Frelon asiatique : le nuisible qui tombe à pic
A peine le printemps arrivé et voilà déjà que les articles à charge contre le frelon asiatique se multiplient dans la presse, en dépit de tout bon sens et de toute objectivité.

Commençons par le bon sens. Il est totalement stupide de multiplier les articles contre le frelon asiatique quand on sait que, comme tout les Hyménoptères de nos contrées, le printemps n'est que le début des nouveaux nids : ne craignez pas de vous faire envahir par le frelon asiatique ou par n'importe quelle guêpe : les seuls que vous pouvez trouver en cette saison sont les fondatrices qui débutent à peine leur nid, leur population est donc très réduite. Sachez aussi que les anciens nids ne sont jamais réutilisés, et que la grosse partie des effectifs des frelons et guêpes meurent avant l'hiver, dès les premiers froids. Si vous voulez en savoir plus sur leur biologie, je vous conseille la consultation de ce site très complet sur le sujet.
Au niveau objectivité, quoi de plus hypocrite que de mettre en avant un ennemi qu'on a nous même déclaré comme tel, quand, au même moment, des épandages massifs sont réalisés, à coup de roundup notamment ? Et cela, alors même que la nocivité des pesticides est de plus en plus démontrée ?
Et malgré ces preuves de plus en plus indiscutables, industriels et agriculteurs continuent de nier : le porte feuille a ses raisons que la raison ne connait point... Pour les industriels en tout cas, car du côté des agriculteurs, alors qu'ils sont endettés jusqu'au cou, qu'un suicide a lieu tout les deux jours, que ce système agricole est à bout de souffle et totalement injuste, il parait de plus en plus incompréhensible de les voir encore s'acharner contre le bon sens en général et l'environnement en particulier : sont-ils aussi aveugles ou si manipulés que cela ? A moins que ce ne soit la difficulté à admettre qu'on puisse s'être trompé... Dans tout les cas, premières victimes des pesticides tant au niveau santé que financier, ils ont développé un sacré syndrome de Stockholm.
Pour en revenir au frelon asiatique, si il est indéniable qu'il peut causer d'importants dégâts sur certaines ruches, par rapport aux pesticides, au varroa et aux autres pollutions, l'impact du frelon asiatique reste modérée, d'autant plus qu'il ne s'attaquerait qu'aux ruches les plus affaiblies. Détruire le frelon asiatique ne réglera pas le problème d'effondrement des colonies, et puis, de toutes façons, comme pour toutes les espèces "nuisibles" ou "invasives" que l'on a introduit nous mêmes, l'anéantissement est d'ore et déjà impossible : comme pour la fourmi d'Argentine ou toutes les autres espèces, au lieu de tenter vainement de les détruire, ne vaudrait-il pas mieux envisager leur installation durable et définitive, et prendre les mesures qui vont avec ? Mais aussi, étudier le réel impact du frelon asiatique, car mis à part ses dommages causés sur les abeilles, nous ne savons pour le moment rien des éventuels changements qu'il a pu causer sur son environnement : a-t-il des prédateurs ? Des proies ? Quel est son impact sur le frelon européen ? Est-il un bon butineur ?
Faisons avancer les choses autrement que par le vain appel à l'anéantissement d'une espèce qu'on ne pourra plus détruire : il aurait fallu le faire dès la première année, c'est bien trop tard désormais. Qu'on cesse de s'en prendre exclusivement aux frelons asiatiques quand d'autres facteurs, comme les biocides, ont bien plus d'ampleur et sont infiniment plus destructeurs, et pas uniquement sur les abeilles.