lundi 3 mai 2010 - par Raphael JORNET

Les retraites, la Bourse, les Grecs

Le dossier des retraites est le cache sexe d’un Etat nu et manipulateur. Sous le tissu, la Bourse s’agite et la Grèce s’invite.

Pourquoi le gouvernement fait-il perdre du temps à tout le monde en ne présentant pas ce qu’il souhaite sur le dossier des retraites ? Pour prendre le temps de laisser se dérouler un plan de communication qui doit amener les français à accepter "l’incontournable" et se résoudre au "réalisme" ?

Laissons-le exercer seul ses responsabilités. Seul, puisqu’il a décidé de se jouer des autres. Pourquoi les partenaires sociaux continueraient-ils à répondre à des invites quand on se joue d’eux ?

Nous sommes fatigués des jeux de rôles et des bals de faux semblants.

Le gouvernement dispose du calendrier et de la nature des sujets qu’il veut bien aborder. Le dossier des retraites en est un. Mais il n’est pas du même tonneau que celui du port du voile.

L’avenir des retraites, chez nous comme ailleurs, n’est pas que affaire d’argent. Il y va de la condition humaine, qui implique de traiter de la place et du rôle de chacun dans la société. Mais le gouvernement, greffier comptable et agent rassureur de la Bourse ne parle que d’argent.

Or, parler d’argent dans un dossier des retraites n’a aucun sens si la conversation se fait hors l’économie. L’Exécutif se refuse à convenir de cette logique. Il ne veut pas débattre de l’économie dans laquelle s’inscrit la retraite des Français, et il ne présente pas ses propositions sur les retraites. Cela fait beaucoup.

Il joue.

Serait-il si mal céans de le laisser seul devant cette contradiction, à ce moment de l’histoire ?

Si c’est d’argent dont on parle, rien de plus logique que d’aller le chercher là où il est, dans cette France qui a doublé en 20 ans ses productions de richesses et dans le même temps où l’on a vu se creuser les inégalités.

Mais ces richesses là sont gourmandes et chichiteuses : elles veulent prospérer encore et toujours, jusqu’à plus soif.

Elles disent : chacun pour soi.

Elles chuchotent à l’oreille du Président que si les Français veulent une retraite au sortir d’une vie de labeur : qu’ils se la paient.

Elles lui imposent -pour permettre à l’État d’emprunter afin de rembourser les intérêts d’une dette colossale inflationnée par la politique libérale à Sarkozy - des garanties par des notes sur un tableau d’agence.

Pris à la culotte, le Président des riches, qui ne veut pas retirer son masque, n’a aucun état d’âme : il ira jusqu’au bout de sa logique qui est de jouer contre le plus grand nombre.

Il va bien falloir finir de finasser.

L’actualité pointe les difficultés de la Grèce. C’est en Grèce qu’il faut aller chercher le traitement de notre actualité et un pan de notre futur.

Le chaos social dans lequel s’installe la Grèce est notre avenir.

Regardez bien la presse. Partout cette question : « La France va-t-elle connaître le sort de la Grèce  ? ».

Quelqu’un y répond de façon non dissimulée, qui mêle notre dossier retraite au sort de la Grèce. C’est Marc Touati, directeur de la recherche économique chez Global Equities.

Il dit le 28 avril :

« Si la panique des marchés s’arrête là, ça ira. Si ça dure trop longtemps, bien sûr qu’il y a un risque de transmission de la crise grecque. La réussite de la réforme des retraites sera une étape-clef pour rassurer les marchés. Si elle échoue, "on peut imaginer une mise sous surveillance négative" de la note française  ».

C’est clair : c’est de la « confiance » des investisseurs que dépend notre économie... et notre retraite ! Ce n’est pas un dangereux gauchiste que le dit.

Que ceux qui pensent, dans la classe politique, qu’on peut sortir de cette logique là lèvent le doigt.

Mais une fois encore, rabat-joie du jour, Marc Touati nous fait ce clin d’oeil dans sa vidéo (à 3’38) : « Il faut arrêter de toujours créer des impôts » :

« ce sont les mêmes écoles qui ont formé les gens qui pensent les mesures ». Ce qui n’est pas rassurant.

Bernard Thibault qui avait affirmé le 29 avril que le 1er mai s’annonçaient comme « un cru plutôt positif  » a vu hier qu’il s’agissait plutôt d’une horrible piquette.

Lassés de ne voir bouger personne là-haut, les citoyens, le moral bas, ne marchent plus. 

Les structures de la Cinquième ont encore fait des petits.

Il n’est pas sûr que l’eau du bain reste constante et son trop plein canalisé.



9 réactions


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 3 mai 2010 10:16

    Bonjour,

    « Si la panique des marchés s’arrête là, ça ira. Si ça dure trop longtemps, bien sûr qu’il y a un risque de transmission de la crise grecque. " Après l’échec de la pandémie médicale, nouvelle salve de contagion bancaire, et là, un seul vaccin. Piquer les banquiers ! avec une nuance, car si on en est là, c’est bien que quelqu’un pique déjà dans la caisse de banquiers.

    Mais qui me direz vous ?

    Les pirates grecs...

    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/il-faut-nationaliser-les-riches-74287


  • Alpo47 Alpo47 3 mai 2010 10:47

    Comme disait Coluche : « C’est chez les pauvres qu’il faut aller chercher l’argent. Ils n’en ont pas beaucoup, mais ils sont très nombreux... ».

    La technique de communication (manipulation) utilisée par l’Elysée, si on en croit les dernières nouvelles, serait bien d’imposer un allongement du temps de travail, mais réparti dans le temps. Par exemple, 62 ans en 2013, 63 ans en 2017, 65 ans en 2020 ... Bien entendu, c’est juste un moyen pour que les gens se disent ... « boofff, on verra bien... d’ici là tout peut changer... voire même... d’ici là ils oublieront... ». Méthode déjà utilisée par Baladur et qui passe comme une lettre à la poste.

    Et bien entendu, l’écran de fumée actuel consiste également à détourner l’attention vers l’augmentation générale de la durée de vie, pour ne pas aborder les cadeaux aux entreprises ou le très faible taux d’ impôts ou charges sociales payés par les riches.

    La tromperie est au pouvoir et PERSONNE ne défend vraiment les salariés.


  • furio furio 3 mai 2010 11:13

    L’horrible scandale de la tragédie grecque c’est que la gabegie libérale de certains nantis doit être payée par les plus humbles. Sur qui tape t’on les fonctionnaires ! Ceux qui n’ont absolument aucun gramme de responsabilité dans l’affaire. Les nantis eux, ceux qui ont empoché des sommes stratosphériques, eux, vont bien.. merci !!
    Et qu’on ne vienne pas me dire ici, oui ils ont 13 et 14 mois de salaire. Moi perso j’ai toujours préféré 12 mois de salaire, mais 12 bons mois, plutôt que 14 mois miséreux.


  • PtitLudo PtitLudo 3 mai 2010 12:37

    Effectivement le scénario est écrit d’avance, tout comme la mise sous tutelle prochaine du FMI en vue de détruire l’état.

    La paupérisation massive est proche, les peuples réagiront-ils ? Sont-ils déjà trop résignés, trop anesthésiés ? Leur désignera-t’on (mais n’est-ce pas déjà fait ?) à ce moment là un bouc émissaire comme pendant les années 30 afin de contenir la révolte ?

    Puis les nationalismes se faisant trop pressant, un conflit majeur pourrai de nouveau voir le jour, la voie est toute tracée.


  • Daniel Roux Daniel Roux 3 mai 2010 17:25

    L’union européenne est devenue la « zone économique germanique » ou ZEG.

    La patronne Merkel envoie un message sec à tous les rigolos du club med et autre PIGS.

    En clair, soit vous faites comme nous, vous assainissez vos finances publiques et sociales, soit je vous vire de l’Euro voir du ZEG.

    Il me paraît évident que les allemands commencent à envisager de larguer les amares. Ils n’ont plus besoin des Français, ni des Italiens. Sarko et Berlusconi sont des rigolos face à Merkel.

    L’avenir est plus vers l’Est et la Russie que vers l’Ouest et le Sud. Poutine lui paraît plus fiable et plus mature que Sarko.

    Et si les Français n’ont pas encore compris que l’Histoire commence aujourd’hui et s’obstine à marcher à reculons, tant pis pour eux.

    Nous devons organiser notre sortie de l’Euro et de l’Union Européenne avant qu’il ne soit trop tard. N’attendons pas d’être pris à la gorge comme les Grecs.


  • xray 3 mai 2010 21:12


    L’Allemagne, sur qui le financement de l’Europe repose, risque de se sortir de l’Europe par le haut. Espérons que la France sera capable d’en faire autant. 

    Aujourd’hui on nous parle d’un grave problème de finance avec la Grèce. 
    À y regarder de plus près, il s’agit d’un faux problème. Un problème fabriqué de toute pièce. La Grèce n’est pas un cas unique. 
    L’église Orthodoxe grecque, échappant à toute fiscalité, est devenu le plus grand propriétaire foncier en Grèce (pratiquement le seul). On ne compte pas aussi les dizaines de milliards investis sur les marchés boursiers. 

    Hier on a oublié de nous parler du boulet Polonais. 
    À peine intégrée à l’Europe, la Pologne a utilisé les 80 milliards d’euros de la dotation européenne pour acheter des avions militaires américains. « Il faut dire que les Polonais sont très riches. » 

    Dans la foulée, la Pologne va utiliser « cette nouvelle liberté » pour interdire le droit à l’avortement. Cela ne peut qu’augmenter le niveau de vie des Polonais qui, dans la réalité, est l’un des plus bas d’europe. 

    Demain on passera sous silence que la Turquie dispose actuellement d’une quinzaine d’ogives nucléaires gracieusement offertes par les étasuniens dans le cadre de l’OTAN. 


    L’EUROPE du Chaos 

    Le problème n’est plus de « construire » l’Europe. Le problème est : « Comment se débarrasser de cette saloperie ? » 

    On s’achemine vers une société européenne sans nom, sans repères matériels réels, gavée de mensonges, de drogue,  de religions. Une société entièrement soumise au totalitarisme religieux. 


    Les
    Français sont revenus à la situation du début des « années 40 ». 
    Ils sont soumis à : 

    - Une monnaie d’occupation ; 

    - Des journalistes d’occupation ; 

    - Des mœurs judiciaires dignes du nazisme ; 

    - Des collabos financés et au service de qui ? L’Europe,  les Américains, ou le Vatican ? 

    Néanmoins, dans les moyens mis en œuvre par l’Europe pour asservir les foules on reconnaît les méthodes de curés : 

    - « Générer l’incompréhension, les désordres, la délinquance, la criminalité, l’injustice,  la misère, les maladies, les épidémies, les conflits,  les guerres, les famines, etc. » 
    Le tout reposant sur l’ignorance permanente et des flots de mensonges sous lesquels les médias noient les individus. 

    Menteur comme un journaliste 
    http://n-importelequelqu-onenfinisse.hautetfort.com/archive/2010/05/03/menteur-comme-un-journaliste.html 


    Un bon retraité du secteur privé est un retraité mort.
     
    http://mondehypocrite510.hautetfort.com/ 



  • fifilafiloche fifilafiloche 4 mai 2010 03:42

    Vous avez raison Mr Jornet, le temps n’est plus aux stériles palabres, tant que les syndicats n’auront pas un minimum de culture économique et comptable, autant parler à des chèvres de littérature chinoise, elles répondront toujours « maaaais, maaais, maaais »


    L’élastique des promesses à crédit n’étant pas extensible à l’infini, les étrangers qui possèdent les deux tiers de notre dette « souveraine » auront souverainement le droit d’exiger ce que les gouvernements ont toujours été incapables d’imposer : une vision pragmatique des comptes de l’Etat.

  • BA 4 mai 2010 07:48

    Plan d’aide à la Grèce : l’Assemblée a adopté le volet français

    Les députés ont examiné lundi soir le projet de loi de finances rectificative intégrant le prêt de 3,9 milliards d’euros destiné à la Grèce en 2010, et l’ont adopté dans la nuit, mardi à 1h20, par vote à main levée.

    Au total, la France doit prêter 16,8 milliards d’euros sur trois ans, a précisé la ministre de l’Economie Christine Lagarde, qui assistait à la séance.

    Si le prêt à la Grèce portera à 152 milliards d’euros le déficit public prévisionnel fin 2010, selon les prévisions gouvernementales, il ne devrait pas avoir de conséquences fiscales.

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/social/20100504.FAP0462/plan-d-aide-a-la-grece-l-assemblee-a-adopte-le-volet-francais.html

    J’adore cette dernière phrase : « Si le prêt à la Grèce portera à 152 milliards d’euros le déficit public prévisionnel fin 2010, selon les prévisions gouvernementales, il ne devrait pas avoir de conséquences fiscales... »

    ... sauf si la Grèce est incapable de rembourser à la France ces 16 milliards 800 millions d’euros.

    Mon pronostic :

    - La France va prêter à la Grèce 16 milliards 800 millions d’euros.

    - La Grèce sera incapable de les rembourser.

    - Les contribuables français l’auront dans le c...

    - Vous avez aimé les emprunts russes ? Vous adorerez l’emprunt grec.


  • dominique 4 mai 2010 09:14

    Moi toutes ces histoires commencent a me peser. Le trou de la sécu, les retraites, la grèce etc...
    Nous payons de plus en plus d’impots, les prestations de la sécu baissent de plus en plus, les retraites sont de plus en plus menacées et maintenant il faut faire jouer la solidarité européenne. Le principe de solidarité ne me gène pas en soit. L’entraide doit etre une réalité tant qu’il n’y a pas de profit. Je qui me gène, qui m’exaspère c’est de subventionner la fortune, pardon le bien etre (c’est plus correct) de nos élus, européens, nationaux, régionaux, départementaux, intercommunaux et communaux par le biais d’une bonne partie de nos impots. Impots qui devraient avoir une destination autre que la direction du porte monnaie de nos élus


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