A la surprise de la plupart des analystes, la Fed a décidé de maintenir son programme de rachat de bons du Trésor et de titres. Avec la baisse progressive du taux de chômage et l’approche du cap des 7%, beaucoup pensaient, comme The Economist, qu’elle ralentirait son programme.

Ecarter les nuages noirs
Ensuite,
les taux longs, qui étaient tombés à 1,6% au printemps, sont brutalement remontés en quelques mois, à 3% en septembre. Cette remontée est dangereuse à plusieurs titres pour l’économie. Tout d’abord, elle va peser sur le déficit puisque le coût de la dette sera plus important pour l’Etat. Ensuite, elle renchérit le financement de l’économie. En surprenant les marchés, la Fed a cassé le mouvement de hausse puisque
les taux à dix ans sont retombés à 2,75%. Wall Street sait désormais que la priorité de la banque centrale étasunienne est le soutien à l’activité, d’autant plus que l’inflation est faible.
Des conséquences lourdes
Le point positif de cette décision est qu’elle sécurise en grande partie la croissance étasunienne pour l’an prochain. Ce faisant, la normalisation des taux longs est ralentie à un rythme qui ne menace pas le reste de l’économie. En effet, une remontée trop forte et trop brutale était porteuse de déséquilibres importants et pouvait créer une crise financière. Il ne faut pas oublier que pour des pays dont la dette publique approche 100% du PIB, une augmentation de 100 points de base (un pour cent) du service de la dette implique une hausse, à long terme, des intérêts à payer d’1% du PIB.
Si Ben Bernanke a sans doute raison de vouloir éviter toute menace pour l’économie réelle, en revanche, garder ouvert le robinet à liquidités sans avoir véritablement remis la bride sur les établissements financiers est très dangereux. Ce faisant, il sème les graines de la prochaine bulle et du prochain krach.