vendredi 12 août 2011 - par Morad EL HATTAB

Vox populi : « Plutôt Merkel que Sarkozy »

D’après l’étude d’Harris Interactive pour Le Parisien, publié ce jeudi 11 août, 46 % des Français font plus confiance au sérieux de la Chancelière allemande, Mme Angela Merkel, pour éviter une nouvelle crise financière et économique plutôt qu’à leur propre président, M. Sarkozy, qui n'obtient que le soutien de 33 % des sondés !

Notre Vénéré grand argentier de la République, M. François Baroin, qui appelle les marchés à « entendre les messages puissants du G7 » (le 08 août 2011) est certes un bon communicant…très efficace par beau temps…mais ne suffit peut être pas lors d’une tempête économique.

La « crise des dettes souveraines » affecte essentiellement des pays de la zone euro. Alors que la situation de la Grande Bretagne est nettement plus inquiétante que la France, les Bons du Trésor britanniques à 10 ans rapportaient 2,51% le 11 août 2011, et les Bons du Trésor français rapportent le même jour 3,13% !

Cela s’explique car la Banque d’Angleterre émet des Livres Sterling (₤) pour acheter par des opérations dites d’Open Market des Bons du Trésor britanniques à 10 ans. Avec l’Euro, qui est une monnaie étrangère, la France ne peut pas faire racheter ses Bons du Trésor.

Les Institutions européennes sont défaillantes. La Banque Centrale Européenne (BCE), certes, achète quelques obligations italiennes et espagnoles mais réduit ses autres avances du même montant car elle refuse le « Quantitative Easing » de la Federal Reserve, c’est-à-dire la création de monnaie.

Le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) ne peut pas soutenir les obligations des Etats sur les marchés. Certes, les dernières décisions du couple franco-allemand le prévoient mais les parlements nationaux n’ont pas encore ratifié. De plus, l’Allemagne a répété ce mercredi 10 août qu’elle n’envisageait pas d’augmentation du FESF, alors que tous les observateurs s’accordent à dire que ce dernier n’est pas calibré pour sa nouvelle mission de pompier de la zone euro.

Notons qu’en l’absence d’Institutions européennes actives, les pays de la zone euro sont donc devenus de pauvres quilles qui attendent passivement une chute en voie d’être inexorable.

Autre point d’actualité : La déclaration de M. Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, dans un communiqué du jeudi 11 août 2011 : « Les évolutions récentes des marchés boursiers n'affectent pas la solidité financière des banques françaises et la capacité de résistance dont elles ont fait preuve depuis le début de la crise. »

Pourtant, le même jour, on peut lire dans un article de Ouest France intitulé "Chute des Bourses, les banques françaises plongent" : « Première cause de cette panique sur les banques, l'annonce faite par la Grèce d'étendre son programme d'échanges d'obligations pour échelonner ses remboursements. Ce qui pénaliserait ses créanciers privés, dont les banques françaises font partie.

Mais c'est surtout l'exposition de ces banques en Italie, évaluée à 410 milliards d'euros, qui inquiète. Elles détiennent de la dette publique, mais aussi des filiales (BNL pour BNP ou Cariparma pour Crédit Agricole). » Cette même Italie qui vient d’annoncer un plan de rigueur en réponse à l’inquiétude des marchés sur sa dette.

De plus, les banques européennes ont besoin de plus 100 Milliards € de capitaux propres. A la suite de l’actuelle baisse des cours de cette semaine, elles ne peuvent plus trouver de capitaux propres sur les marchés boursiers (d’ailleurs la presse britannique est là pour faire la publicité nécessaire)…cette situation ressemble furieusement au début de l’été 2008 lorsque les banques britanniques ne trouvaient plus de preneurs pour les actions nouvelles qu’elles émettaient…la faillite de la banque d’investissement multinationale Lehman Brothers se produisit deux mois après !

Morad EL HATTAB & Irving SILVERSCHMIDT

Auteurs de La Vérité sur la crise (Ed. Léo Scheer)

P.S. : Dans les révélations de Ambrose Evans-Pritchard du Daily Telegraph du 19 septembre 2000, on découvre une note Confidentielle Défense du 11 mars 1965 du département d’Etat américain à Robert Marjolin, vice-président de la Communauté Economique Européenne, qui recommande clairement à la CEE de créer une union monétaire européenne en « évitant tout débat » dans l’opinion publique !



16 réactions


  • jaja 12 août 2011 08:20

    Merci, très interessant surtout si on sait que harris = washington


  • pomme67 12 août 2011 09:11

    Merci pour ce nouvel article encore une fois très pertinent.


  • Fergus Fergus 12 août 2011 10:11

    Bonjour, Morad.

    Excellent article. Rien d’étonnant à ce que les Français préfèrent Merkel à Sarkozy pour régler les problèmes économiques de l’UE. Malgré une exposition justifiée à certaines critiques, la Chancellière est une femme sérieuse, contrairement à notre matamore élyséen qui confond action et communication.

    Dans un autre article du jour, je l’ai baptisé Georges Killian. Autrement dit le gentleman brasseur. Mais si l’un brasse du houblon, Sarkozy ne brasse, lui, que de l’air sur fond de propagande éhontée. A cet égard, la réunion d’avant-hier à l’Elysée, uniquement faite pour les caméras mais certainement pas pour décider quoi que ce soit, a été désastreuse.


  • Mor Aucon Mor Aucon 12 août 2011 12:44

    À l’auteur,

    Très intéressant. Vous répétez plusieurs fois le mot inactivité en relation aux institutions européennes et à mon avis, vous avez tout à fait raison. Le propre fait de poser une limite au FEFS constitue déjà une faiblesse face à au marché. Imaginons le scénario où la zone euro reprend le contrôle de sa dette par l’émission de bons européens financés par une mutualisation plus grande de la TVA, unie à des mesures juridiques de régulation du secteur bancaire pour contrer la spéculation sur les obligations d’État ( c’est ce que propose Attali depuis longtemps déjà ), la spéculation n’allait-elle pas changer de cible et faire apparaître l’état réel de l’économie britannique ? Il y a un pas à franchir vers l’institutionnalisation plus grande de la zone euro mais entre un Sarkozy qui n’a pas la carrure et une Merkel qui ne regarde que les compteurs de la balance commerciale allemande, que peut-on espérer ?


  • Klisthène 2017 Kxyz 12 août 2011 14:30

    Je ne sais pas ce qu il faut retenir de ce sondage ...on aurait proposé autre politik les francais l auraient t ils préféré au Nabot ou est ce la rigueur inflexible de Mme Merckel...

    car en fin les Français ont cru aux balivernes de travaillez plus pour gagnez plus car tous les experts savent que la société du travail est morte et que la croissance ne permet qu à la marge de créer de l emploi ..mais pas pour assurer un emploi pour tous ...

    ou est ce inconsciemment l espérance d un système à l allemande ou syndicats et patronat discutent et non s ’affrontent dans des débats idéologiques ou les réformes sont courageusement menées et le personnel politik ne se comportant pas en petit roitelet et seigneur...
     pour ce qui me conserve je vote pour les deux raisons..
    et vivement 2012 pour qu on ait en France un gouvernement compétant et travaillant pour le bien commun et non une bande d escros doublés d incompétents qui ont ruiné la France


  • sparte sparte 12 août 2011 14:49

    C’est louche ce coup la ! Comme tous leurs autres baratins relayés par les medias d’ailleurs ...

    Le Parisien pense déjà éviter une « nouvelle » crise alors que celle qui nous enserre n’est pas dénouée .

    Ne s’agit il pas plutôt d’une manoeuvre pour imposer au peuple cette loi sur « l ’ ’équilibre budgétaire » adoptée par A.MERKEL ( peut être inspirée par les banques de l’empire ?) .

    Loi qui pourrait devenir notre carcan financier en nous soumettant au contrôle budgétaire d’un organe de Bruxelles, sous surveillance du FMI et des banquiers prêteurs.

    Nous resterions sous ce qui est devenu un joug monétaire mis en place par l’empire. 

    Ce serait aussi commencer une marche forcée vers le fédéralisme pour la vieille Europe ; fédéralisme et contre lequel des peuples ont voté !

    Plutôt crever que de perdre notre souveraineté, même si évidemment il faut stopper ces déficits budgétaires ; mais cela passe par d’autres voies ; celle ci est la voie d’un mensonge pour nous faire subir encore plus le joug des banques internationalistes de l’axe Washington-Londres !

    Non merci ...


    • TSS 12 août 2011 19:39

      toujours les mêmes sources ! cela ne pisse pas loin ... !!


  • bigglop bigglop 12 août 2011 19:20

    Bonjour,
    Les Français sont totalement ignares de ce qui se passe en politique européenne, dans les pays voisins.
    S’ils savaient que depuis juin 2010, A. Merkel a mis en place un plan d’austérité draconien qui touche la classe moyenne et les plus pauvres prioritairement.
    Economies budgétaires de 80 mds d’euros d’ici 2014 :
    - baisse de l’indemnisation chômage (pour stimuler la recherche d’emploi)
    - baisse de l’allocation parentale et suppression pour les demandeurs d’emploi
    - 15.000 fonctionnaires en moins
    - taxe sur l’energie, taxe sur billets d’avion
    - projet de réduction drastique du budget de l« assurance sociale

    Avec la croissance en berne de la France, malgré des »fondamentaux solides" (Baroin, coin,coin !), il faut s’attendre au pire


  • TSS 12 août 2011 19:50

     les allemands,Merkel en tete, qui ont surnommé les pays du sud PIGS

    (Portugal,Italie,Grèce,Spain) doux surnom qui denote un tact de bon aloi ont annoncé ,off the

     record,qu’ils ne paieraient plus pour eux !!

    ils n’aiment les pays du sud ,Grèce, Espagne ,que quand ils les colonisent... !!


  • Winston Smith 12 août 2011 19:57

    Rien a voir avec Sarkozy : tout le monde sait que l’argent est en RFA et pas en France (totalement décadente)..




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