mardi 8 juillet 2008 - par ÇaDérange

Pétrole cher : le Congrès américain à la chasse aux spéculateurs !

L’accusé de la hausse sans fin du pétrole est désormais, aux yeux du législateur américain, le spéculateur, même s’il existe des évidences que la vraie cause du mal est la pénurie d’offre par rapport à la demande.

Le "spéculateur" est celui qui achète des contrats de livraison de pétrole à terme, les Futures, en pariant à la hausse et les revend avant leur échéance et sans jamais en prendre livraison physiquement. Le volume traité dans ces marchés spot est sans commune mesure avec les volumes physiques qui approvisionnent les raffineries et qui eux font l’objet de contrat d’approvisionnement à long terme. Ils influencent néanmoins le marché en ce qu’il reflètent les anticipations d’excédent ou de pénurie physique du pétrole ou des matières premières sur le marché. L’impact de ces anticipations se retrouvant finalement sur les comportements de stockage ou de déstockage physique des raffineurs.

Pour qu’il y ait vente ou achat de contrat à terme, il faut qu’il y ait divergence d’opinion sur l’évolution du marché entre le vendeur, qui croit à une baisse ou à la stabilisation de son produit, et l’acheteur, qui, lui, croit à la hausse du même produit. De la confrontation de ces opinions dans le temps naît le prix d’équilibre à l’instant T. D’où donc naît cette divergence d’opinion sur l’évolution des prix ? D’une situation très controversée sur l’évolution des volumes disponibles, entre des capacités de production très proches de leur maximum, une demande en hausse constante du fait de la croissance économique du monde tirée par les pays émergents, la faiblesse du dollar et des incidents techniques, sociaux ou politiques dans les pays producteurs qui peuvent brutalement affecter leur production. Tout cela en fait un marché particulièrement volatil.

Spéculer sur le prix des produits est un jeu très risqué en fonction des volumes et de la volatilité des prix. Parier à la baisse quand le marché monte peut être mortel pour celui qui s’y risque. D’ailleurs chaque choc pétrolier d’un passé récent s’est traduit par quelques cadavres chez les traders. Il faut donc que les investisseurs/spéculateurs croient fermement dans des fondamentaux d’un l’approvisionnement pétrolier mondial négatifs pour qu’une spirale haussière comme celle que nous vivons puisse produire et tenir aussi longtemps.

En d’autres termes, personne ne croit, pour l’instant, à un rééquilibrage rapide de la demande et de l’offre.

Autre élément intéressant concernant lesdits spéculateurs. Ce sont... nous-mêmes par l’intermédiaire de nos fonds de placement ou de pension qui sommes venus nous placer sur le marché des matières premières en général devant la baisse des bourses mondiales. C’est ainsi que les positions sur les marchés de matières premières sont passées entre 2003 et 2008 de 13 à 260 milliards de dollars. Au train où les marchés boursiers continuent à décliner, gageons que ces fonds ne sont pas près de quitter les matières premières et revenir sur les marchés actions ! Signalons que sortir (partiellement) d’un marché en difficulté pour se placer dans un marché à perspective positive n’est, pour ces fonds, que de la bonne gestion.

La chambre des représentants américaine vient de décider néanmoins de partir à la chasse à ces "spéculateurs" en donnant des pouvoirs d’exception au bras armé du législateur dans ce domaine, la Commodity Futures Trading Commission, CFTC. Ses interventions peuvent aller de la hausse (forte) des dépôts de garantie pour toute transaction, à la liquidation autoritaire des positions ouvertes, voire à la suspension des cotations. On pourrait même imaginer qu’il pourrait être interdit aux opérateurs incapables de prendre livraison physiquement du produit, les fonds de pension en particulier, de participer à ces marchés à terme. C’est dire que le Congrès américain a en tout cas donné les pleins pouvoirs à la CFTC pour arrêter par tous les moyens une spéculation éventuelle.

L’avenir nous dira si ce sont ces spéculateurs qui sont responsables de la montée des prix ou bien si ce sont les fondamentaux de l’approvisionnement pétrolier mondial. Espérons pour l’économie mondiale qu’il ne s’agit que de spéculation et regrettons qu’une action réglementaire comme celle-ci n’ait pas été prise plus tôt.

 



9 réactions


  • tvargentine.com lerma 8 juillet 2008 13:18

    C’est bien une spéculation au même titre que la bulle internet

    Le reste c’est de l’intox que l’on vous vend dans la tête avec des bizness man - écolo qui viennent vendre dans les médias leur paratin

    Je pense que la spéculation va s’écrouler quand les milliers de journalistes vont se retrouver Chine pour les jeux Olympiques

    Le masque d’une "Chine moderne" va tomber et nous allons voir le vrai visage d’une Chine qui n’est pas à l’origine de toute cette spéculation sur le pétrole mais qui aura servi à préparer et exécuter une longue phase de spéculation sur les matières premières




    • Zalka Zalka 8 juillet 2008 14:02

      Quote for truth.

      Je vous rappellerai ce commentaire, fin aout début septembre. On verra si la bulle s’est dégonflée.


  • Spookimouk 8 juillet 2008 13:59

    Effectivement Lerma, il y a bien de la spéculation sur le pétrole et celà tend à accélérer la montée des prix.

    Cependant, le pétrole existant en quantité limitée, il finira bien par manquer un jour. La production ne peut pas indéfiniment répondre à une demande qui double tous les 14 ans. Forcément, à un moment, il y a incompatibilité entre offre et demande, et on s’appercoit que c’est le cas depuis 2-3 ans avec une production mondiale qui stagne.

    Bref, les spéculateurs voient juste. A moyen et long terme, ils feront des bénéfices considérable, à moins qu’on trouve vite une énergie de remplacement aussi efficace que le pétrole.


    • mikaboom 9 juillet 2008 11:12

       "ca finira bien par manquer un jour" ........ -> quand on a dit ca, on a rien dit.....si ma tante en avait, ce serait mon oncle.


  • Forest Ent Forest Ent 8 juillet 2008 16:12

    J’ai donné mon interprétation dans un article récent, différente mais complémentaire des deux proposées ici : la correction, même s’il est possible qu’elle soit excessive, d’un retard d’inflation des matières premières relativement à la quantité de dollars en circulation, dont il faut bien qu’ils s’investissent quelque part.


  • armand armand 8 juillet 2008 17:52

    Le pétrole étant une produit dont la finalité est de se consumer en fournissant de l’énergie. Je ne vois pas pour quelle raison on aurait le droit d’en acheter... pardon, de prendre des positions sur des contrats à terme, en ne payant que le prix de l’option (comme un ticket de moterie) et en ne prenant jamais livraison du produit. Cela me semble un non-sens... comme quantité de produits d’investissements à ingéniérie complexe à l’heure actuelle. On vend, on achète, au prix du jour. On paie comptant ou on emprunte. C’est cela un (vrai) marché. Point barre.


    • faxtronic faxtronic 9 juillet 2008 12:25

      Cela s’appelle des produits financiers, c’est un jeu. C’est un jeu, un simple jeu d’argent qui permet de gagner a la loterie. Un produit financier, c’est un jeu qui fait circuler des capitaux. Tous le monde y participe : celui qui specule,c omme celui qui a besoin de petrole pour vivre. Et comme c’est un besoin vital, ceux qui en on besoin paye.


  • Internaute Internaute 8 juillet 2008 20:35

    Les pauvres retraités. Soit leur fond de pension investit dans le pétrole et ils ne pourront plus rouler à cause du prix de l’essence, soit leur fond reste en action et ils ne pourront plus payer le prix de l’essence. C’est cornélien !


  • appoline appoline 9 juillet 2008 14:41

    Les spéculateurs font partie des hautes spères du pouvoir, alors pourquoi voulez-vous qu’ils changent leur manière de procéder. Renseignez-vous sur le groupe des Bilderbergers et vous comprendrez


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