs » et les « marques premier prix ». Dès lors, la part de l’augmentation des matières premières et des coûts de production répercutée sur le prix de ces produits est proportionnellement plus élevée.

Autre conséquence de cette réalité observable sur le terrain : ce transfert des achats vers les produits de base profite aux importations étrangères à bas coût de production au détriment des productions françaises. Au final, ce sont les personnes modestes qui font les frais de cette situation, et dans le contexte actuel de baisse constante du pouvoir d’achat, cela ne fera qu’empirer dans les prochains mois.




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