samedi 17 avril 2010 - par Lucilio

No Logo

No Logo est un de ces best-sellers à la mode qui apparaissent régulièrement sur le juteux marché de l’anticapitalisme alertant sur de possibles changements dramatiques au niveau mondial ou exhortant à militer contre des causes aussi peu crédibles que la « plaie néo-libérale » ou la « mondialisation ». Le meilleur antidote à des auteurs comme Naomi Klein est de se rappeler le vieil adage de la pensée libérale française qui nous demande de nous éloigner des superstitions et des fables car la diabolisation ne remplace jamais la connaissance.

No Logo, le livre de chevet des globalophobes, trouve ses racines dans la vieille tradition de pensée de gauche qui va de Karl Marx à Chávez en passant par le rétiré José Bové ou le disparu « sous-commandant » Marcos. Son originalité consiste à camoufler les idées de Che Guevara avec les fundamentals du marketing d’entreprise en dénonçant le fait que, dans le village global, quelques multinationales, loin de niveler le jeu global avec des emplois et de la technologie pour tout le monde, « pillent les pays les plus pauvres et arriérés de la planète pour accumuler des bénéfices inimaginables ». Pire, la globalisation se caractérise en nous connectant à travers un réseau de marques connues de presque tout le monde (Nike, Shell, Tommy Hilfiger), mais dont l’ordre cache en arrière-plan l’exploitation inhumaine d’ouvriers, le paiement de salaires misérables et des conditions de travail s’approchant de l’esclavage dans divers pays du Tiers-monde.
 
« Le Tiers-monde, comme on l’appelle, a toujours existé pour la plus grande commodité du Premier », écrit son auteur, la journaliste canadienne Naomi Klein. C’est le point de départ d’une étude qui couvre l’origine des chaussures de sport Nike dans les infâmes ateliers du Vietnam, la production des petits vêtements pour la poupée Barbie grâce au travail d’enfants de Sumatra, la récolte du café Starburck dans les champs brûlants du Guatemala et l’extraction du pétrole par Shell dans les misérables régions du delta du Niger. L’objectif du livre de Klein est d’obtenir que, au fur et à mesure que les « secrets » qui gisent derrière le réseau mondial des marques sont connus par chaque fois plus de gens, l’exaspération de ceux-ci provoque la grande commotion politique du futur, rejetant frontalement les entreprises transnationales dont les marques sont les plus connues. « L’opposition aux multinationales est le sujet qui va séduire l’imagination de la prochaine génération de rebelles et de perturbateurs », prophétise l’auteur.
 
Tout au long des plus de 500 pages, No Logo se transforme en une ennuyeuse expérience où sont relaté dans leurs menus détails des boycotts de grandes entreprises, des soulèvements ouvriers, des attaques de pirates informatiques, des grèves massives et tout ce qui est relatif à la renaissance d’une nouvelle militance activiste contre les multinationales. L’idée de l’auteur est de promouvoir les associations corporatives, l’accomplissement des traités sur l’environnement et la possibilité de contrôler les conditions de travail des ouvriers ainsi que les effets de l’industrialisation sur le milieu. Corporatisme massif, négociation directe entre les travailleurs et les entreprises et adoption par le gouvernement de nouvelles et sévères lois sont les recettes de Klein pour pouvoir « gouverner les multinationales ».
 
Les postulats de No Logo sont ceux de la pensée idéologique : un ensemble d’idées fossilisées visant à en finir avec un ennemi déterminé de façon fanatique. Ce qui explique le succès du livre est la subtile manoeuvre consistant à déguiser un anti-américanisme furibond et un marxisme rococo avec les parures de la justice sociale, l’écologie et les slogans usés contre le « néo-libéralisme ». Les caractéristiques de la pensée idéologique sont l’ignorance délibérée des faits, le culte de l’incohérence et des contradictions, et sa capacité pour engendrer au travers de consignes progressistes le contraire de ce qui est prôné. Analysons comment se configure et s’organise la carte doctrinaire de No Logo.
 
En premier lieu, l’attention est attiré par le fait que Klein prétend montrer comme preuve de l’échec de la globalisation et du libre marché les expériences de diverses villes d’Indonésie, du Nigeria, de la Birmanie, des Philippines, etc. Des pays qui se caractérisent surtout pour être restés en dehors de la mondialisation des capitaux et des processus d’investissement au niveau global. Est-elle délibérée son ignorance face à la réalité politique, sociale et économique que souffrent ces pays, fruit, principalement, de haines tribales ancestrales, de rancoeurs et d’intolérance religieuse, de guerres intestines qui semèrent durant des décennies persécutions, famines, despotismes et millions de morts ?
 
D’un autre côté, il est vraiment difficile de croire que la majorité des entreprises multinationales choisissent ces destinations pour investir. La myopie idéologique de Klein l’empêche de constater que, au contraire, les entrepreneurs ne s’installent pas là où la main-d’oeuvre est la mois coûteuse mais là où l’État offre le meilleur rapport entre les services qu’il offre (ordre, sécurité, qualité de la vie, éducation, santé) et les règles de jeu légales et fiscales qu’il présente aux entreprises. À moins de mille kilomètres des ateliers d’enfants que Klein décrit de manière si dickensienne, il existe des pays comme Taïwan, Hong Kong, la Corée du Sud ou Singapour qui, avec des institutions solides, des règles du jeu claires, sans syndicalisme de rupture et avec un grand respect des droits de propriété, sont parvenus, en 25 ans, à multiplier par douze leur richesse en s’adaptant instantanément aux humeurs de la globalisation.
 
En second lieu, le point le plus faible des arguments de Klein est sa dénonciation des misérables salaires que payeraient les multinationales dans le Tiers-monde. D’après No Logo, ces salaires seraient le produit des inégalités inhérentes au libre marché et au non respect des normes commerciales internationales qui empêchent de tels abus. Bon. Soit. Mais comment explique Klein que les ouvriers de son Canada natal ne reçoivent pas le même salaire que leurs pairs d’Indonésie ? N’y a-t-il pas assez d’exemple de pays aussi peu impérialistes comme le Canada, les Pays-Bas ou l’Australie qui basent leur économie sur la concurrence et le libre marché, permettant à leurs ouvriers d’être les plus qualifiés et les meilleurs payés du monde ?
 
Cette réponse ne convaincra pas Klein qui, avant d’aller dynamiter un MacDonald’s, nous accusera d’ingénuité et nous parlera de... la mondialisation sauvage des marques ! Enfin, le typique tic nerveux de la pensée unique progressiste qui prétend occulter l’évidence des faits avec la banderole et le slogan. En réalité, la réponse est que les revenus et les salaires réels augmentent en relation des accroissements du capital. La solution ne passe pas par la générosité des politiciens ou par l’agressivité des syndicats. Elle passe par le capital investi dans des installations, des machines, des technologies de pointe, dans l’accumulation et la transmission d’informations, dans l’appui logistique et dans la réduction des coûts des communications. Dans des pays aussi pauvres en capitalisation que l’Indonésie, l’Afghanistan ou l’Argentine actuelle, les salaires peuvent difficilement être élevés. En conclusion, les salaires ne sont pas dictés par les desiderata des syndicats, les caprices des gouvernants ou le non conformisme des intellectuels de gauche.
 
Bref, No Logo est encore un de ces best-sellers à la mode qui apparaissent régulièrement sur le juteux marché de l’anticapitalisme alertant sur de possibles changements dramatiques au niveau mondial ou exhortant à militer contre des causes aussi peu crédibles que la « plaie néo-libérale » ou la « mondialisation ». Non seulement parce qu’il a été amplement démontré qu’ils ne proposaient aucune solution viable ou proposition alternative, mais surtout parce qu’ils trafiquent la peur et l’angoisse en échange d’un peu d’attention des médias. Le meilleur antidote à des auteurs comme Naomi Klein est de se rappeler le vieil adage de la pensée libérale française qui nous demande de nous éloigner des superstitions et des fables car la diabolisation ne remplace jamais la connaissance. 


20 réactions


  • amipb amipb 17 avril 2010 07:12

    Rassurez-nous, Lucillo, cet article est bien une caricature ? Aucun des « contre-arguments » annocés ne tient la route.

    Le livre de Naomi Klein ne s’enracine pas dans Karl Marx et Chavez, mais bel et bien dans une réalité quotidienne vécue dans les zones franches. Si pour vous cette réalité relève de l’idéologie, c’est que votre perception de la réalité est pour le moins distordue par vos convictions.


  • Francis, agnotologue JL 17 avril 2010 10:25

    Qui lit encore lucilio ?


  • Pyrathome pyralene 17 avril 2010 12:01

    Il vient vomir sur la vérité , c’est pas vendeur la vérité smiley
    allez Lulu , no logo et la stratégie du choc , soit beau prince ! t’es grillé toi et tes potes....smiley


    • ChatquiChouine ChatquiChouine 17 avril 2010 12:57

      Uniquement ceux qu’il fustige s’entend.... smiley


    • Pyrathome pyralene 17 avril 2010 14:04

      Léontroll , tu devrais lire « la stratégie du choc » , lulu va pas tarder à en faire la pub smiley
      de quoi faire changer tes prises de position...

      D’ailleurs on ne le remerciera jamais pour faire la pub de cet excellentissime ouvrage « no logo » le must !!! je conseille le livre normal plutôt que le poche , écrit trop petit pour des yeux fatigués...
      Merci Lulu smiley smiley


  • Philou017 Philou017 17 avril 2010 13:30

    Bien essayé, Lucilio, il ya au moins une ébauche d’argumentation. Mais vous ne devriez pas publier sur Agoravox, mais sur un site épris du juteux marché du libéralisme sauvage.
    A défaut du Figaro, euh, eh bien, sur Contrepoints par exemple ?
    Parait qu’il y a encore là-bas quelques contempteurs de l’exploitation des gens et des adeptes du culte des profit des actionnaires ....


  • sisyphe sisyphe 17 avril 2010 17:36

    Un nouveau tour de piste du clown Lucilio ; c’est toujours un bon moment de rigolade...

    Tellement neuneu, celui-ci, qu’il fait une super promo pour un excellent livre !

    Allez, clown Lucilio ; encore un seau d’eau...
     smiley


  • ELCHETORIX 17 avril 2010 18:05

    Encore un article de l’auteur l’apôtre de l’ultra-libéralisme !
    décidément AGORAVOX , laisse passer ces articles de provoc , mais bien sûr la liberté veut dire l’expression de toutes tendances , mais il se trouve que faire l’apologie d’une minorité qui mène le monde devant le mur relève de la propagande malsaine , mais la manipulation ne prend plus .
    Donc cet article est inutile pour le progrès des peuples !
    RA .


  • agent orange agent orange 17 avril 2010 19:27

    Je viens de terminer le dernier DVD de Michael Moore « Capitalism : A Love Story », que j’ai acheté pour 20 000 kips (2.5 US$) au talat du coin. Comme quoi chez les cocos du Laos, la « libre entreprise » est aussi une réalité.
    Lucilio, vous êtes partisan de la « dérégulation » ? Welcome into the real world...

    Lucilio, j’attends de vous une critique du dernier film de Moore, quoique sans me faire d’illusions. Vous avez encore des progrès à faire pour l’égaler en factuel et en... humour.


  • Yvance77 17 avril 2010 19:57

    Salut,

    L’auteur vise à dépasser la crétinitude d’un lerna. C’est réussi et haut la main.

    La bêtise néo-con dans toute sa splendeur.

    Pas possible que de telles merdes passent la modération, il y a un truc qui cloche dans le choix de ces bouses !!!

    A peluche


  • frédéric lyon 17 avril 2010 20:03

    Il faut continuer à produire ces articles bien argumentés, ne serait-ce que pour nous permettre de nous régaler avec les commentaires stupides et les appels à la censure de la clique habituelle !


  • WatchTower WatchTower 17 avril 2010 20:48

    Cher auteur, vous oubliez que le problème du neo capitalisme (usure) ultraliberal est systemique (concentration du capital inéluctable étant le problème majeur).
    Ainsi tout ce livre n’est que la description des effets de l’agissement de « multinationales » dans ce cadre, où les dés sont pipés.
    Par ailleurs le capitalisme vous a tellement possédé que vous voyez n’importe quelle oeuvre comme « produit marketing » ou tout est calculé, ou tout ce qui est dit à des visées strategiques de manipulation, de propagande. Sachez qu’il existe encore des humains, monsieur l’auteur, et que nous ne pensons pas comme çela, nous.


  • casp casp 17 avril 2010 22:22

    Dans un monde occidental ou la jeunesse passe son temps à fumer picoler, et se servir des outils de communication uniquement pour savoir ou se souler et montrer les photos de quand ils sont soul..

    Bon je caricature ; mais je suis pas loin de la vérité... Parler d’avenir à la jeunesse, d’engagement, d’idéologie, d’utopie et vous comprendrez le néant qu’à réussis à crée la société de consommation couplé à l’avortement de la fausse révolution de 68.

    Bref dans ce monde la vous n’allez pas vous mettre à critiquez quand des temps en temps la politique repointe un peu son nez...


  • latitude zéro 17 avril 2010 22:23

    Lucilio

    J’attends avec impatience ta critique du livre « les veines ouvertes de l’Amérique Latine » d’ Eduardo Galeano .

    La genèse de la merveilleuse histoire du capitalisme ultra libéral jusqu’à presque nos jours qui éleva l’homme au rang de ..... ( au choix) !!!

    Les mines de Potosi , le massacre des Indiens, l’accumulation primitive du capital Européen etc... « L’Espagne étant la vache et l’Europe buvant son lait »
    Et toutes les saloperies de tes congénères qui n’hésitèrent pas à se déchirer entre eux et à s’entretuer !

    Allez au boulot !


  • Carl 18 avril 2010 21:09

    Pour quelles raisons les provocations de ce pauvre type sont-elles mises en avant sur agoravox ? 


  • fredo45 19 avril 2010 23:34

    Je crois que personne ne sait vraiment ce que pense l’auteur, pas moi en tout cas, mais je SAIS qu’il ne faut pas le prendre au premier degré...
    Et je suis comme le cow-boy dans The Big Lebowski : « I like your style »...


  • eric 24 avril 2010 17:03

    Je confirme avec du vécu. Estonie, Nokia ouvre une usine, État un peu dé soviétisé, démocratie un peu libérale, personnel bien formé par un système éducatif soviétique qui avait du bon sur certains points. Très vite, cela devient la première industrie exportatrice du pays.

    Russie post soviétique ou les oligarques poutiniens nous donne la preuve que le féodalisme est le stade ultime du socialisme : même personnel à priori qualifié sur le plan technique, mais état pas libéral pour un sou, administration prédatrice, échec complet. Comme partout, à ma connaissance, dans les deux cas, la multinationale payait des salaires supèrieur à la moyenne locale.

    Bravo lucillo. Je suis de passage à Paris, si vous y êtes aussi, cela me ferait plaisir de vous rencontrer.


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