Vers la mort des réhausseurs de crédit ?
J’avais eu l’occasion dans différents messages des 25 décembre 2007 et 22 janvier 2008 de vous faire part, en marge du problème des prêts "subprimes" aux Etats-Unis, d’un problème collatéral, celui dit des "réhausseurs de crédit" ou des assureurs dit monoline. Des sociétés de crédit spécialisées dans les crédits aux collectivités locales, crédits à risque limité, et qui de ce fait bénéficiaient de taux réduits lorsqu’ils se refinançaient sur le marché.
Là où le procédé a commencé à déraper, c’est lorsque ces sociétés ont voulu faire profiter de leurs taux réduits à d’autres sociétés engagées dans des types de prêt plus risqués ou de se lancer elles-mêmes dans des prêts à risques. D’un coté je bénéficie de pouvoir emprunter moi même sur le marché à 3pct du fait de la qualité des emprunteurs à qui je prête de l’argent, les collectivités locales. De l’autre, je prête discrètement à des emprunteurs plus risqués, directement ou via des organismes de crédit, disons à 6.5 pct par exemple. Si j’avais été considéré comme un organisme faisant des prêts au niveau de risque correspondant réellement à celui de ma clientèle, je n’aurais pu me refinancer sur le marché à moins de 4 ou 4.5pct. Bénéfice pour le réhausseur de crédit, 0.5 à 0.75 pct sur les sommes prêtées !
Les dits réhausseurs de crédit, Ambac le plus important ou MGIA ou FGIC, ont vu leur étoile pâlir le jour où les agences de notations se sont enfin décidé à dégrader leur notation. Encore mirent-elles beaucoup de temps à le faire. Depuis la valeur de ces sociétés s’est écroulée en bourse au niveau dit des "penny stocks", les actions à moins de 1 dollar de cotation. Elles essaye tout ne se refaisant une virginité de trouver de nouveaux clients à qui prêter. Mais prêter quand on n’a plus accès qu’à des taux de refinancement quasiment équivalents à ceux de l’organisme qui vous emprunte, est un exercice difficile. En plus, profitant de l’occasion, des concurrents, comme Monsieur Warren Buffet et son fonds Berkshire Hathaway (Cf article du 4 janvier 2008) sont venus brouter dans votre pré carré, le marché des collectivités locales.
Bref il est devenu très difficile pour eux de survivre. Ambac, le plus important d’entre eux, vient d’annoncer des dépréciations de son portefeuille de 1.6 milliards de dollars supplémentaires ce qui porte le total de ses dépréciations à 4.9 milliards de dollars. Quant aux annonces de transactions nouvelles( ventes d’actifs toxiques à pas cher) ou de nouveaux contrats dans leur secteur traditionnel, elles semblent avoir fait long feu. La perte prévue pour le second trimestre sera de l’ordre de 800 millions de dollars ce qui fait que la société n’aura quasiment plus de capital à 373 millions de dollars.
Vous avez compris, la faillite approche pour le plus important réhausseur de crédit du marché américain et Standard & Poor’s vient de dégrader sa note de qualité d’emprunteur au niveau des " junk bonds ", les titres pourris.
Reste à savoir quelle sera l’importance de la vague d’une telle faillite sur la finance américaine....