Offshore à Casablanca
Je discutais, il y quelques semaines, avec un responsable informatique d’une grande banque française. Cette banque étudiait l’opportunité de délocaliser certaines de ses activités informatiques en Inde, dans la région de Bangalore (1). Les grands groupes français, avec un peu de retard sur les groupes anglo-saxons, entrent dans ce mouvement de la mondialisation.
Je ne jugerai pas ces choix d’un point de vu moral car, à titre personnel, je préférerais que ces activités restent sur le territoire français. Cependant, il ne faut pas ignorer la mondialisation, et vouloir fermer les frontières, notamment pour les activités de service, n’a pas de sens (1).
La question que je pose est : comment faire que cela se passe au mieux d’un point de vue français ?
Je
pense que cette banque aurait intérêt à étudier le Maroc
comme destination de son informatique. Même si le Maroc n’offre
pas aujourd’hui un cadre technique aussi développé que l’Inde (2), le
pays présente à mon avis trois avantages décisifs :
- La langue française est
pratiquée par une grande partie de la population. C’est un
élément déterminant pour pouvoir dialoguer avec les équipes externe
(compte tenu du fait que les Français ne parlent pas toujours bien
l’anglais).
- La proximité géographique rend faciles les déplacements.
Mais surtout, je pense que l’argent investi au Maroc sera bénéfique, à terme, pour les entreprises françaises (3). En aidant au développement du pays, elles s’offrent de nouveaux débouchés. Je ne pense pas que cela sera le cas en Inde.
Le Maroc occupe une place de leader dans le domaine des call centers francophones, avec 50% de parts de marché. Dell, HP (et bien d’autres) ont installé à Casablanca leurs centres d’appels (1).
L’étude de McKinsey, intitulée « Morroco Offshoring Adventage » (1), prévoit d’ici 15 ans la création de 100 000 emplois dans le secteur de « l’offshoring » (comprenant, au-delà des call centers, tous les services pouvant être délocalisés) à destination des pays francophones et hispanophones.
Le Maroc possède pour cela plusieurs atouts : la langue, des infrastructures télécom, un personnel qualifié, et un coût de main d’œuvre raisonnable. La proximité géographique est dans la logique de ce que l’on nomme le NearShore (2)
Dans cette optique, le gouvernement marocain développe une politique volontariste : le projet de plateforme Casashore va dans ce sens.
Comme
je le disais précédemment, si certaines délocalisations nous sont
imposées (par l’ouverture des frontières), faisons en sorte qu’elles se
passent dans des pays avec lesquels cela présente un intérêt (pour les
Français). Autant, dans ce cas, miser sur le Maroc.
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Vous pouvez lire à ce sujet « Radioscopie des centres d’appels » de Rachid Jankari.
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(1) Lire sur le blog d’Adrien son point de vue sur les délocalisations.
(2) mais j’en parlerai dans les prochains jours, car l’ofhshore au Maroc se développe fortement
(3) Lire à ce sujet : S’installer au Maroc