vendredi 9 juillet 2010 - par Yasser Monkachi

Biodiversité : c’est quoi au juste ?

(…) l’ignorance était acceptable au 19ème siècle, beaucoup moins au 20ème et elle est absolument inadmissible aujourd’hui (…). Voilà comment sur un site très engagé introduit– on, non sans ferveur, la biodiversité. Ce néologisme qui s’impose de plus en plus chez les initiés et même auprès d’un large public mérite bien d’être connu et reconnu.

J’ai eu récemment à définir la biodiversité dans un glossaire, et comme c’était un travail urgent, j’ai eu recours au coup de chance de Google, ou presque ! Voici donc ma trouvaille : « La diversité biologique ou biodiversité, représente l’ensemble des espèces vivantes présentes sur la Terre (plantes, animaux, micro-organismes, etc.), les communautés formées par ces espèces et les habitats dans lesquels ils vivent.  ». Vous l’avez surement deviné, c’est la définition de Wikipedia. Comme définir, c’est un peu trahir, je suis tout de même resté sur ma faim même si cette définition me semble assez complète puisque elle inclut les espèces (faune, flore et micro-organismes), leurs relations ainsi que leurs localisations.
 
J’ai eu aussi à animer une table ronde sur les enjeux de la biodiversité en novembre dernier où le débat a été aussi riche que varié vu l’éclectisme et le multiculturalisme du tour de table. Le cas de l’Arganier a été longuement débattu étant donnée la valeur que représente l’arbre endémique dans le sud du Maroc. Le débat s’est immanquablement élargit à des thèmes voisins tel que la gouvernance et le commerce équitable. Car en ces temps postmodernes, où justement on n’a plus droit à l’ignorance, tout se tient et même le raisonnement systémique commence à devenir moins puissant face à la complexité croissante…. Tout compte fait, les véritables enjeux de la biodiversité ont été un peu, parfois même trop, mis sur la touche du débat au profit de problématiques (plus palpables ?) relatives au développement humain et d’amélioration des conditions de vie des producteurs de l’huile d’Argan. Au-delà du manque à gagner économique, la raréfaction puis la disparition de l’Arganier porteront une sérieuse atteinte à l’équilibre biologique de la région et favoriseront la désertification et autres graves phénomènes écologiques. Toujours dans le cadre de mes tentatives d’éclaircir et de cadrer le concept, je me rappelle avoir prévu de conclure avec la citation de Jean Claude Lefeuvre que voici : ‎"Il faut absolument être convaincu de cela : sauvegarder la biodiversité de la planète, ce n’est pas un coût, ce n’est pas un luxe de pays riche, c’est au contraire une richesse pour l’avenir, le garant d’un futur vivable. " Cette citation m’avait marqué à cette époque et n’a pas manqué de susciter un vif débat parmi une audience départagée. 

Mais la biodiversité, c’est quoi au juste ?
 
C’est pour moi le fait de prendre conscience que l’être humain, même s’il s’est doté de conscience, d’intelligences et de croyances n’est qu’une infime composante de la nature. Même en se plaçant, par chance ou malchance, au sommet de la chaîne alimentaire, il reste dépendant d’un équilibre fragile fait de relations et d’interdépendances entre les espèces peuplant la planète.
Et pour revenir à mon glossaire, j’ai eu aussi à définir le développement durable qui , selon les experts, constitue un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre les capacités des générations futures à répondre aux leurs. A la lumière de la prise de conscience des enjeux de la biodiversité, un vrai développement durable serait aussi de ne pas compromettre la diversité biologique, ce qui complexifie davantage ce nouveau mode de développement.
 
Hier, en feuilletant un hebdomadaire francophone notoire, je me suis arrêté non sans étonnement sur la composition de sa ligne éditorial : une seule page dédiée à l’écologie, tout le reste à la politique, la société, la culture et l’économie. Ce n’est pas que ces thématiques ne soient pas intéressantes mais le maigre espace consacré aux problématiques environnementales invite à réfléchir. Je suis tenté de penser qu’une fois nos problèmes inter-humains et nos crises résolus, il sera peut-être trop tard pour se consacrer entièrement à la sauvegarde de la biodiversité. La planète ne nous attendra pas !


2 réactions


  • perlseb 9 juillet 2010 14:10

    Un champ de blé sur plusieurs hectares, un verger d’amandiers sur des centaines d’hectares (en Californie), tout cela c’est le contraire de la biodiversité. Mais la biodiversité n’est pas rentable : récolter 100 hectares de blé, on sait le faire très rapidement avec des machines. S’il fallait faire de la polyculture, ça couterait plus.

    Nous faisons exactement le contraire de la biodiversité et peu à peu, nous augmentons les risques de disparaître d’une façon brutale. La biodiversité, c’est une lutte efficace contre les virus, les maladies, une évolution génétique riche qui n’affaiblit aucune espèce. De même qu’il faut que de nombreuses espèces différentes cohabitent sur le même lieu, il faut aussi que chacune des espèces possèdent un patrimoine génétique le plus riche possible : en cas de problème grave, certains gènes spécifiques pourront se révéler salvateurs pour l’espèce entière.

    Avec l’agriculture intensive (une seule espèce sur des centaines d’hectares), les risques de dommages causés par une maladie ou un parasite sont démultipliés, plus encore avec les organismes modifiés génétiquement (leur génome est modifié par l’homme et d’une certaine façon standardisé, donc affaibli : si certaines plantes OGM sont conçues pour résister mieux à certains parasites, leur réponse à d’autres parasites, non connus ou non prévus dans le cahier des charges, sera peut-être une catastrophe).

    Il n’y a qu’une seule voie pour augmenter la biodiversité sur cette planète : diminuer la population humaine. On pourra revenir à la polyculture, moins rentable et laisser à nouveau la forêt dominer les plaines comme c’était le cas avant qu’on ne la transforme en champs de biodiversité quasi-nulle.


  • zelectron zelectron 9 juillet 2010 17:47

    Et quand on plante une forêt de pins, ou chênes ou palme pourquoi ce sont des plants-clônes par dizaines de milliers qui sont choisis ?


Réagir