samedi 6 mai 2017 - par FerdinandG

Construction durable : pourquoi le bois est une valeur sûre

Le bois effectue son grand retour dans la construction. Chaleureux, convivial, avec parfois une touche d’exotisme, le bois séduit les architectes : maisons chics, écoles et crèches, voire même immeubles de grande taille ! Mais attention, le bois n’est pas un matériau comme les autres : le bois, ça se mérite !

Né de la nature, le bois fut très probablement le premier outil de l’homme. Utilisé depuis des millénaires, le bois est aussi le plus ancien des matériaux de construction après la pierre des grottes préhistoriques. Il existe d’ailleurs encore de nombreux exemples de construction en bois qui ont survécu à l’outrage des siècles. S’il a été délaissé par un vingtième siècle trop demandeur en constructions rapides et peu onéreuses, le bois revient aujourd’hui en force parmi les promoteurs de constructions atypiques et tendance. Matériau de construction noble par excellence, le bois retrouve les faveurs d’un public séduit par le côté naturel, le toucher et le grain d’une matière sans équivalent. Chose inimaginable il y a encore quelques années, le bois est même aujourd’hui prévu comme ossature d’immeubles de grande hauteur ! Mais en dépit de son succès, le bois est un matériau exigeant qui, pour durer et conserver l’éclat du neuf, devra faire l’objet de soins attentifs.

Un matériau vivant, à préserver et entretenir

Certes, une fois transformé en bois de charpente ou en rondins de murs, il est difficile de considérer que la bois est encore pleinement « vivant » : il n’est pas question ici de mettre en garde contre la montée de sève et la pousse de branches. Mais pour autant le bois est un matériau, qui vit, vieillit, meurt et se désagrège si rien n’est fait pour le préserver. Un arbre vivant se protège naturellement contre les intempéries, les insectes, les champignons ou les maladies. Mais tous ces mécanismes de défense s’interrompent une fois passée l’étape scierie. Dès lors, il faut prendre le relais pour compenser certaines déficiences « naturelles ».

En premier lieu le bois est un matériau qui continue, au-delà de sa « mort », à réagir et échanger avec son environnement. Le bois est en effet un matériau hygroscopique : même réduit à l’état de planches ou de poutres, il continue d’absorber l’eau et l’humidité de l’air si l’atmosphère est humide, ou de les rejeter dans le cas contraire. Résultats : le bois gonfle, enfle, se déforme et à l’inverse peut se rétracter ou se fendre. Pas d’inquiétude à avoir, tous ces mouvements sont naturels : le bois « respire ». En tant que matériau d’origine naturelle, le bois reste toute sa vie durant également sensible à la lumière (il peut jaunir sous l’effet des ultra-violets), à la pollution (détérioration de surface) et aux insectes et champignons (détérioration de surfaces et en profondeur).

Pas de panique pour autant là non plus, les bois de construction sont chimiquement traités pour parer à toutes les éventualités. Pour les bois de façade (placages, balcons, planchers de terrasses…), exposés directement l’année durant aux éléments naturels, il faudra envisager des traitements plus conséquents : huiles, lasures, vernis, peintures, saturateurs, fongicides, insecticides… les solutions ne manquent pas pour préserver au bois toutes ses qualités naturelles et son esthétique sur le long terme.

Le bois traité : un argument sécurité

La protection du bois n’a d’ailleurs pas qu’une fonction esthétique. En termes de sécurité, le bois de construction incorpore aussi des produits dits « retardants », car à l’évidence, le bois s’embrase rapidement s’il n’est pas traité par des professionnels. Comme leur nom l’indique, ces produits servent à ralentir la progression d’un incendie le long des structures en bois. L’idée est de permettre quoiqu’il arrive l’évacuation des habitants et l’intervention des secours avant qu’un feu ne se propage à l’ensemble du logement.

Même en cas de détérioration par le feu, les structures bois permettent, elles, de remplacer bien plus facilement des éléments endommagés : les divers éléments n’étant pas solidaires les uns des autres (comme le serait une dalle de toit avec des murs porteurs) il est souvent possible de réparer et de remplacer ce qui doit l’être. Le bois est aussi un matériau de lutte contre l’obsolescence programmée ! Les éléments en fin de vie, ou fragilisée par le temps et les événements (incendies, dégâts des eaux, thermites, amplitudes thermiques…), peuvent être démontés et remplacés sans qu’il ne soit jamais nécessaire de raser la construction.

Le bois, c’est pour la vie

Posséder une maison en bois n’est pas chose à prendre à la légère, et bien que la décision soit souvent prise sous l’effet d’un coup de cœur, il n’est pas possible de déroger à certaines responsabilités avec le bois. De propriétaires en propriétaires, le bois devra toujours faire l’objet des mêmes soins attentionnées. En effet le bois de construction ne se recycle quasiment pas : compte tenu des solvants et des produits nécessaires à sa conservation et à sa bonne résistance aux agressions, les charpentes et les bois de construction ne se réutilisent pas, sauf à reconstruire à l’identique !

Bon à savoir, surtout, ils ne se brûlent pas : l’incinération ou la combustion en cheminée ou en poêle, souvent privilégiées par les « récupérateurs », sont fortement déconseillées compte tenu des émanations possibles de produits chimiques contenus dans le bois. D’autre part, alors que le bois constitue un piège à carbone naturel, le brûler ou le laisser se décomposer naturellement (« pourrir ») revient à relâcher dans l’atmosphère tout le CO2 ainsi piégé. Bref, une « opération blanche » si on considère cette pratique sous l’angle de la seule empreinte carbone. Le bois est donc un investissement « durable » à plus d’un titre. Le bois est chic et tendance, mais le bois c’est aussi du temps donné, en soins, en attention, en même temps qu’un bout de temps figé. Dans des sociétés du consommable et de l’immédiat, le bois responsable a donc encore une valeur et un espace à occuper.



25 réactions


  • troletbuse troletbuse 6 mai 2017 11:43
    pourquoi le bois est une valeur sûre

    Je vous approuve totalement. Le bois est une valeur de plus en plus sûre surtout pour la langue. :_((


  • Rincevent Rincevent 6 mai 2017 13:02

    Même sans retardants, une poutre en bois mettra plus de temps à céder que son homologue en béton. La surface sera vite brûlée mais le cœur tiendra plus longtemps. Quant aux poutres métalliques, c’est zéro résistance (les pompiers ont interdiction de s’engager dessous).

    Si, au début, la construction en bois a été le fait de militants motivés, puis de clients aisés (surcoût de 15 % environ), les choses évoluent. On en arrive maintenant à faire du collectif de huit étages ! https://www.youtube.com/watch?v=jYIwu2yRCLI&feature=player_embedded


    • Rincevent Rincevent 6 mai 2017 13:08

      PS : encore plus fort, 50 mètres ! : https://www.youtube.com/watch?v=yv17vNyqjEI


    • Et hop ! Et hop ! 7 mai 2017 00:00

      @Rincevent : Les maisons en bois dont l’article fait la promotion sont des maisons en bois et panneaux industrialisée, pas du tout des maisons en charpente traditionnelle.


      C’est le procédé américain des maisons jetables qu’on démolit au bout de 30 ans de crédit.

    • Rincevent Rincevent 8 mai 2017 00:04

      @Et hop !

      Il faut se sortir un peu de la vision traditionnelle de la maison en bois, (type plus ou moins chalet), et l’article est bien trop vague sur la question. Il existe bien d’autres techniques pour du plus gros, dont les panneaux contre-collés et c’est bien toujours du bois, avec ses qualités. Cette technique permet, entre autre, de faire des portants d’un seul tenant d’une longueur impossible avec des poutres classiques.

      Quand aux maisons US qu’on jette au bout de 30 ans, vous me permettrez d’en douter fortement. J’ai une amie qui en revient et sa tante en habite une depuis bien plus longtemps. Peut-être confondez-vous avec les maisons mobiles, autre concept américain, qui permet à son propriétaire de suivre le marché du travail d’un état à l’autre ? Celles-ci, au bout de 30 ans, doivent être probablement bonnes à jeter, c’est sûr.


  • alinea alinea 6 mai 2017 14:48

    Bref, une construction pérenne à condition d’être 100% chimique !
    En réalité on ne peut pas mêler les deux : constructions naturelles, et constructions pérennes.
    Mais il est des bois qui résistent à tout : le châtaignier comme charpente dure des siècles ; et j’ai découvert il y a peu, le cyprès bleu, oui celui que tout le monde utilise en haies allergisantes. Il contient une sève insecticide et fongicide qui ne nécessite aucun traitement.
    Si on veut une construction naturelle, on sait qu’il nous faudra l’entretenir, en changer des bouts de temps à autre.
    Sinon, non merci.


    • mmbbb 6 mai 2017 18:31

      @Jeekes il suffit de voir comment les forets sont exploitees la est le probleme il faut une gestion stricte La roumanie brade ses forets , saccage ses forets primaires Quant a la Chine qui importent du bois il suffit de faire un tour d horizon en Afrique ou en Papouaisie Nouvelle Guinee . Du grand ouvrage avec les montres mecaniques et les scies . Quant a moi j’aimerai soit avoir un chalet tradionnel savoyard ou la maison tournant avec le soleil DOMPSPACE . mais il faut pouvoir debourser des centaines de milliers d euros Ca un prix


    • izarn izarn 6 mai 2017 23:18

      @alinea
      De toute façon une maison ça s’entretient, sinon ça devient une ruine rapidement.
      Sinon t’as la pierre de taille avec des fenetres renaissance : La ça tient 500 ans !
       smiley


    • Et hop ! Et hop ! 7 mai 2017 00:04

      @alinea : En fait c’est la construction industrielle américaine qui est proposée comme un truc traditionnel et écologique.


      En France on construit en pierre, en briques, en maçonnerie, en colombages, mais pas en bois sauf les chalets en montagne parce qu’il fait sec.

      En France les maisons durent des siècles, on les répare, c’est plus écologique qu’une maison en bois mise à la poubelle au bout de 30 ans.

      En France il y a des maisons bretonnes, provençales, basques, alsaciennes,...

  • eric 6 mai 2017 15:15

    Relisez René Girard, l’imitation, la copie sont le fond de la nature humaine.


  • UnLorrain 6 mai 2017 18:10

    Osez le bois,slogan ecrit chez un marchand de bois de charpente. Vous pouvez l acheter exempt de produit chimique,vous pourrez ensuite lui donner teintes et traitement totalement naturels,comme l huile de lin qui est une efficace barriere de protection. Qu’est ce qui attaque le bois en premier ennemi ? Les spores de champignons probablement..une couche renouvelle dhuile de lin et voici le probleme definitivement resolu,je crois qu’il n’existe aucun xylophage capable de s attaquer a de l huile de lin car c’est sa mort assurement a l insecte.

    Fin 19 eme siecle,des ecrivains comme Mirbeau par exemple,decrivent des maisons,des masures,construites en bois,les planches de facades sont protegees par du goudron...masures en ruines,visibles actuellement,plus de cent ans apres leurs constructions,preuve en est que celles ci peuvent durer fort longtemps,et plus,si l’on accorde un minimum d attention,d entretien. J ai failli oublier,l avantage enorme du bois par rapport a la pierre ou derives...Avez vous deja vu,connu,que le froid puisse penetrer le bois ? Moi jamais,par contre,il peut geler a pierre fendre comme dit une expression..


    • izarn izarn 6 mai 2017 23:23

      @UnLorrain
      Sous les mérovingiens, Paris était principalement construit en bois, sauf les vieux édifices publics gallo romains...


    • Et hop ! Et hop ! 7 mai 2017 00:06

      @izarn : Justement, on a fini par l’interdire et imposer la construction en maçonnerie à cause des incendies et de la vermine.


  • goc goc 6 mai 2017 18:47

    @ l’auteur

    Je pense que vous êtes victime de légendes urbaines. Le bois n’est absolument pas un matériaux « durable », c’est même après les maisons phenix et autres escroqueries immobilières, ce qui dure le moins longtemps.
    Si vous en doutez, allez faire un tour en montagne. Même avec le mélèze qui est le plus résistant des bois de construction, une grange en bois ne dure guère plus d’un siècle.

    Moi qui vit dans les Cévennes, pays de forets et de châtaigneraies ; les maisons sont en pierre et non en bois.

    Enfin, je vous signale que concernant les maisons en bois actuels, on n’a aucun recul suffisant pour affirmer que ces maisons dureront longtemps, surtout avec tous les produits chimiques qu’on rajoute dans le traitement du bois. On ne sait rien de la dégradation du bois sur 50 ans, ou pire des produits chimiques eux-mêmes, avec le temps. Et il en faudrait pas refaire les mêmes erreurs qu’avec l’amiante.

    Donc arrêtez de rêver et revenez sur terre.


    • baldis30 6 mai 2017 21:34

      @goc
      Sur cinquante ans, pour de petites structures de nature industrielles en lamellé-collé, laissées sans entretien à l’air libre j’ai un petit retour d’expérience plutôt favorable. Les mêmes équipements en béton ou en métal auraient dans certains cas nécessité aussi des travaux de ravalement ....

      Il faut aussi penser que l’utilisation du bois comme on le fit avant WWII ce n’est plus une solution ... !

      Avantage de certaines des constructions en bois par rapport au béton c’est la facilité de préparer des éléments en atelier ....gage de contrôles sérieux !


    • izarn izarn 6 mai 2017 23:35

      @goc
      Il y avait des constructions en bois, granges, batiments agricoles, étage de maison, etc...
      L’avantage du bois c’était le bon marché et la rapidité de construction.
      N’oublions pas que la charpente est en bois, et que certaines ont plus de 500 ans...
      Souvent les anciens mélangeaient les deux, bois, mortier, pierre. Le bois servant de charpente à la construction. Ce type de maison se trouvent encore dans des villages anciens. Elles n’ont pratiquement pas bougées depuis plusieurs siècles, à condition d’etre habitées. L’abandon est la pire des choses.


    • Et hop ! Et hop ! 7 mai 2017 00:09

      @izarn : 


      C’est pas du tout les mêmes charpentes, ici ce sont des planches et des panneaux agrafées, des fermettes américaines.

      Les Américains construisent toutes leurs maisons en bois, ici on a d’autres traditions, on a les maisons bretonnes en Bretagne, etc..

    • goc goc 7 mai 2017 13:08

      @Et hop !
      Les Américains construisent toutes leurs maisons en bois

      Et on peut voir comment ça fini, avec leurs cyclones et leurs tornades. Heureusement qu’ils y ajoutent une cellule de survie en.. béton.


  • Jonathan Livingstone 6 mai 2017 18:53

    Intéressant tout ça.

    Je bois donc à votre santé, avec une paille bien sûr…

  • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 6 mai 2017 19:46

    Les Gaulois avaient un immobilier basé sur le bois,
    les Romains, eux, c’était la pierre...

    Et quels sont ceux qui ont laissé des monuments ?

    Le bois, ça a toujours très bien brûlé...


    • izarn izarn 6 mai 2017 23:40

      @ben_voyons_ !
      Pour moi les matériaux nobles de construction sont :
      La pierre et le bois.
      Le reste c’est de la merde du XXième siécle.
      Le comble=Béton plus plastique !
      Beurkeu !


    • izarn izarn 6 mai 2017 23:42

      @izarn
      J’accepte toutefois la brique et la tuile, mais cela n’a pas la meme classe. C’est moins cher.


  • zygzornifle zygzornifle 28 mai 2017 12:58

    Regardez la facture des pompes funèbre, le bois des cercueils est une valeur sure .....


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