samedi 12 avril - par BlogHardi

L’organisation de la nature

Promenons-nous dans un bois humide de nos régions tempérées, et regardons le monde vivant qui nous entoure. Si nous prenons le temps de l’observer, la première chose qui peut nous frapper c’est la diversité des espèces présentes. Au sol dans les clairières, des plantes herbacées ; dans le sous-bois, plusieurs strates végétales qui profitent du peu de lumière filtrante : buissons, arbustes, lianes et enfin coiffant tout cela les arbres dont la canopée bénéficie du plein ensoleillement. Mais ce n’est pas tout vous pourrez voir encore des lichens sur les troncs ou suspendus aux branches, des champignons qui se sont développés sur des arbres morts etc. voilà pour les espèces ne pouvant se déplacer, essentiellement des végétaux ou des champignons (il faudrait y ajouter les micro-organismes, les plus nombreux, mais nous ne les voyons pas). Passons maintenant aux espèces animales ; vous rencontrerez des papillons, des fourmis, des araignées et si vous avez de la chance vous pourrez voir des écureuils, des chevreuils, des renards etc. Comment cette diversité extraordinaire s’est-elle mise en place ? La première réponse à cette question a été donnée par Charles Darwin : la sélection naturelle, sur des temps infiniment grands, a complexifié le monde vivant en ne retenant que les individus les mieux adaptés aux conditions locales. Pour Darwin cette adaptation se transmettait aux descendances et était donc héréditaire. Mais ignorant tout de l’hérédité des caractères (découverte un peu plus tard par Gregor Mendel) et de l’origine de la variabilité, sa théorie restait incomplète. Elle a été affermie par H. de Vries qui a découvert la mutagenèse susceptible d’alimenter la variabilité et un peu plus tard, lors de la synthèse moderne, notamment par les travaux de R. A. Fisher qui ont montré que l’hérédité, pressentie par Darwin, ne pouvait être que particulaire et donc mendélienne.

Cette diversité des espèces que nous observons dans la forêt n’est pas anarchique. Si nous étions des botanistes nous saurions regrouper certaines espèces végétales en genres, familles etc. qui témoignent de leur proximité génétique et en définitive évolutive. Leur conformation est une autre manière de les regrouper : les ailes des oiseaux leur permettent de se déplacer dans l’air, les végétaux ont des racines qui les fixent au sol et leur permettent d’y puiser l’eau et les micronutriments. D’autre part si l’on comparait une forêt tempérée humide à une forêt méditerranéenne ou tropicale on ne retrouverait plus les mêmes espèces, et sur un sol calcaire elles seraient différentes de celles d’un sol acide ; le climat et le sol sont donc susceptibles de regrouper les espèces selon leurs aptitudes. Mais ce qui est le plus important dans la forêt tempérée humide que nous visitons c’est que toutes les espèces que nous rencontrons dans notre promenade forment une association naturelle, un écosystème. Dans un écosystème il y a des interactions trophiques, les espèces sont intégrées dans une chaîne alimentaire. Les végétaux, seuls capables de transformer l’énergie solaire en énergie chimique : les sucres, et de créer les structures végétales, avec les micronutriments puisés dans l'eau du sol par leur racines, sont à la base de l’alimentation des herbivores : insectes, ruminants. Ces derniers sont mangés à leur tour par les carnivores enfin des carnivores peuvent être mangés par d’autres carnivores. L’animal qui n’a plus d’ennemis est au sommet de la chaine. Notons que si l’on s’intéresse aux nombre d’individus à chaque niveau, les plus nombreux (les plantes) sont à la base et, en s’élevant, les niveaux s’appauvrissent jusqu’au sommet comme si les ressources alimentaires diminuaient à mesure que l’on s’élève dans cette pyramide.

L’écosystème est décrit maintenant comme un flux d’énergie issu de l’énergie solaire captée par la photosynthèse des plantes et transformé en énergie chimique (les sucres) qui vont permettre la transformation des nutriments en structures complexes : les êtres vivants. Ainsi notre forêt, qui paraît si désordonnée, est en fait un ensemble structuré indispensable au maintien de la vie.



11 réactions


  • Seth 12 avril 16:52

    J’adore votre évocation de la nature : il y a un coin près de chez moi où en me promenant avec mon chien je suis émerveillé par ce que j’y découvre en plantes, fleurs et champignons extraordinaires. Hellébores, clathres, cyclamens sauvages, orchis, etc... Le sauvage est un émerveillement continu d’une richesse fabuleuse, encore faut-il savoir regarder.


  • Eric F Eric F 12 avril 18:16

    Cette complexité, et l’enchainement des étapes des formes de vie a fait l’objet d’une série documentaire ’’les 5 vies de la terre’’ tout à fait passionnante.


    • xana 12 avril 18:57

      @Eric F
      Je sais qu’il y a parfois des émissions passionnantes, mais il y a tellement plus de sottises... Alors tant pis, je refuse d’avoir la télé, cea me rince l’esprit. Mais je reconnais qu’il y a parfois de très belles séries, mais ils n’ont pas besoin de moi comme spectateur.
      Pour ma part, je suis un grand admirateur de Charles Darwin, et je crois que j’ai lu tous ses ouvrages, les correspondances qui ont été publiées, etc.
      Non seulement c’était un excellent observateur, mais il était aussi un homme de grande valeur, infiniment modeste et honnête. La lecture de ses ouvrages a été pour moi une révélation. Alors que les connaissances étaient encore embryonnaires dans bien des domaines (géologie) ou inexistantes (génétique), par son seul raisonnement il a pu élaborer sa théorie des modifications sous la pression du milieu pour les êtres vivants. Ce serait facile de nos jours et nombreux ont été ceux qui ont désiré lui voler sa célébrité par la suite.
      Pour moi il reste celui qui hésitait à rendre sa théorie publique pour ne pas faire du tort à Wallace.


  • xana 12 avril 18:36

    Moi aussi j’aime bien. Je n’ai pas de chien (mais j’ai des chats qui m’accompagnent dans la campagne et même dans les bois où ils ne se risqueraient pas seuls). J’ai un téléphone, qui me sert seulement à tirer le portrait des champignons bizarres que je rencontre ou des animaux. Je rencontre parfois des daims, mais encore jamais l’ours. Pourtant ils sont fréquents dans mon coin...


    • Seth 13 avril 16:19

      @xana

      Profite bien de tes chats : un chat qui suit sans sortir tout seul est une rareté. 

      Je n’ai jamais connu cela. J’avais une chatte casanière qui surveillait l’arrivée de ma voiture depuis la fenêtre puis venait m’accueillir à la porte, c’était déjà pas mal.  smiley


  • Seth 13 avril 16:22

    C’est HS, désolé, mais je ne sais pas si vous avez remarqué ces articles supposés importants de Pressenza auxquels on ne peut pas réagir.

    Perso je ne lis pas : pouvoir affirmer n’importe quoi sans être contredit, quel intérêt ?


    • PaulAndréG (PàG) PaulAndréG (PàG) 13 avril 16:36

      @Seth
      « Seth 13 avril 16:22
      C’est HS, désolé, mais je ne sais pas si vous avez remarqué ces articles supposés importants de Pressenza auxquels on ne peut pas réagir. »

      .
      Il y en a une ribambelle avec cette particularité sur une autre section du site Avox
      .
      https://www.agoravox.fr/communiques
      .
       ?!


    • PaulAndréG (PàG) PaulAndréG (PàG) 13 avril 18:56

      @Seth
      .
      ces articles sans possibilité de commentaire sur cette section du site Avox... c’est dommage smiley
      .
      https://www.agoravox.fr/communiques
      .
      car il y aurait matière à donner un avis sur les casinos en ligne, les placements financiers, l’EVJF (Enterrement de Vie de Jeune Fille), et autres sujets publiés par le « media citoyen »
       smiley


    • xana 14 avril 17:13

      @PaulAndréG (PàG)
      Sur ce point je suis d’accord avec vous, mais je ne me fais pas d’illusion : Ces articles sont là pour faire de la publicité, laquelle déteste toute critique.
      Contentons nous donc de ne pas les ouvrir, puisqu’on ne peut pas les critiquer.
      C’est ce que je fais par exemple pour les articles de Giuseppe, où je suis définitivement interdit de commenter pour cause de « délit d’opinion ». Je ne les ouvre jamais.


  • Jason Jason 14 avril 10:24

    Par un biais cognitif, nous appelons organisation ce qui est un mélange de hasards et de nécessités. L’ordre est apaisant, rassurant et calme les incertitudes.


    La forêt nous inspire des sentiments de bien-être par moments, mais elle peut être hostile, voire néfaste ou dangereuse. Cette forêt peut être issue d’un chaos que nous choisissons de ne pas voir. L’humain, conscient de lui-même, se cherche toujours des points d’appui pour continuer à transmettre la vie. Il est sujet aux ruses de la Nature


  • Corcovado 14 avril 19:31

    Les liens entre les différents arbres d’une forêt et même un certain mode de communication ont été mis à jour par les scientifiques ; ces dernières années, j’ai vu l’un ou l’autre reportage très intéressant à ce sujet sur Arte.


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