Rémunération des présidents directeurs généraux
Depuis que s’est développée la polémique relative aux conditions financières du départ de l’ancien président directeur général de Carrefour, Daniel Bernard, j’ai été sollicité par de nombreux médias pour exprimer mon opinion. Je suis ainsi intervenu vendredi dernier à RTL , au Journal de 13 heures de France 2 et dans l’émission de Laurent Bazin sur Europe 1
sans parler de TSR, une radio FM, qui, après m’avoir longuement
interrogé sur les blogs, m’a aussi questionné sur cette affaire. Hier
soir, dimanche, j’ai participé à l’émission de Marc-Olivier Fogiel sur France 3, On ne peut pas plaire à tout le monde. Enfin, ce matin, Le Parisien
publie une courte interview dont je reproduis le texte en annexe.
L’unique raison de ces sollicitations était bien entendu la décision
que j’avais prise en août 2003 de renoncer à l’indemnité de départ qui
m’avait été attribuée par le conseil d’administration d’Alstom, démarche inédite à l’époque et restée isolée jusqu’à présent.
Plusieurs amis blogueurs m’ont aussi demandé de m’exprimer sur ce
blog. J’ai jusqu’à aujourd’hui hésité à le faire. Répondre à des
questions sur une expérience qui commence à devenir ancienne d’une
manière au demeurant inévitablement brève et sans doute superficielle
ne tire guère à conséquence. M’exprimer de nouveau de ma propre
initiative sur ce sujet que les circonstances de la vie m’ont conduit à
approfondir exige en revanche une démarche plus construite, d’autant
qu’à tort ou à raison, j’ai le sentiment de m’être suffisamment et
longuement expliqué dans le livre que j’ai publié l’an dernier, Quatre millions d’euros Le prix de ma liberté , ouvrage que chacun peut consulter sans difficulté.
Ma réticence s’explique aussi par le fait que je n’ai jamais eu
l’arrogance de penser que mon geste devait ou même pouvait
constituer un exemple ou faire jurisprudence comme l’avait écrit à l’époque La Tribune,
tant les circonstances qui l’avaient inspiré étaient singulières :
grave crise financière de l’entreprise que j’avais dirigée pendant
douze années, intervention inhabituelle de l’Etat en substitution des
banques pour en assurer la pérennité, campagne médiatique, injuste et
déloyale, travestissant à la fois mon action passée et ma personnalité
et en conséquence volonté de ne pas être un motif de scandale pour mes
anciens collègues, les salariés de l’entreprise, désinformés à
outrance.
Aujourd’hui il ne peut être question pour moi d’apprécier ou de
commenter, en tant que tel, le régime de rémunération qui aurait été
appliqué à Daniel Bernard par le conseil d’administration de Carrefour. Je n’ai nulle intention de contribuer, fût-ce indirectement, à une quelconque mise en cause personnelle.
Sur ce cas particulier, je me bornerai à relever deux points qui
méritent d’être pris en considération par tous ceux qui s’estiment
fondés à porter un jugement. D’abord l’œuvre considérable accomplie par
Daniel Bernard à la tête de l’entreprise ne peut être rayée
d’un trait de plume. Notamment le fait que le cours de bourse n’ait pas
répondu aux attentes dans la dernière période ne justifie pas que soit
oublié ou oblitéré le fait que, pendant ses treize années de
responsabilité, Carrefour est devenu le numéro 2 de la grande distribution dans le monde. D’autre part que le conseil d’administration de Carrefour
ait veillé à ce que son ancien président ne rejoigne pas la concurrence
et que, pour s’en assurer, il ait accepté d’attribuer une indemnité à
ce titre ne me paraît pas contestable dans son principe.
Mais ce qui est en cause à travers l’émotion que suscite ce cas
particulier comme cela avait été le cas dans les épisodes précédents
analogues, c’est l’excès de l’écart entre les chiffres qui sont cités
et les rémunérations, notamment les moins élevées, payées aux salariés
de l’entreprise concernée.
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