Les réseaux intelligents au secours de l’énergie solaire
Après plusieurs années de déclin, l’énergie solaire fait un retour remarqué en France et à l’étranger. Entre-temps, le système électrique a été repensé et les technologies ont évolué pour éviter de reproduire les erreurs du passé.
2010, le coup d’arrêt
En 2010, le gouvernement français a mis le holà au développement des panneaux photovoltaïques. Trop chère et trop intermittente (pas de soleil, pas d’énergie), l’électricité produite de cette manière ne trouvait pas sa place dans le mix énergétique hexagonal. Déstabilisant l’équilibre entre les énergies, l’afflux ou l’absence d’électricité photovoltaïque a généré des surcoûts intenables.
Dans le reste de l’Europe, le développement mal-maîtrisé des panneaux solaires a eu des conséquences encore pires. Les comptes publics de l’Espagne (déjà mal en point) ont été littéralement plombés par la politique locale de subventions. Pourtant mieux partie, l’Allemagne a dû déposer les armes face à la concurrence chinoise qui a inondé le marché européen de panneaux solaires (trop) bon marché, causant la faillite des grands groupes allemands.
Dans toute l’Europe, le problème a été une focalisation sur le panneau photovoltaïque lui-même. Il n’y a pas eu de réflexion sur les autres technologies, sources d’économies, qui auraient permis de compenser les dépenses de la politique de soutien aux énergies renouvelables. Ainsi, après une dernière année faste en 2011, le marché européen puis mondial du solaire a commencé à péricliter.
Piloter et stocker l’énergie solaire
La cause de l’échec initial du solaire est donc l’absence de préparation du système électrique. Depuis lors, d’importants progrès ont été réalisés pour accompagner la croissance de l’énergie solaire. Il est aujourd’hui possible de mieux coordonner production et consommation d’électricité grâce aux réseaux communicants, et de stocker l’énergie lorsqu’elle n’est pas immédiatement utile.
Sur le terrain, le projet niçois « Nice Grid » est en train de prouver que des quartiers entiers peuvent utiliser uniquement de l’électricité photovoltaïque. Pour cela les panneaux solaires qui équipent les maisons et les entreprises sont reliés à des compteurs communicants et à de puissantes batteries. Les compteurs Linky évaluent en continu la production locale d’électricité, stockent le surplus dans les batteries ou déterminent des « heures creuses solaires », propices à l’utilisation des appareils les plus gourmands en énergie (lave-linge, ballon d’eau chaude…).
Encore en phase de test, cette nouvelle approche redonne confiance dans l’avenir de l’énergie solaire. Ces derniers mois, le marché a commencé à reprendre du poil de la bête. 150 milliards de dollars ont été investis dans le monde l’année dernière. En France, le rythme d’installation de panneaux photovoltaïques a presque doublé : 850 MW de puissance raccordés en 2014 contre 483 l’année précédente. En même temps que le solaire se relance, les investissements augmentent aussi dans le domaine du pilotage du réseau, les deux allant de pair.