Résilier la vieille économie
A l’heure où la résilience a si bonne cote qu’on l’a lit et qu’on l’entend de nombreuses fois par jour, il serait temps de se souvenir que ce mot a un sens, qu’il ne signifie pas « endurer ».
Les quantités de biens et de services disponibles à la consommation sont en baisse. La guerre n’est qu’un accélérateur, pas une cause. La guerre est le ressassement de vieilleries et la résilier ne serait pas mal également.
Résilier les vieux contrats. En passer de nouveaux.
Dans notre idée économique, celle qui croit que tout commence et finit à l’action des hommes, à l’argent, les prix régulent tout. Pensée magique. Nos discours économiques coupent les deux bouts de la banane : ce qu’on prend (à la terre principalement) et ce qu’on rend (à l’air surtout).
Or, l’air nous a envoyé une bête invisible qui rend malade. Avec cet hôte indésirable, nous n’avons pas su voir la banane économique. Même, des hyper-politiques qui croient que les décideurs disposent de leurs décisions à leur entier gré, ont occupé le terrain des médias interactifs pour instiller cette idée : il n’y a pas de virus, il n’y a pas de maladie, il y a des méchants décideurs et des bêlant moutons. En ce cas, les bouts de la banane ne sont pas coupés, (il n’y a même pas de « matières premières »), ils n’existent pas !... On est dans une toute puissance humaine, confisquée par les oligarques. Même s’ils n’ont pas convaincu tellement, il usent le temps, ils usent l’énergie, ils fatiguent tout le monde et entravent la réflexion sur ce qui se passe vraiment.
La baisse des activités humaines causée par le coronavirus correspondait au niveau de la baisse qu’il faudrait organiser pour réaliser les accords de Paris. Contraints et forcés. Il fallait prendre cet élan, donné par ce virus et le poursuivre. C’est le contraire qui s’est pratiqué : Vite, de la croissance… etc. Et même, de la guerre ! type XXème siècle (alliance des chars et de l’aviation, entre vieilles nations voisines). Nous ne connaissons d’économie que monétaire, nous avons franchi la crise et donc, dans le schéma -stabilité-crise-stabilité, nous nous imaginons retrouver la stabilité et si possible, plus haut qu’avant la crise.
Or, nous arrivons dans un temps de pénuries croisées et cumulatives. La « loi de l’offre et de la demande », qui est la seule que nous connaissons en notre idée économique tronquée, consiste à faire payer la diminution de l’offre par les consommateurs. Il faut rappeler ici que, de plus, l’énergie n’est pas produite par les hommes et leur travail. Des matières (charbon, pétrole… uranium) aisément convertibles en énergie sont extraites d’un stock, qui, aussi grand soit-il, est limité et arrive à sa fin. On en voit le bout, pour qui accepte de regarder. L’énergie que ces matières dégage est dispersée.
Les solutions à la finitude de notre monde ne pourront exister qu’à la condition qu’elles réalisent un minimum d’égalité. Il nous faut planifier. Il nous faut diriger l’économie. Un peu. Pas reprendre la vieille querelle communiste-capitaliste (qui est toujours présente dans les débats et même dans certaines candidatures asse invraisemblables).
Les humains ont des besoins primaires. L’énergie disponible devrait être guidée vers la satisfaction des besoins primaires de tout le monde. Dans la loi su marché, les riches peuvent sans cesser d’être riches payer plus chers leur chauffage, le chauffage de leur résidence secondaire… Tandis que des pauvres n’arriveront plus à se chauffer du tout.
Les riches continueront à prendre la plus grosse part du reste des richesses non-produites par l’œuvre des hommes, en spoliant les plus pauvres.
Le système des tickets de rationnement, qui contrôle et limite les achats par une personne, n’a pas bonne presse. Il reste dans la mémoire comme un effet des restrictions de la guerre de 40 et de l’occupation. Cependant, ce serait un bon moyen : il ne suffit pas d’avoir l’argent pour prendre ce dont on a besoin, il faut entrer dans un calcul du besoin individuel de chacun qui permet de ne pas accaparer trop de ressources et d’en laisser un minimum aux moins fortunés, un minimum vital. Il n’y a pas de raison de subventionner de la même façon le déplacement vers un weekend à la campagne et le déplacement trajet-domicile de quelqu’un qui doit prendre sa voiture pour aller au travail ! (Ce que font les petits cadeaux de notre Président)
Il conviendrait d’examiner ce genre de solution. Il n’est pas possible que des ultra-riches s’organisent des voyages d’agrément dans l’espace, polluant par cette activité plus que des milliards d’humains pauvres !
De toute façon, il nous faudra bien résilier les vieilles pensées (y compris le marxisme, y compris le bonneteau, genre retraite à 60 ans contre retraite à 65) qui ont toutes considérées une insularité de l’action des hommes par rapport au reste du monde, au monde non-humain. Ça n’a jamais été le cas, et maintenant que nous atteignons les murs de notre spacieuse « prison » que nous avons cru infinie, la fausseté de ces paradigmes communs, logiciels communs, doit nous apparaître et nous devons en changer.
Les tickets de rationnement nous ferait quitter le pouvoir d’achat par les revenus pour le faire superviser par un pouvoir d’achat lié à la personne, une solution pour l’énergie, et quelques produits peut-être, dont il conviendrait de débattre.