lundi 12 décembre 2011 - par PROVOLA

Durban : il est urgentissime... d’attendre

Comme prévu, la Conférence de Durban sur le réchauffement climatique s’est contentée de botter en touche, du genre, on y arrivera pas, au moins, là -dessus, on est tous d’accord.

Depuis 1992, depuis que l’homme s’est réellement penché sur l’impact de son développement sur l’ enveloppe terrestre, la longue litanie des batailles perdues, de ce barnum sur le climat, me fait penser à ces foires de campagne et ses auto-tamponneuses, et son grand-huit, sa barbe à papa, ses barres de regliss et puis la messe du dimanche, son cirque avec les lamas qui vous crachent à la gueule et les éléphants trop bien éduqués.

Et de la fumée, beaucoup de fumée, et du vent, beaucoup de vent.

Durban aura donc été tout cela à la fois, des débatteurs fatigués par des heures sans sommeil mais ayant oublié l’heure globale dans leur poche, des éclats de voix pour rien, des colères contenues. On retire sa cravate pour faire comme si, on s’emporte, on blasphème, mais finalement on est heureux de pouvoir se retrouver dans un an… au Qatar. 

Car des résultats concrets , on en voit pas, on en aura plus tard, c’est à dire quand il sera trop tard.

Alors comment a-t-on pu en arriver là ?

Il n’est pour expliquer les difficultés de ce genre de cérémonies de relever la liste des participants. La France n’a-t-telle pas envoyé pour négocier la grande prêtresse du Grenelle de l’environnement, j’ai nommé Nathalie Kosciuko-Morizet. Celle que l’on désigne chez nous comme la spécialiste des questions écologiques n’est elle pas une sbire de De Funès, grand défenseur des mammouths de l’industrie, prophète de la croissance, de la globalisation de l’économie, du développement durable, qui veut dire développement à tout crin et durabilité de la dégradation généralisée des éco-systèmes. Envoyer Nathalie Kosciusko Morizet se pencher sur l’avenir de notre climat, c’est demander à Kadhafi de diriger l’armée du salut, c’est demander à Albert de Monaco d’inviter tous les réfugiés de Lampedusa à s’installer dans la Principauté. Ce même Prince de pacotille qui s’en est allé à Cancun pour se vêtir d’étoffe compassionnelle.

En gros, ceux qui étaient chargés de répondre à l’urgence devaient d’abord répondre à leurs propres contradictions, remédier à leur logique destructrice, redéfinir leur paradigme impliquant l’accaparement au seul profit de quelques oligarques des ressources de la planète.

En attendant, les émissions de gaz à effets de serre vont continuer de croître à un rythme inégalé jusqu’alors ou même d’exploser car la Chine a besoin de donner du travail à 22 millions de paysans de plus par an, car l’Inde est entrée dans la danse du ventre de la consommation, car le Brésil va vouloir détruire la forêt amazonienne pour produire des biocarburants, car la Russie va arroser de gaz l’Europe et découvrir de nouveaux gisements en Sibérie ou en Mer Arctique, celle-là même dégagée de sa gangue de glace, car les Etats-Unis vont se lancer à corps perdu dans l’exploitation des gaz de schistes. Car la globalisation des échanges commerciaux va accentuer la pression des transports sur la grille de lecture des déflagrations industrielles et sur la production de gaz polluants ; car l’uniformisation de la base de l’alimentation tendant vers une surconsommation de viande va faire croitre la production de méthane ; car la fonte du permafrost va multiplier les sources de méthane, gaz bien plus néfaste que le CO2 pour ses effets sur l’atmosphère.

Ce monde, en main des néo-libéraux depuis trente ans vire à l’aigre bien plus vite que ne le pensaient les oracles du Club de Rome au début des années 1970, la logique de l’esclavage pour la multitude et de l’ explosion des profits pour quelques uns a sur-vitaminé cette course folle matérialiste qui est la première cause de nos ennuis climatiques. Cophenague, Cancun l’année dernière, Durban cette fois, chaque fois le même constat, d’impuissance, de ruine des espoirs.

Demain, ces pantins débateurs à la sauce ketchup se retrouveront à Qatar, Qatar, pensez donc comme un symbole du dérisoire et de la perversité, là où se tiendra la future coupe du monde foot, dans des stades climatisés, au beau milieu du désert, à 50° Celsius.



4 réactions


  • titi titi 12 décembre 2011 13:03

    Ce qui vous oubliez de dire c’est qu’avant Durban il y a eu Kyoto.

    Or Kyoto, n’engageait que les méchants pays occidentaux (à part les USA) sur des objectifs quantifiés. Bref les autres signataires ne prenaient aucun risque.
    Donc ca a bien marché : le méchant blanc ex-colonisateur est prompt à battre sa coulpe.

    A Durban, la donne est différente... c’était au tour de l’Inde et de la Chine et des autres émergeants. Et là y a plus de bien-pensance bobo, et les pays émergeants nous prient d’allez nous faire voir.

    On ne peut que constater la clairevoyance des USA sur le sujet.


  • Alexis_Barecq Alexis_Barecq 12 décembre 2011 13:50


    Camarade tu te trompes de combat.

    Le réchauffisme est UNE ARNAQUE scientifique. Ou justement non, pas scientifique du tout.

    Pendant des milliers d’années, le climat a beaucoup changé : ère glacières, réchauffement, ère glacière à nouveau, etc. Ceci, sans activité humaine significative. Pourquoi ? Comment ?

    Premièrement on ne sais pas répondre à cette question, et par la même on avoue être incompétent pour décrire le climat, son mode de fonctionnement, son évolution prévisible.

    Deuxièmement, répondre à cette question c’est reconnaitre que la planète n’a pas besoin de nous pour avoir un climat délicieusement changeant et imprévisible...  smiley

    Un peu d’humilité, hummm ?

    ho ho ho hi hi hi


    • franck2012* 12 décembre 2011 14:32

      ... moi aussi je ne crois plus à la thèse du réchauffement anthropique .... les indiens et les chinois non plus ... il n’y a guère qu’en France qu’on laisse les écolos bargeots monopolisés les plateaux !

      Dommage car la cause était belle !!

      C’est comme ’ La lutte des classes ’ faudrait pas la laisser aux trotskistes ....  smiley


  • aberlainnard 12 décembre 2011 21:11

    À l’auteur ;

    Comme vous, je suis atterré par l’inaction et l’irresponsabilité des dirigeants politiques face au changement climatique et aux effets dévastateurs qu’il engendrera sur l’économie et la société si nous attendons que les premiers effets négatifs sérieux se manifestent pour transformer notre mode de vie.

    C’est ne rien comprendre aux phénomènes climatiques que soutenir qu’une hausse de la température moyenne planétaire de quelques degrés n’a aucun effet majeur sur la vie de l’humanité. Ou alors il faut vraiment être très mal informé ou prendre ses informations à la mauvaise adresse. À mon sens, c’est là que réside le problème. Trop peu d’entre nous savent ce qu’est réellement le GIEC, son rôle et le fondement des conclusions de son rapport. Trop peu ont lu, sinon le rapport Stern en entier, (ce que je n’ai pas fait moi-même ; plus de 500 pages en anglais !), du moins le résumé officiel en français. Et ce n’est pas étonnant, parce que parmi les journalistes, une minorité seulement ont lu et compris ces documents. Certes, des débats télévisés ont eu lieu. Mais un débat contradictoire est rarement informatif. C’est souvent plus du spectacle destiné à faire audience, qu’une source réelle d’information sérieuse. Le résultat est que le doute est entretenu dans l’esprit des citoyens et beaucoup choisissent de croire ceux qui les rassurent momentanément, ce qui est évidemment beaucoup plus confortable.

    Émettre moins de CO2, c’est pourtant une bonne affaire et c’est faire d’une pierre deux coups. D’une part, brûler moins de combustibles fossiles c’est ralentir l’augmentation de la concentration du CO2 en haute atmosphère, et d’autre part c’est prolonger la disponibilité d’énergies qui s’épuisent et qui restent encore très (trop ?) bon marché tout en nous donnant du temps pour une inévitable conversion à d’autres sources d’énergie.

    À l’inverse, continuer à brûler toujours plus de pétrole, de gaz et de charbon, c’est à coup sûr nous précipiter au devant d’ennuis cumulés très désagréables, de modifications climatiques plus intenses, en ayant tout fait pour rendre rapidement l’énergie plus inaccessible physiquement et économiquement. Avec une énergie devenue rare et très chère, nous serons sans moyens pour faire face à une situation devenue incontrôlable.

    Beaucoup de discussions stériles, mode café du commerce, pourraient être évitées.

    Une prise de conscience claire des problèmes étroitement liés posés par l’utilisation des énergies fossiles et le climat passe une information documentée accessible à tous.

     Voici quelques éléments qui vont dans ce sens :

     Comprendre le climat et comment il évolue dans le temps :

    Cours sur le changement climatique (Jean Marc Jancovici) (durée des 8 vidéos 1:12:49)

    http://www.youtube.com/playlist?list=PL18E36A14BA5AB7C1

     

    Il s’agit d’un extrait des cours donnés à l’ École Des Mines De Paris

    Énergie et changement climatique : éléments de base sur l’énergie au 21e siècle

    que l’on trouve là :

    http://www.mines-paristech.fr/ingenieurcivil/SitesIC/Balado/Climat_som.html

     Un résumé des cours complets, sous forme d’une conférence claire et documentée :

    http://storage02.brainsonic.com/customers/entrecom/spie_20090702/fr/files/i ndex.html

     

    Autre conférence intéressante :

    L’économie du climat.

    Conférence de Geneviève AZAM,

    Enregistrement du 17 décembre 2007, dans le cadre de l’Université Populaire de l’Eau et du Développement Durable (UPEDD).

    http://www.cerimes.fr/le-catalogue/leconomie-du-climat.html

     

    Rapport GIEC

    http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr_fr.pdf

     

    Rapport Stern

     http://www.hm-treasury.gov.uk/stern_review_final_report.htm

    Résumé en français :

    Résumé du Rapport Stern en version courte

    Résumé du Rapport Stern en version longue

     

     

     


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