mardi 26 juin 2018 - par Etre sensible à son environnement (Blog)

Côte d’Ivoire : Point de la protection de l’environnement

Nous risquons de perdre un trésor naturel immense car la nature nous parait infinie mais ses potentialités pour nous nourrir, nous protéger, nous soigner et en tout cas nous émerveiller, s’épuisent malheureusement sous le poids de nos libertés individuelles et la pression sur les ressources.

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La vie sur terre serait impossible à quelques générations devant nous. Toutefois, aujourd’hui, les actions ne manquent pas car, de plus en plus, les hommes se rendent compte de leurs égarements. Mais tout changement est difficile à supporter notamment en Afrique où la rupture requiert aujourd’hui beaucoup plus d’ingéniosités et de sacrifices.

Gouvernement : Décret portant interdiction des sachets plastiques

En Côte d’Ivoire, c’est seulement en Novembre 2014 que le décret portant interdiction des sachets plastique est entré en vigueur devant le regard presqu’incrédule d’une bonne partie de la population ivoirienne, ce qui présageait d’emblée la difficulté de la tâche. Mais la nouvelle a très bien été accueillie par une minorité modeste qui accepte de s’acheter le service des emballages biodégradables en lieu et place des sachets plastiques. Les quartiers populaires ne suivent pas la cadence car le biodégradable est bien plus couteux et n’est pas accessibles partout.

Les sachets plastiques dominent toujours le marché des emballages or ce n’est pas la seule urgence environnementale du moment.

Société civile : Chacun lutte avec ses moyens

De plus en plus on assiste à des initiatives pour la plupart de ramassage d’ordures, reboisement par des associations, des ONG, des fondations etc.

Cette rapide multiplication d’organisations de la société civile pour la cause environnementale démontre une prise de conscience collective et nourrit le sentiment que le phénomène de dégradation de notre environnement est entré dans une phase critique.

Canalisations bouchées par les déchets plastiques, rues insalubres dans les grandes villes comme Abidjan, la chaleur qui se manifeste avec beaucoup plus d’acuité, fortes pluies inhabituelles, déforestation sont autant de réalités qui intéressent ces organisations. Comme dans les batailles désespérées, sans aucune retraite possible, la tentation de nouvelles stratégies constitue le point positif de toutes leurs initiatives. Pour la plupart des appels à financement de projets verts, le gouvernement ivoirien est hésitant, voire timide mais ne manque pas de féliciter ceux qui se lancent seuls dans des idées qui portent du fruit.

Émergence d’initiatives vertes originales

En Côte d’Ivoire les ingéniosités ne manquent pas. Ces cinq dernières années ont vu émerger une nouvelle vague de solutionneurs jeunes. Ils inventent des solutions vertes et en deviennent des leaders, ils entrainent derrière eux un concept de réseautage dont ils détiennent les clés. De Green Countries qui vise par le compost à la transformation des déchets organiques en engrais bio à la Grainotheque qui œuvre à la préservation de la diversité génétique des semences à travers sa banque de semences en passant par My dream for Africa pour le transport vert puis enfin les blogueurs, nous avons des jeunes qui ont réussi à bâtir des startups vertes originales. Tous les évènements en rapport avec l’environnement ne se font pas sans eux car ils inspirent, ils motivent, ils invitent à des solutions intégrées et adaptées à nos territoires. Certains sont pour une agriculture durable, d’autres pour la réduction des émissions de Co2 dans l’atmosphère en optant pour le transport vert, d’autres encore sensibilisent par l’entremise des blogs et le partage d’activités sur Facebook, twitter, instagram etc. Ils partagent la même passion car ayant pris la pleine mesure de l’urgence. Sont-ils assez outillés pour faire germer à la hauteur de leurs rêves, cette vision d’un environnement ivoirien plus viable ? Ont-ils assez de ressources pour voler longtemps sans s’essouffler ? En tout cas, ils partagent autour d’eux une passion très noble, ils font ce qu’ils peuvent, avec ce qu’ils ont, là où ils sont.

Parce que ce combat n’est pas de trop !

La Côte d’Ivoire a perdu près de 90 % de ses forêts en seulement 50 ans. De plus de 16,5 millions d’hectares à l’indépendance, le couvert forestier est progressivement passé à environ 12millions d’ha en 1970, 4millions en 2000 puis 2 millions d’ha aujourd’hui. Les parcs et réserves subissent des infiltrations irrégulières du fait d’une insuffisance des moyens de surveillance. L’exploitation illégale bat son plein et l’agriculture industrielle est grandissante. Les appuis chiffrés en milliards de francs CFA peinent à porter leurs fruits. Or qui dit perte de la forêt dit aussi perte de la biodiversité, de la faune qui voit son habitat se restreindre. En février 2015 un groupe d’animaux sauvages composé de biches et d’agoutis a fait subitement irruption à Doukouya, un village de la sous-préfecture d’Oumé à la surprise générale et panique des habitants qui en ont abattus deux. Il n’est plus surprenant de voir débarquer dans certaines villes et villages des éléphants, primates et même des reptiles. Quand la nature est attaquée, elle réagit. Dans son habitat, chaque espèce est adaptée à des environnements chimiques et physiques particuliers. Chaque espèce a évolué pour vivre en symbiose avec certaines autres espèces selon des modalités et cette relation ne saurait se reconstruire une fois détruite.

Synthétiser des écosystèmes sur un sol pelé ou dans un marécage asséché est tout aussi utopique que réanimer des cadavres humains enterrés.

Il apparait donc urgent de soutenir toutes initiatives qui visent à réduire d’une manière ou d’une autre notre empreinte écologique. L’identification des urgences en matière de protection de l’environnement, la structuration et la mise en œuvre d’une politique de gestion intégrée du littoral ivoirien, l’appui à la recherche, le financement des initiatives vertes et innovantes, la sensibilisation des populations ivoiriennes sur les gestes écolos sont autant de pans à gérer en même temps par le ministère de l’environnement et de la salubrité qui semble placer les objectifs du développement durable au cœur de ses priorités. Le développement durable pour notre part vise une éthique de conservation d’un édifice naturel. Cette éthique de conservation a pour objectif de transmettre aux générations futures la plus grande partie du monde non humain comme pouvaitle dire le biologiste Edward Wilson.

L’efficacité des différentes politiques en matière de protection de l’environnement en Côte d’Ivoire ne saurait être effective sans un cadre juridique contraignant.

Yves-Landry Kouamé

yveslandrykouame.wordpress.com




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