lundi 18 septembre 2006 - par JDCh

Retraites du secteur public : inéquité, mensonge et déficit

 

Avant l’été, notre valeureux Minefi révélait que la dette publique de la France était de 1200 milliards d’euros et avouait qu’il fallait y ajouter la retraite des fonctionnaires pour un montant de 800 milliards, ce qui nous amenait gentiment à 2000 milliards d’euros (soit plus que le PIB de notre cher pays et alors que le critère de Maastricht nous impose un maximum à 60% du PIB).

Ces fameux 800 milliards supplémentaires que j’ai trouvés, dans un premier temps, assez mystérieux, et que j’ai imaginés être plus "comptables" que "réels", sont, en fait, la conséquence d’un mensonge et d’un tabou bien entretenu : nos fonctionnaires ne cotisent pas pour leur retraite !

La lecture du Point fin août m’a finalement apporté l’explication et j’ai pensé utile de la reformuler de façon simple pour que cet état de fait soit connu et compris par le plus grand nombre.

Vous noterez que le graphique vertigineux produit par la commission Pebereau ne tient pas compte de ces fameux 800 milliards ni de l’accroissement de 2004 à 2500 de plus de 100 milliards. Il n’en reste pas moins la parfaite illustration de la mauvaise pente dans laquelle nous sommes entraînés.

Revenons à nos retraites et à notre système, soi-disant égalitaire, de répartition, et prenons le cas de la retraite des salariés du secteur privé que tout le monde a en tête. Le système est simple : les actifs cotisent un certain pourcentage de leurs salaires auprès de la CNAV et d’organismes comme l’AGIRC (cadres) et l’ARCCO (non cadres). Cet argent est utilisé immédiatement pour payer les retraites des anciens salariés du privé. Si le nombre de retraités augmente par rapport au nombre de cotisants et si l’on veut éviter un déficit chronique, voire exponentiel, on a plusieurs moyens :

  • augmenter le montant des cotisations ce qui baisse le salaire net des actifs : ceci a d’ailleurs été fait depuis vingt ans de façon régulière
  • baisser le montant des droits à la retraite, ce qui baissera la retraite des actifs au moment de leur retraite : ceci a été fait en prenant comme salaire de référence les 25 meilleures années au lieu des 10 meilleures
  • rallonger la durée du travail avant retraite, ce qui repousse la date de départ à la retraite des actifs : ceci a été fait en augmentant le nombre de trimestres de cotisations.

Les actifs actuels que nous sommes "paient et paieront" le fait que leurs parents vivent plus vieux, que leurs parents aient fait beaucoup d’enfants (pour les "baby boomers" nés entre 1945 et 1965) ou que leurs parents n’en aient pas fait assez (ceux nés après 1970).

La réforme Fillon, en 2003, qui faisait suite à la réforme Balladur, en est l’expression : beaucoup s’accordent à dire qu’elle ne sera pas suffisante pour absorber la période de retraite des "paby-boomers" (nés entre 1945-1965 et donc à la retraite entre 2005 et 2050). Seule conclusion pour les "papy boomers" : se constituer d’ici là une épargne complémentaire permettant de ne pas trop souffrir financièrement le jour venu.

Mais tel n’est pas l’objet de ce "post"...

La situation des fonctionnaires et des salariés des grandes entreprises publiques (EDF, GDF, SNCF, RATP, La Poste... que j’appellerai dans ce "post" les GFI - gouffres financiers institutionnalisés) est, quant à elle, bien plus confortable. Aucune corrélation n’est faite entre les cotisations récoltées (qui sont totalement fictives car de simples écritures sur la feuille de traitement des fonctionnaires) et les retraites versées, puisque l’État est son propre "assureur-vieillesse" et que les cotisations des salariés des GFI sont en cours de transfert vers le régime général pour diluer le déficit des régimes spéciaux, en cacher les déficits astronomiques et "faire payer" du même coup les salariés du privé ou les contribuables (le rapport annoncé de la Cour des comptes, jugeant préoccupante la situation de la branche vieillesse de la Sécu, devrait, je l’espère, nous en apprendre plus).

Concernant les GFI...

Les négociations des GFI entreprise par entreprise avec la CNAV et l’AGIRC/ARRCO (sous l’égide d’un État qui est actionnaire des uns et "régulateur/décideur" des autres, ce qui garantit la plus grande transparence... !) sont plus ou moins avancées : le statut d’entreprise cotée en bourse d’EDF et GDF a rendu ces négociations nécessaires : si on avait demandé à ces deux entreprises d’assumer financièrement le coût du statut de leurs salariés et retraités, leur faillite aurait été rapide et cela n’aurait pas fait très propre au moment de leur mise en Bourse !

Mais non seulement les "soldes de tout compte" versés par EDF (et sans doute GDF) à la CNAV ne correspondent pas à la réalité des coûts à venir mais, en plus, aucune réforme du statut des salariés en activité ou à recruter n’a été élaborée... Pas bien grave, les salariés du privé paieront la différence...

Concernant la SNCF, la RATP, la Poste... les mêmes discussions doivent avoir lieu et aboutir en 2007. Il est prévu que l’État (donc les contribuables) assume l’écart économique (appelé "soulte") entre ces régimes coûteux et le régime général. Encore une fois, le contribuable sera le payeur...

Rappelons que les principales différences des systèmes de retraite entre un salarié du privé et un salarié d’un GFI sont extrêmement lourdes. Elles sont même colossales :

  • cotisations "salariales" à 10,35% contre 7,85% pour les GFI : injustifiable différence surtout quand les droits associés sont bien supérieurs (et j’imagine qu’il y aussi une différence côté charges "patronales")
  • durée de cotisation à 40 ans contre 37,5 ans : ce qui explique en partie que les retraités des GFI ont une espérance de vie de 28 ans à la retraite contre 22,5 ans pour les salariés du privé. Les autres explications étant la date d’entrée dans la vie active plus tardive dans le privé, le fait de ne pas connaître de périodes de chômage et sans doute le "stress tout au long de la vie" !
  • salaire de référence pris comme la moyenne des 25 meilleures années contre les 6 derniers mois : c’est là que se trouve l’inéquité majeure et on imagine toutes les coutumes/magouilles consistant à augmenter fortement le salarié du GFI en fin d’activité
  • évolution des retraites suivant l’indice du coût de la vie contre évolution générale des salaires de chaque entreprise du GFI : ici on explique la solidarité entre salariés actifs et retraités de ces "grandes maisons"
  • décote de 10% par année de cotisation manquante contre aucune décote (sans oublier que le cumul emploi-retraite est libre pour les GFI et "cappé" pour nous autres...).

S’éclairer à la bougie et marcher à pied pendant quelques mois de grève est sans doute le seul scénario envisageable : j’y suis prêt...

Monsieur Fillon a cette semaine indiqué qu’il souhaitait une réforme rapide de ces régimes spéciaux. Le voilà marchant dans les pas de Juppé qui s’y était attaqué en 1995. C’est en tout cas courageux d’annoncer cela en pleine campagne présidentielle. Souhaitons que les Français comprennent que ce "parler vrai" est dans leur intérêt...

Concernant les fonctionnaires...

Le statut des fonctionnaires retraités ressemble beaucoup à celui des salariés/retraités des GFI si ce n’est qu’un modeste alignement avec les salariés du privé a été opéré en 2004 :

  • durée de cotisation portée à 40 ans en 2008
  • évolution du montant de la retraite suivant le même indice du coût de la vie depuis 2004
  • alignement de la décote en cas d’année de cotisation manquante alignée à partir de 2015.

La principale et colossale différence qui demeure est celle du salaire de référence (6 derniers mois contre moyenne des 25 meilleures années) que l’on peut estimer à près de 50% d’écart sur le montant de la retraite perçue en ayant eu une trajectoire salariale similaire !

On ajoutera, élément marginal mais emblématique, que de véritables et avantageux systèmes de retraite par capitalisation sont accessibles aux fonctionnaires (CREF, CGOS et la fameuse PREFON) : une rente viagère très attractive à laquelle tous mes conscrits anciens fonctionnaires sont ravis de cotiser... (ceci dit, il semble qu’il n’y ait que 600 000 actuels ou anciens fonctionnaires, mutualistes et salariés du secteur public sur un potentiel de 10 000 000 qui l’utilisent : ignorance, idéologie, absolue confiance dans le lendemain ?).

En réalité, la notion de durée de cotisation est non seulement à l’initiative du fonctionnaire à qui on ne peut imposer de prendre sa retraite mais surtout assez neutre pour le budget (et déficit associé) de l’État : c’est là que se situe le grand mensonge...

 

 

Comme évoqué plus haut, les cotisations inscrites sur les feuilles de traitement de nos chers fonctionnaires sont fictives : une simple écriture de l’État qui devrait se verser à lui-même cette somme avant de la verser aux retraités fonctionnaires.

Cette "simple écriture" rend les discours politiques sur la réduction des dépenses publiques totalement mensongers et manipulateurs : quand un Coppé annonce fièrement qu’il ne va remplacer que 2 fonctionnaires sur 3, il énonce un ratio qui n’a aucun impact économique favorable à court terme, mais il aime bien nous le faire croire...

En effet, le ratio sordide qui signifierait quelque chose serait le taux de remplacement des fonctionnaires décédés multiplié par le taux de conversion (aujourd’hui entre 75% et 80%) des retraites de cette population, corrigé de l’effet positif de l’arrivée de jeunes fonctionnaires aux salaires plus faibles : bref, vous avez compris, le budget de l’État dépend de l’espérance de vie à la retraite des retraités fonctionnaires et de leurs conjoints qui, il se trouve, est supérieure à celle des salariés du privé.

Avez-vous déjà entendu un homme ou femme politique citer le "taux de mortalité" des anciens fonctionnaires et de leurs conjoints ? Evidemment non... Avez-vous déjà entendu un homme ou femme politique constater en toute objectivité que le phénomène du "papy-boom" ne commençant à s’estomper qu’entre 2040 et 2050 "grâce" au décès d’une génération, il faudrait pour réduire le budget de l’État (avant que mon fils, qui en a 17, ait 57 ans ou moi 83 ans !) faire une vraie réforme du régime de retraite des fonctionnaires ? Pas encore...

Le calcul est compliqué mais les seuls "remèdes de cheval" qui permettraient d’éviter cette lente agonie semblent être :

  • aligner immédiatement le régime de retraite des fonctionnaires encore actifs sur celui des salariés du privé : notamment le salaire de référence calculé sur les 25 meilleures années au lieu des 6 derniers mois
  • geler la pension des anciens fonctionnaires déjà à la retraite : un peu raide si l’inflation redémarre
  • geler toute embauche dans la fonction publique jusqu’en 2030 voire 2040 : bien évidemment, un peu théorique !

Pas très réaliste, bien sûr, mais les autres scénarios sont peu enthousiasmants : nous avons le choix entre Soleil vert (très bon film de SciFi qui m’avait beaucoup marqué à sa sortie dans les années 1970, cf. Soleil Vert) ou la faillite !

Conclusion

Oui, il faut très rapidement aligner les régimes spéciaux sur le régime général des salariés du privé. Il semble que 59% des Français en soient convaincus (voir sondage paru cette semaine). Espérons, une fois encore, que cette vérité ne nuira pas à ceux qui la disent.

Non, la réforme Fillon de 2003 du régime de retraite des fonctionnaires n’a rien résolu. Ce régime va peser pendant encore 40 ans sur le budget de l’État. Le réformer en l’alignant sur le régime des salariés du privé est également absolument nécessaire pour en amoindrir le coût astronomique pour l’instant "hors bilan" dans nos comptes publics. Espérons que certains sauront également dire cette vérité...

En effet, quitte à voir le pays bloqué pendant quelques semaines à la rentrée 2007 par nos chers syndicats (CGT, FO, SUD...), chantres de la défense des avantages inéquitables, autant traiter les deux systèmes d’un coup !

Dernière minute

J’entendais hier soir Henri Emmanuelli indiquer que ces régimes spéciaux sont contractuels et qu’on ne peut changer un contrat : voilà un homme politique plein de courage et de capacité à réformer ! Il me semble, par ailleurs, que les salariés du privé avaient également un contrat, et que l’on a décidé déjà par deux fois de le leur changer...

Monsieur Emmanuelli indiquait également, comme "argument massue", que les salariés des GFI (et il aurait dit la même chose des fonctionnaires) ne sont pas des privilégiés comparés, par exemple, à des grands patrons : il a raison, mais il compare 5 millions de favorisés à quelques dizaines de privilégiés et pourquoi ces 5 millions de salariés seraient-ils favorisés de façon si extrême par rapport aux 15 millions de salariés du privé ?

Il est vrai que les fonctionnaires et salariés des GFI sont les principaux (et seuls) clients de Fabulius (que Monsieur Emmanuelli soutient dans sa candidature à la présidentielle...). Est-ce une raison suffisante pour tenir une telle argumentation et faire preuve d’aussi peu de courage ?

En fait et en réalité, il ne s’agit pas d’opposer les salariés du privé et leurs homologues du secteur public, mais de traiter un problème intergénérationnel lourd : quel système sommes-nous en train de livrer à nos enfants ?

J’avais, d’ailleurs, imaginé, il y a six mois, un aboutissement positif et encourageant (cf "post" I had a dream...) à cet enjeu : la vision se transformerait-elle en réalité ?

 



224 réactions


    • Noelou (---.---.54.62) 4 octobre 2006 00:11

      L FAUT QUE TOUT LE MONDE PARTE D’UN PRINCIPE SIMPLE : NOUS DEVRIONS TOUS ETRE EGAUX DANS CE PAYS AU NIVEAU DES RETRAITES. RIEN NE JUSTIFIE CES ODIEUSES DISPARITES ENTRE PRIVE ET PUBLIC...

      LE PUBLIC A DEJA LA CHANCE INOUIE D’AVOIR UN BOULOT A VIE..

      ALORS PAR RESPECT DE TOUS ...IL FAUT ALIGNER LE PRIVE SUR LE PUBLIC (ANNEES DE COTISATIONS - CALCUL DES PENSIONS - ETC...)

      Non !mais il a raison le monsieur, je veux la même pension que le patron de casino@, je veux 3500années de smig au nom de l’égalité des traitements , non mais !! Y a pas de raisons que ceux qui bossent ils aient moins que ceux qui foutent rien ! Même que ce serait pas bien de taxer la bourse parce que les pôvres actionnaires ils vont êtres obligés de mettre les mais dans le cambouis. Hé bé, on a pas le c.l sortit des ronces .


  • Gasty (---.---.169.137) 21 septembre 2006 13:09

    [ La Nation a INVESTI dans EDF et GDF, qui rapportent des clopinettes à l’état. EDF a des dettes absolument monstrueuses, sans même parler des retraites non provisionnées. Son rapport bénéfice sur investissement est ridiculement bas, et même son bénéfice est construit sur une grosse magouille ]

    Non merci ! finalement je vais pas racheter GDF, ça craint trop !


    • Gasty (---.---.169.137) 21 septembre 2006 13:15

      SVP ! est-ce qu’il reste encore des autoroutes à vendre ?


    • Noelou (---.---.130.208) 21 septembre 2006 14:04

      Oui la Nation a investi dans EDF GDF, mais qui c’est la nation ? Vous , moi ,vos parents , vos grands-parents.Donc les citoyens.Et tout celà va être revendu a qui ? A vous ! Donc on vous revend ce qui vous appartient déjà. Rapport bénefice investissement. Elle est bien bonne celle là.Une entreprise publique distribuant une énergie vitale à le devoir de ne pas faire de bénéfice afin que l’argent puisse retourné au citoyens.Et c’est ce qui c’est toujours fait.EDF a versé ses dividendes à l’état alors qu’il aurait très bien pu se désendétter plus vite. Les choix du programme électronucléaires ont été fait après le 1er choc pétrolier et par qui s’il vous plaît.Giscard. Qui décide du prix de l’électricité ? Les hommes politiques au pouvoir.Aujourd’hui les augmentations des tarifs constatés ne le sont que sur trois bases.La dérégulation du marché ( Tiens je croyais que les prix allaient baissés) , l’augmentation du prix d’achat du gaz au travers de Gazprom.Enfin, il faut rendre la mariée belle ( d’ailleurs on vend la marié avec sa dot quelle belle époque moyennageuse)donc on va pour satisfaire les actionnaires augmenter les tarifs.Vous dîtes que les bénéfices sont construits sur une grossse magouille.Je trouve ceci dangereux car sans fondements objectifs.Si votre affirmation est fondée , détaillez là. En revenant au message expliquant que Renault avait été dénationalisé et que celà avait été un grand bien.Il me semble important d’écrire , et l’histoire ne le redit pas assez, que Mr Renault a été punit à la fin de la guerre pour sa collaboration avec les Allemands.Et ce n’est pas le seul. Il me semble nécessaire de tout remettre dans son contexte.Le choix des nationalisation faites en 46 ne viennent que par le fait de ne plus avoir à revivre la souffrance d’une guerre telle que l’ont connu nos grand parents et pour certains nos parents.L’horreur non, l’Horreur avait pour origine, tiens , cherchez et vous verrez.Savez vous vous, ce que c’est que souffrir, de faim, de soif, savez vous ce qu’est travailler comme un esclave et ne PAS avoir de quoi finir son mois. DAns quel état on se trouve quand on ne peut plus donner à manger à ses enfants.Les entreprises nationalisées servaient à éviter çà.A aider le peuple à être plus heureux.A l’inverse de certains qui veulent tout, tout de suite en se foutant pas mal de l’interêt général. La France pourrait être un grand et beau pays si elle continait à porter les valeurs humaines qui l’ont dressée au milieu de l’histoire telle un phare pour les hommes.


  • (---.---.86.32) 21 septembre 2006 15:51

    par kerevenle 20 septembre 2006 : Dans le privée, au bout de deux ans de travail peu qualifié on gagne plus qu’un prof en fin de carrière, mais bon, le privé a forcément moins davantages ...

    Devant un tel mensonge .....fonctionnaires ! sortez de votre bulle....


  • François Dessouche (---.---.248.179) 23 septembre 2006 18:09

    Mon grand-père paternel (j’ai 58 piges au compteur) était inspecteur des impôts et ne rêvait que d’une chose : faire de son fils un fonctionnaire. N’y ayant pas réussi, il essaya de me transmettre la flamme sans plus de succès... Ses arrières-petits-fils ne le sont pas davantage malgré une mère retraitée de l’enseignement public (que je me refuse à nommer « Education Nationale »).

    Et pourtant, il paraît que le rêve de beaucoup de jeunes aujourd’hui (ou de leurs parents) est d’entrer dans la Fonction Publique d’Etat ou à la rigueur territoriale. Il y a là un mystère auquel je ne vois que trois explications : les salaires, la sécurité de l’emploi et la retraite.

    En ce qui concerne les salaires (primes et avantages sociaux compris), leur moyenne est depuis longtemps, aux dires des spécialistes, supérieure à celle du privé.

    En ce qui concerne la sécurité de l’emploi, elle a toujours été un des éléments les plus attractifs (cf. mon grand-père) des vocations publiques ou para-publiques.

    En ce qui concerne la retraite, toutes les informations utiles ont été (enfin) publiées, notamment celles relatives aux régimes spéciaux. Ces sont ces régimes qui posent en réalité problème car l’Etat UMPS commet un véritable hold-up en adossant ces régimes déficitaires au régime général du secteur privé (la CNAV) contre de misérables soultes qui viendront combler (si peu) un déficit budgétaire abyssal.

    Et ce sera aux salariés du privé, qui bientôt ne pourront plus cesser leur activité professionnelle qu’entre 65 et 70 ans, de continuer à payer pour que les nouveaux aristocrates, ces damnés de la terre épuisés par leurs longues journées de travail, leurs activités syndicales et leurs grèves à répétition, puissent continuer à partir entre 55 et 60 ans...

    L’égalité entre les citoyens, celle affichée aux frontons des palais de la République, commande qu’une durée de cotisation égale engendre des droits égaux en matière de calcul des pensions et que la date de départ pour bénéficier de 100 % de ses droits soit la même pour tous les citoyens. S’il faut pour cela abattre quelques bastilles, je ne serai pas le dernier à y prêter la main...

    Et si cela doit avoir pour conséquence de faire baisser le nombre des vocations, rendez-vous compte des économies que le contribuable va réaliser !


  • la chouette (---.---.199.113) 24 septembre 2006 11:56

    bonjour. je viens de lire l’article et ...une partie des réponses (!).la question que je me pose est la suivante : qu’entend-on par « fonctionnaire » ? en effet,peut-on dire la même chose d’un employé d’edf,d’un haut fonctionnaire dans un ministère,d’une infirmière,d’un instit,d’un postier,bref on généralise « les fonctionnaires » mais il y a en a autant de variétés que.....de brins d’herbe dans les prés !(j’éxagère à peine !) peut on dire qu’une infirmière,par exemple a autant de privilèges lorsqu’elle est dans le public,qu’une secrétaire de mairie ou qu’un chauffeur de ministre ? alors avant de stigmatiser « les fonctionnaires » et leurs soi-disant privilèges,commençons par savoir de quoi nous parlons . quand je lis « diminution des postes de fonctionnaires et non remplacement des départs en retraite » pour régler les problèmes,j’ai froid dans le dos car je sais trés bien (et vous aussi j’en suis sure !)que le gouvernement ne gelera pas les postes de ses chauffeurs,secretaires,attachés d’ambassades,mais plutôt les postes d’infirmières,de profs,d’instit de postiers,de services de proximité,bref de ceux qui font vraiment « le service public » !


  • maury (---.---.38.194) 24 septembre 2006 17:52

    Bonjour

    j’ai commencé de travailler à 17 ans, j’en ai bientôt 55 ans, si je travaille jusqu’à 60 ans j’aurai cotisé 176 trimestres sur lesquels viennent s’ajouter 20 trimestres pour les enfants (j’ai 2 enfants dont un handicapé). J’ai omis de vous dire que je travaille dans le secteur privé et que je suis une femme. Ce qui fait qu’à 60 ans j’aurai 196 trimestres. Et bien je n’ai pas le droit de partir avant l’âge (peut-être une année avant si la loi FILLION repasse en 2008). je serai fonctionnaire j’aurai pu partir depuis bien longtemps ; où est l’égalité ? Je suis prête à laisser ma place à une personne demandeur d’emploi.


  • SISI (---.---.21.125) 25 septembre 2006 12:03

    IL FAUT QUE TOUT LE MONDE PARTE D’UN PRINCIPE SIMPLE : NOUS DEVRIONS TOUS ETRE EGAUX DANS CE PAYS AU NIVEAU DES RETRAITES. RIEN NE JUSTIFIE CES ODIEUSES DISPARITES ENTRE PRIVE ET PUBLIC...

    LE PUBLIC A DEJA LA CHANCE INOUIE D’AVOIR UN BOULOT A VIE..

    ALORS PAR RESPECT DE TOUS ...IL FAUT ALIGNER LE PRIVE SUR LE PUBLIC (ANNEES DE COTISATIONS - CALCUL DES PENSIONS - ETC...)


    • chantecler (---.---.4.88) 25 septembre 2006 12:17

      C’est curieux,actuellement quand on aborde le problème de l’égalité,c’est toujours au niveau des retraites:jamais on ne discute des différences de revenus entre le privé et le public :et pourtant à diplome égal,entre un cadre bancaire et un enseignant,il n’y a pas photo.


  • Le Défis Sith (---.---.64.135) 25 septembre 2006 12:18

    La productivité des secteurs prives et publics avec la retraite à 70 ans sera interessante à déterminer !Dans toutes les discussions il manque deux variables : 1/la mortalité européenne (en démantelant les systemes médicaux il y aura surement des effets « canicule 2003 » salvateurs pour bercy ... 2/l’immigration qui existera de gré ou de force (et quelques soient les politiques).


  • Dragoncat (---.---.246.87) 1er octobre 2006 19:41

    Très bon article, encore que parfois un peu technique... Pour moi en tout cas. smiley

    On peut toujours protester sur tel ou tel chiffre mais personne ne peut dire qu’il n’y a pas un problème sur le fond. En dehors des soucis d’équité, il y a le fait que notre pays tire des chèques en blanc depuis des décennies et que la génération qui va devoir réellement payer va tomber de l’arbre.

    Le problème est aussi que nos principaux partis politiques, à commencer par le PS, mais l’UMP ne me parait pas beaucoup plus brillante sur ce sujet, berce la population sur le thème : « dormez, tout va bien. Nous sommes les meilleurs. Tout le monde nous envie et ceux qui disent le contraire sont des dépressifs. » smiley

    Le PS a plombé ce pays par refus démagogique et surement aussi par manque de courage face à un certain nombre de problème :
    - insécurité jamais abordé de front
    - niveau d’imposition proche du record en Europe pour des résultats piteux
    - fuite des cerveaux et des capitaux, pas par manque de « patriotisme économique » comme l’a dit lamentablement Ségo mais au vue du problème précédent. Je dis ça d’autant plus volontiers que j’avoue humblement avoir voté pour le PS depuis les élections de 88. smiley Mais ça ne risque plus de m’arriver...

    Notre pays souffre d’une classe politique qui ne pense qu’à accéder au pouvoir et qui ne traite les problèmes de fond que par saupoudrage et lacheté. Le tout agrémenté de syndicats au ras des paquerettes, qui se foutent de faire fermer des usines et de mettre des ouvriers sur le carreau si ça leur permet d’avoir dix minutes au « 20 heures » de TF1.

    Le problème bien traité par cet article, c’est qu’on est maintenant au pied du mur. Il va falloir pour nos dirigeants, qu’ils soient PS ou UMP, prendre des mesures forcément impopulaires. Et ça, c’est pas gagné d’avance...


  • Fabrice (---.---.162.39) 3 octobre 2006 08:34

    Cette approche est quelque peu réductrice. J’ai travaillé pendant 24 ans dans le secteur privé et je suis fonctionnaire depuis 3 ans... Je travaille pour un établissement public à vocation industrielle et commerciale. Dans cette entreprise, se cotoient des fonctionnaires et des employés contractuels de droit privé.
    - Qui bénéficie du plus gros salaire à fonction équivalente ? Les employés sous contrat.
    Qui est obligé de souscrire une assurance complémentaire lui assurant le maintien de son salaire en cas de congés maladie et qui n’est pas considéré comme une charge fiscale déductible ? Les fonctionnaires. La retraite des fonctionnaires retraités est principalement versée issue du budget de l’Etat, c’est vrai. Mais je vous rappelle que dans le secteur privé, une partie importante des cotisations retraites sont assurées par le patron. Alors pourquoi opposer secteur privé et secteur public ?


  • Boettcher (---.---.68.184) 5 octobre 2006 00:08

    J’avoue ne pas avoir lu tous les commentaires postés, il est donc possible que ma suggestion ait déjà été évoquée : quand on parle de supprimer les « régimes spéciaux » et autres « privilèges », je suppose que l’on fait également allusion aux somptueuses retraites-chapeau et autres golden parachutes dont nombre de dirigeants sont fort friands. Sans oublier, bien évidemment, d’aligner les salaires des secteurs publics (Etat, territorial, hospitalier... autant de régimes différents) sur ceux du privé. Tant qu’à mettre un coup de pied dans la fourmilière, autant le faire en Doc Martens plutot qu’en espadrilles.


  • cachou (---.---.64.78) 20 octobre 2006 11:31

    Excellent article qui ne fait que confirmer ma colère sur cette situation inique, qui paradoxalement était encore plus injuste il y a trente ans, mais personne n’en parlait. La difficulté c’est que ce sujet fâche quand j’en parle à mon épouse elle considère que je suis contre les fonctionnaires. Mais comment peut-on faire de la politique aujourd’hui en laissant ce problème de coté ? Moi aussi je suis prêt à m’éclairer à la bougie mais plutôt à la fin du printemps.


  • Tallia (---.---.65.111) 21 octobre 2006 06:55

    Je suis de tout coeur avec vous. J’ai 74 ans et tire le diable par la queue depuis un bon moment parce que toutces « planqués » de fonctionnaires secteurs EDF GDF et autres ministères qui, par exemple, même lorsqu’ils ne sont plus en fonctions continuent à bénéficier de leur statut (émoluments faramineux, retraites, indemnités de statut « non déclarés » voiture de fonction et j’en passe. Ils n’on pas à acheter dans les discounts pour vivre. Et tous ces mensonges : cadeaux ??? et récupératiuons triples dans un autre domaine (et il y ena légion) ? Nousrevenons aux époques qui ont motivés les grèves de 1936. Et nos retraites privées qui augmentent de 0.5% lorsque l’on y pense. Tous ces médicaments déremboursés qui nous obligent à les payer plus chers parce que nous en avons besoin. Faisons un peu moins de social, et rendons aux FRANCAIS les vrais ce qu’ils peuvent prétendre obtenir avec toutes leurs années de labeur à 60 h./semaine avec beaucoup d’enfants à élever car la contraception n’existait pas, et qu’il fallait les élever ou manquer d’y laisser sa vie. NON NON nous en avons assez de tous ces gouvernements qui font n’importe quoi, maissurtout ne se privent pas et continuent à engranger au Luxembourg ou dans une ile paradisiaque. Les retraites ont manifesté. Bien. Mais on les ignore . Ceux qui ont défendu la France contre l’oppresseur, qui ont péniblement évolué, et à quion vole maintenant les acquis et les quelques économies qu’ils ont pu faire. Et que faire au moment des élections 2007. Ils mentent tous et surtout visent essentiellement les honneurs et les avantages à vie d’une vie publique. Que de regrets d’être resté en France ! Mais malheureusement l’on nous a pris tous nos moyens, même privés de travail, moi qui après un cancer ait dû renoncer à travailler, parce qu’un officier ministériel a voulu me faire taire sur ses agissements pour unfutur poste ministériel. J’en ai vraiment trops sur le coeur, mais mes enfants, petits enfants rament desespérement pourvivre honorablement de travail, mais là aussi seuls les« branches » ont ce privilège. A bientôt. Je continujerai à lire vos commentaires. Tallia


  • emilio (---.---.81.138) 24 octobre 2006 16:22

    j’espère que vous allez aussi prévoir une réforme sur les dividendes et l’argent que quelques richissimes personnalités font transiter par les paradis fiscaux.

    n’est-il pas vrai que Monsieur Pinault a touché 140 millions d’euros de dividendes en 2005 ? vous allez me répondre qu’il doit tout à son travail et rien à l’état.

    je ne sais combien vous gagnez mais il serait bon de cesser d’être le porte voix d’une propagande mise en branle par les magnats de la presse, ceux que Bernanos appelait les crapules des palaces et des wagons-lits.

    pourquoi ne pas vous attaquer à vos vrais ennemis ?


    • JDCh (---.---.43.36) 25 octobre 2006 11:18

      @Emilio

      votre commentaire est représentatif d’une idéologie de « lutte des classes » qui me parait totalement périmée.

      Mr Pinault n’est pas mon ennemi : en tout cas, il ne me coûte rien... et, malgré sans doute des optimisations fiscales et de bonnes relations avec notre chef de l’etat, son groupe et lui-même payent sans doute pas mal d’impots en France...

      Les bénéficiaires des régimes spéciaux ou de celui des fonctionnaires ne sont pas mes ennemis non plus : par contre, ils me/nous coutent et me/nous couteront fort cher en impots et cotisations...

      Vous vous trompez de combat : si vous faites fuir tous ceux qui peuvent payer des impots et des cotisations, vous n’aurez plus que vos yeux pour pleurer !

      Petit rappel : nous sommes au 21e siècle smiley


  • Michel (---.---.92.37) 26 octobre 2006 18:01

    Qui paye les retraites des commerçants et des agriculteurs alors que beaucoup d’entre eux ont cotisé le strict minimum ? Qui paye les préretraites royalement et largement octroyées à l’heure des restructuration de l’industrie privée ? Croyez vous que tous les industriels payent intégralement leurs cotisations ? C’est, peut-être, d’ailleurs tout à fait marginal dans le gouffre de la future dette... en tous cas personne n’en parle. Fonctionnaire dans la recherche publique (depuis 1984), je ne toucherais pas une retraite de fonctionnaire entière, pour la bonne raison qu’avant 1984 j’étais contractuel (pour remplir les mêmes fonctions. Pour des raisons purement financières (3 grands enfants à charge) je n’ai pas racheté ces années. Ceci implique que je cotiserais 40 ans( depuis que Roccard en décidé ainsi), et que je n’aurais pas le taux royal offert aux fonctionnaires, mais un taux hybride. De plus la moyenne de 25 ans s’applique aussi. Mais sur des salaires inférieurs de 20 à 40% à ceux du privé (à diplôme et compétence équivalents), salaires qui de plus sont relativement peu évolutif (bloquage des salaires de la fonction publique). Au total j’aurais bien de la chance si j’arrive à 60% de mon salaire (amputé des primes) Et encore, j’ai de la chance, car j’ai commencé à travailler à 20 ans pour pouvoir financer mes études... J’aurais été plus riche, j’aurais commencé à travailler à 30 ans, et c’est ce qui va arriver de plus grave aux jeunes qui sortent des études supérieures. Peut-être que votre analyse se base sur les hauts fonctionnaires ? Quant aux salaires des ouvriers de la fonction publique, ils ne sont que statistiquement plus élevés que dans le privé. C’est incroyable ce qu’il faut comme diplômes pour devenir « technicien de surface » ou secrétaire. Actuellement un fonctionnaire de police a des salaires équivalents à celui d’un ingénieur bac+5 ou 6. Il y a dons des disparités importantes liées à certaines fonctions, qui sont dues aux astreintes qui leur sont liées. Tout n’est pas si rose pour (tous) les fonctionnaires... Je vous rappelle aussi que tous les fonctionnaires payent leurs impôts sur leur salaire de fonctionnaire (déclaré à l’état par lui-même) et comme ils sont majoritairement dans la tranche moyenne ils payent le maximum. A part quelques uns, il n’y a pas de frais de bouche, ni même de frais professionnels


  • louloudesbdr (---.---.53.162) 27 octobre 2006 18:02

    Voila un bel article d’un ignorant de ce qu’est la fonction publique. D’abord, il n’y a pas de retraite dans la fonction publique mais des pensions ; ces pensions sont une « continuité de salaire » bien que leur statut ait été modifié par la loi dite Fillon. Pourquoi ? Brièvement, cela tient historiquement à deux raisons que le rédacteur de l’article oublie de préciser. 1° - pour éviter les tentations de corruption (d’où la budgettisation de ces pensions). 2° - pour compenser les écarts de rémunérations entre privé et publique AU MEME NIVEAU de formation et non dans sa masse globale. Par exemple, un enseignant, bac+5 plus 1 an de stage (soit bac + 6 pour un agrégé est embauché à 132% du SMIC soit un salaire net de 1335 €. Quel est l’ingénieur qui accepte d’être engagé à cette valeur.

    Je rappelle également que le salaire d’un enseignant, bien que réparti sur 12 mois, est un salaire établi sur 10 mois, puisque (cf statut des enseignants, 1946) : à l’époque, les enseignants enseignaient 9 mois, plus un mois de congés payés mais ils avaient la quasi-obligation de diriger des « colonies de vacances » pendant 2 mois, avec rémunération en plus.

    Voila quelques éclaircissements à faire. Alors OUI, je demande aussi l’égalité de traitement publique-privé. Mais pas en sens unique. Cordialement à tous.


    • JDCh (---.---.43.36) 30 octobre 2006 09:02

      @louloudesbdr

      1/ Vous etes serieux quand vous parlez de budgétisation pour éviter la corruption ?

      2/ Voir tous les commentaires sur les différences de salaires entre public et privé...

      Vos raisons semblent dater quelque peu... smiley


  • (---.---.4.4) 9 novembre 2006 12:46

    Je m’étonne que beaucoup de tètes pensantes réfléchissent,pensent qu’il faut travailler plus tard 65 ou 70 ans mais n’envisagent pas de travailler plus tot !! en effet est il nécéssaire d’avoir un bac plus deux pour faire caissier dans un supermarché ? De plus en plus de jeunes commencent à travailler de plus en plus tard voir pas du tout il y a la une mine de cotisation et peut etre une solution pour les banieues qui voient trainer les jeunes le soir trés tard


  • Madrugada 7 mai 2008 10:36

    J’ajoute, un peu tardivement certes, une information complémentaire à cette remarquable analyse (débarrassée du charabia habituel des experts) de l’auteur :

     

    Notre bon Président est acharné à dénoncer les « rentes de situation » et à prêcher le partage des efforts entre (presque) toutes les catégories de citoyens afin de rétablir une situation nationale dégradée. J’ai donc décidé d’apporter ma modeste contribution à cette œuvre d’utilité publique et d’aider son Administration à trouver des idées, en l’occurrence des recettes fiscales supplémentaires et un peu de justice sociale.
     
    Prenons le cas des salariés de cette magnifique entreprise qu’est EdF : personne, ou presque, ne trouve quoi que ce soit à redire au fait que le courant électrique leur est fourni au coût marginal, c’est à dire à un prix auquel les autres salariés n’oseraient même pas rêver. Alors, poussons la comparaison entre ces 2 salariés, imposés tous deux au taux marginal de 20% et dont l’un (E) paie 100 et l’autre (X) 1000 pour la même fourniture de courant ; posons quatre questions :
    - X aura payé 200 d’impôts sur les revenus lui ayant permis d’acquitter sa facture ; E n’aura payé que 20 de taxes. L’égalité entre les citoyens voudrait que E déclare non pas 100 mais 1000 au titre des avantages en nature et acquitte ainsi les mêmes taxes que X…
    - EdF, pour son employé E, n’aura payé la TVA que sur 100 et non pas sur 1000, générant ainsi un manque-à-gagner important pour les caisses de l’Etat…
    - X et son entreprise auront par ailleurs acquitté les charges sociales sur 1000, ce qui n’est pas le cas de E et de son employeur EdF…
    - Enfin, dans le contexte actuel de pénurie d’énergie, le fait de fournir du courant à faible prix n’est-il pas un véritable « pousse-à-la-consommation » (encore que personne n’oserait mettre en doute le civisme des agents EdF) ?
     
    Laissons les brillants esprits de Bercy faire les calculs (et imaginer les modalités d’application d’une taxation équitable) qui permettraient de maintenir le niveau de rémunération souhaité par l’entreprise ; gageons toutefois que les pistes évoquées déboucheraient sur des dizaines (centaines ?) de millions d’euros de recettes supplémentaires pour l’Etat ; rappelons simplement qu’EdF emploie sans doute près de 100.000 personnes.
    Naturellement, on s’attaque là aux « avantages acquis », mais on ne peut pas éternellement parler de sacrifices sans que personne ne perde jamais rien. Je suggère néanmoins que l’on ne touche pas (pour le moment !) au reste des avantages dispensés par EdF à son personnel : salaires décents, évolutions de carrière assurées, formation généreuse, sécurité de l’emploi totale, pénibilité en moyenne raisonnable, retraites précoces (avec un régime particulièrement avantageux et astronomiquement onéreux), népotisme, comité d’entreprise royalement doté, sacro-saint Statut, etc…Rappelons par ailleurs que l’excellente performance de l’entreprise EdF (et sa prospérité) est due au moins autant aux exceptionnelles qualités de dirigeants qui ont su imposer les bonnes solutions (le nucléaire) il y a quelques dizaines d’années qu’au travail des collaborateurs actuels qui sont tentés de s’en attribuer le mérite exclusif. Ajoutons (perfidement diront certains) que l’entreprise voit sa politique sociale facilitée par les allègements fiscaux décrits ci-dessus…
     
    On me rétorquera que ce n’est pas beau de dresser les catégories de français les unes contre les autres, mais ce n’est pas moi qui ai commencé, comme on dit dans les cours de récréation. Plus sérieusement, sachons que les impôts auxquels échappent indûment certains sont insidieusement répartis sur les épaules des autres contribuables. Il ne s’agit donc pas d’envie, mais d’un simple appel justifié à la solidarité. Mais imposer la justice sociale à EdF demanderait un courage politique qui n’a pas été nécessaire pour désigner récemment à la vindicte publique d’autres catégories en situation de faiblesse plus évidente…
     

    Soyons concrets et cherchons bien : il y a dans notre pays des mines de remèdes (notamment les trop nombreux fromages…) qui nous permettraient de recouvrer la santé collective.

     


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