Climat : effondrement planétaire avant 2100 ?
Etrange article apocalyptique dans la revue « Nature ». Il relate une étude réalisée par la Simon Fraser University de Vancouver au Canada. Un chercheur prédit l’effondrement de la planète avant la fin de ce siècle. Selon Arne Moers et son équipe, la rapidité du changement de la biosphère pourrait avoir une issue fatale d'ici à 2100.
L’effondrement planétaire
La notion « d’effondrement » n’est pas décrite en détail : de quoi s’agit-il, comment se passerait-il, quelles en seraient les conséquences concrète ? Néanmoins on comprend qu’il y aurait une sorte de passage de la planète à un autre état, irréversible selon l’équipe. La planète serait près d’atteindre un « point de non-retour », ou point de basculement. Qui pourrait, selon le chercheur, se produire en quelques années seulement.
En cause : la dégradation rapide des écosystèmes, les épisodes climatiques plus extrêmes et un changement du bilan énergétique. L’apport accentué d’énergie tirée des ressources planétaires a pour effet de modifier la biosphère : réchauffement, gaz polluants, dégradation et non régénération de certaines régions. L’accroissement de la population épuise les ressources en eau potable du sous-sol et des fleuves. En Inde par exemple, les nappes phréatiques sont exploitées au point où l’arrosage des cultures devient insuffisant, avec pour conséquence moins de production alimentaire. De plus elles sont polluées et des cultures sont contaminées à l’arsenic et aux pesticides, entre autres.
La nature a évidemment besoin de temps pour se régénérer, qu’ils s’agisse des sols (refaire de l’humus et neutraliser les polluants), des forêts ou des eaux, soit des éléments fondamentaux dans la possibilité d’exister pour de nombreuses espèces. De ces trois éléments proviennent la boisson, la nourriture et l’air.
Les constats divergent
La recherche canadienne est-elle fiable ? Doit-elle être acceptée comme une certitude ? Laisse-t-elle place à une légitime critique ou ferme-t-elle la porte à tout questionnement ? Les articles concernant cette étude et disponibles sur le net sont peu détaillés et celui de nature n’est pas en accès libre. La logique de la recherche n’est donc pas apparente, seuls ses résultats alarmistes étant diffusés dans le public.
« Arne Moers, qui a dirigé la recherche, rappelle : « Le dernier point de basculement dans l'histoire de la Terre est apparu il y a 12.000 ans. C'est à l'époque où la planète est passée de la phase glaciale à celle actuelle, appelée inter glaciale. A ce moment, des changements biologiques les plus extrêmes menant à notre état actuel sont apparus en seulement 1.000 ans. C'est comme passer de l'état de bébé à l'âge adulte en moins d'une année. Et la planète est en train de changer encore plus vite aujourd'hui. »
On ne sait exactement ce que signifie « basculement » et quelles conséquences prévisibles il entraînerait. Le point de bascule est une notion théorique. Les chercheurs se basent sur l’étude du passé. Après 90‘000 ans de stabilité et de période glaciaire, la Terre s’est réchauffée il y a environ 11‘000 ans, passant d’une température nettement plus basse à la moyenne actuelle. Sur ce point les avis divergent. Un article de Science & Vie de ce mois nuance toutefois un point : le changement du climat glaciaire vers notre climat actuel a pris 25‘000 ans et non pas 1‘000 ans. L’étude citée par ce magazine tient compte de 80 points de forage du sous-sol - et donc d’exploration du passé climatique - répartis sur toute la planète.
Un risque qui ferait changer brutalement le climat dans certaines régions est l’arrêt de la circulation des courants de l’Atlantique nord, dû à la fonte excessive des glaces de l’Arctique. En quelques années l’Europe deviendrait beaucoup plus froide en hiver. Il y aurait une conséquence : réduction de l’agriculture et peut-être de l’autosuffisance alimentaire, et augmentation de l’usage de carburants de chauffage fossiles.
De l’étude du passé il faut aussi constater que, malgré plusieurs épisodes de glaciation depuis deux millions d’années, les espèces actuelles, dont les humains, ont survécu et se sont répandues. Le réchauffement interglaciaire d’il y a 11‘000 ans et le nouvel équilibre qui en a résulté - et qui prévaut encore à ce jour - ont été concomitants à l’expansion de notre espèce, au développement de l’agriculture et à l’émergence de plus en plus affirmée de la civilisation. On sait aussi que le réchauffement climatique du Moyen-Âge, l’Optimum médiéval qui a duré environ quatre siècles, a favorisé un saut quantitatif important pour notre espèce et pour ses moyens de subsistance. Les technologies et le mode de vie ont fortement évolué pendant cette période.
Positiver le changement
Le réchauffement actuel ira-t-il jusqu’à un point de bascule ? Comment envisager précisément cette bascule ? La planète ne dispose-t-elle pas d’une forme d’homéostasie, de systèmes de rétroaction qui viendraient tempérer le réchauffement ? Les nuages de basse altitude, plus nombreux en cas de réchauffement, ont aussi un effet d’albédo (renvoi du rayonnement solaire) plus fort et rafraîchissent les températures au sol, dont celle des océans. Y en a-t-il d’autres ? Sera-ce suffisant pour faire contrepoids au réchauffement ?
Le problème des annonces alarmistes et apocalyptiques est de neutraliser toute réflexion et tout discours critique. L’autre problème est qu’aucune étude n’envisage le réchauffement comme un facteur positif. Bien sûr qu’il y aura des changements et des pertes, mais aussi des gains ailleurs. L’espèce humaine s’est adaptée aux changements climatiques depuis des centaines de milliers d’années : pourquoi ne s’adapterait-elle pas cette fois ?
La philosophie qui sous-tend cette recherche, comme celle qui imprègne les rapports du Giec, est que le changement est mauvais, négatif, dramatique. Cette philosophie conservatrice et réactionnaire ne se confirme pas dans l’histoire humaine. Les grands changements ont été source de progrès bien plus que de régression. Le catastrophisme n’est pas fondé historiquement. Et puisqu’un réchauffement est en cours, quelle qu’en soient les raisons, nous devons aujourd’hui le penser positivement, préparer notre adaptation et anticiper les inconvénients tout en valorisant les bienfaits. Changement de paradigne exigé ! Les écologistes, conservateurs catastrophistes en chef, ainsi que les chercheurs, politiciens, gens de bonne volonté inquiets de l’état du monde, peuvent-ils faire ce retournement dès maintenant essentiel ? La multinationale « Catastrophic International », cousine de « Radio-Litanie » peut-elle réformer sa philosophie ?
Par contre le développement de ressources énergétiques durables et des technologies propres doit être amplifié quelles que soient les prédictions, alarmistes ou non, sur le climat. Cela non seulement pour des raisons environnementales mais aussi pour des raisons politiques d’indépendance énergétique.