jeudi 30 décembre 2010 - par Chem ASSAYAG

Petit dictionnaire du capitalisme contemporain à l’orée de 2011

Argent : alpha et omega. Moteur, but et conséquence du système. Sa répartition obéit à des lois parfois étranges mais rarement égalitaires.

Banques : structures centrales du système. Elles sont censées assurer le financement de l’économie, ce qu’elles font en prenant le moins de risques possibles et le plus de garanties. Accessoirement elles jouent pour elles mêmes avec l’argent des autres. Elles ont remis au goût du jour avec un brio désarmant la fameuse maxime « responsables mais pas coupables ».

Chine : épouvantail

Dérégulation : mouvement et idéologie considérant qu’on fera plus et mieux (de services, de qualité, d’échanges) avec moins (de règles, et de moyens le plus souvent). Principe qui fonctionne une fois sur deux ce qui permet difficilement de lui accorder une quelconque validité statistique.

Euro : monnaie de l’Union Economique Européenne. Sa création a reposé sur le postulat étonnant que l’union monétaire pouvait se faire avant l’union politique et en tout cas avant une convergence des politiques budgétaires et fiscales. Le postulat s’avère risqué.

Finance : grand méchant loup mais contrairement au conte s’en sort très bien.

Goldman Sachs : banque américaine ; un des principaux gagnants de la crise qui a démarré en 2008. Possède des capacités de lobbying inégalées notamment au sein de l’administration américaine.

Hedge Funds : organismes de placement financier prenant des positions dites alternatives pour offrir des rendements très élevés. Se caractérisent par leur attrait pour les îles au climat hospitalier (Caïmans, Bahamas, Bermudes…)

Impôt : gros mot.

Justice sociale : concept désuet tendant à penser que l’accroissement des inégalités n’est pas une bonne chose.

Kerviel : ex-salarié de la société Générale. Génie de la finance ayant réussi pendant plusieurs mois sans aucune complicité et sans avoir attiré les soupçons de quelque façon que ce soit à prendre des positions de plusieurs dizaines de milliards d’euros sur les marchés. A finalement fait perdre près de 5 Milliards à son employeur qu’il a été condamné à rembourser, ce qui devrait lui prendre quelques siècles.

Lehman Brothers : banque d’investissement américaine qui a fait faillite en septembre 2008 déclenchant une crise financière puis économique majeure. Elle avait massivement investi dans des produits à risque dit « subprimes » qui avaient servi de support à des concours débridés d’ingénierie financière sans filet.

Marchés : juges de paix. « Les marchés ont décidé de sanctionner la Grèce ». « Les marchés ont attaqué l’euro ». « Les marchés n’accepteront pas une politique laxiste ». Ont la particularité de ne jamais se montrer en public.

Notation (de agences) : synonyme de pompier pyromane. Organismes chargées d’évaluer le niveau de solvabilité et de risque des emprunteurs (états, entreprises, collectivités) ce qui détermine les taux d’intérêt auxquels les emprunteurs peuvent se financer. En dégradant les notes des emprunteurs les agences rendent mécaniquement plus difficile et plus cher leur financement alimentant un cercle vicieux. Ne sont soumis à aucun contrôle réel.

Obama : Président américain dont l’arrivée au pouvoir coïncide avec la crise. Pas veinard.

Prévisions : exercice risqué consistant à essayer de prévoir ce qui va se passer demain. Passe temps favori des économistes pendant longtemps avant qu’ils ne fassent la démonstration de façon éclatante, dans leur très grande majorité, de leur incapacité à prévoir.

Quant : dans l’univers de la finance de marché groupe de métiers supposant des compétences mathématiques très pointues. Contribue à détourner des cohortes importantes d’ingénieurs surdiplômés de métiers moins bien payés.

Remboursement : obsession des créanciers, surtout ces jours ci.

Sarkozy : se présente comme le grand sauveur et réformateur du système. Pour l’instant avec des résultats mitigés voire inexistants ce qui tend à diminuer sensiblement les rangs de ceux qui y croyaient.

Taux : contrepartie du risque. Obsession des emprunteurs, surtout des Etats depuis quelques mois.

Usine : élément d’architecture agrémentant les paysages occidentaux dans un passé récent. Tend à disparaitre en se déplaçant vers l’est.

Vertu : qualité demandée au peuple, ce qui veut dire en langage courant « vous allez vous serrer la ceinture ». Synonyme de rigueur.

Wagon : être dans le bon wagon. Le mauvais wagon est par exemple celui des « PIGS », acronyme désignant le Portugal, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne pays qui sont condamnés à emprunter à des taux prohibitifs et/ou faire appel à des fonds de soutien sous diverses formes.

X : inconnu.

Yuan : devise chinoise. Utilisée de façon remarquable par la Chine comme une arme économique.

Zizanie : impression d’ensemble dégagée par les gouvernants sur les questions économiques.

Je me permettrai de conclure en pointant sur trois articles que j’ai publiés dans ces « colonnes »

http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/captalisme-83405

http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/la-societe-de-l-ecart-type-9319

http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/la-finance-pascalienne-48794



6 réactions


  • Daniel Roux Daniel Roux 30 décembre 2010 13:13

    @ l’auteur

    Vous êtes bien trop gentil et votre humour, timide et réductif. Mais il faut bien rire des choses sérieuses, ne serait ce que pour garder le moral.

    Je reviens juste sur la définition de Sarkozy : Le « Président des Riches » qui ment aux autres. Ni homme d’état, ni homme politique, juste l’homme des affaires.

    Sinon l’argent n’est pas le problème, la cupidité, oui. La morale au sens « éthique » du terme, est indispensable à l’élaboration des règles qui régissent les sociétés. Si la tête est pourrie, le corps se décompose. Nous en sommes là.


  • millesime 30 décembre 2010 14:25

    le groupe Inter-Alpha (vous ne croyez pas si bien écrire hein)
    vous connaissez ?
    Ce groupe contrôle, par effet de levier, une partie importante de la force de frappe des marchés financiers.
    il a joué un rôle clé dans le démantèlement du système de Bretton Woods en 1971n ouis dans la formation de l’ordre qui l’a remplacé en rétablissant la prééminence de la Cité de Londres comme première place financière du monde.
    François Garelli est l’auteur de « l’histoire du Groupe Inter-Alpha ».
    à ce jour voici la liste des banques :
    Krédietbank (KBC), Crédit Commercial de France (CCF) Nederlandsche Middenstandsbank (NMB), Berliner Handelsgesellschaft/Frankfurter Bank (BHF), Martins Bank (qui a fusionné avec la Barclys et la Williams and Glyn Bank qui a fusionné avec la Royal Bank of Scotland (RBS), puis sont venu s’ajouter Banco Santander, ING et la Société générale.. ! rien que çà !

    (il faudrait clôturer les comptes dans toutes ces banques, et les ouvrir au Crédit Coopératif)

    http://millesime.over-blog.com


  • gimo 30 décembre 2010 21:30

    millesime (petrus)

    il faudrait clôturer les comptes dans toutes ces banques, et les ouvrir au Crédit Coopératif
    Quant est que vous comprendrez que les poprio de ces banques sont les même ( B.P) BNP


  • BA 2 janvier 2011 18:26

    Wikileaks vient de révéler un document historique : dès le 17 mars 2008, les dirigeants anglais et étatsuniens savaient déjà que les grandes banques privées étaient en faillite.

     

    Lundi 17 Mars 2008, 18:27


    SUJET : LA CRISE BANCAIRE EST MAINTENANT UNE CRISE DE SOLVABILITE ET NON PAS DE LIQUIDITE, AFFIRME LE GOUVERNEUR DE LA BANQUE D’ANGLETERRE.

     

    Classifié par : AMB RTUTTLE, raisons 1.4 (b) et (d).

    Résumé :

    §1. (C/NF) Depuis l’été dernier, la crise des marchés financiers a changé de nature. Le problème est maintenant non pas celui de la liquidité présente dans le système mais plutôt une question de solvabilité systémique, selon les déclarations du Gouverneur de la Banque d’Angleterre (BOE) Mervyn King lors d’une rencontre à déjeuner avec le Sous-Secrétaire au Trésor Robert Kimmitt et l’Ambassadeur Robert Tuttle.

    Mervyn King a mis en avant deux impératifs. Premièrement, trouver le moyen d’éviter aux banques l’infamie d’avoir à vendre des billets de trésorerie dont personne ne veut à des prix bradés, ou de devoir réclamer l’aide d’une banque centrale. Deuxièmement, s’assurer qu’il existe un effort coordonné qui pourrait devoir aller jusqu’à recapitaliser le système bancaire dans son intégralité.

    Quant au premier impératif, King a suggéré de développer un système de regroupement et d’enchères de manière à débloquer l’important volume d’investissements financiers pour lesquels il n’existe pour le moment aucun marché. Quant au second impératif, King a suggéré que les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Suisse, et peut-être le Japon puissent former un nouveau groupe provisoire qui dans un commun effort réunirait le capital nécessaire afin de recapitaliser toutes les principales banques. FIN DU RESUME.

    L’insolvabilité systémique est désormais le problème.

    –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

     

    §2. (C/NF) Mervyn King a déclaré que la liquidité est nécessaire mais non suffisante dans la crise du marché actuelle car le système bancaire mondial est sous-capitalisé en raison d’un effet de levier trop important. Il a dit qu’il est difficile de penser que les quatre principales banques anglaises (Royal Bank of Scotland, Barclays, HSBC, et Lloyds TSB) n’ont pas besoin de capitaux supplémentaires. Un effort coordonné des banques centrales et des ministres des finances sera peut-être nécessaire afin de développer un plan de recapitalisation du système bancaire.

    Débloquer les titres adossés à des hypothèques qui ne trouvent pas acheteur.

    –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––—–

     

    §3. (C/NF) King a déclaré qu’il est également impératif de trouver un moyen pour que les banques puissent se débarrasser de leurs titres qui ne trouvent pas acheteur, ce qui inclut les titres adossée à des hypothèques, sans devoir les solder à des prix bradés. Il a dit que les ventes à prix bradés ne servent qu’à abaisser la valeur plancher à laquelle les banques doivent évaluer leurs actifs (cote au marché), et par là-même obligent à entériner des ventes forcées supplémentaires injustifiées. Il a déclaré que nous devons inventer un système d’enchères où les banques pourraient placer les billets de trésorerie qu’elles veulent vendre sans craindre d’être stigmatisées par les marchés qui interpréteraient des ventes à faible prix comme le signe que la banque est en difficulté. King a pourtant indiqué qu’il ne savait pas encore comment structurer de telles enchères et que des discussions supplémentaires étaient nécessaires. Kimmit a convenu qu’il fallait trouver le moyen de débloquer ces marchés et a déclaré que nous devrions rester en contact aussi bien bilatéralement qu’à travers le G7, le Forum de Stabilité Financière et les banques centrales.

    Une méthode éventuelle de recapitalisation.

    ––––––––––––––––––––––––––––––––––

     

    §4. (C/NF) Le G7 est presque complètement inopérant au niveau économique a déclaré King. Des économies jouant un rôle-clé ne sont pas représentées, en particulier celles qui ont d’importantes et croissantes réserves en capital. King a dit qu’un nouveau groupe international était nécessaire pour remédier à cela. Cela pourrait être un groupe provisoire, et il a suggéré que peut-être les banques centrales et les ministres des finances des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la Suisse pourraient coordonner les discussions avec d’autres pays qui ont de vastes réserves de capitaux, incluant les fonds souverains, à propos du recyclage de dollars pour recapitaliser les banques. King dit que le Japon pourrait ne pas être inclus car il n’a pas grand-chose à offrir. King a observé pourtant qu’inclure les Japonais pourrait les forcer à finalement évaluer au prix du marché des actifs dépréciés. Kimmit a déclaré qu’il était réticent à susciter de nouveaux regroupements dans la communauté financière internationale en raison des inévitables débats visant à déterminer qui inclure.

    Commentaire.

    –––––––––––

     

    §5. (C) Les propositions de King n’étaient pas des idées en l’air comme on peut en lâcher pour faire la conversation au cours d’un déjeuner. Il était clair que son objectif principal lors de cette réunion était de faire connaître à Kimmit, dans les grandes lignes, ses idées originales sur la question. King n’est pas rentré dans les détails quant à ses propositions et se satisfaisait de présenter des idées générales, posant ainsi les fondements pour une discussion future. FIN DU COMMENTAIRE.

     

    §6. (U) Participants : USG : Ambassador Robert Tuttle ; Deputy Secretary Kimmitt ; Eric Meyer, Office Director for Europe ;

    SIPDIS Robert Saliterman, Spokesman, International Affairs, U.S. Treasury ; Warren Chane, ECONOFF. UK : Mervyn King, Governor, Bank of England ; Chris Salmon, Private Secretary.

     

    §7. (U) Le Sous-Secrétaire Kimmitt a approuvé ce message.

    Visit London’s Classified Website : http://www.state.sgov.gov/p/eur/london/index. cfm TUTTLE

    Visit London’s Classified Website : http://www.state.sgov.gov/p/eur/london/index. cfm TUTTLE

    ===============================

    NB : Merci à Nikademus pour la traduction.

     

    http://www.pauljorion.com/blog/?p=19899#more-19899


  • BA 2 janvier 2011 23:34

    Dette publique : la Grèce négocie un délai.

    La Grèce négocie avec des banques commerciales l’allongement du délai de remboursement de sa dette, après avoir conclu un accord semblable avec le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne (UE), rapporte vendredi 31 décembre un hebdomadaire athénien.

    Les craintes d’une restructuration de la dette grecque après l’arrivée à terme en 2013 d’une aide d’urgence de 110 milliards d’euros maintiennent les spreads grecs à un niveau élevé. Le gouvernement grec a assuré à plusieurs reprises ne pas envisager une telle opération, mais sans pour autant parvenir à convaincre le marché obligataire.

    Plus de 70 % de la dette grecque est détenue par des investisseurs étrangers. Selon Realnews, qui ne cite pas de sources, l’ancien vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) Lucas Papademos, qui conseille actuellement le Premier ministre George Papandréou, est en discussion avec les banques et les fonds qui détiennent de la dette grecque.

    Le journal rapporte que la restructuration envisagée impliquerait un allongement du délai de remboursement compris entre 10 et 30 ans, notamment pour les papiers dont l’échéance était fixée entre 2013 et 2015.

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2010/12/31/97002-20101231FILWWW00516-dette-la-grece-negocie-un-delai.php

    En clair : la Grèce ne peut pas rembourser ses emprunts.

    La Grèce sera le premier Etat européen à se déclarer en défaut de paiement en 2011.

    Après la Grèce, d’autres Etats européens se déclareront en défaut de paiement en 2011.


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