mercredi 11 août 2021 - par César JULES

Cigale et Fourmi

Il était une fois aux confins de ce beau pays appelé France, deux petites villes concurrentes dont les habitants ne s'appréciaient guère.

 

L'une s'appelait : Fourmi, l'autre s'appelait Cigale.

 

A Cigale on aimait le soleil et les prés, on aimait le vent et la pluie, on aimait la nature docile et apaisante, alors on décida de fabriquer l'électricité nécessaire au bon fonctionnement de la ville à partir du vent et du soleil.

Les spécialistes calculèrent la quantité d'énergie à produire en utilisant les tables de consommation adaptées à ce coin de France. Ils installèrent aussi un champ de batteries pour équilibrer sur une journée ou une semaine la fabrication avec la consommation.

Bien sûr, des citoyens ronchons se plaignirent de la gène causée par les éoliennes et de la surface de champs mobilisée pour le photovoltaïque. Mais la mairie leur expliqua que ces petits inconvénients n'étaient rien face à la planète en danger.

 

Et cigale était très fière de son autoconsommation. Les journalistes venaient de loin pour médiatiser ce challenge réussi.

Cependant, tout le monde se gardait bien de parler économie du système car devant une telle réussite les conditions financières s'effacent totalement.

En effet, Cigale clamait avec passion son autonomie en consommation de kW, mais taisait le montant des subventions accordées par les contribuables du pays aussi bien pour les installations que pour la consommation. 

Pour une véritable et totale autonomie il aurait fallu que ce soit la ville elle-même, qui subventionne ce système de production d'électricité.

 

Pendant ce temps là, à Fourmi on était particulièrement prévoyant et pragmatique. Chacun se rappelait que la météo avait ses caprices. Certains se rappelaient une grande sécheresse ou une longue période de froid, d'autres des inondations ou de fortes canicules, et tous s'accordaient à vouloir produire une électricité qui soit indépendante de la météo.

 

C'est ainsi que Fourmi construisit une petite Centrale nucléaire.

L'énergie serait abondante et peu chère et l'on n'aurait pas à recourir à des subventions. Les élus choisirent de sur-dimensionner leur usine pour prévoir un développement ultérieur.

On en profita pour créer un système de récupération de l'eau chaude provenant du refroidissement des réacteurs pour alimenter les équipements municipaux.

Les agriculteurs alentours utilisèrent les retombées du nuage de vapeur pour dynamiser leurs cultures.

De plus, on vendit, à des prix très compétitifs, aux autres villes voisines les excédents de courant produit.

 

Vint l'été 2021. Pendant des semaines, il n'y eut pas de vent et les journées étaient maussades. Malgré une consommation estivale réduite le stock d'électricité dans les batteries se dégradait dangereusement.

Les élus de Cigale se réunirent en urgence car l'hôpital lui-même qui ne possédait pas de groupe électrogène (cela aurait été superflu puisqu'on pouvait toujours compter sur les batteries) se mit à craindre une pénurie de courant. Alors un élu de l'opposition se leva et proposa de demander l'aide de la ville ennemie Fourmi. Beaucoup crièrent à la trahison mais il fallut se rendre à l'évidence, il n'y avait pas d'autre option.

 

La municipalité de Fourmi accepta de bon cœur, car c'était pour eux une reconnaissance de leur prévoyance. Elle prévint les journalistes qui étaient venus à Cigale pour qu'ils complètent leur article, mais aucun d'eux ne répondit à l'appel.



1 réactions


  • tashrin 11 août 2021 12:37

    Chuuuut, n’allez donc pas briser les reves ecolo 

    On fera tourner notre super parc automobile électrique avec des ventilateurs :)


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