vendredi 23 avril 2010 - par Samuel Duhamel

Nicolas Hulot, l’étoile filante

« Je suis désolé de perturber le cours normal de la vie politique. »
Nicolas Hulot, 7 novembre 2006

Il est connu par 99% de ses compatriotes[1], apprécié par 92% d’entre eux[2], fait partie des quinze personnalités préférées des Français depuis plus de cinq ans[3], a été crédité de 15% d’intention de vote à la présidentielle de 2007 sans même avoir été candidat [4] et est considéré comme le principal défenseur de l’environnement dans l’hexagone. Nicolas Hulot est une icône, un symbole, une marque. Pendant six mois, d’août 2006 à janvier 2007, il a réussi à faire de l’écologie le thème central de la campagne présidentielle en traînant dans son sillage la quasi-intégralité des candidats. Comment ? En menaçant de se présenter.

C’est ce tour de force qu’analysent Malik Larabi et Xavier Marc dans leur ouvrage Le moment Hulot. Le livre revient sur la manière dont l’animateur d’Ushuaïa a confisqué la campagne électorale de 2007 pour promouvoir l’environnement. « Confisquer », le mot n’est pas trop fort. Car en cette fin d’année 2006, Hulot est partout. A la une des journaux lors de la parution du classement des Français préférés des Français, aux universités d’été des Verts, de l’UDF et de Cap 21, lors de l’avant-première parisienne du film Une vérité qui dérange de David Guggenheim, dans les librairies pour la sortie de son livre Pour un pacte écologique… Résultat : début 2007, 52% des Français estiment que la priorité du futur président devra être la protection de l’environnement[5]. Jamais les problématiques ayant trait au développement durable n’ont été autant discutées. Jamais l’écologie n’a semblé faire consensus à ce point dans l’opinion. Pour Hulot, le pari est gagné. Alors après mûre réflexion, il renonce à la présidentielle, convaincu que les candidats qui ont signé son pacte vont poursuivre sur sa lancée. Erreur. Avec son retrait, les questions liées à l’environnement disparaissent de l’agenda politique et médiatique. Lors du premier tour, les candidats écologistes Dominique Voynet et José Bové n’obtiendront à eux deux que 2,89%...

Dès lors, que penser de ce moment Hulot ? L’animateur a-t-il vraiment atteint son but ? Sa stratégie a-t-elle été efficace ? Clairement, la réponse est non. Comme tous les écologistes, Hulot appelle à une modification radicale des politiques publiques et des comportements. Comme tous les écologistes, il rêve d’un monde où les richesses seraient mieux réparties, où le long terme serait systématiquement pris en compte dans les politiques publiques, où les activités polluantes seraient interdites ou fortement taxées, où le commerce serait relocalisé, l’agriculture toujours biologique et l’opinion constamment sensibilisée. Et au final, qu’a obtenu Nicolas Hulot avec sa logique transpartisane et suprapolitique ? Rien, si ce n’est un Grenelle de l’environnement vidé de son essence [6] et l’instrumentalisation de son nom par des dirigeants machiavéliques[7]. Si Hulot a su entrouvrir une brèche verte lors de la campagne présidentielle de 2007, ses objectifs politiques n’ont donc pas été atteints.

Didactique, clair et objectif, Le moment Hulot est un ouvrage à conseiller à tous ceux qui s’intéressent de près ou de loin au débat public et à l’écologie. Loin d’être un livre d’opinion, il donne de la perspective au combat mené par Nicolas Hulot depuis près de vingt ans. S’arrêtant longuement sur la campagne de 2007, les auteurs rappellent le caractère unique de la percée électorale de l’animateur télé sans pour autant négliger l’après élection. L’étoile filante Hulot étant passée, il est désormais temps d’en tirer les leçons.

Samuel Duhamel

[1] Etude de LH2 sur l’image de Nicolas Hulot auprès de Français, été 2006
[2] ibid.
[3] Etudes de l’IFOP pour le JDD (août 2005 à décembre 2009)
[4] Sondage BVA du 5 décembre 2007
[5] Sondage LH2, hiver 2007
[6] Après le rejet de la taxe carbone par le gouvernement, la Fondation Nicolas Hulot a suspendu sa participation au Grenelle de l’environnement le 29 mars dernier.
[7] Ainsi Nicolas Sarkozy, de la signature du Pacte écologique au printemps 2007 – à propos de la taxe carbone (10 septembre 2009) : « Je l’ai signée, je le fais. C’est une question d’honnêteté » – à la fameuse phrase prononcée au salon de l’agriculture en mars 2010 : « L’environnement, ça commence à bien faire ! »

Le moment Hulot, Un candidat jamais candidat, de Malik Larabi et Xavier Marc, éd. Armand Colin, 2008, 187 pages, 18 € 50


5 réactions


  • PtitLudo PtitLudo 23 avril 2010 11:52

    Hulot a été utilisé par le système comme « aspirateur de voix » de façon à affaiblir au maximum les partis « écologistes » traditionnels. Ils savaient en effet que si les partis écologistes faisaient un gros score au premier tour, le report aurai certainement été fatal à Sarkozy.

    Ca a bien fonctionné, preuve en est. Pour moi le vrai coupable de l’abandon de tous les problèmes d’environnement c’est bien lui, car qui croyait vraiment que l’UMP allait s’occuper d’environnement ???

    Il a beau jeu maintenant de se poser en victime en claquant la porte du Grenelle, mais c’est bien lui le coupable de tout ça !


  • LE CHAT LE CHAT 23 avril 2010 14:13

    l’hélicologiste aurait du se présenter en 2007 , il aurait fait un score plus qu’honorable , maintenant l’écologie est devenu un attrape tout squatté par des opportunistes genre DCB servant de bouée de sauvetage à un PS à cours d’idées....


  • Clojea CLOJEA 23 avril 2010 15:40

    Nicolas Hulot, le bobo écolo en hélico et ben c’est pas bo...


  • curieux curieux 23 avril 2010 21:24

    Prions afin que la malédiction s’applique à tous les Nicolas.


  • slipenfer 3 mai 2010 20:44

    Nicolas Hulot, l’étoile filante si sa pouvais être vrai
    il pourrai faire un convois avec l ’autre grosse star de Pierce Brosnan
    ex James Bond reconvertis en sauveurs de c’est assé.
    Quant ’à l’étoile montante Yann Arthus-Bertrand il risque
    de ne pas rester longtemps en orbite avec toutes la ferraille qu’il traine autour du cou.


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