Pourquoi il faut sauver le modèle français
...donc empêcher l’UMP de le bousiller
Quand les faits démontrent toute l’inanité de la doctrine économique sarkozyste.
Passons à présent à un article publié le 20 août dernier par The business insider, découvert via le blog de Gaël et titré Français : le peuple le plus productif du monde. Il reprend une étude réalisée par UBS : "En ramenant le PIB par habitant à l’heure travaillée, la France surclasse largement ses rivaux. Exemple : tandis qu’un Français génère 25,10 $ de PIB en travaillant une heure, un Américain n’en rapporte que 24,60", traduit Les mots ont un sens. Conclusion des auteurs de l’article : "Voici une leçon que le reste du monde devra méditer. La solution n’est pas de travailler plus. Mais de travailler mieux... et moins. Comme les Français savent le faire". Une pierre dans le jardin de Sarkozy et son célèbre "travailler plus pour gagner plus".
Enfin si, comme le répètent sans cesse les membres de la majorité, la France s’en sort plutôt mieux que les autres pays frappés par la crise, ce n’est absolument pas grâce à leur soi-disant "plan de relance massif". La vraie explication est livrée par Alternatives économiques : "Ce modèle français si décrié aurait-il donc finalement quelques vertus insoupçonnées ? Certaines caractéristiques structurelles contribuent à expliquer la relative résilience de l’économie hexagonale. C’est le cas notamment du poids important des mécanismes de redistribution. Ils participent en effet à la stabilisation des emplois et des revenus en ces temps difficiles. Heureusement que Nicolas Sarkozy n’avait pas encore eu le temps de mettre véritablement en oeuvre son programme libéral quand la crise est survenue ! Mais cette résistance tient aussi pour une bonne part à la structure des finances des ménages. Ils épargnent beaucoup et sont plutôt moins endettés qu’ailleurs. Limitant ainsi les effets négatifs pour l’activité économique du puissant mouvement de désendettement à l’oeuvre dans les pays qui avaient suivi à l’excès la voie de l’argent facile tracée par le modèle anglo-saxon. Enfin, cette résistance relative résulte aussi du poids limité de l’activité industrielle et du caractère faiblement exportateur de l’économie française. Il n’y a pas vraiment toutefois de quoi s’en vanter..." Des explications plus détaillées sont fournies par la plume du rédacteur en chef de la revue, Guillaume Duval : "L’ensemble des dépenses publiques devrait représenter 55,6% du PIB français cette année, selon les chiffres de la Commission européenne. Soit le niveau le plus élevé de l’Union à vingt-sept (la moyenne européenne est de 50,1) hormis la Suède, où ces dépenses représentent 56,6% du PIB. L’essentiel de ces dépenses n’est cependant pas consommé par des administrations publiques, mais redistribué aux citoyens par le biais notamment de prestations sociales, qui représentent en France 34,6% du PIB (dont 18,9% sous forme de paiements directs d’allocations diverses). Ces mécanismes concourent puissamment à la stabilisation des revenus des ménages en temps de crise." Voilà donc qu’alors que tous nos politiques de droite, du centre et de la fausse gauche crient haro sur la dépense publique - et souhaitent la baisse des prestations sociales (ouh le vilain assistanat !) -, il apparaît que c’est justement elle qui nous préserve. D’où l’immense hypocrisie du président : "malgré l’image de volontarisme que Nicolas Sarkozy souhaite volontiers donner de son action, la France a pour l’instant été un des grands pays développés qui a le moins mobilisé l’intervention publique pour combattre la crise au-delà de l’effet mécanique des stabilisateurs automatiques préexistants." Abordons à présent la question des fonctionnaires, qui seraient affreusement trop nombreux et dont le chef de l’Etat a entrepris de ne pas remplacer un retraité sur deux : "L’emploi public joue également un rôle de stabilisation important car il ne suit pas les cycles économiques. Avec 13,2% du PIB consacré en 2009 à la rémunération des salariés du secteur public, la France se situe, sur ce terrain, au-dessus d’une moyenne européenne qui est de 11%." La diminution du nombre de fonctionnaires imposée par l’Elysée est donc un facteur aggravant de la crise. Tordons ensuite le cou à l’idée que le plan de relance de la France serait massif : "Par ailleurs, nous avons souligné précédemment le recul – important, mais plus faible qu’ailleurs – de l’investissement en France. Mais ce n’est pas grâce au dynamisme de l’investissement public que les dégâts ont été limités jusqu’ici. Alors que son poids s’est accru de 1,8 point entre 2007 et 2009 dans le PIB des Etats-Unis, de 0,9 point au Royaume-Uni et de 0,5 point en moyenne dans l’Union, il ne devrait progresser que de 0,2 point en France, selon la Commission. (...) Si on cumule les effets des stabilisateurs automatiques et des mesures discrétionnaires prises par les gouvernements des différents pays depuis deux ans, la France est, avec l’équivalent de 3,9 points de PIB injectés dans le circuit économique, un des grands pays où les pouvoirs publics ont le moins soutenu l’activité entre 2007 et 2009. Un peu plus toutefois qu’en Allemagne (3,7 points de PIB) ou qu’en Italie (3 points seulement), mais beaucoup moins qu’aux Etats-Unis (9,4 points) et qu’au Royaume-Uni (8,8 points). Nettement moins également que dans les pays scandinaves, plus proches de la France en termes de niveau des dépenses publiques : en Suède, les pouvoirs publics ont injecté 6,4 points de PIB dans l’économie et quasiment autant au Danemark et en Finlande. Bref, si l’activité recule en France un petit peu moins qu’ailleurs, ce n’est pas vraiment grâce à l’action décidée des pouvoirs publics depuis deux ans, mais plutôt malgré l’ampleur très limitée de celle-ci..."
Droit dans le mur en klaxonnant
Ajoutons enfin, en guise de coup de grâce, les questions liées de l’endettement des ménages et de la bulle immobilière : "Partout dans le monde, aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi au Royaume-Uni, en Irlande et en Espagne, c’est l’éclatement de la bulle immobilière qui a déclenché la crise actuelle. Et qui explique aussi largement sa gravité. Contrairement au Japon ou à l’Allemagne, où les prix ont baissé depuis dix ans, la France n’a pas été épargnée, loin de là, par la spéculation immobilière : selon les chiffres de l’OCDE, les prix réels de l’immobilier (une fois l’inflation déduite) ont doublé en France entre 1995 et 2007. L’envolée était certes moins forte qu’en Irlande ou au Royaume-Uni, mais les niveaux espagnols ont presque été atteints et l’immobilier a nettement plus augmenté en France qu’aux Etats-Unis. Cette évolution a posé de graves problèmes à la société hexagonale : impossibilité d’accéder à la propriété pour des couches sociales de plus en plus larges, pouvoir d’achat amputé par les hausses de loyers et des remboursements de crédits, disparition du logement social de fait qui palliait le manque de logements sociaux officiels... Elle n’a toutefois pas débouché sur un surendettement massif des ménages comme cela a été le cas dans les pays les plus touchés par la crise. En 2007, l’endettement des ménages français représentait 99% de leur revenu disponible, selon les chiffres de l’OCDE. C’est certes significativement plus que les 66% de 1996, mais on reste loin des 186% du Royaume-Uni ou des 142% des Etats-Unis. Et malgré l’absence totale de bulle immobilière dans ces pays, les Allemands et les Japonais sont eux aussi plus endettés que les Français..." Or quel était le programme défendu par Sarkozy : une France de propriétaires. Comment acquérir son logement sans s’endetter ? Du reste, pour l’incompétent de l’Elysée, l’endettement est une bonne chose, comme nous le relevions dans un billet de mai 2007 : "L’Etat est trop endetté et les ménages pas assez. D’ailleurs, il faut tordre le coup à cette idée : s’endetter, pour un ménage, ce n’est pas mal, c’est une confiance dans l’avenir", a-t-il déclaré. Voilà ainsi comment, s’il avait réussi à "réformer" aussi loin qu’il le souhaitait, les ménages français se seraient endettés devantage, pour acheter un logement qu’ils n’auraient ensuite plus pu assumer, et les conséquences de la crise seraient encore infiniment plus graves qu’elles ne le sont déjà, avec la diminution de la dépense publique et du nombre de fonctionnaires. Et que dit aujourd’hui l’indécrottable ? Qu’il faut continuer les réformes ! Ou comment, avec Sarkozy, aller tout droit dans le mur en klaxonnant bien fort.