L’impasse énergétique : une vérité qui ne dérange personne
Quels sont les véritables enjeux énergétiques mondiaux ? Il y a quelques jours, à la suite de la lecture de l’impressionnant article intitulé « nous mangeons du pétrole », je me suis décidé à enquêter par moi-même.
L’article de Dave Allen Pfeiffer m’avait beaucoup impressionné par sa mise en évidence de l’impasse énergétique. En substance, pour produire notre alimentation, il faut du pétrole, et la disparition des ressources énergétiques fossiles va amener de terribles famines.
Cet article, tout à fait brillant, manque toutefois d’une mise en chiffres complète de l’équation énergétique mondiale, équation pourtant accessible à tous, les sources étant disponibles sur la Toile.
Mon raisonnement de base a été le suivant : que se passerait-il si chaque humain consommait autant d’énergie que chaque Français ? A partir de là, en combien de temps toutes les réserves énergétiques de la planète seraient-elles épuisées ?
Afin de rester lisible, j’ai choisi de raisonner en énergie primaire, c’est-à-dire avant toute transformation, et en utilisant comme unité de mesure les kWh et les barils de pétrole.
Quelle est la quantité d’énergie consommée par Français ?
Les chiffres sont tout à fait accessibles : ainsi, l’Insee annonce une consommation en 2006 de 276 Mtep, soit 50 000 kWh par Français et par an, ou bien l’équivalent de 36 barils de pétrole (sur la base de 64 millions de Français).
Que se passerait-il si tous les humains consommaient autant d’énergie que chaque Francais ?
La consommation mondiale actuelle est de 88 milliards de barils par an (source Ministère de l’Industrie - observatoire de l’énergie - 2005).
Avec 6,7 milliards d’humains aujourd’hui, si tous les humains consommaient comme les Français, nous aurions une consommation de 208 milliards de barils équivalent pétrole par an (36 barils x 6,7 milliards).
Or, quelles sont les réserves ? Encore une fois, les chiffres sont tout à fait accessibles. Sur le site du Ministère de l’Industrie, nous obtenons le montant des réserves en Milliards de tep (je convertis en barils pour garder l’homogénéité des données) :
Pétrole : 1 026 milliards barils
Gaz : 1 048 milliards barils équivalent pétrole
Charbon : 3 665 milliards barils équivalent pétrole
Total : 5 739 milliards de barils
A partir de là, les choses sont faciles : 5739 / 208 = 28 années.
Ainsi, si l’humanité se mettait à consommer autant que chaque Français, nous en aurions pour 28 ans à conserver notre niveau de vie. Puis, plus rien. Le retour à la bougie. Sans parler du reste, notamment du problème alimentaire.
Certains esprit malicieux rétorqueront qu’heureusement, il reste le nucléaire. Ouf !
Voyons cela.
Aujourd’hui, notre Ministère de l’Industrie, que l’on ne peut guère soupçonner d’être un repaire d’antinucléaires féroces, annonce des réserves de 17 millions de tonnes d’uranium.
Sachant qu’une centrale de 1000 MW consomme 155 tonnes d’uranium pour une production annuelle de 8700 Gwh, soit 5,5 millions de barils, les 17 millions de tonnes ouvrent la possibilité d’une production de 600 milliards de barils. Nous voilà donc sauvés, avec 3 ans de survie complémentaires...
D’autres diront que les réserves en ressources fossiles sont sous-estimées : je les renvoie à l’excellent ouvrage d’Eric Laurent « La face cachée du pétrole », qui met en lumière les trucages des pays pétroliers sur les réserves disponibles. Les internautes pourront se référer à l’article publié sur Wikipedia .
Ces chiffres restent contestables ? En tout cas, un rapport commandé par la Commission Européenne (WETO-H2) confirme le fait que la consommation énergétique mondiale devrait passer à 22 Gtep (soit 161 Milliards de barils) à horizon 2050.
Pas loin de nos 208 milliards de barils ! Il faut préciser que dans mes chiffres, je ne tiens pas compte de l’augmentation prévisible de la population !
Et il est clair que d’ici là, les réserves se seront déjà épuisées en partie...
Les curieux peuvent aussi se reporter au tableau de l’Agence Internationale de l’Energie, qui met en évidence que nous ne sommes pas précisément en voie de décroissance énergétique.
Le CO2, cache-sexe de la crise énergétique ?
Compte tenu des éléments mis en lumière, je m’interroge sur la pertinence de la focalisation actuelle autour des émissions de gaz carbonique. Il est évident que la hausse du niveau des océans n’est pas négligeable, surtout pour les habitants de Tuvalu ou autres îlots du Pacifique. Mais la problématique énergétique est autrement plus inquiétante que le réchauffement climatique. Les gouvernements veulent-ils éviter d’effrayer les foules ?
Reste-t’il des issues ?
J’en vois une, qui ne consiste ni en une campagne de stérilisation massive, ni une diffusion généralisée du bacille de l’Anthrax, ni le retour immédiat à la bougie..
Vous voulez en savoir plus ? Restez branché sur Agoravox !