lundi 25 avril 2005 - par Pierre Bilger

Rémunération des présidents directeurs généraux

Depuis que s’est développée la polémique relative aux conditions financières du départ de l’ancien président directeur général de Carrefour, Daniel Bernard, j’ai été sollicité par de nombreux médias pour exprimer mon opinion. Je suis ainsi intervenu vendredi dernier à RTL , au Journal de 13 heures de France 2  et dans l’émission de Laurent Bazin sur Europe 1 

sans parler de TSR, une radio FM, qui, après m’avoir longuement interrogé sur les blogs, m’a aussi questionné sur cette affaire. Hier soir, dimanche, j’ai participé à l’émission de Marc-Olivier Fogiel sur France 3, On ne peut pas plaire à tout le monde. Enfin, ce matin, Le Parisien publie une courte interview dont je reproduis le texte en annexe. L’unique raison de ces sollicitations était bien entendu la décision que j’avais prise en août 2003 de renoncer à l’indemnité de départ qui m’avait été attribuée par le conseil d’administration d’Alstom, démarche inédite à l’époque et restée isolée jusqu’à présent.
Plusieurs amis blogueurs m’ont aussi demandé de m’exprimer sur ce blog. J’ai jusqu’à aujourd’hui hésité à le faire. Répondre à des questions sur une expérience qui commence à devenir ancienne d’une manière au demeurant inévitablement brève et sans doute superficielle ne tire guère à conséquence. M’exprimer de nouveau de ma propre initiative sur ce sujet que les circonstances de la vie m’ont conduit à approfondir exige en revanche une démarche plus construite, d’autant qu’à tort ou à raison, j’ai le sentiment de m’être suffisamment et longuement expliqué dans le livre que j’ai publié l’an dernier, Quatre millions d’euros Le prix de ma liberté , ouvrage que chacun peut consulter sans difficulté.
Ma réticence s’explique aussi par le fait que je n’ai jamais eu l’arrogance de penser que mon geste devait ou même pouvait constituer un exemple ou faire jurisprudence comme l’avait écrit à l’époque La Tribune,

tant les circonstances qui l’avaient inspiré étaient singulières : grave crise financière de l’entreprise que j’avais dirigée pendant douze années, intervention inhabituelle de l’Etat en substitution des banques pour en assurer la pérennité, campagne médiatique, injuste et déloyale, travestissant à la fois mon action passée et ma personnalité et en conséquence volonté de ne pas être un motif de scandale pour mes anciens collègues, les salariés de l’entreprise, désinformés à outrance.
Aujourd’hui il ne peut être question pour moi d’apprécier ou de commenter, en tant que tel, le régime de rémunération qui aurait été appliqué à Daniel Bernard par le conseil d’administration de Carrefour. Je n’ai nulle intention de contribuer, fût-ce indirectement, à une quelconque mise en cause personnelle.
Sur ce cas particulier, je me bornerai à relever deux points qui méritent d’être pris en considération par tous ceux qui s’estiment fondés à porter un jugement. D’abord l’œuvre considérable accomplie par Daniel Bernard à la tête de l’entreprise ne peut être rayée d’un trait de plume. Notamment le fait que le cours de bourse n’ait pas répondu aux attentes dans la dernière période ne justifie pas que soit oublié ou oblitéré le fait que, pendant ses treize années de responsabilité, Carrefour est devenu le numéro 2 de la grande distribution dans le monde. D’autre part que le conseil d’administration de Carrefour

ait veillé à ce que son ancien président ne rejoigne pas la concurrence et que, pour s’en assurer, il ait accepté d’attribuer une indemnité à ce titre ne me paraît pas contestable dans son principe.
Mais ce qui est en cause à travers l’émotion que suscite ce cas particulier comme cela avait été le cas dans les épisodes précédents analogues, c’est l’excès de l’écart entre les chiffres qui sont cités et les rémunérations, notamment les moins élevées, payées aux salariés de l’entreprise concernée.

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