mardi 25 octobre 2011 - par
Moi aussi, je veux un compte à la banque centrale !
La crise financière et la crise de la dette publique font peser un véritable risque sur les garanties de nos dépôts comme le démontre le récent retrait effectué par Siemens de 500 millions d'euros de la Société Générale vers son compte à la BCE. Il est temps de donner aux citoyens le désirant le droit d’ouvrir un compte à la banque centrale 100% garantie dans tous les cas de figure.
L’une des grandes absurdités de notre système monétaire et bancaire réside dans l’impossibilité pour les épargnants de détenir un compte en banque 100% garantie contre tout aléa économique, cela fut-il l’écroulement du système bancaire ou la faillite de l’Etat. Les Etats occidentaux ont répondu aux grandes paniques bancaires du XIXeme siècle et du début du XXème siècle en garantissant les dépôts effectués auprès des banques. Cependant, les crises conjointes des banques et de la dette publique font peser un risque certain sur ces garanties. Le sort de l’épargne de tous les français et de tous les européens est suspendu à la résolution de cette double crise.
Il existe pourtant un type de compte courant pouvant résister à tous les aléas économiques. Ce sont les comptes détenus à la Banque Centrale. Aujourd’hui, seuls les Etats et les banques privées ont le privilège de détenir ce type de compte. L’argent qui y est déposé n’est ni prêté ni investi, reste bien au chaud dans les coffres de la Banque Centrale Européenne et est retirable à tout moment. Les citoyens et les entreprises non-financières n’ont pas accès à ce type de dépôt et doivent se contenter de compte bancaire courant où l’argent est prêté ou investi à 98% dans la plupart des cas, mettant ainsi potentiellement notre épargne en risque.
Le risque de voir son épargne déposé sur compte courant s’envoler était quasi-inexistant lors des 60 dernières années. Il est devenu bel et bien réel comme le prouve le récent retrait de 500 millions d’euro de Siemens de la Société Générale vers sa holding bancaire… détenant un compte à la banque centrale. Faire confiance à une banque pour investir son argent et le lui fournir à la demande devrait être un choix et non une obligation. Aujourd’hui la seule alternative aux comptes bancaires classiques consiste à cacher son argent sous son matelas.
Le privilège des banques et des Etats à détenir des comptes de dépôts sûrs à 100% devrait être étendu à tous les citoyens et toutes les entreprises. Les banques auraient l’obligation légale de proposer un type de compte courant où l’argent n’est ni investi ni prêté mais déposé intégralement dans les coffres de la banque centrale. Ce compte courant fonctionnerait exactement de la même manière mis à part que votre argent serait bel et bien déposé quelque part et non pas prêté à quelqu’un d’autre. Ce type de dépôt sans risque a été proposé par le célèbre Prix Nobel d’économie James Tobin, le père de la fameuse Taxe Tobin, dans son ouvrage « Policies for Prosperity » et également défendu par des spécialistes de l’industrie financière à l’image de Lowell Bryan.
Comment les banques pourront-elles gagner de l’argent si l’argent est entreposé à la banque centrale ?
Les réserves à la banque centrale sont rémunérées par la Banque Centrale Européenne à hauteur de 0,75%. Ce serait la première source de financement. En deuxième lieu, les banques demanderaient des frais supplémentaires pour la gestion de ce type de compte. Ce serait pour ainsi dire le prix à payer pour la sécurité. Avec la technologie actuelle, le coût réel de la gestion des comptes courant est très faible. Le jeu de la concurrence battant son plein, les frais pourraient se révéler très faible pour la gestion d’un compte à la banque centrale.
L’argent qui n’est pas prêté par les banques diminuerait-il les prêts accordés à l’économie dans son ensemble ?
Non. Sans rentrer dans les détails techniques, l’apparition de compte courant à la banque centrale ferait naitre une forte demande de monnaie centrale de la part des banques qui échangerait alors des titres contre de l’argent auprès de la banque centrale. Il n’y aurait pas moins de prêt mais la banque centrale serait propriétaire de plus de prêt et les banques privées de moins.
Ce type de réforme pourra paraître farfelu à beaucoup. Il a pourtant été proposé très sérieusement au parlement britannique l’année dernière et décrite par le dirigeant de la banque d’Angleterre comme « une piste de réforme possible ». Le fait de pouvoir protéger son argent à la fois contre le vol en ne le gardant pas chez soi et de toutes les intempéries économiques ne devrait pas être un luxe destiné aux grandes entreprises détenant des holding bancaires mais un droit fondamental pour tous les citoyens.
Cet article provient du blog Révolution Monétaire