lundi 6 avril 2009 - par AJ

Les eaux troubles de la mer méditerranée


8267.jpg Le conflit qui est survenu cet hiver à Gaza, (voir mon article à ce sujet)a suspendu le développement de l’activité de l’Union pour la Méditerranée, dont la création, impulsée par l’action de Nicolas Sarkozy, fut officialisée en grandes pompes à Paris, puis entérinée à Marseille en novembre dernier, lors d’un sommet réunissant les 43 ministres des affaires étrangères (voir mon article à ce sujet) des états membres, sommet auquel j’avais eu l’occasion de me rendre. Une réunion, programmée le 7 avril prochain, a à nouveau été reportée, les pays arabes refusant de siéger à la même table que celle d’un représentant israélien. La co-présidence Égyptienne réfute toute tentative de reprise du dialogue, d’autant plus compromise que le dernier message vidéo d’Oussama Ben-Laden met en cause le laxisme de Mohammed Moubarak, le chef d’état égyptien. L’Union pour la Méditerranée, et les objectifs ambitieux qu’elle s’était fixée, reste en état de végétation, au grand dam de la mer méditerranée, qui atteint des records de pollution de l’eau.

Une des priorités de l’UPM visait en effet la dépollution de la mer Méditerranée, un objectif qui s’inscrivait en parallèle des efforts récents fournis par l’Union Européenne. Les politiques continentales ont effectivement pris conscience de la situation gravissime dans laquelle est plongée la Méditerranée. La population du littoral méditerranéen a doublé en l’espace de quarante ans, le nombre de touristes progressant à vitesse comparable. Les observateurs tablent d’ailleurs sur une augmentation de l’ordre de 34% d’ici 2025 du nombre de touristes séjournant chaque année sur les côtés de la méditerranée.

Conséquence inéxorable de ce "boom", la population s’est développée et la méditerranée en fait les frais. Cette explosion démographique est d’autant plus inquiétante qu’elle a été suivie d’un essor du secteur agricole, augmentant considérablement la dose de pesticides et autres engrais déversés dans la méditerranée.

Autre problème préoccupant, celui relatif aux eaux usées. Elles sont effectivement rejetées dans la méditerranée, alors que seule la moitié des villes côtières les traitent avant de les rejeter dans la mer. Dans certains pays en voie de développement, en Algérie notamment, la gestion de produits toxiques est mal assurée, de façon que des centaines de milliers de kilogrammes de composants industriels néfastes sont stockés aux abords des côtes.

Par ailleurs, si la Méditerranée ne contribue qu’à hauteur de 0,7% aux eaux du globe, elle absorbe le tiers du commerce maritime international, 2000 navires voguant simultanément sur la Méditerranée. A en croire des experts algériens, 300 000 tonnes de pétrole auraient été déversés dans les eaux de la mer depuis 1977.

Cette forte fréquentation des eaux méditerranéennes reste cependant une source de pollution mineure, moins de 20%, les déchets, les eaux usées et autres pollutions agricoles étant responsables de 80% de la pollution de la mer. On estime ainsi à 2 mètres cube le volume de déchets déversés chaque jour, en période estivale, dans la méditerranée par kilomètre de côtes, sachant que 70% d’entre eux ne sont pas biodégradables.

Rejeter toutes sortes de déchets dans la mer est la façon la plus rapide, la moins chère et la plus pratique de s’en débarrasser. La mer a de remarquables capacités d’absorption, mais la Méditerranée est une mer fermée et elle n’est plus capable de digérer toutes les toxicités que l’homme lui déverse assure un écologiste algérien.

Aujourd’hui, les initiatives de dépollution de la mer Méditerranée sont prises au seul niveau national, sans qu’une coordination entre ces actions ne puisse être initiée. Les politiques continentales n’ont pris conscience que très récemment du problème, de façon que l’Union Européenne a pris l’initiative de débourser 2,1 milliards d’euros afin d’assurer la dépollution de 44 sites jugés comme prioritaires. En parallèle, l’initiative euromed "Horizon 2020", dont la création fut amorcée en 2005, vise à assurer la pérennisation d’actions communes des pays du pourtour méditerranéen. Mais, encore une fois, l’UPM et ses blocages institutionnels empêchent un éventuel développement d’"Horizon 2020"...tandis que la Méditerranée agonise.

A retrouver sur http://lenouvelhebdo.com



3 réactions


  • Sébastien Sébastien 6 avril 2009 11:15

    Article tres interessant qui met en valeur les faux pretextes trouves pour ne pas penaliser le commerce via des contraintes au niveau de la pollution.

    Je ne comprends pas en quoi le conflit de Gaza empeche les pays mediterraneens de lutter ensemble contre la pollution...


  • abdelkader17 6 avril 2009 11:26

    "Une des priorités de l’UPM visait en effet la dépollution de la mer Méditerranée"
    Vous accordez à mon sens trop d’importance à l’écologie, le but de l’upm est de crée un marché économique intégrant Israel.
    Il s’agit ni plus ni moins d’une sorte de normalisation des relations d’ Israel avec les pays arabes à travers les échanges commerciaux, une version nouvelle ou une voie sûre pour aller vers un grand Moyen-Orient ou un Moyen-Orient élargi.


  • Henri François 6 avril 2009 17:23

    à l’auteur,
    Malheureux que vous êtes, ce sujet de l’UPM n’interesse pas grande monde, ici, sur ce site, comme ailleurs et pourtant cet ensemble une fois constitué - le sera-t-il seulement un jour ? - serait appelé à jouer un rôle prépondérant pour la paix et le développement, non seulement dans la région concernée, mais bien au-delà. 
    Cette UPM qui ne s’appelait alors que processus de Barcelone, avait eu bien du mal à sortir de ses langes mais, comme toujours, notre cher Président, voulant s’approprier tous les mérites a voulu s’en mêler avec une telle ignorance diplomatique, qu’il a fini par détruire ce qui n’était déjà plus un château de cartes.
    Dites-vous bien que bon nombre des participants à cette UPM, ainsi récolté par NS n’ont aucun intérêt à ce que cette entité soit viable et efficace. Aux tous premiers rangs de celles-ci figurent certainement bon nombre de pays du Nord de l’Union Européenne, Angleterre et Allemagne comprises, mais aussi Israêl, trublion placé dans cette zone pour favoriser la chasse gardée venue d’outre-atlantique qui n’a aucun intérêt à ce que cette entreprise plante dans la région une ensemble qui échapperait à son contrôle.
    Alors, vous savez, eaux usées ou pas, route maritime sursaturée, dessalement des eaux, énergie marée-motrice, entente entre les peuples riverains, etc...etc... foutises pour ces gens là !!!


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