vendredi 8 juin 2007 - par tao

Rodéo social chez Buffalo Grill

Viry-Châtillon, 4 juin 2007 - Dans ce restaurant Buffalo Grill de l’Essonne, l’ambiance country a laissé place à un air de blues d’Ali Farka Touré. Plusieurs dizaines de salariés, pour la plupart des Maliens, occupent une aile de l’établissement. Ambiance bon enfant, mais les visages sont tristes, préoccupés, les regards perdus. Tous travaillent pour Buffalo Grill, tous sont « sans-papiers ». À ses débuts, le mouvement rassemblait une dizaine d’entre eux, ils sont aujourd’hui plus d’une cinquantaine venus de l’Essonne, des Yvelines et de Paris.

Le 9 mai, Sidibé Demba - quatre ans de maison, grilladin au restaurant de Montgeron dans l’Essonne - est contrôlé avec deux autres collègues sur leur lieu de travail par la police de l’air et des frontières. Menottés, ils sont emmenés à la Préfecture pour contrôles. Déjà en février, le restaurant d’Orgeval (Yvelines) avait été contrôlé. Depuis, la pression monte. La direction du groupe Buffalo demande alors à ses filiales et franchisés de vérifier les papiers des salariés d’origine étrangère. Si l’entreprise n’a pas obligation d’examiner les pièces fournies, elle doit cependant demander les originaux. « Il est arrivé à certains d’entre nous de commencer à travailler le jour même, on nous demandait simplement de fournir ultérieurement une photocopie de nos papiers et un CV », affirme l’un des sans-papiers. Pour Raymond Chauveau délégué CGT de l’Essonne, cette « zone grise » a surtout permis d’avoir des employés corvéables à merci et « forfaitisés » à 1 000 euros quelque soir leur temps de travail.

Une réunion a eu lieu hier soir à la préfecture d’Évry entre Éric Harasymczuk, président du directoire de Buffalo Grill, et une délégation des sans-papiers. Ces derniers demandent une régularisation de leur situation. Un employé Buffalo Grill qui souhaite conserver l’anonymat, parle des sans-papiers comme de leurs « meilleurs éléments  » et souhaiterait qu’ils puissent reprendre leur travail dès que possible...



17 réactions


  • tvargentine.com lerma 8 juin 2007 17:21

    Le gérant de l’établissement devrait aller directement en prison et tous ses biens devraient etre saisie par le fisc ou le GIR.

    Il n’y a pas plus scandaleux que d’utiliser la misère humaine pour faire des profits et tenir en esclavage des personnes en situation précaire

    Je suis pour la polique de Nicolas Sarkozy justement pour éviter de voir ce shéma se réproduire à grande echelle comme cela existe dans le batiment et les services.

    Des emplois qui ne rapportent rien au système de protection social.

    Des emplois qui auraient du etre proposés à des demandeurs d’emplois avec des aides de l’Etat.

    Voila l’exemple type des années socialistes du laxisme envers les clandestins


    • Le Chacal Le Chacal 8 juin 2007 17:54

      Ok, j’ai compris votre raisonnement : tout est de la faute des socialistes.

      D’ailleurs, j’ai un ongle incarné, vous croyez que je peux aussi les accuser de ça ?


    • Francis, agnotologue JL 9 juin 2007 22:51

      Et pourtant il a dit qu’il voterait socialiste. Mais seulement au 1er tour !

      Pour leur jouer un bon tour ? smiley


  • tao tao 8 juin 2007 21:05

    Ce « système » - qu’il soit voulu ou juste permis - arrange dans une certaine mesure les différentes parties. Ce sont les contrôles d’identité et de permis de séjour qui, je crois, ont « déséquilibré » le système. Au final, il reste qu’il s’agit de la vie de personnes qui bossent depuis des mois, ou des années (jusqu’à onze ans à ma connaissance) dans cette société, tout en restant caché du reste de la société civile. Ils ont droit à leur dignité. D’un autre autre côté il y a une certaine hypocrisie de dire aujourd’hui qu’ils sont parmi les meilleurs éléments, et qu’ils seront ré-embauchés si leurs papiers sont en règle. Il reste qu’il y a un problème de demande d’emplois dans les secteurs du BTP, et de la restauration. Tout le monde n’est pas prêt à effectuer le travail que ces gens font. Peut-être en viendrons nous à des contrats spécifiques pour des travailleurs immigrés comme cela se passe pour les saisonniers chez les maraichers. On peut avoir divers points de vues sur le sujet, on peut débattre toute la nuit si vous le voulez, mais la seule réalité est celle vécue par ces hommes.

    Diapaudio >>> ici <<<


    • Bill Bill 8 juin 2007 22:41

      Vous avez certes raison, cependant cela n’enlève rien au fait que ces travailleurs clandestins sont... clandestins ! Ils sont sur le territoire illégalement, et il ne faut pas non plus oublier qu’ils ont certains droits, et même plus de droits que les autres ! Ils n’ont pas de cotisations à régler sur leurs feuilles de paye, et bénéficie de l’AME, c’est à dire la sécurité sociale gratuite. Ils perçoivent également d’autres aides...

      Il faut bien sûr condamner les entreprises qui embauchent au noir, mais constatons aussi qu’il est anormal que des travailleurs en illégalité puissent avoir des droits aussi étendus sans avoir au préalable mis au clair leur situation. Par là même, ce genre de travail serait sans doute mieux rémunéré, et plus recherché...

      Mais vous avez parfaitement raison ! Nous pourrions en parler fort longuement tout au long de la nuit !!!

      Bien cordialement

      Bill


    • tao tao 8 juin 2007 23:07

      Bill : « [...]il ne faut pas non plus oublier qu’ils ont certains droits, et même plus de droits que les autres ! Ils n’ont pas de cotisations à régler sur leurs feuilles de paye, et bénéficie de l’AME, c’est à dire la sécurité sociale gratuite. Ils perçoivent également d’autres aides[...] »

      Pas de côtisations ? Vous vous trompez, ils sont sans-papiers mais l’entreprise ne les paye pas au noir, ils touchent des salaires, et à ce titre cotisent sécu, social et retraite comme tout salarié, bien sûr il y a peu de chance qu’ils en bénéficient, maintenant, ou plus tard. Quant à dire qu’ils ont plus de droits que d’autres, ça relève au mieux du fantasme.


    • Bill Bill 8 juin 2007 23:21

      Est-ce que ce copié-collé relève du phantasme ?

      "Les droits de l’immigré clandestin en France Le Groupe d’information et de soutien des immigrés nous informe des moult droits dont peuvent bénéficier des immigrés en situation illégale sur le territoire français. C’est-à-dire que sans titre de séjour, un immigré peut prétendre à :

      Assurance maladie : Les sans-papiers sont en principe exclus de l’assurance maladie comme assurés ou comme ayants droit mais les étrangers qui perdent leur droit au séjour en France et qui se maintiennent sur le territoire français, bénéficient d’un maintien de leur droit à l’assurance maladie pour une durée de 4 ans. Aide médicale d’Etat : L’AME permet la prise en charge des frais de santé des personnes ne pouvant pas bénéficier de l’assurance maladie. Coût estimé : 800M€. Avortement : Depuis une ordonnance du 15 juin 2000, l’accès à l’avortement n’est subordonné à aucune condition de séjour et de résidence. Mariage, Pacs et concubinage (pouvant donner lieu à une déclaration de vie maritale) ne sont soumis à aucune régularité de séjour. Scolarité : ne nécessite aucune condition de régularité de séjour des parents. Crèches : tous les modes de garde sont accessibles aux enfants dont les parents sont en situation irrégulière. Assurance accident de travail : Le fait d’être dépourvu de titre de séjour ne fait pas obstacle à la mise en œuvre de l’assurance accident du travail par la sécurité sociale. Retraites et pensions aux personnes âgées : il n’est pas nécessaire de résider en France pour obtenir une pension de retraite. Pour l’obtention de la pension de retraite complémentaire, ni la régularité du séjour, ni la résidence en France ne sont exigées. Hébergement : L’article L 111-2 du Code de l’action sociale et des familles garantit, au titre de l’aide sociale, la prise en charge des frais d’hébergement des étrangers sans titre de séjour. Allocations familiales : Il existe, dans certaines hypothèses limitées, des possibilités pour un parent sans-papiers d’obtenir des prestations familiales. Prestations sociales des collectivités locales : Dans certains cas, aucune condition de régularité de séjour n’est exigée. Réduction tarifaire dans les transports : Aucune condition de régularité de séjour n’est exigible. La loi prévoit seulement une condition de revenu."

      Et consulter les liens sur le post lui-même : http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2007/04/les_droits_de_l.html

      Bill


    • tao tao 9 juin 2007 10:32

      Le GISTI indique les possibilités théoriques d’accès à des droits. D’une part, cela ne veut pas dire qu’ils aient plus de droits que d’autres, d’autre part la réalité est toute autre. Ne serait-ce que l’accès aux soins qui est devenu une véritable course d’obstacles - surtout depuis la loi sur l’immigration du 1er janvier 2004 - y compris pour des patients qui ont obtenu le renouvellement de leur titre de séjour.


    • Bill Bill 11 juin 2007 10:24

      Tao, je suis désolé, mais je ne trouverai jamais normal que tout le monde cotise très cher et soit de moins en moins remboursé, et que des gens qui cotisent ne soient pas toujours en mesure de se soigner, parce qu’ils ne pourront pas aligner suffisament d’argent, pour les spécialistes par exemple (et j’en connais !). Et ne me faites pas marrer en me disant que c’est de plus en plus dur pour les clandestins ! Ils ont choisi d’être dans l’illégalité, qu’ils l’assument !

      Il suffit de consulter les documents qui ont trait à l’AME ou à la CMU pour se rendre compte que les démarches sont simple et facile. Il suffit d’avoir été une fois dans un si grand besoin pour se rendre compte que tout ce qui est social leur est réservé, et que le fait d’être blanc et d’avoir un nom à consonnance française ne vous donne qu’un seul droit : celui de payer.

      Evidemment, vous ne devez pas savoir ce qu’il en est, sinon dans la théorie, de celle qui est enseignée par ses organismes même !

      Allons ! Pas la peine d’aller plus loin ! Salut !

      Bill


  • NPM 8 juin 2007 22:25

    Ne JAMAIS engager d’immigrés ! C’est pourtant clair, et cet exemple le prouve une fois de plus, qu’un immigrés ce n’est que des enmerdes !

    JAMAIS. Ca devrait même être interdit par la Loi, afin de favoriser l’embauche de vrais français BBR.


    • Le Chacal Le Chacal 9 juin 2007 09:58

      Je peux vomir maintenant, ou je dois attendre la suite ?

      Qu’on fasse la chasse aux clandestins est une chose, mais étendre ce raisonnement haineux à tous les immigrés est d’une bêtise crasse. Ne pas embaucher les immigrés en situation régulière, c’est les condamner au chômage et au RMI. Et après, vous viendrez pleurer parce qu’ils « volent » toutes nos aides.


  • julo 10 juin 2007 17:11

    Si tu veux vomir, vomis aussi sur la gauche.

    Ce travail fait des immigrés nos esclaves, et permet aux travailleurs à bonne conscience que leur coût de la vie soit pas trop élevé,

    de l’autre coté malgré tout, ils font une concurrence déloyale sur le marché du travail aux travailleurs « avec papiers » car ils ont une « flexibilité » et une « corvéablité » accrue

    Ainsi, grâce aux travailleurs sans papiers les patrons peuvent faire du dumping social, les travailleurs qui se précarisent sont contents de pouvoir garder un certain niveau de vie. Mais bon, sans eux, l’inflation augmenterait, car la pression sur les salaires serait moindre (est ce que cela veut dire que l’on serait plus malheureux ? )

    Bref, la gauche moderne est un véritable danger, car elle laisse des sujets légitimes à l’extrême droite, et que ce faisant elle ne laisse que la seule approche du fn et de la droit décomplexée disponible aux citoyens qui constatent le problème.


  • prgrokrouk 10 juin 2007 18:55

    Où sont les sanctions pénales envers certains personnels d’encadrement pour faux et usage de faux ? Il y a des postes en ressources humaines là-dedans ! et pas avec de la paie d’esclave ! Ils ne travaillaient pas ? Et l’entreprise n’a qu’à revendre pour payer une forte amende.

    De qui se moque-t-on, à part des chômeurs qui légalement, répondent à des annonces et sont en plus contraints à des « suivis » à la tête du client (effectués par plus feignants qu’eux) ! on les a suivi jusqu’où ? Merci de penser à tous ces jeunes-là ! qui font la queue aux accueils pendant qu’on fait passer par derrière.

    Et maintenant... on n’a plus qu’à avaliser, hein !


  • cimade63 cimade63 13 juin 2007 16:50

    il ne faut pas non plus oublier que ce ne sont pas les gens qui decident d etre clandestin, la necessite les y pousse... et la legislation aussi ! C’est bien le cadre legislatif qui determine qui est legal et qui ne l est pas. il ne faut pas confondre legalite et legitimite ! Or les 3 dernieres lois sarko sur l immigration et le projet de loi hortefeux, deplacent le curseur legalité/illegalite de plus en plus vers l illegalite. Ce qui fait que des individus se retrouvent illegaux, non pas du fait d un changement de leur situation mais d’un changement de la loi. ce qui est tout a fait different !!! Le pouvoir fabrique ainsi de l illegalite qui profite aux patrons vereux, aux vendeurs de sommeil et mobilise l attention de l opinion, attise les haines et les suspicions. La PEUR pour ASSERVIR...

    Les SANS PAPIERS ne sont pas DANGEREUX, ILS SONT EN DANGER !


    • hurlevent 14 juin 2007 12:46

      N’importe quoi. Personne n’a jamais forcé un immigré à venir en France. Les clandestins sont maitres de leur décision, et ils ont choisis de venir illégalement. C’est bien le cadre législatif qui détermine ce qui est légal et ce qui ne l’est pas, et c’est aux immigrés de se conformer à ce cadre, c’est pas l’inverse.

      Si un clandestin veut vivre dans la légalité, il peut choisir de rentrer dans son pays d’origine. S’il choisit de franchir illégalement la frontière, violer nos lois sur l’immigration et travailler au noir en France, qu’il assume ses choix. Et c’est à la société de faire respecter les lois et de le renvoyer, de force, dans son pays d’origine.

      Il y a eu trop longtemps du laxisme à ce sujet. Cela a généré un nombre important de clandestins, exploités par des employeurs qui les font travailler au noir. Grace à Sarkozy, on peut espérer que du ménage soit fait et que les clandestins soient expulsés. Moins de clandestins, c’est moins de travail au noir.


    • tao tao 13 juin 2007 17:14

      L’employeur a obligation de demander les originaux.

      Les photocopies étaient-elles fausses, ou trafiquées, ou illisibles ? Oui, très certainement.

      En quoi ces travailleurs étaient-ils « à la charge de la nation » comme vous dites ?


  • ADY 23 juillet 2007 13:45

    Ayant travaillé à Buffalo Grill, je connait parfaitement leurs manieres abusives. Cette affaires de sans papiers n’est qu’un nouveau volet de leur long parcours douteux.


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