samedi 6 avril 2013 - par Pascal de Lima

Que diable faire dans cette zone euro ?

On apprend que certains pays sont candidats à la zone euro (la Lettonie notamment). Mais on peut bien se demander pourquoi ?

Mais que diable faire dans cette zone euro ? Pourquoi se porter candidat ?

Et bien c’est très simple : les avantages qu’on attend de la zone euro sont liés à l’espoir d’une monnaie forte. Elle limite l’inflation. Elle donne des garanties quant à la valeur des remboursements futurs aux prêteurs internationaux et donc elle attire des capitaux. Avec une monnaie forte, obtenir de l’argent coûte moins cher aux investisseurs (Jean-Jacques Rosa 2011). Les emprunteurs permanents comme les Etats et les grandes entreprises espèrent bénéficier de tout cela. On espère assainir son bilan financier.

Une monnaie forte pénalise les exportations ? Mais pour les grandes entreprises les investissements directs se sont substitués aux exportations de biens et services et une monnaie forte diminue le coût d’achat d’usines à l’étranger. Une monnaie forte réduirait le prix à l’importation. C’est le cas du modèle allemand et les candidats à la zone euro espèrent bien imiter ce modèle. C’est l’argument très souvent avancé et pourtant…

Et pourtant un pays ayant une monnaie indépendante peut parfaitement gérer sa monnaie pour tirer avantage de sa force sur les marchés des changes, c’était le cas de l’Allemagne avec le Deutsche Mark et c’est aujourd’hui encore le cas de la Suisse. C’est dommage que l’on ne puisse pas exposer ces idées alternatives. 

On dit aussi que l’un des avantages de l’euro est l’abaissement des coûts de transaction par un change fixe. Puis on pourrait comparer facilement les prix. Et pourtant…

Et pourtant l’acheteur ne se pose jamais la question d’aller acheter sa voiture à Bonn plutôt qu’à Paris à cause de l’absence de change fixe mais plutôt en raison des coûts administratifs ! Les mouvements des changes en réalité n’ennuient que les grandes entreprises opérant sur plusieurs marchés en faisant obstacle à leur volonté de cartellisation. La constitution de cartels nationaux à plus grande échelle, nécessite la fin des monnaies nationales pour l’avantage des producteurs et non des consommateurs. Et l’euro pourtant est devenue une véritable machine à emprunter pour tous…

Les candidats à la zone euro privilégient l’idéologie à la réalité de l’économie, parfois une naïveté presque douteuse à y croire encore, en tout cas pour cette configuration de l’Europe. Car la crise de la zone euro qui a démarré il y a cinq années maintenant nous a enseigné cinq leçons principales : on a appris qu’une monnaie unique pouvait accroître la mauvaise hétérogénéité des Etats membres, celle précisément qui ne permet pas de faire émerger des avantages comparatifs naturels (dans un contexte structurel normal). On sait aussi qu’il est dangereux de vouloir intégrer la zone euro car la zone euro n’a pas de politique fédératrice ce qui risque de renforcer les déséquilibres économiques notamment dans le domaine des balances courantes. On sait aussi que les pays où se pratique une dévaluation interne inadéquate s’orientent vers quelque chose de pratiquement auto-suicidaire. On sait aussi de la zone euro que nombre de ses banques sont en mauvaise santé et que le cas chypriote récent a ouvert des questions bien inquiétantes ! Que diable faire dans cette galère.



6 réactions


  • Le taulier Le taulier 6 avril 2013 07:35

    Comme beaucoup d’analyses de la crise de l’Euro, l’auteur prend le problème à l’envers.

    Beaucoup de pays dans la zone euro ont des problème pas à cause de leur appartenance à cette zone monétaire. C’est l’inverse, ce sont les pays les plus faibles qui cherchent à entrer dans la zone euro en pensant que comme par magie tous leurs problèmes structurels vont disparaitre sans faire le moindre effort de réforme.

    A titre expérimental j’aimerais beaucoup qu’un pays quitte la zone euro pour montrer à quel point on est mieux dedans que dehors. Malheureusement cela a peut de chance de se produire, non seulement les dirigeants politiques y sont opposés mais même les peuples ne le veulent pas. Et puis même si cela arrivait, il y aurait toujours des gens comme l’auteur pour nous expliquer que c’est l’ancienne appartenance à la zone euro qui est la cause des nouveaux problèmes.


    • Inquiet 6 avril 2013 08:30

      Non seulement l’auteur ne prend pas le problème par le bon bout, mais vous aussi « Le Taulier » vous ignorez totalement la vrai raison d’une demande d’entrée dans la zone euro :


      UN AVANTAGE INDENIABLE POUR LES NANTIS

      Le peuple et les finances publiques ne sont pas l’objectif, elle est là à vous deux l’erreur de diagnostique.


    • Gelezinis Vilkas Gelezinis Vilkas 6 avril 2013 12:14

      Le taulier.

      Oui, voyons donc ce que 40 à 50% de perte de la valeur de ses économies en banque peut faire. Et si on veut savoir ce que cela fait d’être hors zone €uro, demandons donc aux travailleurs britanniques s’ils sont épanouis... alors que leur niveau de vie s’effondre...

      Il faut penser l’€ comme une monnaie nationale, celle de l’Europe. Et doter cette dernière d’un gouvernement.


  • BOBW BOBW 6 avril 2013 08:40

    Nous sommes encore prés du poisson d’Avril : cet article est un EURO TROLL pour « faire bouillir les grenouilles » ??


  • Mmarvinbear Mmarvinbear 6 avril 2013 11:16

    Et pourtant un pays ayant une monnaie indépendante peut parfaitement gérer sa monnaie pour tirer avantage de sa force sur les marchés des changes, c’était le cas de l’Allemagne avec le Deutsche Mark et c’est aujourd’hui encore le cas de la Suisse.


    Une monnaie basée sur un seul pays, donc une seule économie, sera toujours plus vulnérable sur le marché des changes et susceptible d’une attaque financière qu’une monnaie fédérative.

    D’ailleurs, le Franc Suisse est lui-même une monnaie fédérale, étant né de l’agrégation des dizaines de monnaies cantonales qui existaient avant lui.

  • ecolittoral ecolittoral 6 avril 2013 16:45

    Avec l’euro, on achète chez le voisin....même s’il est loin.

    Avec une monnaie nationale, on produit et on vend au pays. Faute de devises.

    Produire et vendre au pays !!! Tien, serait ce une solution pour nos 3 millions de chômeurs ?...
    Et bientôt 4, si on continue avec cette erreur qu’on appelle l’euro.
    Les pays qui ont gardé leur monnaie ont bien de la chance, en dehors des anglais, abandonnés par leurs dirigeants et isolés sur leur île.

    On est vulnérable quand on dépend trop des autres alors : 
    Que nous soyons grec, italien, français, hollandais, regagnons notre indépendance et notre monnaie.
    Les instances européennes sont une aberration. Il est temps d’y mettre fin.

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